Jazz live
Publié le 16 Fév 2014

The Bridge #3 à Toulouse : trio de basses

Décidément, Toulouse aime les graves ! Après le trio de saxophones baryton-basses No Noise No Reduction (compte-rendu sur ce blog), cette fois c’est un trio de basse-contrebasses qui s’est produit au Mandala, première de plusieurs manifestations musicales prévues dans le cadre de « The Bridge » de passage dans la Ville Rose.



Festival « impro-Focus », Mandala, Toulouse (31), 15 février 2014

The Bridge #3

Trio de basses

Harrison Bankhead, Benjamin Dubocq (cb), Mathieu Sourisseau (elb) + Florian Nastorg (bs)

 

Aux étourdis qui n’auraient pas encore parcouru le dernier Jazz Magazine (n° 658), numéro dans lequel un article est consacré à ce projet singulier porté par Alexandre Pierrepont, rappelons que « The Bridge » consiste à faire se rencontrer musiciens français et chicagoans pour des sortes de matchs aller-retour (France-Chicago Chicago-France). Chaque équipe, transnationale, est composée en fonction des envies des uns et des autres. L’une d’elles constituée, les échanges créatifs se déroulent au cours d’une tournée où, outre les concerts « officiels » de la formation, des rencontres plus ou moins impromptues, informelles, en tout cas toujours sur le fil du rasoir, sont organisées par les bonnes volontés locales.

 

« The Bridge » a entamé son troisième tour sur le sol français. The Turbine, le nom que le collectif du moment s’est donné, s’articule autour d’un format insolite : deux contrebassistes, Harrison Bankhead et Benjamin Dubocq, et deux batteurs, Hamid Drake et Ramon Lopez. Le concert que ce quatuor donnera à Toulouse est prévu lundi 17 février, à l’espace JOB où loge l’école des musiques vivantes Music Halle, avec la pianiste Christine Wodrascka en invité, cela grâce au soutien de la très active association Un Pavé dans le Jazz.

 

Auparavant, Harrison Bankhead et Benjamin Dubocq ont été invités à partager la scène du Mandala avec le bassiste électrique Mathieu Sourisseau, dans le cadre du festival « ImproFocus » centré sur la musique improvisée organisée par le jazz club toulousain. Improvisation totale au programme donc, devant une salle qui avait fait le plein. Comme souvent lorsque l’on rencontre quelqu’un pour la première fois, il faut un peu de temps pour se découvrir et apprendre à se connaître. Dans ce cas de figure, les réflexes culturels prennent souvent la parole : l’Américain s’est d’emblée affirmé, sans peur ni faux-semblants, tandis que les Français restaient un peu en retrait, s’engageant dans la conversation avec parcimonie mais conviction. Le plus prompt des deux fut Benjamin Dubocq qui affirma rapidement sa voix propre à côté de celle de Bankhead, tandis que Mathieu Sourisseau semblait plus à la peine, un peu raide. D’une certaine façon, cette situation perdura tout au long du set. Certes, il y eut de très bons moments à trois, mais les passages les plus intenses furent d’abord un solo de Bankhead – énorme technique, beaucoup d’entrain et d’énergie, une attitude ludique (du sifflement aux citations incongrues de Leonard Bernstein et Stravinsky) –, puis un merveilleux duo Bankhead-Dubocq basé sur le principe de l’opposition complémentaire (questions-non réponses, ostinato-mouvement permanent, et ainsi de suite). Interrogé à la mi-temps, Alexandre Pierrepont m’indiqua avoir tout particulièrement goûté ces moments où les choses ne sont pas bien établies, appréciant alors le processus mis en œuvre par les artistes pour peu à peu créer les conditions favorables à une synergie musicale qu’il reste à établir. Je n’y avais pas pensé, et sous cet angle, effectivement, cette première partie me parut à rebours riche d’enseignements.

 

Pour la seconde partie, le sax baryton Florian Nastorg rehaussa encore l’éventail des graves du trio. La longue improvisation initiale sembla aller de soi. Point d’hésitations, les musiciens se trouvant d’emblée au travers d’un langage moins axé sur le phrasé jazz et l’usage de la modalité, comme ce fut assez souvent le cas dans la première partie, mais bien davantage ancrée dans une exploration du son dans la droite ligne de l’improvisation libre européenne. C’est pour des moments tels que celui-ci qu’il faut aller au concert, l’auditoire manifestant d’ailleurs son contentement par une écoute concentrée et participative tout au long de ces vingt minutes de bonheur. La seconde improvisation fut moins captivante, mais au fond peu importe, l’essentiel venait d’avoir lieu : l’heureux insoupçonné était né de l’imprévoyable[1].



[1] « Sur une terre qui n’a pas fini son évolution, on peut s’attendre à tout ; principalement à l’imprévoyable. » (Maurice Maeterlinck, Araignée de verre).

