Jazz live
Publié le 15 Juil 2013

Têtes de jazz en Avignon

Pour la première fois cette année, sous l’égide de l’AJMI, une nébuleuse d’associations de musiciens, de labels, de diffuseurs et de partenaires institutionnels a décidé de se fédérer pour proposer dans le cadre prestigieux du Festival d’Avignon, une sorte de « vitrine off » du jazz de création le plus contemporain. 


 

Jusqu’au 24 juillet, Têtes de Jazz ! présentera donc aux festivaliers en quête d’inouï une série de spectacles et de manifestations (rencontres/débats, ciné-concerts, concerts) couvrant un large spectre esthétique, afin d’offrir une sorte de panorama partiel, partial et engagé de la vitalité d’une scène musicale réellement alternative mais malheureusement toujours terriblement méconnue du (grand) public, fut-il cultivé et amateur de théâtre d’avant-garde…


12 juillet : Amphithéâtre de l’Ecole des Arts

C’est à l’ARFI qu’est revenu l’honneur d’ouvrir cette quinzaine de festivité militante en proposant une magnifique représentation de l’ambitieux travail de création multimédia que Jean Aussanaire (saxophone), Jean Méreu (trompette), Bernard Santacruz (contrebasse) et Laurence Bourdin (vielle à roue) ont imaginé autour du célèbre tableau de Pieter Bruegel L’Ancien, Le triomphe de la Mort (1562), en compagnie du scénographe et vidéaste Jérome Lopez. En contrepoint de la projection, sur un double grand écran, d’une patiente et passionnante exploration iconographique des moindres recoins de la toile tirant le meilleur partie des dernière avancées en matière de numérisation de l’image, le quartet invente une musique raffinée, mélancolique et rêveusement déambulatoire, parfaitement représentative de ce fameux “folklore imaginaire“ si précieux au collectif lyonnais, dans sa façon syncrétique de donner à entendre simultanément les échos d’un moyen-âge resongé, la théâtralité funèbre de la musique baroque, la liberté lyrique de la musique improvisée… Mettant en perspective chaque détail, d’une extraordinaire précision de trait, tout en rendant constamment justice à la puissance visionnaire de la composition d’ensemble, “A la vie, la mort” est une merveille d’intelligence et de poésie.

 

 

13 juillet : La Manutention

Changement d’humeur le lendemain avec en premier lieu la prestation de Marcel & Solange, jeune trio orléanais issu du collectif Tricollectif et programmé à Têtes de Jazz dans le cadre du programme “Jazz Migration 2013“ soutenu par l’AFIJMA. Ce qui frappe et séduit d’emblée ici c’est l’indéniable fraîcheur expressive de ces jeunes musiciens (Gabriel Lemaire aux saxophones, Valentin Ceccaldi au violoncelle et Florian Satche à la batterie), alliée à un vrai souci collectif de la forme. Alternant de façon très concertée, dans le cadre de petites pièces hautement dramaturgiques, voire volontiers narratives, d’exquises explorations miniaturistes tout en contrôle de dynamique et de brusques poussées free très théâtralisées, le trio n’a peut-être pas (encore !) toujours les moyens de ses ambitions (notamment lorsqu’il s’agit de se lâcher dans le grand jeu de l’improvisation, l’ensemble manque alors de corps, n’osant pas bousculer collectivement les cadres formels toujours très précis et raffinés…) mais la nature du projet et la qualité individuelle de chacun des musiciens laissent augurer d’un avenir radieux.

 

Claude Tchamitchian et Rémi Charmasson leur succédaient… Unis par trente ans déjà de complicité musicale et d’amitié, les deux hommes nous ont offert une musique à l’image de leur relation, tendre, puissante et profondément humaine. Portée par la puissance lyrique et mélodique de la contrebasse de Tchamitchian et simultanément comme constamment ramenée dans les limites de la raison par le jeu tout en retenue d’un Charmasson plus que jamais adepte de la ligne claire, leur conversation, qu’elle prenne appui sur des compositions originales habilement enchâssées, évoque l’univers du grand Jimmy Giuffre ou se recueille à la mémoire du compagnon Alain Gibert récemment disparu, est demeurée tout du long un modèle de musicalité instantanée.

