The Bad Plus à Jazz sous les pommiers, le 22 mai

Yvan Amar est l’envoyé spécial de Jazz Magazine à Coutances. Retrouvez chaque jour ses live report exclusifs.
Imaginez deux costauds avec bonnet de pêcheur et chemise de bûcheron: l’un est contrebassiste, Reid Anderson, et l’autre batteur, David King. Tous deux sont co-fondateurs de Bad Plus, qui fut d’abord un trio avec piano (successivement Ethan Iverson et Orrin Evans), récemment métamorphosé en quartet avec Ben Monder (guitare) et Chris Speed (saxophone ténor ou clarinette). Tous les morceaux joués sous les pommiers, à Coutances, étaient dûs aux fondateurs du groupe: des pièces pleines d’énergie et nos camarades n’en manquent pas! Le batteur est impressionnant par sa fougue et sa précision: rythmicien mais surtout mélodiste: des mélodies de rythmes et de timbres qui s’enchâssent les unes dans les autres, se superposent, s’empilent sans jamais donner une impression de fouillis ou de débordement: le vent souffle fort, mais on respire! Reid Anderson est d’une justesse impressionnante et déroule de longues phrases au tracé décidé. L’esthétique du quartet se souvient d’un feeling très rock, qu’elle frôle sans vraiment s’y embarquer – c’est que les rituels barbares ne lui font pas peur: on se rappelle que The Bad Plus s’est frotté il y a quelques années au Sacre du Printemps. Les deux autres musiciens ouvrent ces climats à des horizons ailés: Ben Monder d’une témérité discrète, en contrepoint de ses collègues, et Chris Speed au ténor ou parfois avec une clarinette ténue et acérée pour découper finement les blocs de sons qu’on lui propose.