Wolfi Jazz Festival, III, pt. 1 : Franck Wolf & Mieko Miyazaki 6tet

FRANCK WOLF & MIEKO MIYAZAKI 6TET
Ce projet unique au monde est, figurez-vous, une création vosgienne. Créé il y a un an pour le festival Au Grés Du Jazz, à La Petite Pierre (67), par le saxophoniste strasbourgeois Franck Wolf, ce sextette est rassemblé ce soir pour la deuxième fois. L’histoire de Wolf avec la japonaise Mieko Miyazaki et son koto est bien plus ancienne toutefois. Cela fait maintenant 9 ans qu’ils jouent ensemble, dans un duo nommé ‘Dankin’. Cette rencontre était initialement portée par l’idée d’un échange culturel, et sans doute par le défi d’intégrer un instrument de musique traditionnelle au sein d’un groupe qui promeut le swing. Mieko, elle, n’est pas tout à fait nouvelle à la scène jazz, et on l’a découverte en trio avec Nguyên Lê et Prabhu Edouard chez Act, pour l’album « Saiyuki ». Le reste de la formation est proche de Franck Wolf, ce sont des jeunes musiciens parisiens ou alsaciens que le saxophoniste a pris sous son aile : Arthur Henn à la contrebasse, Philippe Maniez à la batterie, Grégory Ott au piano. Le clarinettiste Stéphane Chausse, lui, est le second souffleur, la joue droite du saxophoniste.
Au concert de commencer. Si le public semble d’abord curieux ou intrigué, bien vite il ne se soucie plus de l’étrange instrument, dès lors que Mieko se met à en jouer, pour en révéler la beauté familière. Nos oreilles veulent les accompagner dans leur voyage aux ambiances multiples, aux nombreux rebondissements.
Ce n’est plus à démontrer, mais ce voyage est audacieux. Le troisième morceau en est la preuve. Franck Wolf explique que cette pièce traditionnelle alsacienne, Hilf O Himmel qu’il tient de Roger Siffer, contient des influences celtiques, et que, par conséquent, Mieko a voulu lui donner des paroles en japonais.
Soudain, le son du koto nous rappelle la harpe celtique de Kirsten Noguès, dans les motifs modaux propre à la musique celtique, mais aussi dans ces arpèges assurés, et la profondeur d’interprétation qui relie ces deux musiciennes, maîtresses de leur instrument. Avec le contrebassiste qui joue à l’archet, les cordes s’assemblent, tandis que le sax alto et la clarinette dialoguent dans une très grande complicité.
Les musiciens multiplient les références en s’attaquant à Joe Zawinul, puis la place est faite à la rhythmique dans un morceau intitulé Drums, qui reprend le thème des formations de percussions traditionnelles japonaises, en imitant des motifs typiques, illustrant le glissement de la tradition à l’émancipation par l’improvisation.
Walden Gauthier