Jazz live
Publié le 30 Nov 2013

Une célébration de Fats Waller

Comment qualifier une telle soirée ? Intemporelle, sans doute, tant son prétexte, rendre hommage à Fats Waller, semble décalé. Qui, aujourd’hui, en nos temps de « projets » et de « concepts » où le sérieux le dispute à l’abscons, se soucie encore du gros Thomas disparu il y a soixante-dix ans ? De son humour au premier degré, de sa gouaille, de sa truculence ?

 

Pauline Atlan (voc), Michel Pastre (ts), Louis Mazetier (p), Nicolas Peslier (g), Raphaël Dever (b). Paris, Petit Journal Saint-Michel, 28 novembre.

 

Il existe pourtant, et c’est heureux, des musiciens pour faire fructifier l’héritage. Assez talentueux pour poser leurs pas dans dans ceux de leurs aînés – en l’occurrence ceux de l’auteur de Ain’t Misbehavin, Black and Blue et autres Honeysuckle Rose – sans pour autant abdiquer leur propre personnalité. Ainsi du quartette réuni ce soir autour de Pauline Atlan et qui, de Blue Lu à Once Upon a Time en passant par I’m Gonna Sit Right Down and Write Myself a Letter s’ébroue avec bonheur dans l’univers wallerien.

 

Pauline Atlan, d’abord. Une chanteuse « juste », comme il en est peu. On aura compris qu’il ne s’agit pas seulement, bien sûr, de la justesse de la voix, mais d’une attitude plus générale. Celle qui permet de choisir et d’adopter le ton et des nuances les mieux adaptés. De trouver la bonne distance pour servir au mieux le morceau et les intentions du compositeur. Ni diseuse confidentielle, ni diva extravertie. Diction parfaite, charme discret. Pas d’esbroufe, mais une sensibilité vraie. On s’étonne que nul patron de festival, nul organisateur de grands concerts ne songe à mettre en valeur un talent aussi manifeste. La programmation, trop souvent tributaire des modes éphémères, a de ces mystères…

 

Quant à Michel Pastre, il reste sans conteste l’un des meilleurs disciples de Lester Youg et des grands ténors classiques. Il en a le swing, l’invention et la musicalité. Chacune de ses interventions regorge de sève, comme les délicats contrechants déroulés autour des vocals.

 

En quoi ne lui cède en rien Nicolas Peslier, guitariste à la technique irréprochable, auteur de développements habilement construits. Une longue complicité lie Raphaël Dever à Michel Pastre, le second ayant souvent bénéficié du tempo métronomique du premier. Mais le bassiste se montre aussi soliste inspiré, singulièrement sur le blues. Louis Mazetier enfin, maître absolu du stride qu’il pratique avec une légèreté peu commune. Virtuose, certes, et technicien accompli (en témoigne, entre autres, son éblouissant solo de Blue Lou), mais sans ostentation et avec un constant souci de cohérence.

 

Il faut ajouter le plaisir manifeste du partage musical, l’enthousiasme, la spontanéité, la réactivité du public. Tous les ingrédients pour un concert jubilatoire.

 

Jacques Aboucaya

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Comment qualifier une telle soirée ? Intemporelle, sans doute, tant son prétexte, rendre hommage à Fats Waller, semble décalé. Qui, aujourd’hui, en nos temps de « projets » et de « concepts » où le sérieux le dispute à l’abscons, se soucie encore du gros Thomas disparu il y a soixante-dix ans ? De son humour au premier degré, de sa gouaille, de sa truculence ?

 

Pauline Atlan (voc), Michel Pastre (ts), Louis Mazetier (p), Nicolas Peslier (g), Raphaël Dever (b). Paris, Petit Journal Saint-Michel, 28 novembre.

 

Il existe pourtant, et c’est heureux, des musiciens pour faire fructifier l’héritage. Assez talentueux pour poser leurs pas dans dans ceux de leurs aînés – en l’occurrence ceux de l’auteur de Ain’t Misbehavin, Black and Blue et autres Honeysuckle Rose – sans pour autant abdiquer leur propre personnalité. Ainsi du quartette réuni ce soir autour de Pauline Atlan et qui, de Blue Lu à Once Upon a Time en passant par I’m Gonna Sit Right Down and Write Myself a Letter s’ébroue avec bonheur dans l’univers wallerien.

