Jazz live
Publié le 21 Juil 2013

Saint-Emilion : Thierry Valette & Fred Hersch

Troisième journée à Saint-Emilion. On commence par un repas des partenaires, suivi d’un concert surprise de Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo en duo, et on file vers le village où vient de se terminer le duo entre Serge Moulinier (p) et Laurence Jay (voc), autour du répertoire d’Anita O’Day. Ca chauffe, Serge reste attaché à un excellent piano, Christophe Jodet (b) et Didier Ottaviani (dm) le rejoignent, c’est la reconstitution de ce fameux trio dont je vous parlais il y a peu, et Thierry Valette (voc) est là avec Carl Schlosser (ts, fl) pour faire entendre en cinquante minutes environ son répertoire actuel, à base de chansons françaises connues ou méconnues. Et ce n’est pas fini !!!

 

 

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                                               Thierry Valette (voc)

 

 On connait bien Thierry Valette, même s’il s’est consacré ces derniers temps davantage à la vigne qu’à la muse. Propriétaire du Clos Puy-Arnaud, fameux Côtes de Castillon dont la côte est en hausse constante, il a signé il y a quelques années un CD titré « Scatlandes », avec Arnaud Mattei, Jean Bardy et Yves Nahon, puis un second disque sous le titre « Valette Connexion » (décembre 1997) avec déjà Serge Moulinier, Christophe Jodet, Thierry Lujan, Didier Ottaviani et Laurent Paris, consacré à des compositions personnelles en français. Bref, ce n’est ni un amateur, ni un inconnu. Derrière sa voix de Nougaro, ou de Michel Legrand, ou encore de Brassens, on retrouve vite le « grain » Valette, légèrement et délicatement voilé, la diction parfaite, et même le désir parfois de se lancer dans des improvisations scattées. Mais le chant pur lui convient très bien, d’autant qu’il ne prend pas toute la place, laisse son quintet jouer librement, Moulinier se (et nous) régale, Jodet et Ottaviani s’entendent comme ceps de vignes taillé à cot, et Carl Schlosser, dans un jour de colère sans doute, fait entendre un son de ténor assez brutal, et un phrasé de flûte plus souple. Un seul reproche, qui ne concerne pas les musiciens : il est 15.00, il fait une chaleur éprouvante, et du coup il y a peu de monde. A d’autres heures, le village est plein de gens qui n’ont pas les moyens de s’offrir les concerts payants, ce serait peut-être bien de penser à eux.

 

Le temps de s’éponger, et on se retrouve dans la salle des Dominicains pour le troisième « piano-solo » de la série, avec le plus émouvant et époustouflant chevalier à la triste figure qui soit, Fred Hersch. Je l’avais entendu jusqu’ici (live) uniquement dans des formules d’orchestre (avec le double trio de Benoît Delbecq, par exemple), ou en duo avec Ralph Alessi. Je ne savais pas ce qui m’attendait : un parcours exemplaire qui commence par des compositions personnelles déjà superbes, dédiées à quelques grands compositeurs (de Bill Frisell à Robert Schumann, le morceau s’appelle Pastoral je crois), et puis une succession de pièces célèbres dont il fait une lecture à la fois si intelligente, si virtuose et si manifestement sensible que les adjectifs viennent à manquer. Un Caravan qui répand les chameaux dans tout le désert avec leurs bédouins, un The Song Is You qui vous tire des larmes, et un Whisper Not qui vient comme une réponse à ce qui vous étreint, et du coup vous plonge dans une émotion encore plus grande. Que faire ? Se laisser aller ? Fuir ? Impossible, le concert est filmé… Alors on se laisse aller, on n’est pas seuls, encore un petit rappel, il salue avec simplicité, esquisse même un sourire. Quel sens du sublime !!! Mais comment va-t’on supporter le monde qui est dehors après ça ?

 

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Jacky Terrasson, Fred Hersch, Baptiste Trotignon

 

On supporte, mais mal. La soirée qui s’annonce, avec le pianiste et chanteur Joe Stilgoe, puis Monty Alexander dans la totalité de ses oeuvres, vous oblige à retomber lentement des hauteurs où vous étiez avec Hersch. Du coup, et si on avait oublié qu’on est ici dans une région viticole fabuleuse, et quand va sonner l’angélus du soir, on se laisse aller encore, mais différemment. Il en faut pour tous les goûts, n’est-ce pas ?

