Jazz live
Publié le 28 Fév 2016

Standing & standards, clarinettes, et l'amour, toujours…

C’est à Bordeaux que l’action se situe, une action modeste qui n’implique aucun drame, mais permet d’apprécier l’état des lieux. Depuis l’appartement que l’auteur de ces lignes occupe dans la rue Sainte Catherine, jusqu’au prestigieux auditorium, en passant par le « Molière, Scène d’Aquitaine », où l’OARA (Office Artistique de la Région Aquitaine) permet à la fois le travail de nombreux « performers » (théâtre, danse, cirque, musiques, arts visuels, multi-médias) et la présentation publique du point où ils en sont de leur création.

La dernière semaine (du 22 au 27 février) a donc vu successivement Jacques Di Donato (cl) et Bruno Maurice (acc) travailler ensemble au mix de leur futur disque en duo, puis Élodie Alice Rousseau présenter l’état actuel de son projet autour des « Amours Standard », et enfin le trio constitué par Michel Portal (cl, b-cl, ss), Bojan Z (p, fender) et Vincent Peirani (acc) donner un superbe concert dans un auditorium plein à craquer, ce qui leur a valu une « standing » de première bourre. Bravo les gars ! Le tout dans un contexte qui n’avait aucun rapport, ni avec le clarinettiste Di Donato, ni avec Portal, mais a mis en avant la clarinette dans tous ses états à Bordeaux !

IMG_3602Clarinette « à la King »

Et d’abord « at home », où après avoir plongé avec Jacques Di Donato dans un passé un peu ancien, et retrouvé un disque oublié ou perdu, nous avons essayé une clarinette en métal de la marque « King » qui s’est révélée tout à fait fonctionnelle pour peu qu’on lui adjoigne un bec convenable, et des anches en bon état. Voir photo jointe, plus haut. Le disque, trouvé sur la toile à un prix raisonnable, c’est Solal et son orchestre jouent Hodeir, label Carlyne, réédité en CD sous le numéro CAR 008 CD, où Jacques est soliste d’une sorte de concerto pour clarinette sous le titre « Arte Della Commedia Dell »… Fallait voir son bonheur à l’idée de pouvoir écouter à nouveau cette musique. Et quant à sa présence à Bordeaux (rare), elle s’explique par l’existence de ce duo avec l’accordéoniste Bruno Maurice, enseignant au Conservatoire National de Région et partenaire du clarinettiste et batteur dans un duo dont j’ai déjà vanté les mérites et la qualité sur ce blog et dans le magazine papier. A se demander pourquoi on ne les sollicite pas plus souvent.

Marchons. Vers le « Molière Scène d’Aquitaine » où jeudi soir (le 25 février donc) Élodie Alice Rousseau (chant, textes, danse) présentait en compagnie de Monsieur Gadou (g, arrangements, voix) une version déjà bien avancée d’un spectacle intitulé « Amours Standard », où elle explore la thématique de l’amour dans quelques standards du jazz, en équivoquant sur la standardisation de la chose amoureuse, mais en dévoilant aussi au passage le contenu explicite et implicite des textes de ces chansons d’un autre siècle. Entre textes/poèmes originaux qu’elle a écrits et qu’elle dit, version légères des « songs » en question, et danse venant accompagner une écoute de « I Got It Bad » (version Yonathan Avishai), Élodie donne de la voix et du corps, soutenue sans faille par un accompagnateur sensible et habile, Monsieur Gadou, dont j’ai également déjà parlé souvent ici ou ailleurs. La voix ? Elle est belle, fine, timbrée, avec ce soupçon de gouaille qui permet de l’identifier, et en progrès de jour en jour. Le spectacle ? Il progresse, et gagnera en force si la chanteuse laisse ses textes sur le tapis, ce qui lui permettra une adresse plus franche en direction du public. Chaque fois que cela se produit, le contact s’établit, et chaque fois que cela se perd, il se perd aussi un peu de ce lien. Quant au corps, si présent dans l’amour, dans les textes où il est sublimé ou dans le rythme de la musique, il accompagne la prestation en permanence, Élodie ayant des arguments pour ce faire. On regrettera parfois même un certain excès de la mise en volutes de cette séduction tendrement érotique, mais là, c’est une affaire de sensibilité personnelle. A suivre donc, en espérant que le spectacle puisse tourner, et avancer en jouant.