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Décidément, Toulouse aime les graves ! Après le trio de saxophones baryton-basses No Noise No Reduction (compte-rendu sur ce blog), cette fois c’est un trio de basse-contrebasses qui s’est produit au Mandala, première de plusieurs manifestations musicales prévues dans le cadre de « The Bridge » de passage dans la Ville Rose.



Festival « impro-Focus », Mandala, Toulouse (31), 15 février 2014

The Bridge #3

Trio de basses

Harrison Bankhead, Benjamin Dubocq (cb), Mathieu Sourisseau (elb) + Florian Nastorg (bs)

 

Aux étourdis qui n’auraient pas encore parcouru le dernier Jazz Magazine (n° 658), numéro dans lequel un article est consacré à ce projet singulier porté par Alexandre Pierrepont, rappelons que « The Bridge » consiste à faire se rencontrer musiciens français et chicagoans pour des sortes de matchs aller-retour (France-Chicago Chicago-France). Chaque équipe, transnationale, est composée en fonction des envies des uns et des autres. L’une d’elles constituée, les échanges créatifs se déroulent au cours d’une tournée où, outre les concerts « officiels » de la formation, des rencontres plus ou moins impromptues, informelles, en tout cas toujours sur le fil du rasoir, sont organisées par les bonnes volontés locales.

 

« The Bridge » a entamé son troisième tour sur le sol français. The Turbine, le nom que le collectif du moment s’est donné, s’articule autour d’un format insolite : deux contrebassistes, Harrison Bankhead et Benjamin Dubocq, et deux batteurs, Hamid Drake et Ramon Lopez. Le concert que ce quatuor donnera à Toulouse est prévu lundi 17 février, à l’espace JOB où loge l’école des musiques vivantes Music Halle, avec la pianiste Christine Wodrascka en invité, cela grâce au soutien de la très active association Un Pavé dans le Jazz.

 

Auparavant, Harrison Bankhead et Benjamin Dubocq ont été invités à partager la scène du Mandala avec le bassiste électrique Mathieu Sourisseau, dans le cadre du festival « ImproFocus » centré sur la musique improvisée organisée par le jazz club toulousain. Improvisation totale au programme donc, devant une salle qui avait fait le plein. Comme souvent lorsque l’on rencontre quelqu’un pour la première fois, il faut un peu de temps pour se découvrir et apprendre à se connaître. Dans ce cas de figure, les réflexes culturels prennent souvent la parole : l’Américain s’est d’emblée affirmé, sans peur ni faux-semblants, tandis que les Français restaient un peu en retrait, s’engageant dans la conversation avec parcimonie mais conviction. Le plus prompt des deux fut Benjamin Dubocq qui affirma rapidement sa voix propre à côté de celle de Bankhead, tandis que Mathieu Sourisseau semblait plus à la peine, un peu raide. D’une certaine façon, cette situation perdura tout au long du set. Certes, il y eut de très bons moments à trois, mais les passages les plus intenses furent d’abord un solo de Bankhead – énorme technique, beaucoup d’entrain et d’énergie, une attitude ludique (du sifflement aux citations incongrues de Leonard Bernstein et Stravinsky) –, puis un merveilleux duo Bankhead-Dubocq basé sur le principe de l’opposition complémentaire (questions-non réponses, ostinato-mouvement permanent, et ainsi de suite). Interrogé à la mi-temps, Alexandre Pierrepont m’indiqua avoir tout particulièrement goûté ces moments où les choses ne sont pas bien établies, appréciant alors le processus mis en œuvre par les artistes pour peu à peu créer les conditions favorables à une synergie musicale qu’il reste à établir. Je n’y avais pas pensé, et sous cet angle, effectivement, cette première partie me parut à rebours riche d’enseignements.

 

Pour la seconde partie, le sax baryton Florian Nastorg rehaussa encore l’éventail des graves du trio. La longue improvisation initiale sembla aller de soi. Point d’hésitations, les musiciens se trouvant d’emblée au travers d’un langage moins axé sur le phrasé jazz et l’usage de la modalité, comme ce fut assez souvent le cas dans la première partie, mais bien davantage ancrée dans une exploration du son dans la droite ligne de l’improvisation libre européenne. C’est pour des moments tels que celui-ci qu’il faut aller au concert, l’auditoire manifestant d’ailleurs son contentement par une écoute concentrée et participative tout au long de ces vingt minutes de bonheur. La seconde improvisation fut moins captivante, mais au fond peu importe, l’essentiel venait d’avoir lieu : l’heureux insoupçonné était né de l’imprévoyable[1].



[1] « Sur une terre qui n’a pas fini son évolution, on peut s’attendre à tout ; principalement à l’imprévoyable. » (Maurice Maeterlinck, Araignée de verre).

