Jazz live
Publié le 3 Mar 2015

Un soir à Istanbul

Contrebassiste familier de Bobby Few, Walt Weiskopf et Mario Stantchev, Hervé Czak s’est rendu en Turquie récemment d’où il ramène le témoignage ci-dessous sur la vie du jazz à Istanbul.

 

 

Jazz Club Nardis, Istanbul (Turquie), le 27 février 2015.

 

Ece Göksu (chant), Can Cankaya (piano), Kagan Yildiz (contrebasse), Ferit Odman (batterie), Bulut Gulen (trombone).

 

En cet avant dernier jour de février, après une journée printanière qui a réuni dans les squares et bancs une foule nombreuse  à la recherche des premiers rayons de soleil, ce soir le vent est glacial, lorsque je traverse le pont Galata qui enjambe la Corne d’Or, séparant le quartier historique des Mosquées, Sultanahmet, de la ville « européenne » du 19ème siècle Pera. Le froid et l’humidité venue du Bosphore n’empêchent pas les centaines de pêcheurs de s’activer, jour et nuit, sur ce pont, bonnets, cagoules et braseros étant de la partie, pour alimenter en fritures les gargotes, restaurants avoisinants ! Quant à moi, je me rends au « Nardis », l’un des clubs de jazz les plus connus de la mégapole cise entre deux continents. Après une montée escarpée digne de la « Butte  » j’arrive au pied de la fameuse Tour Galata qui domine la Corne d’Or et  l’entrée du Bosphore , le club est situé au pied de celle-ci.

 

Quel désappointement … « Vous n’avez pas réservé … revenez plus tard dans la soirée , le club est complet … ! » Qu’à cela ne tienne … Quelques centaines de mètres plus haut , dans l’artère la plus animée de Pera, l’Istiqlal, non loin du lycée français du « Galatasaray », le spectacle est dans la rue car de nombreux groupes de badauds entourent les musiciens de rue qui s’y produisent tous les soirs. Neys amplifiés, clarinettes qui pleurent, parfois accompagnés de gamins qui font tournoyer les rythmes sur leurs percussions, l’Orient est là… des groupes de danseurs se forment qui avancent et reculent dans l’allée sur des danses codifiées  depuis longtemps. L’heure tourne, me revoici à nouveau devant le Nardis Jazz Club où l’on me laisse rentrer… Effectivement on m’indique une place debout à une extrémité du bar, le deuxième set est commencé ! La scène, située sur l’un des côtés de cette pièce carrée, face au bar, est large, munie d’un grand piano et accueille ce soir un quintette, celui de la chanteuse Ece Göksu, accompagnée d’un trio piano-contrebasse-batterie et d’un trombone. Mon appréhension de découvrir un jazz un peu « provincial » loin des convergences américano-européennes, est vite dissipée car le batteur ne déroge pas à la réputation des percussionnistes de ce pays : il est d’une souplesse, d’une écoute et d’une précision qui relance constamment l’intérêt de l’auditeur ! La chanteuse, au très joli timbre de voix, alterne standards américains et rythmes binaires / bossa-novas. Le set est bien construit, un tempo rapide permet de tester l’efficacité du tandem contrebasse / batterie, le bassiste imposant avec autorité son drive sur lequel le batteur se régale, et le trombone construit un solo aérien quasi virtuose à l’aide de sa coulisse.

 

Les spectateurs  très attentifs sont ravis. Je parviens à accéder au bar pour obtenir une bière et je m’aperçois qu’il y a à ce niveau des petits moniteurs qui reprennent imperceptiblement l’ensemble de l’orchestre afin de diffuser la musique à chaque endroit : l’acoustique est excellente et le spectacle est là pour tous, la contenance de la pièce rassemblant une cinquantaine de spectateurs. Tiens la chanteuse commence une très jolie bossa peu courante, dont le nom m’échappe, a capella, solo absolue, en déroulant la mélodie… Elle s’en sort très bien… rejointe par la seule contrebasse, puis le batteur entre dans la partie sans utiliser ses peaux, uniquement le claquement de ses mains pour structurer le rythme. Le morceau se termine par un solo non accompagné du piano qui n’était pas intervenu jusque là. Plaisir évident de jouer, hédonisme, un large sourire illumine le visage des participants… quelle bonne soirée ! Formidable solo de basse sur ce morceau, bonheur pour la chanteuse d’être accompagnée par une rythmique aussi sensible… Tiens, elle débute à nouveau un morceau seule, sans demander la « note » à quiconque, le piano place ensuite son accord… Excellent ! Aurait-elle l' »oreille absolue » ? La soirée  se termine et je m’avance dans le club pour m’apercevoir qu’il contient une mezzanine qui est elle aussi bondée . Je fais la connaissance du patron qui est en fait une dame charmante à qui je fais part de ma satisfaction d’avoir découvert son endroit. Attentive aux destinées du lieu, elle m’explique les difficultés de gestion de ce club d’une centaine de places, ouvert six jours sur sept et très fréquenté le week-end. Le jazz occupe une large place dans sa vie car son mari, Onder Focan, et son fils sont musiciens. « Vous êtes à Paris … Vous connaissez Ahmet ? – Bien sûr…” Clin d’oeil au swinguant pianiste Ahmet Gülbay! Hervé Czak