Élodie Alice RousseauIMG_3537

Après les standards, la « standing ovation » qui a suivi le concert donné hier soir (samedi 27 février) par le trio Portal/Peirani/Bojan Z., qui nous ont embarqués dès le départ dans une prestation virtuose et une musique à la fois élaborée et parfaitement lisible, pour finir dans la joie profonde et communicative de thèmes populaires, ou qui le sont devenus par la force des choses du jazz. Alors si dans le détail on aura retrouvé « Bailador », « Choral », « B & H » (pour Bojan et Henri), « Cuba Si », « Trois Temps pour M.P. » (avec l’inénarrable numéro de Vincent qui présente ce morceau en se moquant si amoureusement de certains petits « travers » de son partenaire) et, bien sûr  » Dancers In Love », dans l’ensemble on aura passé un moment délicieux, et gagné avec nos trois héros la partie du jazz vif, si rare à Bordeaux, comme je le répète depuis des années sans que cela change quoi que ce soit à la donne.

Qui se présente comment ? Au fond pas très bien. Car ces concerts à l’auditorium (on attend les Shakespeare Songs pour la fin du mois de mars) étaient proposés et programmés par un jeune et brillant directeur de salle qui, dès l’arrivée du nouveau « patron » de l’Opéra (Marc Minkowski) a pris la direction d’une autre région et d’un autre travail. Il n’est pas le seul à vouloir prendre rapidement la diection de la sortie, ce qui n’augure rien de bon a priori dans la façon dont les choses pourraient évoluer à Bordeaux, dans une structure qui a déjà connu des périodes compliquées (époque Alain Lombard), dispendieuses (idem), et finalement peu créatives. Dans les candidatures possibles à la succession de Thierry Fouquet figurait une jeune femme qui avait des projets intéressants, mais on lui (Alain Juppé) a préféré le chef d’orchestre spécialiste du baroque qui lui avait probablement été « signalé » par Jacques Toubon, qui pouvait ainsi laisser augurer d’un soutien non négligeable dans l’accès (souhaité par le maire de Bordeaux) à sa candidature pour l’Élysée. Bref de la politique, et pas vraiment culturelle ! De toutes façons, le maire a déjà la tête ailleurs, son adjoint à la culture fait ses premières armes dans une sorte de brouillard qui amuse la galerie, et une atmosphère de fin de règne domine dans la capitale girondine. De quoi faire le lit d’un candidat venu d’un peu plus bas, très au centre, et qui aura la qualité (essentielle pour la bourgeoisie bordelaise) d’être à la fois modérément à droite et une figure connue dans le paysage : François Bayrou. Les paris sont ouverts.

Philippe Méziat

 |C’est à Bordeaux que l’action se situe, une action modeste qui n’implique aucun drame, mais permet d’apprécier l’état des lieux. Depuis l’appartement que l’auteur de ces lignes occupe dans la rue Sainte Catherine, jusqu’au prestigieux auditorium, en passant par le « Molière, Scène d’Aquitaine », où l’OARA (Office Artistique de la Région Aquitaine) permet à la fois le travail de nombreux « performers » (théâtre, danse, cirque, musiques, arts visuels, multi-médias) et la présentation publique du point où ils en sont de leur création.

