Jazz live
Publié le 11 Avr 2015

Saint-Gaudens. Quand Claude Tissendier célèbre Django

Saxophoniste, clarinettiste, soliste vedette (chez Bolling, notamment), arrangeur, chef d’orchestre, Claude Tissendier a plusieurs cordes à son arc. Il les a, depuis ses débuts, mises au service de la musique qu’il aime, ce swing des années 30 aux années 50, celui de John Kirby, d’Ellington, de Basie, de quelques autres qu’il illustre à la tête de formations variables, adaptées au modèle choisi. Vendredi soir, en prélude au festival Jazz en Comminges qui se déroulera à Saint-Gaudens du 13 au 17 mai, son quartette offrait une défense et illustration convaincante de Django.


Django’s Dream

Claude Tissendier (cl), Romain Brizemur (g), Luc Desroy (g, voc), André Bonin (b, voc).

Saint-Gaudens, Théâtre Jean-Marmignon, vendredi 10 avril.

 

Parlera-t-on de jazz manouche ? Ce serait à la fois réducteur et quelque peu inexact. Réducteur parce qu’à l’évidence, le propos du groupe n’est pas de surfer sur la vogue actuelle d’un genre qui a le vent en poupe. Il s’attache avant tout, plus qu’à la manière, aux compositions de celui qui en est, en quelque sorte, le père fondateur, toujours imité, jamais égalé. Inexact, parce qu’en dépit d’une instrumentation typique de ce style, chacun des protagonistes s’affranchit allègrement de ses canons.

 

Les arrangements de Claude Tissendier, précis, mais sans jamais brider la liberté des solistes, favorisent avant tout le swing (ainsi de son dépoussiérage de Ménilmontant, de sa relecture de C’est si bon). Ses interventions en soliste témoignent d’une inventivité telle qu’il serait abusif d’en faire un simple épigone d’Hubert Rostanig. En témoigne, s’il en était besoin, son solo de Nuages, entre autres. Traçant depuis des lustres une voie originale, en marge des influences trop prégnantes, il reste un improvisateur plein de finesse, amoureux de la mélodie.

 

Même constat à propos de ses partenaires. Romain Brizemur ne cherche à aucun moment à marcher sur les brisées de Django. Son phrasé, son alternance de développements en accords ou en single notes, rappellent davantage Barney Kessel que la virtuosité vertigineuse de mise chez les solistes manouches. Ses dialogues avec le clarinettiste, vifs, stimulants, portent la marque d’une indéniable personnalité. De même, Luc Desroy, loin de se cantonner au rôle parfois ingrat de guitariste rythmique, se montre soliste plein de finesse (Swingtime in Springtime, enregistré par le Quintette du HCF en mai 1945) et ses chorus chantés (C’est si bon, ou Jardin d’hiver, popularisé par Henri Salvador, repris notamment par Stacey Kent), débouchant parfois sur le scat, portent sa marque propre. Jusqu’à André Bonin, au tempo impeccable, qui se mue volontiers en vocaliste et improvise avec aisance, comme sur le Blues for Ike que Django enregistra en mars 1953, avec ses Rythmes et, au piano, Maurice Vander.

 

Le répertoire reinhardtien est ainsi repris et réinterprété, de Douce ambiance à Artillerie lourde, thème riff enregistré par le Quintette du HCF en 1950 avec André Ekyan, en passant par les grands classiques, Djangologie, Belleville, Nuages ou Django’s Dream. La preuve est ainsi apportée que le compositeur manouche transcendait toutes les catégories et que les mélodies qu’il nous a léguées peuvent encore fournir un matériau propice à l’inventivité et au swing. Une musique simple, séduisante d’emblée. Claude Tissendier et son groupe s’en font les chantres inspirés. De quoi séduire à juste titre un public chaleureux, invité, pour finir, à fredonner Minor Swing. De quoi bien augurer, aussi, d’un festival à l’affiche prometteuse. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

 

Jacques Aboucaya

 

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Saxophoniste, clarinettiste, soliste vedette (chez Bolling, notamment), arrangeur, chef d’orchestre, Claude Tissendier a plusieurs cordes à son arc. Il les a, depuis ses débuts, mises au service de la musique qu’il aime, ce swing des années 30 aux années 50, celui de John Kirby, d’Ellington, de Basie, de quelques autres qu’il illustre à la tête de formations variables, adaptées au modèle choisi. Vendredi soir, en prélude au festival Jazz en Comminges qui se déroulera à Saint-Gaudens du 13 au 17 mai, son quartette offrait une défense et illustration convaincante de Django.


Django’s Dream

Claude Tissendier (cl), Romain Brizemur (g), Luc Desroy (g, voc), André Bonin (b, voc).

Saint-Gaudens, Théâtre Jean-Marmignon, vendredi 10 avril.

 

Parlera-t-on de jazz manouche ? Ce serait à la fois réducteur et quelque peu inexact. Réducteur parce qu’à l’évidence, le propos du groupe n’est pas de surfer sur la vogue actuelle d’un genre qui a le vent en poupe. Il s’attache avant tout, plus qu’à la manière, aux compositions de celui qui en est, en quelque sorte, le père fondateur, toujours imité, jamais égalé. Inexact, parce qu’en dépit d’une instrumentation typique de ce style, chacun des protagonistes s’affranchit allègrement de ses canons.