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Décidément, Toulouse aime les graves ! Après le trio de saxophones baryton-basses No Noise No Reduction (compte-rendu sur ce blog), cette fois c’est un trio de basse-contrebasses qui s’est produit au Mandala, première de plusieurs manifestations musicales prévues dans le cadre de « The Bridge » de passage dans la Ville Rose.



Festival « impro-Focus », Mandala, Toulouse (31), 15 février 2014

The Bridge #3

Trio de basses

Harrison Bankhead, Benjamin Dubocq (cb), Mathieu Sourisseau (elb) + Florian Nastorg (bs)

 

Aux étourdis qui n’auraient pas encore parcouru le dernier Jazz Magazine (n° 658), numéro dans lequel un article est consacré à ce projet singulier porté par Alexandre Pierrepont, rappelons que « The Bridge » consiste à faire se rencontrer musiciens français et chicagoans pour des sortes de matchs aller-retour (France-Chicago Chicago-France). Chaque équipe, transnationale, est composée en fonction des envies des uns et des autres. L’une d’elles constituée, les échanges créatifs se déroulent au cours d’une tournée où, outre les concerts « officiels » de la formation, des rencontres plus ou moins impromptues, informelles, en tout cas toujours sur le fil du rasoir, sont organisées par les bonnes volontés locales.

 

« The Bridge » a entamé son troisième tour sur le sol français. The Turbine, le nom que le collectif du moment s’est donné, s’articule autour d’un format insolite : deux contrebassistes, Harrison Bankhead et Benjamin Dubocq, et deux batteurs, Hamid Drake et Ramon Lopez. Le concert que ce quatuor donnera à Toulouse est prévu lundi 17 février, à l’espace JOB où loge l’école des musiques vivantes Music Halle, avec la pianiste Christine Wodrascka en invité, cela grâce au soutien de la très active association Un Pavé dans le Jazz.

 

Auparavant, Harrison Bankhead et Benjamin Dubocq ont été invités à partager la scène du Mandala avec le bassiste électrique Mathieu Sourisseau, dans le cadre du festival « ImproFocus » centré sur la musique improvisée organisée par le jazz club toulousain. Improvisation totale au programme donc, devant une salle qui avait fait le plein. Comme souvent lorsque l’on rencontre quelqu’un pour la première fois, il faut un peu de temps pour se découvrir et apprendre à se connaître. Dans ce cas de figure, les réflexes culturels prennent souvent la parole : l’Américain s’est d’emblée affirmé, sans peur ni faux-semblants, tandis que les Français restaient un peu en retrait, s’engageant dans la conversation avec parcimonie mais conviction. Le plus prompt des deux fut Benjamin Dubocq qui affirma rapidement sa voix propre à côté de celle de Bankhead, tandis que Mathieu Sourisseau semblait plus à la peine, un peu raide. D’une certaine façon, cette situation perdura tout au long du set. Certes, il y eut de très bons moments à trois, mais les passages les plus intenses furent d’abord un solo de Bankhead – énorme technique, beaucoup d’entrain et d’énergie, une attitude ludique (du sifflement aux citations incongrues de Leonard Bernstein et Stravinsky) –, puis un merveilleux duo Bankhead-Dubocq basé sur le principe de l’opposition complémentaire (questions-non réponses, ostinato-mouvement permanent, et ainsi de suite). Interrogé à la mi-temps, Alexandre Pierrepont m’indiqua avoir tout particulièrement goûté ces moments où les choses ne sont pas bien établies, appréciant alors le processus mis en œuvre par les artistes pour peu à peu créer les conditions favorables à une synergie musicale qu’il reste à établir. Je n’y avais pas pensé, et sous cet angle, effectivement, cette première partie me parut à rebours riche d’enseignements.

 

Pour la seconde partie, le sax baryton Florian Nastorg rehaussa encore l’éventail des graves du trio. La longue improvisation initiale sembla aller de soi. Point d’hésitations, les musiciens se trouvant d’emblée au travers d’un langage moins axé sur le phrasé jazz et l’usage de la modalité, comme ce fut assez souvent le cas dans la première partie, mais bien davantage ancrée dans une exploration du son dans la droite ligne de l’improvisation libre européenne. C’est pour des moments tels que celui-ci qu’il faut aller au concert, l’auditoire manifestant d’ailleurs son contentement par une écoute concentrée et participative tout au long de ces vingt minutes de bonheur. La seconde improvisation fut moins captivante, mais au fond peu importe, l’essentiel venait d’avoir lieu : l’heureux insoupçonné était né de l’imprévoyable[1].



[1] « Sur une terre qui n’a pas fini son évolution, on peut s’attendre à tout ; principalement à l’imprévoyable. » (Maurice Maeterlinck, Araignée de verre).