 

Pour terminer cette première journée, le trio Das Kapital a joyeusement rué dans les brancards, comme à son habitude, en investissant une nouvelle fois les territoires révolutionnaires et libertaires des chansons populaires que le grand compositeur allemand Hanns Eisler a composé de la fin des années 20 jusqu’aux années 50 en compagnie de l’écrivain Bertolt Brecht. Mettant tour à tour en scène la poésie dadaïste d’Edward Perraud à la batterie, le dandysme chic et distancié du saxophoniste Daniel Erdmann, et la virtuosité paradoxale du guitariste Hasse Poulsen, leur lecture ludique et amoureuse de ce répertoire d’une extraordinaire évidence mélodique, est la preuve en acte que l’utopie d’Eisler, partagée, reprise et résumée par Antoine Vitez en personne dans sa célèbre formule d’un « art élitaire pour tous », demeure plus que jamais d’actualité !

 

D’ici le 24 juillet des artistes comme Fred Pallem, Emile Parisien et Vincent Peirani vont se succéder sur la scène de la manutention. Si vous êtes à Avignon, ne les manquez surtout pas ! Stéphane Ollivier

 

Plus de renseignements sur www.jazzalajmi.com

 

 


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Pour la première fois cette année, sous l’égide de l’AJMI, une nébuleuse d’associations de musiciens, de labels, de diffuseurs et de partenaires institutionnels a décidé de se fédérer pour proposer dans le cadre prestigieux du Festival d’Avignon, une sorte de « vitrine off » du jazz de création le plus contemporain. 


 

Jusqu’au 24 juillet, Têtes de Jazz ! présentera donc aux festivaliers en quête d’inouï une série de spectacles et de manifestations (rencontres/débats, ciné-concerts, concerts) couvrant un large spectre esthétique, afin d’offrir une sorte de panorama partiel, partial et engagé de la vitalité d’une scène musicale réellement alternative mais malheureusement toujours terriblement méconnue du (grand) public, fut-il cultivé et amateur de théâtre d’avant-garde…


12 juillet : Amphithéâtre de l’Ecole des Arts

C’est à l’ARFI qu’est revenu l’honneur d’ouvrir cette quinzaine de festivité militante en proposant une magnifique représentation de l’ambitieux travail de création multimédia que Jean Aussanaire (saxophone), Jean Méreu (trompette), Bernard Santacruz (contrebasse) et Laurence Bourdin (vielle à roue) ont imaginé autour du célèbre tableau de Pieter Bruegel L’Ancien, Le triomphe de la Mort (1562), en compagnie du scénographe et vidéaste Jérome Lopez. En contrepoint de la projection, sur un double grand écran, d’une patiente et passionnante exploration iconographique des moindres recoins de la toile tirant le meilleur partie des dernière avancées en matière de numérisation de l’image, le quartet invente une musique raffinée, mélancolique et rêveusement déambulatoire, parfaitement représentative de ce fameux “folklore imaginaire“ si précieux au collectif lyonnais, dans sa façon syncrétique de donner à entendre simultanément les échos d’un moyen-âge resongé, la théâtralité funèbre de la musique baroque, la liberté lyrique de la musique improvisée… Mettant en perspective chaque détail, d’une extraordinaire précision de trait, tout en rendant constamment justice à la puissance visionnaire de la composition d’ensemble, “A la vie, la mort” est une merveille d’intelligence et de poésie.

 

 

13 juillet : La Manutention

Changement d’humeur le lendemain avec en premier lieu la prestation de Marcel & Solange, jeune trio orléanais issu du collectif Tricollectif et programmé à Têtes de Jazz dans le cadre du programme “Jazz Migration 2013“ soutenu par l’AFIJMA. Ce qui frappe et séduit d’emblée ici c’est l’indéniable fraîcheur expressive de ces jeunes musiciens (Gabriel Lemaire aux saxophones, Valentin Ceccaldi au violoncelle et Florian Satche à la batterie), alliée à un vrai souci collectif de la forme. Alternant de façon très concertée, dans le cadre de petites pièces hautement dramaturgiques, voire volontiers narratives, d’exquises explorations miniaturistes tout en contrôle de dynamique et de brusques poussées free très théâtralisées, le trio n’a peut-être pas (encore !) toujours les moyens de ses ambitions (notamment lorsqu’il s’agit de se lâcher dans le grand jeu de l’improvisation, l’ensemble manque alors de corps, n’osant pas bousculer collectivement les cadres formels toujours très précis et raffinés…) mais la nature du projet et la qualité individuelle de chacun des musiciens laissent augurer d’un avenir radieux.

