Jazz live
Publié le 5 Mai 2025

Une Timbale pour Stéphane Payen

Nouveau lieu, nouveau programme, dans le 18e de Paris, tous les dimanche-soirs à 19h30, avec un orchestre en résidence pour un trimestre.

Entre la Goutte d’or (L’Olympic Café, le Bar 34 sur la Rue Léon, le quasi-historique Studio des Islettes dans la Rue neuve de la Goutte d’or rebaptisée Rue des Islettes en 1877, l’Atelier Polonceau de la rue du même nom où s’épanouit le collectif Umlaut) et la Butte Montmartre (Les Falaises sur le flanc sud, le Bab-Ilo toujours actif au versant nord, pour ne rien dire du Cim à l’Est dont je pus constater hier la destruction en cours des anciens locaux en remontant la rue Doudeauville après avoir quitté par erreur le métro à Château rouge), le 18e arrondissement de Paris aura connu pas mal de foyers d’accueil d’une émergence jazzistique qui n’avait pas sa place dans les clubs parisiens ayant pignon sur rue.

Le dernier s’appelle La Timbale, bar de quartier à l’angle de la rue Versigny et celle du Mont-Cenis (M° Simplon) qui a déjà connu des concerts par le passé et qui accueillait hier, 4 mai, une nouvelle programmation hebdomadaire, sur une suggestion d’un habitué du quartier, Alexandre Pierrepont, dont on connaît la plume (notamment au siècle dernier dans Jazzmag, et aux éditions Parenthèses, Le Champ jazzistique) et l’action militante avec le dispositif d’échanges transatlantique “The Bridge”.

Pas question d’assumer plus que ne peut le faire un bar de quartier, mais une affiche unique se répétant de manière hebdomadaire tous les dimanches soir, et renouvelée tous les trimestres. Une rémunération correcte pour une programmation qui offre à un groupe de se roder trois mois durant dans un même lieu.

C’est Stéphane Payen qui ouvre le bal avec un nouveau répertoire sur lequel il entrainait hier les quatre cinquième de son quintette, soit lui-même (sax alto droit), Hector Lena-Scholl (trompette piccolo 4 pistons, quatrième piston dont il use peu en phrasé rapide mais dont il se sert pour recourir à certaines intonations sur les partitions ou les moments plus aérés propices à l’inflexion), Sarah Murcia (contrebasse) et Émilian Ducret (batterie). Sur des parcours intensément fléchés, saxophone et trompette échangent de petites jaillissements convulsifs dont on ne sait dire si c’est le tempo qui se dérobe sous elles ou si ce sont elles qui dérapent sur un sol fermement verglacé.

Infatigable chercheur, Stéphane Payen nous expliquera à l’entracte que l’un et l’autre batteur (l’autre, hier absent, étant Samuel Ber) vont se succéder à tour de rôle sur l’affiche pour endosser chacun son tour des vitesses sensées se superposer lors de prochains concerts. On reconnaît bien là les “règles du jeu” poly-métriques propres à Stéphane Payen ici réalisées par les deux instruments mélodiques en un papillonnant survol dont l’apparent affolement résulte de phrasés aux intervalles disjoints selon une précision étourdissante, ballet auquel est invité à se joindre sur quelques morceaux le puissant trompettiste cubain Jorge Vistel qui avance dans cette embâcle avec l’assurance d’un souverain brise-glace. À suivre dans une semaine, le 11 mai prochain même heure. Franck Bergerot