Sullivan Fortner trio
Sullivan FORTNER
Duc des Lombards 19 h 30 (1er concert)
Sullivan FORTNER piano
Tyron ALLEN II contrebasse
Kayvon GORDON batterie
Plaisir de ces concerts coincés entre la fin d’après-midi et le début de soirée: on arrive à 7 heures et demie, à 8 heures moins 20 le concert commence – on pourra rentrer tôt à la maison ou enchainer avec un autre set. Les fêtes approchent avec leurs oripeaux, Sullivan a un désinvolte bonnet de Père Noël, Tyron Allen un chapeau noir à bords plats (Pork pie hat? On n’en est pas loin…), Kayvon Gordon est fièrement tête nue.
Ça commence avec une mélodie d’accords descendants. Au fond de la salle je tends un peu l’oreille, mais au moins c’est le vrai son d’un bon piano. Balancement des deux mains, pas vraiment une pompe, mais le souvenir de toute l’histoire de l’instrument ponctuée d’harmonies d’aujourd’hui: l’élégance personnifiée! Le deuxième morceau fait des clins d’oeil à Bud Powell avec quelques citations monkiennes, les premières phrases en solo, puis en duo avec un batteur aux cymbales frémissantes: la légèreté d’une silhouette qui court pieds nus. Tout ça avec une réelle attention à la mélodie: le pianiste lui demande en quel ton il veut jouer… Puis c’est une espagnolade qui réchauffe l’hiver, précise, jouée sans pédale. Et toujours l’émerveillement devant cette main gauche royale, qui énonce les thèmes, prend les solos en contrepoint d’accords joués au-dessus, dans le médium aigu du clavier. Une ballade? Rapide concertation des musiciens… ce sera Blue in Green, commencée sur un piano solitaire d’où finissent par émerger ces harmonies nostalgiques et bouleversantes. Un dernier morceau comme un fouet rapide et c’est déjà fini! Formidable ces concerts qui commencent tôt… mais on a encore faim en sortant!
Yvan Amar