 

Claude Tchamitchian et Rémi Charmasson leur succédaient… Unis par trente ans déjà de complicité musicale et d’amitié, les deux hommes nous ont offert une musique à l’image de leur relation, tendre, puissante et profondément humaine. Portée par la puissance lyrique et mélodique de la contrebasse de Tchamitchian et simultanément comme constamment ramenée dans les limites de la raison par le jeu tout en retenue d’un Charmasson plus que jamais adepte de la ligne claire, leur conversation, qu’elle prenne appui sur des compositions originales habilement enchâssées, évoque l’univers du grand Jimmy Giuffre ou se recueille à la mémoire du compagnon Alain Gibert récemment disparu, est demeurée tout du long un modèle de musicalité instantanée.

 

Pour terminer cette première journée, le trio Das Kapital a joyeusement rué dans les brancards, comme à son habitude, en investissant une nouvelle fois les territoires révolutionnaires et libertaires des chansons populaires que le grand compositeur allemand Hanns Eisler a composé de la fin des années 20 jusqu’aux années 50 en compagnie de l’écrivain Bertolt Brecht. Mettant tour à tour en scène la poésie dadaïste d’Edward Perraud à la batterie, le dandysme chic et distancié du saxophoniste Daniel Erdmann, et la virtuosité paradoxale du guitariste Hasse Poulsen, leur lecture ludique et amoureuse de ce répertoire d’une extraordinaire évidence mélodique, est la preuve en acte que l’utopie d’Eisler, partagée, reprise et résumée par Antoine Vitez en personne dans sa célèbre formule d’un « art élitaire pour tous », demeure plus que jamais d’actualité !

 

D’ici le 24 juillet des artistes comme Fred Pallem, Emile Parisien et Vincent Peirani vont se succéder sur la scène de la manutention. Si vous êtes à Avignon, ne les manquez surtout pas ! Stéphane Ollivier

 

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Pour la première fois cette année, sous l’égide de l’AJMI, une nébuleuse d’associations de musiciens, de labels, de diffuseurs et de partenaires institutionnels a décidé de se fédérer pour proposer dans le cadre prestigieux du Festival d’Avignon, une sorte de « vitrine off » du jazz de création le plus contemporain. 


 

Jusqu’au 24 juillet, Têtes de Jazz ! présentera donc aux festivaliers en quête d’inouï une série de spectacles et de manifestations (rencontres/débats, ciné-concerts, concerts) couvrant un large spectre esthétique, afin d’offrir une sorte de panorama partiel, partial et engagé de la vitalité d’une scène musicale réellement alternative mais malheureusement toujours terriblement méconnue du (grand) public, fut-il cultivé et amateur de théâtre d’avant-garde…


12 juillet : Amphithéâtre de l’Ecole des Arts

C’est à l’ARFI qu’est revenu l’honneur d’ouvrir cette quinzaine de festivité militante en proposant une magnifique représentation de l’ambitieux travail de création multimédia que Jean Aussanaire (saxophone), Jean Méreu (trompette), Bernard Santacruz (contrebasse) et Laurence Bourdin (vielle à roue) ont imaginé autour du célèbre tableau de Pieter Bruegel L’Ancien, Le triomphe de la Mort (1562), en compagnie du scénographe et vidéaste Jérome Lopez. En contrepoint de la projection, sur un double grand écran, d’une patiente et passionnante exploration iconographique des moindres recoins de la toile tirant le meilleur partie des dernière avancées en matière de numérisation de l’image, le quartet invente une musique raffinée, mélancolique et rêveusement déambulatoire, parfaitement représentative de ce fameux “folklore imaginaire“ si précieux au collectif lyonnais, dans sa façon syncrétique de donner à entendre simultanément les échos d’un moyen-âge resongé, la théâtralité funèbre de la musique baroque, la liberté lyrique de la musique improvisée… Mettant en perspective chaque détail, d’une extraordinaire précision de trait, tout en rendant constamment justice à la puissance visionnaire de la composition d’ensemble, “A la vie, la mort” est une merveille d’intelligence et de poésie.

