Jazz live
Publié le 13 Nov 2013

Nevers D'Jazz, troisième journée, Solo pour trois, Shakespeare Songs, An Old Monk, Daniel Humair 4te

Si une journée devait illustrer la tendance de « Nevers D’jazz » à vagabonder sur des territoires un peu extérieurs au jazz, et même à la musique pure, on choisirait celle d’hier, qui a vu Shakespeare à l’honneur d’un projet original et le théâtre mis en avant à travers les dires d’un « vieux moine » qui ressemblait parfois à Monk (Thelonious). C’est que Roger Fontanel, directeur du festival, se bonifie encore avec les ans, et hésite de moins en moins à faire partager au public son goût pour les arts de la scène, et plus généralement ses affinités culturelles. Et tout le monde de s’en trouver bien !

 

Mais le PAC des Ouches nous accueillait pour la première fois hier midi, avec l’un des groupes de « Jazz Migration », cette heureuse formule qui conduit de très nombreux festivals et clubs réunis au sein de AJC (« Association Jazzé Croisé ») à désigner par votes successifs trois groupes français émergents, et à leur permettre de jouer au moins pendant une saison de façon régulière. 

 

Solo pour trois : Guillaume Séguron (b, comp), Lionel Garcin (as), Patrice Soletti (g, electronics)

 

Shakespeare Songs : Guillaume de Chassy (p, comp), Christophe Marguet (dm, comp), Andy Sheppard (ts, ss)

 

An Old Monk : Josse de Pauw (texte, comédien, voix, danse), Kris Defoort (p), Nicolas Thys (el-b), Lander Gyselinck (dm)

 

Daniel Humair 4tet « Sweet And Sour » : Daniel Humair (dm), Emile Parisien (ss), Jérome Regard (b), Vincent Peirani (acc)

 

« Solo pour trois » c’est un trio dirigé par Guillaume Séguron (il ne s’en cache pas), au sein duquel les voix, les styles, les références, alternent et se combinent pour donner une musique absolument actuelle dans le meilleur sens du terme. On peut partir d’énoncés polyrythmiques inspirés de Steve Coleman et Dave Holland pour aller vers des ambiances rock de guitare saturée, revenir vers des croisements en rapport avec ce que fut le troisième courant de Giuffre et finir sur des notes improvisées dignes du meilleur free jazz. Ça joue avec bonheur, aisance, souplesse et conviction.

 

IMG 5780

                                         Lionel Garcin

 

Guillaume de Chassy et Christophe Marguet ont débuté leur projet à deux, inspirés qu’ils étaient chacun par l’univers textuel de William Shakespeare, dans la lignée, non seulement de Duke Ellington, mais surtout de Byrd à l’époque même de l’auteur d’Hamlet, ou de Medelssohn, Berlioz et Prokofiev. Prenant comme prétexte certains héros de leurs pièces favorites, ou certaine situations précises (comme l’avancée de la forêt de Birnam dans la direction du château de Macbeth), ils ont composé des pièces adaptées à leur propos (un tango pour Othello, une valse pour les Capulets et les Montaigu, etc.) et demandé à Andy Sheppard de venir les jouer avec eux. C’est, dans l’état actuel, très réussi, l’écriture est sensible, les ambiances justes, on a déjà retenu un Hamlet In Front Of Himself et un Marching Forest tout à fait splendides.

 

IMG 5797

                         Christophe Marguet

 

L’événement de la soirée fut incontestablement cette découverte de « An Old Monk », pièce écrite et jouée par Josse de Pauw, avec le concours du trio de Kris Defoort. Après dix minutes passées à comprendre les règles de ce qui va se jouer, et à entrer dans l’univers de Josse de Pauw, on se régale de cette interaction entre le texte et la musique, et puis quand celle-ci fait silence, on ne jouit plus que de la confession pudique, drôle, émouvante, tragique aussi, de ce « vieux moine » qui nous ressemble par ses angoisses, ses petitesses, et au bout du compte et du conte, la dérision de son narcissisme aboli. Les hommes seront très sensibles aux aveux de faiblesse que le texte donne à entendre relativement à leur castration, les dames y retrouveront ce qu’elles savent depuis toujours, et nous y avons trouvé aussi des échos des années 70, dans les références à peine voilées au corps morcelé et à ses représentations dans ce qui fut la grande époque de Charlie Hebdo. Un must, qui sera repris dans le « in » en Avignon en 2014, et un grand privilège d’avoir vu ça déjà.

