Sy Smith au Bizz’Art le 12 octobre

De Ledisi à Leela James en passant par Avery*Sunshine, le public du Bizz’Art, la seule salle parisienne à programmer régulièrement des artistes américains issus de la scène soul indépendante contemporaine, aime les chanteuses spectaculaires, et celles-ci le lui rendent bien. Ce n’est donc pas une surprise d’y retrouver, pour la deuxième fois cette année, Sy Smith, choriste de luxe (Macy Gray, Whitney Houston, Me’Shell NdegeOcello, Chris Dave et même Johnny Hallyday) et responsable depuis 2000 d’une série d’albums qui lui ont valu une belle réputation, à défaut du succès commercial. Chauffé à blanc par un DJ set aussi dansant qu’érudit qui se termine sur le Outstanding du Gap Band, le public fait un triomphe à la chanteuse dès son arrivée sur scène.

Pour l’occasion, elle est accompagnée par son batteur régulier, Pat Williams, un musicien de Houston qui a travaillé notamment avec Bob James, Joe Sample et Lalah Hathaway, et par un trio de musiciens français qui étaient déjà de la partie lors de sa visite précédente, Thomas Jean-Alphonse à la basse, Mathias DiGiusto à la guitare et Adrien Fromager aux claviers, tout à fait à la hauteur des enjeux. Comme elle l’annonce dès le début du show, c’est le répertoire de son dernier album, ”Until We Meet Again ”, qui est au programme avec des titres comme Flowers, Photograph et All The Ways dont le public est visiblement familier. Vocalement, bien qu’elle se présente comme une « fausse soprano », elle évoque avec ses aigus aériens et une certaine touche sucrée, un mélange réussi entre Minnie Ripperton et Diana Ross, et son impressionnante aisance vocale lui permet de glisser naturellement dans ses propres titres des emprunts aux Stones (Miss You) ou à Prince (Kiss). Elle s’éloigne de ses productions récentes pour glisser quelques titres plus anciens comme Bad On You, sur lequel Pat Williams remplace Anthony Hamilton, et quelques reprises, dont un excellent I Want You For Myself, emprunté à George Duke.

La fin du concert arrive un peu trop vite, mais Smith ne se fait pas prier pour revenir, d’abord pour une version spectaculaire du Free de Deniece Williams, prétexte à raconter sa découverte de la musique et son inspiration, puis par une brillante déconstruction de Feelin’ Good qui réussit l’exploit de rendre hommage à l’esprit de Nina Simone sans se sentir obligée d’en reproduire la lettre.
Si le concert se termine sur ce sommet, la soirée est loin d’être terminée, et Smith, après avoir accueilli chacun de ses admirateurs, ne s’est pas fait prier pour rejoindre ensuite la piste de danse…
Frédéric Adrian
Photographies : Pilate Beljour