Hervé Czak vient de cosigner le disque “Little Songs” avec le guitariste Michel Perez, le pianiste Mario Stantchev et le batteur Yves Nahon (Black & Blue / Socadisc)

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Contrebassiste familier de Bobby Few, Walt Weiskopf et Mario Stantchev, Hervé Czak s’est rendu en Turquie récemment d’où il ramène le témoignage ci-dessous sur la vie du jazz à Istanbul.

 

 

Jazz Club Nardis, Istanbul (Turquie), le 27 février 2015.

 

Ece Göksu (chant), Can Cankaya (piano), Kagan Yildiz (contrebasse), Ferit Odman (batterie), Bulut Gulen (trombone).

 

En cet avant dernier jour de février, après une journée printanière qui a réuni dans les squares et bancs une foule nombreuse  à la recherche des premiers rayons de soleil, ce soir le vent est glacial, lorsque je traverse le pont Galata qui enjambe la Corne d’Or, séparant le quartier historique des Mosquées, Sultanahmet, de la ville « européenne » du 19ème siècle Pera. Le froid et l’humidité venue du Bosphore n’empêchent pas les centaines de pêcheurs de s’activer, jour et nuit, sur ce pont, bonnets, cagoules et braseros étant de la partie, pour alimenter en fritures les gargotes, restaurants avoisinants ! Quant à moi, je me rends au « Nardis », l’un des clubs de jazz les plus connus de la mégapole cise entre deux continents. Après une montée escarpée digne de la « Butte  » j’arrive au pied de la fameuse Tour Galata qui domine la Corne d’Or et  l’entrée du Bosphore , le club est situé au pied de celle-ci.

 

Quel désappointement … « Vous n’avez pas réservé … revenez plus tard dans la soirée , le club est complet … ! » Qu’à cela ne tienne … Quelques centaines de mètres plus haut , dans l’artère la plus animée de Pera, l’Istiqlal, non loin du lycée français du « Galatasaray », le spectacle est dans la rue car de nombreux groupes de badauds entourent les musiciens de rue qui s’y produisent tous les soirs. Neys amplifiés, clarinettes qui pleurent, parfois accompagnés de gamins qui font tournoyer les rythmes sur leurs percussions, l’Orient est là… des groupes de danseurs se forment qui avancent et reculent dans l’allée sur des danses codifiées  depuis longtemps. L’heure tourne, me revoici à nouveau devant le Nardis Jazz Club où l’on me laisse rentrer… Effectivement on m’indique une place debout à une extrémité du bar, le deuxième set est commencé ! La scène, située sur l’un des côtés de cette pièce carrée, face au bar, est large, munie d’un grand piano et accueille ce soir un quintette, celui de la chanteuse Ece Göksu, accompagnée d’un trio piano-contrebasse-batterie et d’un trombone. Mon appréhension de découvrir un jazz un peu « provincial » loin des convergences américano-européennes, est vite dissipée car le batteur ne déroge pas à la réputation des percussionnistes de ce pays : il est d’une souplesse, d’une écoute et d’une précision qui relance constamment l’intérêt de l’auditeur ! La chanteuse, au très joli timbre de voix, alterne standards américains et rythmes binaires / bossa-novas. Le set est bien construit, un tempo rapide permet de tester l’efficacité du tandem contrebasse / batterie, le bassiste imposant avec autorité son drive sur lequel le batteur se régale, et le trombone construit un solo aérien quasi virtuose à l’aide de sa coulisse.