La dernière semaine (du 22 au 27 février) a donc vu successivement Jacques Di Donato (cl) et Bruno Maurice (acc) travailler ensemble au mix de leur futur disque en duo, puis Élodie Alice Rousseau présenter l’état actuel de son projet autour des « Amours Standard », et enfin le trio constitué par Michel Portal (cl, b-cl, ss), Bojan Z (p, fender) et Vincent Peirani (acc) donner un superbe concert dans un auditorium plein à craquer, ce qui leur a valu une « standing » de première bourre. Bravo les gars ! Le tout dans un contexte qui n’avait aucun rapport, ni avec le clarinettiste Di Donato, ni avec Portal, mais a mis en avant la clarinette dans tous ses états à Bordeaux !

IMG_3602Clarinette « à la King »

Et d’abord « at home », où après avoir plongé avec Jacques Di Donato dans un passé un peu ancien, et retrouvé un disque oublié ou perdu, nous avons essayé une clarinette en métal de la marque « King » qui s’est révélée tout à fait fonctionnelle pour peu qu’on lui adjoigne un bec convenable, et des anches en bon état. Voir photo jointe, plus haut. Le disque, trouvé sur la toile à un prix raisonnable, c’est Solal et son orchestre jouent Hodeir, label Carlyne, réédité en CD sous le numéro CAR 008 CD, où Jacques est soliste d’une sorte de concerto pour clarinette sous le titre « Arte Della Commedia Dell »… Fallait voir son bonheur à l’idée de pouvoir écouter à nouveau cette musique. Et quant à sa présence à Bordeaux (rare), elle s’explique par l’existence de ce duo avec l’accordéoniste Bruno Maurice, enseignant au Conservatoire National de Région et partenaire du clarinettiste et batteur dans un duo dont j’ai déjà vanté les mérites et la qualité sur ce blog et dans le magazine papier. A se demander pourquoi on ne les sollicite pas plus souvent.

Marchons. Vers le « Molière Scène d’Aquitaine » où jeudi soir (le 25 février donc) Élodie Alice Rousseau (chant, textes, danse) présentait en compagnie de Monsieur Gadou (g, arrangements, voix) une version déjà bien avancée d’un spectacle intitulé « Amours Standard », où elle explore la thématique de l’amour dans quelques standards du jazz, en équivoquant sur la standardisation de la chose amoureuse, mais en dévoilant aussi au passage le contenu explicite et implicite des textes de ces chansons d’un autre siècle. Entre textes/poèmes originaux qu’elle a écrits et qu’elle dit, version légères des « songs » en question, et danse venant accompagner une écoute de « I Got It Bad » (version Yonathan Avishai), Élodie donne de la voix et du corps, soutenue sans faille par un accompagnateur sensible et habile, Monsieur Gadou, dont j’ai également déjà parlé souvent ici ou ailleurs. La voix ? Elle est belle, fine, timbrée, avec ce soupçon de gouaille qui permet de l’identifier, et en progrès de jour en jour. Le spectacle ? Il progresse, et gagnera en force si la chanteuse laisse ses textes sur le tapis, ce qui lui permettra une adresse plus franche en direction du public. Chaque fois que cela se produit, le contact s’établit, et chaque fois que cela se perd, il se perd aussi un peu de ce lien. Quant au corps, si présent dans l’amour, dans les textes où il est sublimé ou dans le rythme de la musique, il accompagne la prestation en permanence, Élodie ayant des arguments pour ce faire. On regrettera parfois même un certain excès de la mise en volutes de cette séduction tendrement érotique, mais là, c’est une affaire de sensibilité personnelle. A suivre donc, en espérant que le spectacle puisse tourner, et avancer en jouant.

Élodie Alice RousseauIMG_3537

Après les standards, la « standing ovation » qui a suivi le concert donné hier soir (samedi 27 février) par le trio Portal/Peirani/Bojan Z., qui nous ont embarqués dès le départ dans une prestation virtuose et une musique à la fois élaborée et parfaitement lisible, pour finir dans la joie profonde et communicative de thèmes populaires, ou qui le sont devenus par la force des choses du jazz. Alors si dans le détail on aura retrouvé « Bailador », « Choral », « B & H » (pour Bojan et Henri), « Cuba Si », « Trois Temps pour M.P. » (avec l’inénarrable numéro de Vincent qui présente ce morceau en se moquant si amoureusement de certains petits « travers » de son partenaire) et, bien sûr  » Dancers In Love », dans l’ensemble on aura passé un moment délicieux, et gagné avec nos trois héros la partie du jazz vif, si rare à Bordeaux, comme je le répète depuis des années sans que cela change quoi que ce soit à la donne.