 

Les arrangements de Claude Tissendier, précis, mais sans jamais brider la liberté des solistes, favorisent avant tout le swing (ainsi de son dépoussiérage de Ménilmontant, de sa relecture de C’est si bon). Ses interventions en soliste témoignent d’une inventivité telle qu’il serait abusif d’en faire un simple épigone d’Hubert Rostanig. En témoigne, s’il en était besoin, son solo de Nuages, entre autres. Traçant depuis des lustres une voie originale, en marge des influences trop prégnantes, il reste un improvisateur plein de finesse, amoureux de la mélodie.

 

Même constat à propos de ses partenaires. Romain Brizemur ne cherche à aucun moment à marcher sur les brisées de Django. Son phrasé, son alternance de développements en accords ou en single notes, rappellent davantage Barney Kessel que la virtuosité vertigineuse de mise chez les solistes manouches. Ses dialogues avec le clarinettiste, vifs, stimulants, portent la marque d’une indéniable personnalité. De même, Luc Desroy, loin de se cantonner au rôle parfois ingrat de guitariste rythmique, se montre soliste plein de finesse (Swingtime in Springtime, enregistré par le Quintette du HCF en mai 1945) et ses chorus chantés (C’est si bon, ou Jardin d’hiver, popularisé par Henri Salvador, repris notamment par Stacey Kent), débouchant parfois sur le scat, portent sa marque propre. Jusqu’à André Bonin, au tempo impeccable, qui se mue volontiers en vocaliste et improvise avec aisance, comme sur le Blues for Ike que Django enregistra en mars 1953, avec ses Rythmes et, au piano, Maurice Vander.

 

Le répertoire reinhardtien est ainsi repris et réinterprété, de Douce ambiance à Artillerie lourde, thème riff enregistré par le Quintette du HCF en 1950 avec André Ekyan, en passant par les grands classiques, Djangologie, Belleville, Nuages ou Django’s Dream. La preuve est ainsi apportée que le compositeur manouche transcendait toutes les catégories et que les mélodies qu’il nous a léguées peuvent encore fournir un matériau propice à l’inventivité et au swing. Une musique simple, séduisante d’emblée. Claude Tissendier et son groupe s’en font les chantres inspirés. De quoi séduire à juste titre un public chaleureux, invité, pour finir, à fredonner Minor Swing. De quoi bien augurer, aussi, d’un festival à l’affiche prometteuse. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

 

Jacques Aboucaya

 

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Saxophoniste, clarinettiste, soliste vedette (chez Bolling, notamment), arrangeur, chef d’orchestre, Claude Tissendier a plusieurs cordes à son arc. Il les a, depuis ses débuts, mises au service de la musique qu’il aime, ce swing des années 30 aux années 50, celui de John Kirby, d’Ellington, de Basie, de quelques autres qu’il illustre à la tête de formations variables, adaptées au modèle choisi. Vendredi soir, en prélude au festival Jazz en Comminges qui se déroulera à Saint-Gaudens du 13 au 17 mai, son quartette offrait une défense et illustration convaincante de Django.


Django’s Dream

Claude Tissendier (cl), Romain Brizemur (g), Luc Desroy (g, voc), André Bonin (b, voc).

Saint-Gaudens, Théâtre Jean-Marmignon, vendredi 10 avril.

 

Parlera-t-on de jazz manouche ? Ce serait à la fois réducteur et quelque peu inexact. Réducteur parce qu’à l’évidence, le propos du groupe n’est pas de surfer sur la vogue actuelle d’un genre qui a le vent en poupe. Il s’attache avant tout, plus qu’à la manière, aux compositions de celui qui en est, en quelque sorte, le père fondateur, toujours imité, jamais égalé. Inexact, parce qu’en dépit d’une instrumentation typique de ce style, chacun des protagonistes s’affranchit allègrement de ses canons.

 

Les arrangements de Claude Tissendier, précis, mais sans jamais brider la liberté des solistes, favorisent avant tout le swing (ainsi de son dépoussiérage de Ménilmontant, de sa relecture de C’est si bon). Ses interventions en soliste témoignent d’une inventivité telle qu’il serait abusif d’en faire un simple épigone d’Hubert Rostanig. En témoigne, s’il en était besoin, son solo de Nuages, entre autres. Traçant depuis des lustres une voie originale, en marge des influences trop prégnantes, il reste un improvisateur plein de finesse, amoureux de la mélodie.

 

Même constat à propos de ses partenaires. Romain Brizemur ne cherche à aucun moment à marcher sur les brisées de Django. Son phrasé, son alternance de développements en accords ou en single notes, rappellent davantage Barney Kessel que la virtuosité vertigineuse de mise chez les solistes manouches. Ses dialogues avec le clarinettiste, vifs, stimulants, portent la marque d’une indéniable personnalité. De même, Luc Desroy, loin de se cantonner au rôle parfois ingrat de guitariste rythmique, se montre soliste plein de finesse (Swingtime in Springtime, enregistré par le Quintette du HCF en mai 1945) et ses chorus chantés (C’est si bon, ou Jardin d’hiver, popularisé par Henri Salvador, repris notamment par Stacey Kent), débouchant parfois sur le scat, portent sa marque propre. Jusqu’à André Bonin, au tempo impeccable, qui se mue volontiers en vocaliste et improvise avec aisance, comme sur le Blues for Ike que Django enregistra en mars 1953, avec ses Rythmes et, au piano, Maurice Vander.