 

Pauline Atlan, d’abord. Une chanteuse « juste », comme il en est peu. On aura compris qu’il ne s’agit pas seulement, bien sûr, de la justesse de la voix, mais d’une attitude plus générale. Celle qui permet de choisir et d’adopter le ton et des nuances les mieux adaptés. De trouver la bonne distance pour servir au mieux le morceau et les intentions du compositeur. Ni diseuse confidentielle, ni diva extravertie. Diction parfaite, charme discret. Pas d’esbroufe, mais une sensibilité vraie. On s’étonne que nul patron de festival, nul organisateur de grands concerts ne songe à mettre en valeur un talent aussi manifeste. La programmation, trop souvent tributaire des modes éphémères, a de ces mystères…

 

Quant à Michel Pastre, il reste sans conteste l’un des meilleurs disciples de Lester Youg et des grands ténors classiques. Il en a le swing, l’invention et la musicalité. Chacune de ses interventions regorge de sève, comme les délicats contrechants déroulés autour des vocals.

 

En quoi ne lui cède en rien Nicolas Peslier, guitariste à la technique irréprochable, auteur de développements habilement construits. Une longue complicité lie Raphaël Dever à Michel Pastre, le second ayant souvent bénéficié du tempo métronomique du premier. Mais le bassiste se montre aussi soliste inspiré, singulièrement sur le blues. Louis Mazetier enfin, maître absolu du stride qu’il pratique avec une légèreté peu commune. Virtuose, certes, et technicien accompli (en témoigne, entre autres, son éblouissant solo de Blue Lou), mais sans ostentation et avec un constant souci de cohérence.

 

Il faut ajouter le plaisir manifeste du partage musical, l’enthousiasme, la spontanéité, la réactivité du public. Tous les ingrédients pour un concert jubilatoire.

 

Jacques Aboucaya

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Comment qualifier une telle soirée ? Intemporelle, sans doute, tant son prétexte, rendre hommage à Fats Waller, semble décalé. Qui, aujourd’hui, en nos temps de « projets » et de « concepts » où le sérieux le dispute à l’abscons, se soucie encore du gros Thomas disparu il y a soixante-dix ans ? De son humour au premier degré, de sa gouaille, de sa truculence ?

 

Pauline Atlan (voc), Michel Pastre (ts), Louis Mazetier (p), Nicolas Peslier (g), Raphaël Dever (b). Paris, Petit Journal Saint-Michel, 28 novembre.

 

Il existe pourtant, et c’est heureux, des musiciens pour faire fructifier l’héritage. Assez talentueux pour poser leurs pas dans dans ceux de leurs aînés – en l’occurrence ceux de l’auteur de Ain’t Misbehavin, Black and Blue et autres Honeysuckle Rose – sans pour autant abdiquer leur propre personnalité. Ainsi du quartette réuni ce soir autour de Pauline Atlan et qui, de Blue Lu à Once Upon a Time en passant par I’m Gonna Sit Right Down and Write Myself a Letter s’ébroue avec bonheur dans l’univers wallerien.

 

Pauline Atlan, d’abord. Une chanteuse « juste », comme il en est peu. On aura compris qu’il ne s’agit pas seulement, bien sûr, de la justesse de la voix, mais d’une attitude plus générale. Celle qui permet de choisir et d’adopter le ton et des nuances les mieux adaptés. De trouver la bonne distance pour servir au mieux le morceau et les intentions du compositeur. Ni diseuse confidentielle, ni diva extravertie. Diction parfaite, charme discret. Pas d’esbroufe, mais une sensibilité vraie. On s’étonne que nul patron de festival, nul organisateur de grands concerts ne songe à mettre en valeur un talent aussi manifeste. La programmation, trop souvent tributaire des modes éphémères, a de ces mystères…

 

Quant à Michel Pastre, il reste sans conteste l’un des meilleurs disciples de Lester Youg et des grands ténors classiques. Il en a le swing, l’invention et la musicalité. Chacune de ses interventions regorge de sève, comme les délicats contrechants déroulés autour des vocals.