 

IMG 5818

                Kris Defoort et Josse de Pauw

 

Le temps de passer voir et entendre le 4tet de Daniel Humair et de se rendre compte que rien n’avait changé dans ce groupe splendide. Il était temps de prendre quelque repos…

 

Philippe Méziat

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Si une journée devait illustrer la tendance de « Nevers D’jazz » à vagabonder sur des territoires un peu extérieurs au jazz, et même à la musique pure, on choisirait celle d’hier, qui a vu Shakespeare à l’honneur d’un projet original et le théâtre mis en avant à travers les dires d’un « vieux moine » qui ressemblait parfois à Monk (Thelonious). C’est que Roger Fontanel, directeur du festival, se bonifie encore avec les ans, et hésite de moins en moins à faire partager au public son goût pour les arts de la scène, et plus généralement ses affinités culturelles. Et tout le monde de s’en trouver bien !

 

Mais le PAC des Ouches nous accueillait pour la première fois hier midi, avec l’un des groupes de « Jazz Migration », cette heureuse formule qui conduit de très nombreux festivals et clubs réunis au sein de AJC (« Association Jazzé Croisé ») à désigner par votes successifs trois groupes français émergents, et à leur permettre de jouer au moins pendant une saison de façon régulière. 

 

Solo pour trois : Guillaume Séguron (b, comp), Lionel Garcin (as), Patrice Soletti (g, electronics)

 

Shakespeare Songs : Guillaume de Chassy (p, comp), Christophe Marguet (dm, comp), Andy Sheppard (ts, ss)

 

An Old Monk : Josse de Pauw (texte, comédien, voix, danse), Kris Defoort (p), Nicolas Thys (el-b), Lander Gyselinck (dm)

 

Daniel Humair 4tet « Sweet And Sour » : Daniel Humair (dm), Emile Parisien (ss), Jérome Regard (b), Vincent Peirani (acc)

 

« Solo pour trois » c’est un trio dirigé par Guillaume Séguron (il ne s’en cache pas), au sein duquel les voix, les styles, les références, alternent et se combinent pour donner une musique absolument actuelle dans le meilleur sens du terme. On peut partir d’énoncés polyrythmiques inspirés de Steve Coleman et Dave Holland pour aller vers des ambiances rock de guitare saturée, revenir vers des croisements en rapport avec ce que fut le troisième courant de Giuffre et finir sur des notes improvisées dignes du meilleur free jazz. Ça joue avec bonheur, aisance, souplesse et conviction.

 

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                                         Lionel Garcin

 

Guillaume de Chassy et Christophe Marguet ont débuté leur projet à deux, inspirés qu’ils étaient chacun par l’univers textuel de William Shakespeare, dans la lignée, non seulement de Duke Ellington, mais surtout de Byrd à l’époque même de l’auteur d’Hamlet, ou de Medelssohn, Berlioz et Prokofiev. Prenant comme prétexte certains héros de leurs pièces favorites, ou certaine situations précises (comme l’avancée de la forêt de Birnam dans la direction du château de Macbeth), ils ont composé des pièces adaptées à leur propos (un tango pour Othello, une valse pour les Capulets et les Montaigu, etc.) et demandé à Andy Sheppard de venir les jouer avec eux. C’est, dans l’état actuel, très réussi, l’écriture est sensible, les ambiances justes, on a déjà retenu un Hamlet In Front Of Himself et un Marching Forest tout à fait splendides.

 

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                         Christophe Marguet

 

L’événement de la soirée fut incontestablement cette découverte de « An Old Monk », pièce écrite et jouée par Josse de Pauw, avec le concours du trio de Kris Defoort. Après dix minutes passées à comprendre les règles de ce qui va se jouer, et à entrer dans l’univers de Josse de Pauw, on se régale de cette interaction entre le texte et la musique, et puis quand celle-ci fait silence, on ne jouit plus que de la confession pudique, drôle, émouvante, tragique aussi, de ce « vieux moine » qui nous ressemble par ses angoisses, ses petitesses, et au bout du compte et du conte, la dérision de son narcissisme aboli. Les hommes seront très sensibles aux aveux de faiblesse que le texte donne à entendre relativement à leur castration, les dames y retrouveront ce qu’elles savent depuis toujours, et nous y avons trouvé aussi des échos des années 70, dans les références à peine voilées au corps morcelé et à ses représentations dans ce qui fut la grande époque de Charlie Hebdo. Un must, qui sera repris dans le « in » en Avignon en 2014, et un grand privilège d’avoir vu ça déjà.