 

 

13 juillet : La Manutention

Changement d’humeur le lendemain avec en premier lieu la prestation de Marcel & Solange, jeune trio orléanais issu du collectif Tricollectif et programmé à Têtes de Jazz dans le cadre du programme “Jazz Migration 2013“ soutenu par l’AFIJMA. Ce qui frappe et séduit d’emblée ici c’est l’indéniable fraîcheur expressive de ces jeunes musiciens (Gabriel Lemaire aux saxophones, Valentin Ceccaldi au violoncelle et Florian Satche à la batterie), alliée à un vrai souci collectif de la forme. Alternant de façon très concertée, dans le cadre de petites pièces hautement dramaturgiques, voire volontiers narratives, d’exquises explorations miniaturistes tout en contrôle de dynamique et de brusques poussées free très théâtralisées, le trio n’a peut-être pas (encore !) toujours les moyens de ses ambitions (notamment lorsqu’il s’agit de se lâcher dans le grand jeu de l’improvisation, l’ensemble manque alors de corps, n’osant pas bousculer collectivement les cadres formels toujours très précis et raffinés…) mais la nature du projet et la qualité individuelle de chacun des musiciens laissent augurer d’un avenir radieux.

 

Claude Tchamitchian et Rémi Charmasson leur succédaient… Unis par trente ans déjà de complicité musicale et d’amitié, les deux hommes nous ont offert une musique à l’image de leur relation, tendre, puissante et profondément humaine. Portée par la puissance lyrique et mélodique de la contrebasse de Tchamitchian et simultanément comme constamment ramenée dans les limites de la raison par le jeu tout en retenue d’un Charmasson plus que jamais adepte de la ligne claire, leur conversation, qu’elle prenne appui sur des compositions originales habilement enchâssées, évoque l’univers du grand Jimmy Giuffre ou se recueille à la mémoire du compagnon Alain Gibert récemment disparu, est demeurée tout du long un modèle de musicalité instantanée.

 

Pour terminer cette première journée, le trio Das Kapital a joyeusement rué dans les brancards, comme à son habitude, en investissant une nouvelle fois les territoires révolutionnaires et libertaires des chansons populaires que le grand compositeur allemand Hanns Eisler a composé de la fin des années 20 jusqu’aux années 50 en compagnie de l’écrivain Bertolt Brecht. Mettant tour à tour en scène la poésie dadaïste d’Edward Perraud à la batterie, le dandysme chic et distancié du saxophoniste Daniel Erdmann, et la virtuosité paradoxale du guitariste Hasse Poulsen, leur lecture ludique et amoureuse de ce répertoire d’une extraordinaire évidence mélodique, est la preuve en acte que l’utopie d’Eisler, partagée, reprise et résumée par Antoine Vitez en personne dans sa célèbre formule d’un « art élitaire pour tous », demeure plus que jamais d’actualité !

 

D’ici le 24 juillet des artistes comme Fred Pallem, Emile Parisien et Vincent Peirani vont se succéder sur la scène de la manutention. Si vous êtes à Avignon, ne les manquez surtout pas ! Stéphane Ollivier

 

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Pour la première fois cette année, sous l’égide de l’AJMI, une nébuleuse d’associations de musiciens, de labels, de diffuseurs et de partenaires institutionnels a décidé de se fédérer pour proposer dans le cadre prestigieux du Festival d’Avignon, une sorte de « vitrine off » du jazz de création le plus contemporain. 


 

Jusqu’au 24 juillet, Têtes de Jazz ! présentera donc aux festivaliers en quête d’inouï une série de spectacles et de manifestations (rencontres/débats, ciné-concerts, concerts) couvrant un large spectre esthétique, afin d’offrir une sorte de panorama partiel, partial et engagé de la vitalité d’une scène musicale réellement alternative mais malheureusement toujours terriblement méconnue du (grand) public, fut-il cultivé et amateur de théâtre d’avant-garde…