Qui se présente comment ? Au fond pas très bien. Car ces concerts à l’auditorium (on attend les Shakespeare Songs pour la fin du mois de mars) étaient proposés et programmés par un jeune et brillant directeur de salle qui, dès l’arrivée du nouveau « patron » de l’Opéra (Marc Minkowski) a pris la direction d’une autre région et d’un autre travail. Il n’est pas le seul à vouloir prendre rapidement la diection de la sortie, ce qui n’augure rien de bon a priori dans la façon dont les choses pourraient évoluer à Bordeaux, dans une structure qui a déjà connu des périodes compliquées (époque Alain Lombard), dispendieuses (idem), et finalement peu créatives. Dans les candidatures possibles à la succession de Thierry Fouquet figurait une jeune femme qui avait des projets intéressants, mais on lui (Alain Juppé) a préféré le chef d’orchestre spécialiste du baroque qui lui avait probablement été « signalé » par Jacques Toubon, qui pouvait ainsi laisser augurer d’un soutien non négligeable dans l’accès (souhaité par le maire de Bordeaux) à sa candidature pour l’Élysée. Bref de la politique, et pas vraiment culturelle ! De toutes façons, le maire a déjà la tête ailleurs, son adjoint à la culture fait ses premières armes dans une sorte de brouillard qui amuse la galerie, et une atmosphère de fin de règne domine dans la capitale girondine. De quoi faire le lit d’un candidat venu d’un peu plus bas, très au centre, et qui aura la qualité (essentielle pour la bourgeoisie bordelaise) d’être à la fois modérément à droite et une figure connue dans le paysage : François Bayrou. Les paris sont ouverts.

Philippe Méziat

 |C’est à Bordeaux que l’action se situe, une action modeste qui n’implique aucun drame, mais permet d’apprécier l’état des lieux. Depuis l’appartement que l’auteur de ces lignes occupe dans la rue Sainte Catherine, jusqu’au prestigieux auditorium, en passant par le « Molière, Scène d’Aquitaine », où l’OARA (Office Artistique de la Région Aquitaine) permet à la fois le travail de nombreux « performers » (théâtre, danse, cirque, musiques, arts visuels, multi-médias) et la présentation publique du point où ils en sont de leur création.

La dernière semaine (du 22 au 27 février) a donc vu successivement Jacques Di Donato (cl) et Bruno Maurice (acc) travailler ensemble au mix de leur futur disque en duo, puis Élodie Alice Rousseau présenter l’état actuel de son projet autour des « Amours Standard », et enfin le trio constitué par Michel Portal (cl, b-cl, ss), Bojan Z (p, fender) et Vincent Peirani (acc) donner un superbe concert dans un auditorium plein à craquer, ce qui leur a valu une « standing » de première bourre. Bravo les gars ! Le tout dans un contexte qui n’avait aucun rapport, ni avec le clarinettiste Di Donato, ni avec Portal, mais a mis en avant la clarinette dans tous ses états à Bordeaux !

IMG_3602Clarinette « à la King »

Et d’abord « at home », où après avoir plongé avec Jacques Di Donato dans un passé un peu ancien, et retrouvé un disque oublié ou perdu, nous avons essayé une clarinette en métal de la marque « King » qui s’est révélée tout à fait fonctionnelle pour peu qu’on lui adjoigne un bec convenable, et des anches en bon état. Voir photo jointe, plus haut. Le disque, trouvé sur la toile à un prix raisonnable, c’est Solal et son orchestre jouent Hodeir, label Carlyne, réédité en CD sous le numéro CAR 008 CD, où Jacques est soliste d’une sorte de concerto pour clarinette sous le titre « Arte Della Commedia Dell »… Fallait voir son bonheur à l’idée de pouvoir écouter à nouveau cette musique. Et quant à sa présence à Bordeaux (rare), elle s’explique par l’existence de ce duo avec l’accordéoniste Bruno Maurice, enseignant au Conservatoire National de Région et partenaire du clarinettiste et batteur dans un duo dont j’ai déjà vanté les mérites et la qualité sur ce blog et dans le magazine papier. A se demander pourquoi on ne les sollicite pas plus souvent.