 

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                Kris Defoort et Josse de Pauw

 

Le temps de passer voir et entendre le 4tet de Daniel Humair et de se rendre compte que rien n’avait changé dans ce groupe splendide. Il était temps de prendre quelque repos…

 

Philippe Méziat

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Si une journée devait illustrer la tendance de « Nevers D’jazz » à vagabonder sur des territoires un peu extérieurs au jazz, et même à la musique pure, on choisirait celle d’hier, qui a vu Shakespeare à l’honneur d’un projet original et le théâtre mis en avant à travers les dires d’un « vieux moine » qui ressemblait parfois à Monk (Thelonious). C’est que Roger Fontanel, directeur du festival, se bonifie encore avec les ans, et hésite de moins en moins à faire partager au public son goût pour les arts de la scène, et plus généralement ses affinités culturelles. Et tout le monde de s’en trouver bien !

 

Mais le PAC des Ouches nous accueillait pour la première fois hier midi, avec l’un des groupes de « Jazz Migration », cette heureuse formule qui conduit de très nombreux festivals et clubs réunis au sein de AJC (« Association Jazzé Croisé ») à désigner par votes successifs trois groupes français émergents, et à leur permettre de jouer au moins pendant une saison de façon régulière. 

 

Solo pour trois : Guillaume Séguron (b, comp), Lionel Garcin (as), Patrice Soletti (g, electronics)

 

Shakespeare Songs : Guillaume de Chassy (p, comp), Christophe Marguet (dm, comp), Andy Sheppard (ts, ss)

 

An Old Monk : Josse de Pauw (texte, comédien, voix, danse), Kris Defoort (p), Nicolas Thys (el-b), Lander Gyselinck (dm)

 

Daniel Humair 4tet « Sweet And Sour » : Daniel Humair (dm), Emile Parisien (ss), Jérome Regard (b), Vincent Peirani (acc)

 

« Solo pour trois » c’est un trio dirigé par Guillaume Séguron (il ne s’en cache pas), au sein duquel les voix, les styles, les références, alternent et se combinent pour donner une musique absolument actuelle dans le meilleur sens du terme. On peut partir d’énoncés polyrythmiques inspirés de Steve Coleman et Dave Holland pour aller vers des ambiances rock de guitare saturée, revenir vers des croisements en rapport avec ce que fut le troisième courant de Giuffre et finir sur des notes improvisées dignes du meilleur free jazz. Ça joue avec bonheur, aisance, souplesse et conviction.

 

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                                         Lionel Garcin

 

Guillaume de Chassy et Christophe Marguet ont débuté leur projet à deux, inspirés qu’ils étaient chacun par l’univers textuel de William Shakespeare, dans la lignée, non seulement de Duke Ellington, mais surtout de Byrd à l’époque même de l’auteur d’Hamlet, ou de Medelssohn, Berlioz et Prokofiev. Prenant comme prétexte certains héros de leurs pièces favorites, ou certaine situations précises (comme l’avancée de la forêt de Birnam dans la direction du château de Macbeth), ils ont composé des pièces adaptées à leur propos (un tango pour Othello, une valse pour les Capulets et les Montaigu, etc.) et demandé à Andy Sheppard de venir les jouer avec eux. C’est, dans l’état actuel, très réussi, l’écriture est sensible, les ambiances justes, on a déjà retenu un Hamlet In Front Of Himself et un Marching Forest tout à fait splendides.

 

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                         Christophe Marguet

 

L’événement de la soirée fut incontestablement cette découverte de « An Old Monk », pièce écrite et jouée par Josse de Pauw, avec le concours du trio de Kris Defoort. Après dix minutes passées à comprendre les règles de ce qui va se jouer, et à entrer dans l’univers de Josse de Pauw, on se régale de cette interaction entre le texte et la musique, et puis quand celle-ci fait silence, on ne jouit plus que de la confession pudique, drôle, émouvante, tragique aussi, de ce « vieux moine » qui nous ressemble par ses angoisses, ses petitesses, et au bout du compte et du conte, la dérision de son narcissisme aboli. Les hommes seront très sensibles aux aveux de faiblesse que le texte donne à entendre relativement à leur castration, les dames y retrouveront ce qu’elles savent depuis toujours, et nous y avons trouvé aussi des échos des années 70, dans les références à peine voilées au corps morcelé et à ses représentations dans ce qui fut la grande époque de Charlie Hebdo. Un must, qui sera repris dans le « in » en Avignon en 2014, et un grand privilège d’avoir vu ça déjà.