12 juillet : Amphithéâtre de l’Ecole des Arts

C’est à l’ARFI qu’est revenu l’honneur d’ouvrir cette quinzaine de festivité militante en proposant une magnifique représentation de l’ambitieux travail de création multimédia que Jean Aussanaire (saxophone), Jean Méreu (trompette), Bernard Santacruz (contrebasse) et Laurence Bourdin (vielle à roue) ont imaginé autour du célèbre tableau de Pieter Bruegel L’Ancien, Le triomphe de la Mort (1562), en compagnie du scénographe et vidéaste Jérome Lopez. En contrepoint de la projection, sur un double grand écran, d’une patiente et passionnante exploration iconographique des moindres recoins de la toile tirant le meilleur partie des dernière avancées en matière de numérisation de l’image, le quartet invente une musique raffinée, mélancolique et rêveusement déambulatoire, parfaitement représentative de ce fameux “folklore imaginaire“ si précieux au collectif lyonnais, dans sa façon syncrétique de donner à entendre simultanément les échos d’un moyen-âge resongé, la théâtralité funèbre de la musique baroque, la liberté lyrique de la musique improvisée… Mettant en perspective chaque détail, d’une extraordinaire précision de trait, tout en rendant constamment justice à la puissance visionnaire de la composition d’ensemble, “A la vie, la mort” est une merveille d’intelligence et de poésie.

 

 

13 juillet : La Manutention

Changement d’humeur le lendemain avec en premier lieu la prestation de Marcel & Solange, jeune trio orléanais issu du collectif Tricollectif et programmé à Têtes de Jazz dans le cadre du programme “Jazz Migration 2013“ soutenu par l’AFIJMA. Ce qui frappe et séduit d’emblée ici c’est l’indéniable fraîcheur expressive de ces jeunes musiciens (Gabriel Lemaire aux saxophones, Valentin Ceccaldi au violoncelle et Florian Satche à la batterie), alliée à un vrai souci collectif de la forme. Alternant de façon très concertée, dans le cadre de petites pièces hautement dramaturgiques, voire volontiers narratives, d’exquises explorations miniaturistes tout en contrôle de dynamique et de brusques poussées free très théâtralisées, le trio n’a peut-être pas (encore !) toujours les moyens de ses ambitions (notamment lorsqu’il s’agit de se lâcher dans le grand jeu de l’improvisation, l’ensemble manque alors de corps, n’osant pas bousculer collectivement les cadres formels toujours très précis et raffinés…) mais la nature du projet et la qualité individuelle de chacun des musiciens laissent augurer d’un avenir radieux.

 

Claude Tchamitchian et Rémi Charmasson leur succédaient… Unis par trente ans déjà de complicité musicale et d’amitié, les deux hommes nous ont offert une musique à l’image de leur relation, tendre, puissante et profondément humaine. Portée par la puissance lyrique et mélodique de la contrebasse de Tchamitchian et simultanément comme constamment ramenée dans les limites de la raison par le jeu tout en retenue d’un Charmasson plus que jamais adepte de la ligne claire, leur conversation, qu’elle prenne appui sur des compositions originales habilement enchâssées, évoque l’univers du grand Jimmy Giuffre ou se recueille à la mémoire du compagnon Alain Gibert récemment disparu, est demeurée tout du long un modèle de musicalité instantanée.

 

Pour terminer cette première journée, le trio Das Kapital a joyeusement rué dans les brancards, comme à son habitude, en investissant une nouvelle fois les territoires révolutionnaires et libertaires des chansons populaires que le grand compositeur allemand Hanns Eisler a composé de la fin des années 20 jusqu’aux années 50 en compagnie de l’écrivain Bertolt Brecht. Mettant tour à tour en scène la poésie dadaïste d’Edward Perraud à la batterie, le dandysme chic et distancié du saxophoniste Daniel Erdmann, et la virtuosité paradoxale du guitariste Hasse Poulsen, leur lecture ludique et amoureuse de ce répertoire d’une extraordinaire évidence mélodique, est la preuve en acte que l’utopie d’Eisler, partagée, reprise et résumée par Antoine Vitez en personne dans sa célèbre formule d’un « art élitaire pour tous », demeure plus que jamais d’actualité !

 

D’ici le 24 juillet des artistes comme Fred Pallem, Emile Parisien et Vincent Peirani vont se succéder sur la scène de la manutention. Si vous êtes à Avignon, ne les manquez surtout pas ! Stéphane Ollivier

 

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