Marchons. Vers le « Molière Scène d’Aquitaine » où jeudi soir (le 25 février donc) Élodie Alice Rousseau (chant, textes, danse) présentait en compagnie de Monsieur Gadou (g, arrangements, voix) une version déjà bien avancée d’un spectacle intitulé « Amours Standard », où elle explore la thématique de l’amour dans quelques standards du jazz, en équivoquant sur la standardisation de la chose amoureuse, mais en dévoilant aussi au passage le contenu explicite et implicite des textes de ces chansons d’un autre siècle. Entre textes/poèmes originaux qu’elle a écrits et qu’elle dit, version légères des « songs » en question, et danse venant accompagner une écoute de « I Got It Bad » (version Yonathan Avishai), Élodie donne de la voix et du corps, soutenue sans faille par un accompagnateur sensible et habile, Monsieur Gadou, dont j’ai également déjà parlé souvent ici ou ailleurs. La voix ? Elle est belle, fine, timbrée, avec ce soupçon de gouaille qui permet de l’identifier, et en progrès de jour en jour. Le spectacle ? Il progresse, et gagnera en force si la chanteuse laisse ses textes sur le tapis, ce qui lui permettra une adresse plus franche en direction du public. Chaque fois que cela se produit, le contact s’établit, et chaque fois que cela se perd, il se perd aussi un peu de ce lien. Quant au corps, si présent dans l’amour, dans les textes où il est sublimé ou dans le rythme de la musique, il accompagne la prestation en permanence, Élodie ayant des arguments pour ce faire. On regrettera parfois même un certain excès de la mise en volutes de cette séduction tendrement érotique, mais là, c’est une affaire de sensibilité personnelle. A suivre donc, en espérant que le spectacle puisse tourner, et avancer en jouant.

Élodie Alice RousseauIMG_3537

Après les standards, la « standing ovation » qui a suivi le concert donné hier soir (samedi 27 février) par le trio Portal/Peirani/Bojan Z., qui nous ont embarqués dès le départ dans une prestation virtuose et une musique à la fois élaborée et parfaitement lisible, pour finir dans la joie profonde et communicative de thèmes populaires, ou qui le sont devenus par la force des choses du jazz. Alors si dans le détail on aura retrouvé « Bailador », « Choral », « B & H » (pour Bojan et Henri), « Cuba Si », « Trois Temps pour M.P. » (avec l’inénarrable numéro de Vincent qui présente ce morceau en se moquant si amoureusement de certains petits « travers » de son partenaire) et, bien sûr  » Dancers In Love », dans l’ensemble on aura passé un moment délicieux, et gagné avec nos trois héros la partie du jazz vif, si rare à Bordeaux, comme je le répète depuis des années sans que cela change quoi que ce soit à la donne.