 

Philippe Méziat

 

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Troisième journée à Saint-Emilion. On commence par un repas des partenaires, suivi d’un concert surprise de Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo en duo, et on file vers le village où vient de se terminer le duo entre Serge Moulinier (p) et Laurence Jay (voc), autour du répertoire d’Anita O’Day. Ca chauffe, Serge reste attaché à un excellent piano, Christophe Jodet (b) et Didier Ottaviani (dm) le rejoignent, c’est la reconstitution de ce fameux trio dont je vous parlais il y a peu, et Thierry Valette (voc) est là avec Carl Schlosser (ts, fl) pour faire entendre en cinquante minutes environ son répertoire actuel, à base de chansons françaises connues ou méconnues. Et ce n’est pas fini !!!

 

 

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                                               Thierry Valette (voc)

 

 On connait bien Thierry Valette, même s’il s’est consacré ces derniers temps davantage à la vigne qu’à la muse. Propriétaire du Clos Puy-Arnaud, fameux Côtes de Castillon dont la côte est en hausse constante, il a signé il y a quelques années un CD titré « Scatlandes », avec Arnaud Mattei, Jean Bardy et Yves Nahon, puis un second disque sous le titre « Valette Connexion » (décembre 1997) avec déjà Serge Moulinier, Christophe Jodet, Thierry Lujan, Didier Ottaviani et Laurent Paris, consacré à des compositions personnelles en français. Bref, ce n’est ni un amateur, ni un inconnu. Derrière sa voix de Nougaro, ou de Michel Legrand, ou encore de Brassens, on retrouve vite le « grain » Valette, légèrement et délicatement voilé, la diction parfaite, et même le désir parfois de se lancer dans des improvisations scattées. Mais le chant pur lui convient très bien, d’autant qu’il ne prend pas toute la place, laisse son quintet jouer librement, Moulinier se (et nous) régale, Jodet et Ottaviani s’entendent comme ceps de vignes taillé à cot, et Carl Schlosser, dans un jour de colère sans doute, fait entendre un son de ténor assez brutal, et un phrasé de flûte plus souple. Un seul reproche, qui ne concerne pas les musiciens : il est 15.00, il fait une chaleur éprouvante, et du coup il y a peu de monde. A d’autres heures, le village est plein de gens qui n’ont pas les moyens de s’offrir les concerts payants, ce serait peut-être bien de penser à eux.

 

Le temps de s’éponger, et on se retrouve dans la salle des Dominicains pour le troisième « piano-solo » de la série, avec le plus émouvant et époustouflant chevalier à la triste figure qui soit, Fred Hersch. Je l’avais entendu jusqu’ici (live) uniquement dans des formules d’orchestre (avec le double trio de Benoît Delbecq, par exemple), ou en duo avec Ralph Alessi. Je ne savais pas ce qui m’attendait : un parcours exemplaire qui commence par des compositions personnelles déjà superbes, dédiées à quelques grands compositeurs (de Bill Frisell à Robert Schumann, le morceau s’appelle Pastoral je crois), et puis une succession de pièces célèbres dont il fait une lecture à la fois si intelligente, si virtuose et si manifestement sensible que les adjectifs viennent à manquer. Un Caravan qui répand les chameaux dans tout le désert avec leurs bédouins, un The Song Is You qui vous tire des larmes, et un Whisper Not qui vient comme une réponse à ce qui vous étreint, et du coup vous plonge dans une émotion encore plus grande. Que faire ? Se laisser aller ? Fuir ? Impossible, le concert est filmé… Alors on se laisse aller, on n’est pas seuls, encore un petit rappel, il salue avec simplicité, esquisse même un sourire. Quel sens du sublime !!! Mais comment va-t’on supporter le monde qui est dehors après ça ?

 

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Jacky Terrasson, Fred Hersch, Baptiste Trotignon

 

On supporte, mais mal. La soirée qui s’annonce, avec le pianiste et chanteur Joe Stilgoe, puis Monty Alexander dans la totalité de ses oeuvres, vous oblige à retomber lentement des hauteurs où vous étiez avec Hersch. Du coup, et si on avait oublié qu’on est ici dans une région viticole fabuleuse, et quand va sonner l’angélus du soir, on se laisse aller encore, mais différemment. Il en faut pour tous les goûts, n’est-ce pas ?

