Adieu à Rémi Charmasson

La nouvelle court, annoncée par ses enfants ce matin à 5h sur son compte facebook, relayée par ses amis musiciens. Son compte où lui-même postait encore ce mois d’avril des hommages posthumes (la poétesse Delia Morris, le guitariste et chanteur Kelly Joe Phelps), relayant la nouvelle de l’abandon par Eric Clapton de la guitare pour la basse, livrant le petit film d’une jam récréative à La Buissonne, avec son vieil ami Philippe Deschepper et le batteur Michael Baird.
Le guitariste est parti sans laisser de fiche Wikipedia. Rien dans l’index de Jazz Magazine que j’ai réalisé… Un dysfonctionnement de mon fichier excel ? Un oubli de ma part ou des stagiaires qui y ont participé ? Il est vrai que, devant l’ampleur de la tâche, l’on n’y a répertorié ni les chroniques de disques ni les petits papiers d’actualité. Beaucoup d’embarras donc pour rendre un tel hommage.
C’est le site de Futura-Marge qui nous donne son année de naissance… Né en Avignon en 1961. Autodidacte, puis à partir de 1985 Conservatoire dans la classe d’André Jaume sous le nom duquel il fait son entrée dans la Tom Lord Discography, pour un trio avec Claude Tchamitchian, “Cinoche”. La suite ? Encore Jaume, parrain et compagnon régulier, et donc Jimmy Giuffre, Buddy Colette, Charlie Mariano, etc. Parallèlement, il collabore avec Thierry Maucci, Charles Tyler, Denis Charles, Anthony Ortega… la liste est longue. Dans ma géographie mentale, il appartient à cette famille guitaristique “provençale” sans autre identité réelle que l’imaginaire veut bien lui attribuer, une guitare “affranchie”, chacun à sa manière de Jean-Marc Montera à Raymond Boni, en passant par Philippe Deschepper venu du nord de la France pour s’installer sur le tard dans Sud.
Mes LP difficilement accessibles dans mon petit bureau qui abrite en ce moment un ami brésilien de passage et ses bagages, j’ai ressorti la boîte de CD “CEL-CH” d’où j’ai tiré “Caminando” en duo avec l’ami Tcham (1990,CLP), “L’Ombre de la pluie” en trio avec Tchamitchian et Jean-Pierre Jullian (2001, Ajmi), “Manœuvres” en quintette avec Deschepper, Eric Longsworth, Tcham et Éric Échampard. Il doit m’en manquer… Dans un collection 10 à 20 000 CD, un erreur de classement et c’est un disque perdu. Je pense à “The Wind Cries Jimi” dont le titre ne fait pas mystère du guitariste auquel il rend hommage. Et finalement, c’est le premier, “Caminando” que je glisse dans le tiroir de mon lecteur. L’ai-je jamais vraiment écouté ? Même bien rangé dans une trop grande discothèque, un disque peut être considéré comme perdu. C’est co-signé Charmasson et Tchamitchian, pour l’un comme l’autre un premier disque à leur nom : ils auront bientôt 30 ans l’un et l’autre, et c’est bien eux. Charmasson, entre guitare acoustique cordes métalliques (l’influence folk n’a pas fait que l’effleurer) et électrique (est-ce la Stratocaster en couverture ?). Même si ça ne saurait résumer ni une vie, ni une œuvre, je m’attarde sur Femina dont Rémi Charmasson a dessiné les contours mélodiques. Replay ! Franck Bergerot