Vincent Lê Quang, Bruno Ruder & Marc Ducret : ‘Lady Violet’, naissance d’un (grand) Trio au Triton

Ils se sont rencontrés l’an dernier en participant à la Philharmonie de Paris au concert de Jeanne Added consacré au répertoire de Joni Mitchell. Le saxophoniste et le pianiste sont des partenaires historiques de la chanteuse depuis ‘Yes Is A Pleasant Country’, le très remarquable trio qu’ils formaient avec elle. Ce jour-là Marc Ducret participait aussi au concert. Un désir s’est dessiné pour les trois de jouer ensemble. Il y eut un court set de 25 minutes sur une autre scène mais c’est ici, au Triton, lieu riche de nouvelles rencontres, que le premier concert de ce groupe voyait le jour.

VINCENT LÊ QUANG ‘Lady Violet Trio’
Vincent Lê Quang (saxophones ténor & soprano), Bruno Ruder (piano), Marc Ducret (guitare)
Les Lilas, Le Triton, 24 mai 2025, 20h30

Lady Violet , c’est le petit nom que Lester Young donnait à son saxophone, tout comme il baptisait Billie Holiday du nom de Lady Day . Intituler ce trio ‘Lady Violet’, c’est peut-être une manière de célébrer un désir d’atteindre le cœur de la musique. Les compositions sont de Vincent Lê Quang. La première est inspirée par les sources de cette musique, les racines, le groove , mais selon des sentiers sinueux à souhait. Dans le solo le sax est près de l’idiome, tandis que la guitare se fait buissonnière, et que le piano fouette, propulse et fracture, avant de passer en mode retenu, qui ouvre d’autres chemins, puis d’exploser d’effervescence. Le thème revient, avec son climat de joie légère : bonheur d’écoute dès ce premier titre. Voici La complainte de Lady Violet , dont le titre fera l’identité du trio. Loin de Lester ? Non, en plein esprit d’aventure, avec aussi la mélancolie, le lyrisme…. En fondu enchaîné le piano nous entraîne vers le thème suivant : puissance surexpressive du dialogue (trilogue) entre les membres du groupe. Ça barde, mais avec des nuances : accalmie soudaine, on repart sur un thème sinueux ; bonheur encore pour l’auditeur.

Vient le sax soprano, et des ondulations autour du blues , TRÈS librement : une fête de la mémoire et du futur, en un seul geste. Je ne vais pas vous détailler toutes les impressions qui m’ont envahi au fil du concert. Un voyage tissé de nuances, de détours, souples ou anguleux, et d’emportements, jouissifs, avec retour aux pulsations de la danse. Pour l’amateur jazzophile que je suis, un grand moment de musique.
Xavier Prévost