 

En quoi ne lui cède en rien Nicolas Peslier, guitariste à la technique irréprochable, auteur de développements habilement construits. Une longue complicité lie Raphaël Dever à Michel Pastre, le second ayant souvent bénéficié du tempo métronomique du premier. Mais le bassiste se montre aussi soliste inspiré, singulièrement sur le blues. Louis Mazetier enfin, maître absolu du stride qu’il pratique avec une légèreté peu commune. Virtuose, certes, et technicien accompli (en témoigne, entre autres, son éblouissant solo de Blue Lou), mais sans ostentation et avec un constant souci de cohérence.

 

Il faut ajouter le plaisir manifeste du partage musical, l’enthousiasme, la spontanéité, la réactivité du public. Tous les ingrédients pour un concert jubilatoire.

 

Jacques Aboucaya

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Comment qualifier une telle soirée ? Intemporelle, sans doute, tant son prétexte, rendre hommage à Fats Waller, semble décalé. Qui, aujourd’hui, en nos temps de « projets » et de « concepts » où le sérieux le dispute à l’abscons, se soucie encore du gros Thomas disparu il y a soixante-dix ans ? De son humour au premier degré, de sa gouaille, de sa truculence ?

 

Pauline Atlan (voc), Michel Pastre (ts), Louis Mazetier (p), Nicolas Peslier (g), Raphaël Dever (b). Paris, Petit Journal Saint-Michel, 28 novembre.

 

Il existe pourtant, et c’est heureux, des musiciens pour faire fructifier l’héritage. Assez talentueux pour poser leurs pas dans dans ceux de leurs aînés – en l’occurrence ceux de l’auteur de Ain’t Misbehavin, Black and Blue et autres Honeysuckle Rose – sans pour autant abdiquer leur propre personnalité. Ainsi du quartette réuni ce soir autour de Pauline Atlan et qui, de Blue Lu à Once Upon a Time en passant par I’m Gonna Sit Right Down and Write Myself a Letter s’ébroue avec bonheur dans l’univers wallerien.

 

Pauline Atlan, d’abord. Une chanteuse « juste », comme il en est peu. On aura compris qu’il ne s’agit pas seulement, bien sûr, de la justesse de la voix, mais d’une attitude plus générale. Celle qui permet de choisir et d’adopter le ton et des nuances les mieux adaptés. De trouver la bonne distance pour servir au mieux le morceau et les intentions du compositeur. Ni diseuse confidentielle, ni diva extravertie. Diction parfaite, charme discret. Pas d’esbroufe, mais une sensibilité vraie. On s’étonne que nul patron de festival, nul organisateur de grands concerts ne songe à mettre en valeur un talent aussi manifeste. La programmation, trop souvent tributaire des modes éphémères, a de ces mystères…

 

Quant à Michel Pastre, il reste sans conteste l’un des meilleurs disciples de Lester Youg et des grands ténors classiques. Il en a le swing, l’invention et la musicalité. Chacune de ses interventions regorge de sève, comme les délicats contrechants déroulés autour des vocals.

 

En quoi ne lui cède en rien Nicolas Peslier, guitariste à la technique irréprochable, auteur de développements habilement construits. Une longue complicité lie Raphaël Dever à Michel Pastre, le second ayant souvent bénéficié du tempo métronomique du premier. Mais le bassiste se montre aussi soliste inspiré, singulièrement sur le blues. Louis Mazetier enfin, maître absolu du stride qu’il pratique avec une légèreté peu commune. Virtuose, certes, et technicien accompli (en témoigne, entre autres, son éblouissant solo de Blue Lou), mais sans ostentation et avec un constant souci de cohérence.

 

Il faut ajouter le plaisir manifeste du partage musical, l’enthousiasme, la spontanéité, la réactivité du public. Tous les ingrédients pour un concert jubilatoire.

 

Jacques Aboucaya