Jazz live
Publié le 7 Nov 2013

Yves Rousseau joue Schubert, Lindau HBF joue Matthieu Naulleau

 

Entre le Wanderer Septet du contrebassiste et compositeur Yves Rousseau qui créait hier au Théâtre 71 de Malakoff un programme inspiré de Schubert (qu’il redonne ce soir le 7 novembre au même endroit… à une station de métro de Paris) et le quartette Lindau HBF qui se déchainait hier au Sunset sur les compositions de Matthieu Naulleau, notre chroniqueur n’a pas su choisir. Il a couru de l’un à l’autre et ne l’a pas regretté.

 

Théâtre 71, Malakoff (92), le 6 novembre 2013.

 

Wanderer Septet : Régis Huby (violon), Jean-Marc Larché saxophone soprano), Pierre-François Roussillon (clarinette basse), Thierry Péala (chant), Edouard Ferlet (piano), Yves Rousseau (contrebasse), Xavier Desandre-Navarre (percussions).


Le contrebassiste Yves Rousseau nous raconte dans le numéro de novembre de Jazz Magazine-Jazzman ce qui l’a amené à composer tout un répertoire autour de Schubert. Je n’y reviendrai pas, c’est disponible chez tous les bons marchands de journaux. Il livre une œuvre de compositeur, où l’on ne reconnaîtra pas toujours Schubert (ça dépendra certes de ce que l’on en connaît et aussi de sa capacité à saisir le fil de la mémoire musicale) mais qui se saisit des couleurs de sa musique de manière assez précise pour que l’on en retrouve constamment couleurs et saveurs à travers une série de longues partitions originales où le contrebassiste cite, recycle, renverse, dissimule et révèle, réalisant au mieux ce qu’il poursuit depuis une douzaine d’années avec des formations qui évoluent l’une vers l’autre, une musique de chambre où l’écriture et l’improvisation se trament l’une l’autre de la plus intime manière. En cela, son Wanderer Septet sonne comme une belle addition de personnalités qui savent trouver leurs marques d’improvisateur dans une écriture serrée. Un point faible cependant menace le charme puissant de ce programme et nous retient d’y adhérer d’emblée, la voix de Thierry Péala dont on ne sait que faire ici, avec en outre un accent allemand peu admissible dans un tel projet et un vocabulaire d’onomatopées dans les parties sans paroles encombrant la musique plus qu’il la sert. On ne s’en laisse pas moins progressivement gagner jusqu’au grand final autour du quatuor 14 de La Jeune fille et la mort qui est une franche réussite ovationnnée par une salle conquise. À réentendre les 22 et 23 à Seaux (Les Gémeaux). On pourra aussi entendre Yves Rousseau et son quintette franco-turc Yarin le 10 à Mériel dans le cadre de Jazz au fil de l’Oise, avec la comédienne-chanteuses Eleonor Agritt le 12 à Malakoff (Maison des Arts), avec son programme Poètes vos papiers le 15 à Herbay (Espace André Malraux).

 

Sunset, Paris (75), le 6 novembre 2013


Lindau HBF : Emilio Guerra e Neto (sax alto), Matthieu Naulleau (piano, composition), Damien Varaillon (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

 

Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle pomme de terre, mais de la Lindau Hautbahnhof, la gare centrale de Lindau, et d’un quartette constitué au CNSM en 2010, révélation du “rayon disques” de notre numéro de septembre. Le saxophoniste Emilio Guerra e Neto explique ainsi ce nom dans une interview de la Fabric’ason (tiens, on reste à Malakoff) : « Lors d’un voyage en Allemagne, à l’annonce de la gare de Lindau HBF dans le train, j’ai été sensible aux sonorités du terme. Cette annonce a symbolisé l’étrange, une agréable sensation de fraîcheur que l’on peut ressentir face à la découverte d’un nouvel univers. C’était là, une langue étrangère, une nouvelle ville dans un pays étranger avec d’autres coutumes. Lorsque la question du nom de groupe s’est posée, j’ai proposé « Lindau HBF », et mes comparses ont tout de suite été emballés. »