Qui se présente comment ? Au fond pas très bien. Car ces concerts à l’auditorium (on attend les Shakespeare Songs pour la fin du mois de mars) étaient proposés et programmés par un jeune et brillant directeur de salle qui, dès l’arrivée du nouveau « patron » de l’Opéra (Marc Minkowski) a pris la direction d’une autre région et d’un autre travail. Il n’est pas le seul à vouloir prendre rapidement la diection de la sortie, ce qui n’augure rien de bon a priori dans la façon dont les choses pourraient évoluer à Bordeaux, dans une structure qui a déjà connu des périodes compliquées (époque Alain Lombard), dispendieuses (idem), et finalement peu créatives. Dans les candidatures possibles à la succession de Thierry Fouquet figurait une jeune femme qui avait des projets intéressants, mais on lui (Alain Juppé) a préféré le chef d’orchestre spécialiste du baroque qui lui avait probablement été « signalé » par Jacques Toubon, qui pouvait ainsi laisser augurer d’un soutien non négligeable dans l’accès (souhaité par le maire de Bordeaux) à sa candidature pour l’Élysée. Bref de la politique, et pas vraiment culturelle ! De toutes façons, le maire a déjà la tête ailleurs, son adjoint à la culture fait ses premières armes dans une sorte de brouillard qui amuse la galerie, et une atmosphère de fin de règne domine dans la capitale girondine. De quoi faire le lit d’un candidat venu d’un peu plus bas, très au centre, et qui aura la qualité (essentielle pour la bourgeoisie bordelaise) d’être à la fois modérément à droite et une figure connue dans le paysage : François Bayrou. Les paris sont ouverts.

Philippe Méziat

 |C’est à Bordeaux que l’action se situe, une action modeste qui n’implique aucun drame, mais permet d’apprécier l’état des lieux. Depuis l’appartement que l’auteur de ces lignes occupe dans la rue Sainte Catherine, jusqu’au prestigieux auditorium, en passant par le « Molière, Scène d’Aquitaine », où l’OARA (Office Artistique de la Région Aquitaine) permet à la fois le travail de nombreux « performers » (théâtre, danse, cirque, musiques, arts visuels, multi-médias) et la présentation publique du point où ils en sont de leur création.

La dernière semaine (du 22 au 27 février) a donc vu successivement Jacques Di Donato (cl) et Bruno Maurice (acc) travailler ensemble au mix de leur futur disque en duo, puis Élodie Alice Rousseau présenter l’état actuel de son projet autour des « Amours Standard », et enfin le trio constitué par Michel Portal (cl, b-cl, ss), Bojan Z (p, fender) et Vincent Peirani (acc) donner un superbe concert dans un auditorium plein à craquer, ce qui leur a valu une « standing » de première bourre. Bravo les gars ! Le tout dans un contexte qui n’avait aucun rapport, ni avec le clarinettiste Di Donato, ni avec Portal, mais a mis en avant la clarinette dans tous ses états à Bordeaux !

IMG_3602Clarinette « à la King »

Et d’abord « at home », où après avoir plongé avec Jacques Di Donato dans un passé un peu ancien, et retrouvé un disque oublié ou perdu, nous avons essayé une clarinette en métal de la marque « King » qui s’est révélée tout à fait fonctionnelle pour peu qu’on lui adjoigne un bec convenable, et des anches en bon état. Voir photo jointe, plus haut. Le disque, trouvé sur la toile à un prix raisonnable, c’est Solal et son orchestre jouent Hodeir, label Carlyne, réédité en CD sous le numéro CAR 008 CD, où Jacques est soliste d’une sorte de concerto pour clarinette sous le titre « Arte Della Commedia Dell »… Fallait voir son bonheur à l’idée de pouvoir écouter à nouveau cette musique. Et quant à sa présence à Bordeaux (rare), elle s’explique par l’existence de ce duo avec l’accordéoniste Bruno Maurice, enseignant au Conservatoire National de Région et partenaire du clarinettiste et batteur dans un duo dont j’ai déjà vanté les mérites et la qualité sur ce blog et dans le magazine papier. A se demander pourquoi on ne les sollicite pas plus souvent.