 

Les spectateurs  très attentifs sont ravis. Je parviens à accéder au bar pour obtenir une bière et je m’aperçois qu’il y a à ce niveau des petits moniteurs qui reprennent imperceptiblement l’ensemble de l’orchestre afin de diffuser la musique à chaque endroit : l’acoustique est excellente et le spectacle est là pour tous, la contenance de la pièce rassemblant une cinquantaine de spectateurs. Tiens la chanteuse commence une très jolie bossa peu courante, dont le nom m’échappe, a capella, solo absolue, en déroulant la mélodie… Elle s’en sort très bien… rejointe par la seule contrebasse, puis le batteur entre dans la partie sans utiliser ses peaux, uniquement le claquement de ses mains pour structurer le rythme. Le morceau se termine par un solo non accompagné du piano qui n’était pas intervenu jusque là. Plaisir évident de jouer, hédonisme, un large sourire illumine le visage des participants… quelle bonne soirée ! Formidable solo de basse sur ce morceau, bonheur pour la chanteuse d’être accompagnée par une rythmique aussi sensible… Tiens, elle débute à nouveau un morceau seule, sans demander la « note » à quiconque, le piano place ensuite son accord… Excellent ! Aurait-elle l' »oreille absolue » ? La soirée  se termine et je m’avance dans le club pour m’apercevoir qu’il contient une mezzanine qui est elle aussi bondée . Je fais la connaissance du patron qui est en fait une dame charmante à qui je fais part de ma satisfaction d’avoir découvert son endroit. Attentive aux destinées du lieu, elle m’explique les difficultés de gestion de ce club d’une centaine de places, ouvert six jours sur sept et très fréquenté le week-end. Le jazz occupe une large place dans sa vie car son mari, Onder Focan, et son fils sont musiciens. « Vous êtes à Paris … Vous connaissez Ahmet ? – Bien sûr…” Clin d’oeil au swinguant pianiste Ahmet Gülbay! Hervé Czak


Hervé Czak vient de cosigner le disque “Little Songs” avec le guitariste Michel Perez, le pianiste Mario Stantchev et le batteur Yves Nahon (Black & Blue / Socadisc)

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Contrebassiste familier de Bobby Few, Walt Weiskopf et Mario Stantchev, Hervé Czak s’est rendu en Turquie récemment d’où il ramène le témoignage ci-dessous sur la vie du jazz à Istanbul.

 

 

Jazz Club Nardis, Istanbul (Turquie), le 27 février 2015.

 

Ece Göksu (chant), Can Cankaya (piano), Kagan Yildiz (contrebasse), Ferit Odman (batterie), Bulut Gulen (trombone).

 

En cet avant dernier jour de février, après une journée printanière qui a réuni dans les squares et bancs une foule nombreuse  à la recherche des premiers rayons de soleil, ce soir le vent est glacial, lorsque je traverse le pont Galata qui enjambe la Corne d’Or, séparant le quartier historique des Mosquées, Sultanahmet, de la ville « européenne » du 19ème siècle Pera. Le froid et l’humidité venue du Bosphore n’empêchent pas les centaines de pêcheurs de s’activer, jour et nuit, sur ce pont, bonnets, cagoules et braseros étant de la partie, pour alimenter en fritures les gargotes, restaurants avoisinants ! Quant à moi, je me rends au « Nardis », l’un des clubs de jazz les plus connus de la mégapole cise entre deux continents. Après une montée escarpée digne de la « Butte  » j’arrive au pied de la fameuse Tour Galata qui domine la Corne d’Or et  l’entrée du Bosphore , le club est situé au pied de celle-ci.

 