 

Le répertoire reinhardtien est ainsi repris et réinterprété, de Douce ambiance à Artillerie lourde, thème riff enregistré par le Quintette du HCF en 1950 avec André Ekyan, en passant par les grands classiques, Djangologie, Belleville, Nuages ou Django’s Dream. La preuve est ainsi apportée que le compositeur manouche transcendait toutes les catégories et que les mélodies qu’il nous a léguées peuvent encore fournir un matériau propice à l’inventivité et au swing. Une musique simple, séduisante d’emblée. Claude Tissendier et son groupe s’en font les chantres inspirés. De quoi séduire à juste titre un public chaleureux, invité, pour finir, à fredonner Minor Swing. De quoi bien augurer, aussi, d’un festival à l’affiche prometteuse. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

 

Jacques Aboucaya

 

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Saxophoniste, clarinettiste, soliste vedette (chez Bolling, notamment), arrangeur, chef d’orchestre, Claude Tissendier a plusieurs cordes à son arc. Il les a, depuis ses débuts, mises au service de la musique qu’il aime, ce swing des années 30 aux années 50, celui de John Kirby, d’Ellington, de Basie, de quelques autres qu’il illustre à la tête de formations variables, adaptées au modèle choisi. Vendredi soir, en prélude au festival Jazz en Comminges qui se déroulera à Saint-Gaudens du 13 au 17 mai, son quartette offrait une défense et illustration convaincante de Django.


Django’s Dream

Claude Tissendier (cl), Romain Brizemur (g), Luc Desroy (g, voc), André Bonin (b, voc).

Saint-Gaudens, Théâtre Jean-Marmignon, vendredi 10 avril.

 

Parlera-t-on de jazz manouche ? Ce serait à la fois réducteur et quelque peu inexact. Réducteur parce qu’à l’évidence, le propos du groupe n’est pas de surfer sur la vogue actuelle d’un genre qui a le vent en poupe. Il s’attache avant tout, plus qu’à la manière, aux compositions de celui qui en est, en quelque sorte, le père fondateur, toujours imité, jamais égalé. Inexact, parce qu’en dépit d’une instrumentation typique de ce style, chacun des protagonistes s’affranchit allègrement de ses canons.

 

Les arrangements de Claude Tissendier, précis, mais sans jamais brider la liberté des solistes, favorisent avant tout le swing (ainsi de son dépoussiérage de Ménilmontant, de sa relecture de C’est si bon). Ses interventions en soliste témoignent d’une inventivité telle qu’il serait abusif d’en faire un simple épigone d’Hubert Rostanig. En témoigne, s’il en était besoin, son solo de Nuages, entre autres. Traçant depuis des lustres une voie originale, en marge des influences trop prégnantes, il reste un improvisateur plein de finesse, amoureux de la mélodie.

 

Même constat à propos de ses partenaires. Romain Brizemur ne cherche à aucun moment à marcher sur les brisées de Django. Son phrasé, son alternance de développements en accords ou en single notes, rappellent davantage Barney Kessel que la virtuosité vertigineuse de mise chez les solistes manouches. Ses dialogues avec le clarinettiste, vifs, stimulants, portent la marque d’une indéniable personnalité. De même, Luc Desroy, loin de se cantonner au rôle parfois ingrat de guitariste rythmique, se montre soliste plein de finesse (Swingtime in Springtime, enregistré par le Quintette du HCF en mai 1945) et ses chorus chantés (C’est si bon, ou Jardin d’hiver, popularisé par Henri Salvador, repris notamment par Stacey Kent), débouchant parfois sur le scat, portent sa marque propre. Jusqu’à André Bonin, au tempo impeccable, qui se mue volontiers en vocaliste et improvise avec aisance, comme sur le Blues for Ike que Django enregistra en mars 1953, avec ses Rythmes et, au piano, Maurice Vander.

 

Le répertoire reinhardtien est ainsi repris et réinterprété, de Douce ambiance à Artillerie lourde, thème riff enregistré par le Quintette du HCF en 1950 avec André Ekyan, en passant par les grands classiques, Djangologie, Belleville, Nuages ou Django’s Dream. La preuve est ainsi apportée que le compositeur manouche transcendait toutes les catégories et que les mélodies qu’il nous a léguées peuvent encore fournir un matériau propice à l’inventivité et au swing. Une musique simple, séduisante d’emblée. Claude Tissendier et son groupe s’en font les chantres inspirés. De quoi séduire à juste titre un public chaleureux, invité, pour finir, à fredonner Minor Swing. De quoi bien augurer, aussi, d’un festival à l’affiche prometteuse. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

 

Jacques Aboucaya