 

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                Kris Defoort et Josse de Pauw

 

Le temps de passer voir et entendre le 4tet de Daniel Humair et de se rendre compte que rien n’avait changé dans ce groupe splendide. Il était temps de prendre quelque repos…

 

Philippe Méziat

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Si une journée devait illustrer la tendance de « Nevers D’jazz » à vagabonder sur des territoires un peu extérieurs au jazz, et même à la musique pure, on choisirait celle d’hier, qui a vu Shakespeare à l’honneur d’un projet original et le théâtre mis en avant à travers les dires d’un « vieux moine » qui ressemblait parfois à Monk (Thelonious). C’est que Roger Fontanel, directeur du festival, se bonifie encore avec les ans, et hésite de moins en moins à faire partager au public son goût pour les arts de la scène, et plus généralement ses affinités culturelles. Et tout le monde de s’en trouver bien !

 

Mais le PAC des Ouches nous accueillait pour la première fois hier midi, avec l’un des groupes de « Jazz Migration », cette heureuse formule qui conduit de très nombreux festivals et clubs réunis au sein de AJC (« Association Jazzé Croisé ») à désigner par votes successifs trois groupes français émergents, et à leur permettre de jouer au moins pendant une saison de façon régulière. 

 

Solo pour trois : Guillaume Séguron (b, comp), Lionel Garcin (as), Patrice Soletti (g, electronics)

 

Shakespeare Songs : Guillaume de Chassy (p, comp), Christophe Marguet (dm, comp), Andy Sheppard (ts, ss)

 

An Old Monk : Josse de Pauw (texte, comédien, voix, danse), Kris Defoort (p), Nicolas Thys (el-b), Lander Gyselinck (dm)

 

Daniel Humair 4tet « Sweet And Sour » : Daniel Humair (dm), Emile Parisien (ss), Jérome Regard (b), Vincent Peirani (acc)

 

« Solo pour trois » c’est un trio dirigé par Guillaume Séguron (il ne s’en cache pas), au sein duquel les voix, les styles, les références, alternent et se combinent pour donner une musique absolument actuelle dans le meilleur sens du terme. On peut partir d’énoncés polyrythmiques inspirés de Steve Coleman et Dave Holland pour aller vers des ambiances rock de guitare saturée, revenir vers des croisements en rapport avec ce que fut le troisième courant de Giuffre et finir sur des notes improvisées dignes du meilleur free jazz. Ça joue avec bonheur, aisance, souplesse et conviction.

 

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                                         Lionel Garcin

 

Guillaume de Chassy et Christophe Marguet ont débuté leur projet à deux, inspirés qu’ils étaient chacun par l’univers textuel de William Shakespeare, dans la lignée, non seulement de Duke Ellington, mais surtout de Byrd à l’époque même de l’auteur d’Hamlet, ou de Medelssohn, Berlioz et Prokofiev. Prenant comme prétexte certains héros de leurs pièces favorites, ou certaine situations précises (comme l’avancée de la forêt de Birnam dans la direction du château de Macbeth), ils ont composé des pièces adaptées à leur propos (un tango pour Othello, une valse pour les Capulets et les Montaigu, etc.) et demandé à Andy Sheppard de venir les jouer avec eux. C’est, dans l’état actuel, très réussi, l’écriture est sensible, les ambiances justes, on a déjà retenu un Hamlet In Front Of Himself et un Marching Forest tout à fait splendides.

 

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                         Christophe Marguet

 

L’événement de la soirée fut incontestablement cette découverte de « An Old Monk », pièce écrite et jouée par Josse de Pauw, avec le concours du trio de Kris Defoort. Après dix minutes passées à comprendre les règles de ce qui va se jouer, et à entrer dans l’univers de Josse de Pauw, on se régale de cette interaction entre le texte et la musique, et puis quand celle-ci fait silence, on ne jouit plus que de la confession pudique, drôle, émouvante, tragique aussi, de ce « vieux moine » qui nous ressemble par ses angoisses, ses petitesses, et au bout du compte et du conte, la dérision de son narcissisme aboli. Les hommes seront très sensibles aux aveux de faiblesse que le texte donne à entendre relativement à leur castration, les dames y retrouveront ce qu’elles savent depuis toujours, et nous y avons trouvé aussi des échos des années 70, dans les références à peine voilées au corps morcelé et à ses représentations dans ce qui fut la grande époque de Charlie Hebdo. Un must, qui sera repris dans le « in » en Avignon en 2014, et un grand privilège d’avoir vu ça déjà.

 

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                Kris Defoort et Josse de Pauw

 

Le temps de passer voir et entendre le 4tet de Daniel Humair et de se rendre compte que rien n’avait changé dans ce groupe splendide. Il était temps de prendre quelque repos…

 

Philippe Méziat