Quel désappointement … « Vous n’avez pas réservé … revenez plus tard dans la soirée , le club est complet … ! » Qu’à cela ne tienne … Quelques centaines de mètres plus haut , dans l’artère la plus animée de Pera, l’Istiqlal, non loin du lycée français du « Galatasaray », le spectacle est dans la rue car de nombreux groupes de badauds entourent les musiciens de rue qui s’y produisent tous les soirs. Neys amplifiés, clarinettes qui pleurent, parfois accompagnés de gamins qui font tournoyer les rythmes sur leurs percussions, l’Orient est là… des groupes de danseurs se forment qui avancent et reculent dans l’allée sur des danses codifiées  depuis longtemps. L’heure tourne, me revoici à nouveau devant le Nardis Jazz Club où l’on me laisse rentrer… Effectivement on m’indique une place debout à une extrémité du bar, le deuxième set est commencé ! La scène, située sur l’un des côtés de cette pièce carrée, face au bar, est large, munie d’un grand piano et accueille ce soir un quintette, celui de la chanteuse Ece Göksu, accompagnée d’un trio piano-contrebasse-batterie et d’un trombone. Mon appréhension de découvrir un jazz un peu « provincial » loin des convergences américano-européennes, est vite dissipée car le batteur ne déroge pas à la réputation des percussionnistes de ce pays : il est d’une souplesse, d’une écoute et d’une précision qui relance constamment l’intérêt de l’auditeur ! La chanteuse, au très joli timbre de voix, alterne standards américains et rythmes binaires / bossa-novas. Le set est bien construit, un tempo rapide permet de tester l’efficacité du tandem contrebasse / batterie, le bassiste imposant avec autorité son drive sur lequel le batteur se régale, et le trombone construit un solo aérien quasi virtuose à l’aide de sa coulisse.

 

Les spectateurs  très attentifs sont ravis. Je parviens à accéder au bar pour obtenir une bière et je m’aperçois qu’il y a à ce niveau des petits moniteurs qui reprennent imperceptiblement l’ensemble de l’orchestre afin de diffuser la musique à chaque endroit : l’acoustique est excellente et le spectacle est là pour tous, la contenance de la pièce rassemblant une cinquantaine de spectateurs. Tiens la chanteuse commence une très jolie bossa peu courante, dont le nom m’échappe, a capella, solo absolue, en déroulant la mélodie… Elle s’en sort très bien… rejointe par la seule contrebasse, puis le batteur entre dans la partie sans utiliser ses peaux, uniquement le claquement de ses mains pour structurer le rythme. Le morceau se termine par un solo non accompagné du piano qui n’était pas intervenu jusque là. Plaisir évident de jouer, hédonisme, un large sourire illumine le visage des participants… quelle bonne soirée ! Formidable solo de basse sur ce morceau, bonheur pour la chanteuse d’être accompagnée par une rythmique aussi sensible… Tiens, elle débute à nouveau un morceau seule, sans demander la « note » à quiconque, le piano place ensuite son accord… Excellent ! Aurait-elle l' »oreille absolue » ? La soirée  se termine et je m’avance dans le club pour m’apercevoir qu’il contient une mezzanine qui est elle aussi bondée . Je fais la connaissance du patron qui est en fait une dame charmante à qui je fais part de ma satisfaction d’avoir découvert son endroit. Attentive aux destinées du lieu, elle m’explique les difficultés de gestion de ce club d’une centaine de places, ouvert six jours sur sept et très fréquenté le week-end. Le jazz occupe une large place dans sa vie car son mari, Onder Focan, et son fils sont musiciens. « Vous êtes à Paris … Vous connaissez Ahmet ? – Bien sûr…” Clin d’oeil au swinguant pianiste Ahmet Gülbay! Hervé Czak


Hervé Czak vient de cosigner le disque “Little Songs” avec le guitariste Michel Perez, le pianiste Mario Stantchev et le batteur Yves Nahon (Black & Blue / Socadisc)

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Contrebassiste familier de Bobby Few, Walt Weiskopf et Mario Stantchev, Hervé Czak s’est rendu en Turquie récemment d’où il ramène le témoignage ci-dessous sur la vie du jazz à Istanbul.

 

 

Jazz Club Nardis, Istanbul (Turquie), le 27 février 2015.

 

Ece Göksu (chant), Can Cankaya (piano), Kagan Yildiz (contrebasse), Ferit Odman (batterie), Bulut Gulen (trombone).

 

En cet avant dernier jour de février, après une journée printanière qui a réuni dans les squares et bancs une foule nombreuse  à la recherche des premiers rayons de soleil, ce soir le vent est glacial, lorsque je traverse le pont Galata qui enjambe la Corne d’Or, séparant le quartier historique des Mosquées, Sultanahmet, de la ville « européenne » du 19ème siècle Pera. Le froid et l’humidité venue du Bosphore n’empêchent pas les centaines de pêcheurs de s’activer, jour et nuit, sur ce pont, bonnets, cagoules et braseros étant de la partie, pour alimenter en fritures les gargotes, restaurants avoisinants ! Quant à moi, je me rends au « Nardis », l’un des clubs de jazz les plus connus de la mégapole cise entre deux continents. Après une montée escarpée digne de la « Butte  » j’arrive au pied de la fameuse Tour Galata qui domine la Corne d’Or et  l’entrée du Bosphore , le club est situé au pied de celle-ci.