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Décidément, Toulouse aime les graves ! Après le trio de saxophones baryton-basses No Noise No Reduction (compte-rendu sur ce blog), cette fois c’est un trio de basse-contrebasses qui s’est produit au Mandala, première de plusieurs manifestations musicales prévues dans le cadre de « The Bridge » de passage dans la Ville Rose.



Festival « impro-Focus », Mandala, Toulouse (31), 15 février 2014

The Bridge #3

Trio de basses

Harrison Bankhead, Benjamin Dubocq (cb), Mathieu Sourisseau (elb) + Florian Nastorg (bs)

 

Aux étourdis qui n’auraient pas encore parcouru le dernier Jazz Magazine (n° 658), numéro dans lequel un article est consacré à ce projet singulier porté par Alexandre Pierrepont, rappelons que « The Bridge » consiste à faire se rencontrer musiciens français et chicagoans pour des sortes de matchs aller-retour (France-Chicago Chicago-France). Chaque équipe, transnationale, est composée en fonction des envies des uns et des autres. L’une d’elles constituée, les échanges créatifs se déroulent au cours d’une tournée où, outre les concerts « officiels » de la formation, des rencontres plus ou moins impromptues, informelles, en tout cas toujours sur le fil du rasoir, sont organisées par les bonnes volontés locales.

 

« The Bridge » a entamé son troisième tour sur le sol français. The Turbine, le nom que le collectif du moment s’est donné, s’articule autour d’un format insolite : deux contrebassistes, Harrison Bankhead et Benjamin Dubocq, et deux batteurs, Hamid Drake et Ramon Lopez. Le concert que ce quatuor donnera à Toulouse est prévu lundi 17 février, à l’espace JOB où loge l’école des musiques vivantes Music Halle, avec la pianiste Christine Wodrascka en invité, cela grâce au soutien de la très active association Un Pavé dans le Jazz.

 

Auparavant, Harrison Bankhead et Benjamin Dubocq ont été invités à partager la scène du Mandala avec le bassiste électrique Mathieu Sourisseau, dans le cadre du festival « ImproFocus » centré sur la musique improvisée organisée par le jazz club toulousain. Improvisation totale au programme donc, devant une salle qui avait fait le plein. Comme souvent lorsque l’on rencontre quelqu’un pour la première fois, il faut un peu de temps pour se découvrir et apprendre à se connaître. Dans ce cas de figure, les réflexes culturels prennent souvent la parole : l’Américain s’est d’emblée affirmé, sans peur ni faux-semblants, tandis que les Français restaient un peu en retrait, s’engageant dans la conversation avec parcimonie mais conviction. Le plus prompt des deux fut Benjamin Dubocq qui affirma rapidement sa voix propre à côté de celle de Bankhead, tandis que Mathieu Sourisseau semblait plus à la peine, un peu raide. D’une certaine façon, cette situation perdura tout au long du set. Certes, il y eut de très bons moments à trois, mais les passages les plus intenses furent d’abord un solo de Bankhead – énorme technique, beaucoup d’entrain et d’énergie, une attitude ludique (du sifflement aux citations incongrues de Leonard Bernstein et Stravinsky) –, puis un merveilleux duo Bankhead-Dubocq basé sur le principe de l’opposition complémentaire (questions-non réponses, ostinato-mouvement permanent, et ainsi de suite). Interrogé à la mi-temps, Alexandre Pierrepont m’indiqua avoir tout particulièrement goûté ces moments où les choses ne sont pas bien établies, appréciant alors le processus mis en œuvre par les artistes pour peu à peu créer les conditions favorables à une synergie musicale qu’il reste à établir. Je n’y avais pas pensé, et sous cet angle, effectivement, cette première partie me parut à rebours riche d’enseignements.

 

Pour la seconde partie, le sax baryton Florian Nastorg rehaussa encore l’éventail des graves du trio. La longue improvisation initiale sembla aller de soi. Point d’hésitations, les musiciens se trouvant d’emblée au travers d’un langage moins axé sur le phrasé jazz et l’usage de la modalité, comme ce fut assez souvent le cas dans la première partie, mais bien davantage ancrée dans une exploration du son dans la droite ligne de l’improvisation libre européenne. C’est pour des moments tels que celui-ci qu’il faut aller au concert, l’auditoire manifestant d’ailleurs son contentement par une écoute concentrée et participative tout au long de ces vingt minutes de bonheur. La seconde improvisation fut moins captivante, mais au fond peu importe, l’essentiel venait d’avoir lieu : l’heureux insoupçonné était né de l’imprévoyable[1].



[1] « Sur une terre qui n’a pas fini son évolution, on peut s’attendre à tout ; principalement à l’imprévoyable. » (Maurice Maeterlinck, Araignée de verre).