 

Philippe Méziat

 

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Troisième journée à Saint-Emilion. On commence par un repas des partenaires, suivi d’un concert surprise de Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo en duo, et on file vers le village où vient de se terminer le duo entre Serge Moulinier (p) et Laurence Jay (voc), autour du répertoire d’Anita O’Day. Ca chauffe, Serge reste attaché à un excellent piano, Christophe Jodet (b) et Didier Ottaviani (dm) le rejoignent, c’est la reconstitution de ce fameux trio dont je vous parlais il y a peu, et Thierry Valette (voc) est là avec Carl Schlosser (ts, fl) pour faire entendre en cinquante minutes environ son répertoire actuel, à base de chansons françaises connues ou méconnues. Et ce n’est pas fini !!!

 

 

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                                               Thierry Valette (voc)

 

 On connait bien Thierry Valette, même s’il s’est consacré ces derniers temps davantage à la vigne qu’à la muse. Propriétaire du Clos Puy-Arnaud, fameux Côtes de Castillon dont la côte est en hausse constante, il a signé il y a quelques années un CD titré « Scatlandes », avec Arnaud Mattei, Jean Bardy et Yves Nahon, puis un second disque sous le titre « Valette Connexion » (décembre 1997) avec déjà Serge Moulinier, Christophe Jodet, Thierry Lujan, Didier Ottaviani et Laurent Paris, consacré à des compositions personnelles en français. Bref, ce n’est ni un amateur, ni un inconnu. Derrière sa voix de Nougaro, ou de Michel Legrand, ou encore de Brassens, on retrouve vite le « grain » Valette, légèrement et délicatement voilé, la diction parfaite, et même le désir parfois de se lancer dans des improvisations scattées. Mais le chant pur lui convient très bien, d’autant qu’il ne prend pas toute la place, laisse son quintet jouer librement, Moulinier se (et nous) régale, Jodet et Ottaviani s’entendent comme ceps de vignes taillé à cot, et Carl Schlosser, dans un jour de colère sans doute, fait entendre un son de ténor assez brutal, et un phrasé de flûte plus souple. Un seul reproche, qui ne concerne pas les musiciens : il est 15.00, il fait une chaleur éprouvante, et du coup il y a peu de monde. A d’autres heures, le village est plein de gens qui n’ont pas les moyens de s’offrir les concerts payants, ce serait peut-être bien de penser à eux.

 

Le temps de s’éponger, et on se retrouve dans la salle des Dominicains pour le troisième « piano-solo » de la série, avec le plus émouvant et époustouflant chevalier à la triste figure qui soit, Fred Hersch. Je l’avais entendu jusqu’ici (live) uniquement dans des formules d’orchestre (avec le double trio de Benoît Delbecq, par exemple), ou en duo avec Ralph Alessi. Je ne savais pas ce qui m’attendait : un parcours exemplaire qui commence par des compositions personnelles déjà superbes, dédiées à quelques grands compositeurs (de Bill Frisell à Robert Schumann, le morceau s’appelle Pastoral je crois), et puis une succession de pièces célèbres dont il fait une lecture à la fois si intelligente, si virtuose et si manifestement sensible que les adjectifs viennent à manquer. Un Caravan qui répand les chameaux dans tout le désert avec leurs bédouins, un The Song Is You qui vous tire des larmes, et un Whisper Not qui vient comme une réponse à ce qui vous étreint, et du coup vous plonge dans une émotion encore plus grande. Que faire ? Se laisser aller ? Fuir ? Impossible, le concert est filmé… Alors on se laisse aller, on n’est pas seuls, encore un petit rappel, il salue avec simplicité, esquisse même un sourire. Quel sens du sublime !!! Mais comment va-t’on supporter le monde qui est dehors après ça ?

 

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Jacky Terrasson, Fred Hersch, Baptiste Trotignon

 

On supporte, mais mal. La soirée qui s’annonce, avec le pianiste et chanteur Joe Stilgoe, puis Monty Alexander dans la totalité de ses oeuvres, vous oblige à retomber lentement des hauteurs où vous étiez avec Hersch. Du coup, et si on avait oublié qu’on est ici dans une région viticole fabuleuse, et quand va sonner l’angélus du soir, on se laisse aller encore, mais différemment. Il en faut pour tous les goûts, n’est-ce pas ?

