Jazz live
Publié le 11 Mar 2024

Verb : une première au Duc des Lombards

Jazz Magazine suit de près l’épopée du trio Verb. Depuis leur victoire au tremplin du festival Jazz à Vienne l’été dernier, les trois chérubins amiénois ont arpenté bien des grilles

Et ils ont notamment enregistré un disque : « Symbiose » paraîtra sur le label Komos courant mai. Invités par le Duc des Lombards, ils disposaient ce soir de trois sets, sur lesquels ils étendirent, comme le peintre et les nuances de sa palette, l’envergure de leur travail. Il n’est pas de trop de ces trois sets pour ce groupe effervescent, dont la frustration des restrictions temporelles avaient été palpable lors du tremplin. La couleur fut annoncée dès le début du premier set : c’est l’occasion pour eux de visiter une grande partie de leur répertoire, de leurs premières compositions dans un cadre « scolaire », à leurs dernières créations, en passant bien sûr par les compositions de « Symbiose ».

On pourrait comprendre que cette première en format « étendu » puisse impressionner les jeunes musiciens. Ceux-ci ne se laissèrent pourtant pas démonter, et se mirent en place dès le premier set. Le pianiste, Noam Duboille, le batteur, Garcia Etoa Ottou, et le contrebassiste, Charles Thuillier, présentent tous les trois une identité bien campée, mais ce qui attire avant tout l’oreille, c’est l’originalité de leurs compositions, qui sont incarnées par un rapport particulier au triangle. Leur jeu est rafraîchissant, car il a véritablement conscience de l’autre.

Au fil de ce concert panoramique, on aura entendu Charles Thuillier tirer de son archet un chant de baleines profondément intrigant, ou lancer la troupe sur une walking bass enivrante, mais aussi les modulations de Noam Duboille, qui font évidemment penser à Keith Jarrett (et c’est un bon début). Son sens de la composition est saisissant, et prend des consonances latines, rappelant les travaux d’Enrico Pieranunzi ou de Giovanni Mirabassi, oscillant entre musique véritablement savante, et images populaires, tant et si bien que son Rêve en grand semble marquer les esprits. Quant à lui, Garcia Ettoa s’immisce dans ces interstices, lui qui sait faire preuve d’une rigueur si déstructurée, et d’une sensibilité mélodique inspirée, peut-être, par le grand Max Roach.

En bref, des retrouvailles réjouissantes, et une sortie d’album à surveiller.

Walden Gauthier, @jazztr0naut