Marchons. Vers le « Molière Scène d’Aquitaine » où jeudi soir (le 25 février donc) Élodie Alice Rousseau (chant, textes, danse) présentait en compagnie de Monsieur Gadou (g, arrangements, voix) une version déjà bien avancée d’un spectacle intitulé « Amours Standard », où elle explore la thématique de l’amour dans quelques standards du jazz, en équivoquant sur la standardisation de la chose amoureuse, mais en dévoilant aussi au passage le contenu explicite et implicite des textes de ces chansons d’un autre siècle. Entre textes/poèmes originaux qu’elle a écrits et qu’elle dit, version légères des « songs » en question, et danse venant accompagner une écoute de « I Got It Bad » (version Yonathan Avishai), Élodie donne de la voix et du corps, soutenue sans faille par un accompagnateur sensible et habile, Monsieur Gadou, dont j’ai également déjà parlé souvent ici ou ailleurs. La voix ? Elle est belle, fine, timbrée, avec ce soupçon de gouaille qui permet de l’identifier, et en progrès de jour en jour. Le spectacle ? Il progresse, et gagnera en force si la chanteuse laisse ses textes sur le tapis, ce qui lui permettra une adresse plus franche en direction du public. Chaque fois que cela se produit, le contact s’établit, et chaque fois que cela se perd, il se perd aussi un peu de ce lien. Quant au corps, si présent dans l’amour, dans les textes où il est sublimé ou dans le rythme de la musique, il accompagne la prestation en permanence, Élodie ayant des arguments pour ce faire. On regrettera parfois même un certain excès de la mise en volutes de cette séduction tendrement érotique, mais là, c’est une affaire de sensibilité personnelle. A suivre donc, en espérant que le spectacle puisse tourner, et avancer en jouant.

Élodie Alice RousseauIMG_3537

Après les standards, la « standing ovation » qui a suivi le concert donné hier soir (samedi 27 février) par le trio Portal/Peirani/Bojan Z., qui nous ont embarqués dès le départ dans une prestation virtuose et une musique à la fois élaborée et parfaitement lisible, pour finir dans la joie profonde et communicative de thèmes populaires, ou qui le sont devenus par la force des choses du jazz. Alors si dans le détail on aura retrouvé « Bailador », « Choral », « B & H » (pour Bojan et Henri), « Cuba Si », « Trois Temps pour M.P. » (avec l’inénarrable numéro de Vincent qui présente ce morceau en se moquant si amoureusement de certains petits « travers » de son partenaire) et, bien sûr  » Dancers In Love », dans l’ensemble on aura passé un moment délicieux, et gagné avec nos trois héros la partie du jazz vif, si rare à Bordeaux, comme je le répète depuis des années sans que cela change quoi que ce soit à la donne.

Qui se présente comment ? Au fond pas très bien. Car ces concerts à l’auditorium (on attend les Shakespeare Songs pour la fin du mois de mars) étaient proposés et programmés par un jeune et brillant directeur de salle qui, dès l’arrivée du nouveau « patron » de l’Opéra (Marc Minkowski) a pris la direction d’une autre région et d’un autre travail. Il n’est pas le seul à vouloir prendre rapidement la diection de la sortie, ce qui n’augure rien de bon a priori dans la façon dont les choses pourraient évoluer à Bordeaux, dans une structure qui a déjà connu des périodes compliquées (époque Alain Lombard), dispendieuses (idem), et finalement peu créatives. Dans les candidatures possibles à la succession de Thierry Fouquet figurait une jeune femme qui avait des projets intéressants, mais on lui (Alain Juppé) a préféré le chef d’orchestre spécialiste du baroque qui lui avait probablement été « signalé » par Jacques Toubon, qui pouvait ainsi laisser augurer d’un soutien non négligeable dans l’accès (souhaité par le maire de Bordeaux) à sa candidature pour l’Élysée. Bref de la politique, et pas vraiment culturelle ! De toutes façons, le maire a déjà la tête ailleurs, son adjoint à la culture fait ses premières armes dans une sorte de brouillard qui amuse la galerie, et une atmosphère de fin de règne domine dans la capitale girondine. De quoi faire le lit d’un candidat venu d’un peu plus bas, très au centre, et qui aura la qualité (essentielle pour la bourgeoisie bordelaise) d’être à la fois modérément à droite et une figure connue dans le paysage : François Bayrou. Les paris sont ouverts.

Philippe Méziat