 

Philippe Méziat

 

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Troisième journée à Saint-Emilion. On commence par un repas des partenaires, suivi d’un concert surprise de Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo en duo, et on file vers le village où vient de se terminer le duo entre Serge Moulinier (p) et Laurence Jay (voc), autour du répertoire d’Anita O’Day. Ca chauffe, Serge reste attaché à un excellent piano, Christophe Jodet (b) et Didier Ottaviani (dm) le rejoignent, c’est la reconstitution de ce fameux trio dont je vous parlais il y a peu, et Thierry Valette (voc) est là avec Carl Schlosser (ts, fl) pour faire entendre en cinquante minutes environ son répertoire actuel, à base de chansons françaises connues ou méconnues. Et ce n’est pas fini !!!

 

 

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 On connait bien Thierry Valette, même s’il s’est consacré ces derniers temps davantage à la vigne qu’à la muse. Propriétaire du Clos Puy-Arnaud, fameux Côtes de Castillon dont la côte est en hausse constante, il a signé il y a quelques années un CD titré « Scatlandes », avec Arnaud Mattei, Jean Bardy et Yves Nahon, puis un second disque sous le titre « Valette Connexion » (décembre 1997) avec déjà Serge Moulinier, Christophe Jodet, Thierry Lujan, Didier Ottaviani et Laurent Paris, consacré à des compositions personnelles en français. Bref, ce n’est ni un amateur, ni un inconnu. Derrière sa voix de Nougaro, ou de Michel Legrand, ou encore de Brassens, on retrouve vite le « grain » Valette, légèrement et délicatement voilé, la diction parfaite, et même le désir parfois de se lancer dans des improvisations scattées. Mais le chant pur lui convient très bien, d’autant qu’il ne prend pas toute la place, laisse son quintet jouer librement, Moulinier se (et nous) régale, Jodet et Ottaviani s’entendent comme ceps de vignes taillé à cot, et Carl Schlosser, dans un jour de colère sans doute, fait entendre un son de ténor assez brutal, et un phrasé de flûte plus souple. Un seul reproche, qui ne concerne pas les musiciens : il est 15.00, il fait une chaleur éprouvante, et du coup il y a peu de monde. A d’autres heures, le village est plein de gens qui n’ont pas les moyens de s’offrir les concerts payants, ce serait peut-être bien de penser à eux.

 

Le temps de s’éponger, et on se retrouve dans la salle des Dominicains pour le troisième « piano-solo » de la série, avec le plus émouvant et époustouflant chevalier à la triste figure qui soit, Fred Hersch. Je l’avais entendu jusqu’ici (live) uniquement dans des formules d’orchestre (avec le double trio de Benoît Delbecq, par exemple), ou en duo avec Ralph Alessi. Je ne savais pas ce qui m’attendait : un parcours exemplaire qui commence par des compositions personnelles déjà superbes, dédiées à quelques grands compositeurs (de Bill Frisell à Robert Schumann, le morceau s’appelle Pastoral je crois), et puis une succession de pièces célèbres dont il fait une lecture à la fois si intelligente, si virtuose et si manifestement sensible que les adjectifs viennent à manquer. Un Caravan qui répand les chameaux dans tout le désert avec leurs bédouins, un The Song Is You qui vous tire des larmes, et un Whisper Not qui vient comme une réponse à ce qui vous étreint, et du coup vous plonge dans une émotion encore plus grande. Que faire ? Se laisser aller ? Fuir ? Impossible, le concert est filmé… Alors on se laisse aller, on n’est pas seuls, encore un petit rappel, il salue avec simplicité, esquisse même un sourire. Quel sens du sublime !!! Mais comment va-t’on supporter le monde qui est dehors après ça ?

 

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Jacky Terrasson, Fred Hersch, Baptiste Trotignon

 

On supporte, mais mal. La soirée qui s’annonce, avec le pianiste et chanteur Joe Stilgoe, puis Monty Alexander dans la totalité de ses oeuvres, vous oblige à retomber lentement des hauteurs où vous étiez avec Hersch. Du coup, et si on avait oublié qu’on est ici dans une région viticole fabuleuse, et quand va sonner l’angélus du soir, on se laisse aller encore, mais différemment. Il en faut pour tous les goûts, n’est-ce pas ?

 

Philippe Méziat