 

Quel désappointement … « Vous n’avez pas réservé … revenez plus tard dans la soirée , le club est complet … ! » Qu’à cela ne tienne … Quelques centaines de mètres plus haut , dans l’artère la plus animée de Pera, l’Istiqlal, non loin du lycée français du « Galatasaray », le spectacle est dans la rue car de nombreux groupes de badauds entourent les musiciens de rue qui s’y produisent tous les soirs. Neys amplifiés, clarinettes qui pleurent, parfois accompagnés de gamins qui font tournoyer les rythmes sur leurs percussions, l’Orient est là… des groupes de danseurs se forment qui avancent et reculent dans l’allée sur des danses codifiées  depuis longtemps. L’heure tourne, me revoici à nouveau devant le Nardis Jazz Club où l’on me laisse rentrer… Effectivement on m’indique une place debout à une extrémité du bar, le deuxième set est commencé ! La scène, située sur l’un des côtés de cette pièce carrée, face au bar, est large, munie d’un grand piano et accueille ce soir un quintette, celui de la chanteuse Ece Göksu, accompagnée d’un trio piano-contrebasse-batterie et d’un trombone. Mon appréhension de découvrir un jazz un peu « provincial » loin des convergences américano-européennes, est vite dissipée car le batteur ne déroge pas à la réputation des percussionnistes de ce pays : il est d’une souplesse, d’une écoute et d’une précision qui relance constamment l’intérêt de l’auditeur ! La chanteuse, au très joli timbre de voix, alterne standards américains et rythmes binaires / bossa-novas. Le set est bien construit, un tempo rapide permet de tester l’efficacité du tandem contrebasse / batterie, le bassiste imposant avec autorité son drive sur lequel le batteur se régale, et le trombone construit un solo aérien quasi virtuose à l’aide de sa coulisse.

 

Les spectateurs  très attentifs sont ravis. Je parviens à accéder au bar pour obtenir une bière et je m’aperçois qu’il y a à ce niveau des petits moniteurs qui reprennent imperceptiblement l’ensemble de l’orchestre afin de diffuser la musique à chaque endroit : l’acoustique est excellente et le spectacle est là pour tous, la contenance de la pièce rassemblant une cinquantaine de spectateurs. Tiens la chanteuse commence une très jolie bossa peu courante, dont le nom m’échappe, a capella, solo absolue, en déroulant la mélodie… Elle s’en sort très bien… rejointe par la seule contrebasse, puis le batteur entre dans la partie sans utiliser ses peaux, uniquement le claquement de ses mains pour structurer le rythme. Le morceau se termine par un solo non accompagné du piano qui n’était pas intervenu jusque là. Plaisir évident de jouer, hédonisme, un large sourire illumine le visage des participants… quelle bonne soirée ! Formidable solo de basse sur ce morceau, bonheur pour la chanteuse d’être accompagnée par une rythmique aussi sensible… Tiens, elle débute à nouveau un morceau seule, sans demander la « note » à quiconque, le piano place ensuite son accord… Excellent ! Aurait-elle l' »oreille absolue » ? La soirée  se termine et je m’avance dans le club pour m’apercevoir qu’il contient une mezzanine qui est elle aussi bondée . Je fais la connaissance du patron qui est en fait une dame charmante à qui je fais part de ma satisfaction d’avoir découvert son endroit. Attentive aux destinées du lieu, elle m’explique les difficultés de gestion de ce club d’une centaine de places, ouvert six jours sur sept et très fréquenté le week-end. Le jazz occupe une large place dans sa vie car son mari, Onder Focan, et son fils sont musiciens. « Vous êtes à Paris … Vous connaissez Ahmet ? – Bien sûr…” Clin d’oeil au swinguant pianiste Ahmet Gülbay! Hervé Czak


Hervé Czak vient de cosigner le disque “Little Songs” avec le guitariste Michel Perez, le pianiste Mario Stantchev et le batteur Yves Nahon (Black & Blue / Socadisc)