Jazz live
Publié le 12 Nov 2025 • Par Xavier Prévost

Ralph Alessi, Marc Ducret, Stéphane Payen & Bruno Ducret, Rue Française

À la veille de leur concert au festival Jazzdor de Strasbourg (en compagnie de Jim Black), et à l’initiative du label Rogue Art, Ralph Alessi et Marc Ducret se sont retrouvés rue Française, dans le 1er arrondissement de Paris, pour jouer avec Stéphane Payen & Bruno Ducret. Ce groupe s’était produit en février dernier au Triton, quand Ralph Alessi était venu animer une séance de l’Académie de composition Real Time Music / ONJ.

Le concert a lieu dans un beau local, une galerie d’art intermittente qui accueille aussi des événements et des concerts

Ralph Alessi (trompette), Marc Ducret (guitare), Stéphane Payen (saxophone alto droit), Bruno Ducret (violoncelle)

Paris, Jazz à Rue Française, 11 novembre 2025, 19h

Le répertoire est constitué de compositions de chacun des membres du groupe. Une musique très contrastée, formellement élaborée, avec des échappées dont il est souvent malaisé de savoir si on est dans l’écrit ou dans l’improvisé. Des formes à tiroirs multiples, non pour nous fourvoyer mais pour solliciter notre perception, et chatouiller notre sentiment esthétique. Alternance (souvent dans un même titre) de mélodies lentes aux intervalles distendus, sur des harmonies très tendues (dont les frottements font le bonheur de l’auditeur que je suis) avec des séquences de staccatos très radicaux (une joie encore d’être ainsi secoué par l’urgence) ; et même furtivement, suprême audace en ce contexte, un accord parfait majeur (qui me rappelle Jean-Louis Chautemps : c’est lui je crois qui m’avait un jour parlé de ‘l’impérialisme du retour à la tonique’ ; sauf qu’en cet instant je ne sais plus quelle était la tonique, ni même s’il y en avait une -le monde tonal est loin). Des échanges transversaux, des solos où finesse et radicalité s’expriment à armes égales et parfois, en intermezzo ou en coda, un lyrisme assumé sur tempo lent, non pour manipuler nos émois, mais pour le seul amour de l’Art. Très beau concert, devant un public où les musiciens et les aficionados patentés se mêlaient à des auditeurs plus surpris : mais l’adhésion fut unanime.

Xavier Prévost (texte et photos)