Robinson Khoury à Jazz sous les pommiers

Yvan Amar est l’envoyé spécial de Jazz Magazine à Coutances. Retrouvez chaque jour ses live report exclusifs.

Serein et poignant, Demi-lune, le dernier répertoire de Robinson Khoury propose un programme de musique de chambre extrêmement varié d’un morceau à l’autre.

Musique de chambre par le son d’abord: un trombone, un violoncelle (Lina Belaïd), une contrebasse (Simon Drapier), un piano (Ève Riesser), disposés en arc de cercle (demi-lune?) pour faire entendre un concert parfaitement acoustique. Le concert commence par les cordes qui construisent une plateforme assez répétitive, les deux instruments souvent à l’archet avec parfois une douce irruption des harmoniques. Au-dessus de cette toile se déploie un son de trombone parfaitement droit, avec intervalles hyper consonants et arpèges parfaits: une musique très classique – et les références sont clairement assumées, le long de lignes mélodiques qui s’infléchissent en courbes légères et imprévues: un clin d’oeil à Bach, un clin d’oeil à Fauré! Avec la deuxième pièce les influences changent complètement: le trombone phrase sa première ligne au quart de ton dans cette composition sans soutien harmonique, avec une toile de fond orientale. Puis Eve Riesser transforme son instrument en piano préparé, en rajoutant dans les cordes une série d’objets soigneusement disposés qui la place à la tête d’une machine à percussion multi-timbrale: toute une série de bruits feutrés, zingués, claqués qu’elle rythme en dialoguant avec le trombone. Elle déshabille ensuite ce piano qu’elle avait habillé, et qui retrouve son identité première. Contraste encore avec la suite du concert et un morceau qui rappelle la musique baroque française, et un rapide duo trombone-flûte quand la pianiste abandonne son clavier…

Une belle illustration de la résidence que Robinson Khoury poursuit à Coutances et qui l’oblige à renouveler à la fois ses formations et la musique qu’il compose. Un concert à écouter dans le jazz-club de Nathalie Piolé sur France-Musique, samedi 7 juin de 19 h à 20 h.