Je ne sais pas si l’on est emballé par le nom du groupe, mais on l’est par la musique. Celle d’abord qu’écrit le pianiste Matthieu Naulleau, aux contours jamais attendus et qui semblent avoir été conçue pour ce Lindau HBF. Celui-ci, en tout cas, s’en est emparée pour la faire intimement sienne, avec un sens très abouti de la plasticité formelle qui joue tant dans le temps (l’architecture des morceaux et leur dynamique) que dans l’espace (l’équilibre parfait des quatre parties, où dans le plein sonore comme dans le jeu syncopé autour du silence, ça sonne idéalement). Le saxophoniste Emilio Guerra e Neto joue sur le fil entre la netteté chirurgicale d’une ligne claire précise et nerveuse dans la lignée stevecolemanienne et un expressionnisme coltranien qui emmène le groupe vers de prodigieux débordements free. Damien Varaillon et Ariel Tessier se répartissent l’espace avec mélange d’énergie et d’élégance qu’habite ou pilote Matthieu Naulleau de voicings ahurissants qu’il explose en polyrythmies féroces puissamment articulées, avec ici et là des architectures impossibles évoquant les ragtimes épilleptiques de Conlon Nancarrow dans ses études pour piano mécanique. A suivre…

Franck Bergerot

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Entre le Wanderer Septet du contrebassiste et compositeur Yves Rousseau qui créait hier au Théâtre 71 de Malakoff un programme inspiré de Schubert (qu’il redonne ce soir le 7 novembre au même endroit… à une station de métro de Paris) et le quartette Lindau HBF qui se déchainait hier au Sunset sur les compositions de Matthieu Naulleau, notre chroniqueur n’a pas su choisir. Il a couru de l’un à l’autre et ne l’a pas regretté.

 

Théâtre 71, Malakoff (92), le 6 novembre 2013.

 

Wanderer Septet : Régis Huby (violon), Jean-Marc Larché saxophone soprano), Pierre-François Roussillon (clarinette basse), Thierry Péala (chant), Edouard Ferlet (piano), Yves Rousseau (contrebasse), Xavier Desandre-Navarre (percussions).


Le contrebassiste Yves Rousseau nous raconte dans le numéro de novembre de Jazz Magazine-Jazzman ce qui l’a amené à composer tout un répertoire autour de Schubert. Je n’y reviendrai pas, c’est disponible chez tous les bons marchands de journaux. Il livre une œuvre de compositeur, où l’on ne reconnaîtra pas toujours Schubert (ça dépendra certes de ce que l’on en connaît et aussi de sa capacité à saisir le fil de la mémoire musicale) mais qui se saisit des couleurs de sa musique de manière assez précise pour que l’on en retrouve constamment couleurs et saveurs à travers une série de longues partitions originales où le contrebassiste cite, recycle, renverse, dissimule et révèle, réalisant au mieux ce qu’il poursuit depuis une douzaine d’années avec des formations qui évoluent l’une vers l’autre, une musique de chambre où l’écriture et l’improvisation se trament l’une l’autre de la plus intime manière. En cela, son Wanderer Septet sonne comme une belle addition de personnalités qui savent trouver leurs marques d’improvisateur dans une écriture serrée. Un point faible cependant menace le charme puissant de ce programme et nous retient d’y adhérer d’emblée, la voix de Thierry Péala dont on ne sait que faire ici, avec en outre un accent allemand peu admissible dans un tel projet et un vocabulaire d’onomatopées dans les parties sans paroles encombrant la musique plus qu’il la sert. On ne s’en laisse pas moins progressivement gagner jusqu’au grand final autour du quatuor 14 de La Jeune fille et la mort qui est une franche réussite ovationnnée par une salle conquise. À réentendre les 22 et 23 à Seaux (Les Gémeaux). On pourra aussi entendre Yves Rousseau et son quintette franco-turc Yarin le 10 à Mériel dans le cadre de Jazz au fil de l’Oise, avec la comédienne-chanteuses Eleonor Agritt le 12 à Malakoff (Maison des Arts), avec son programme Poètes vos papiers le 15 à Herbay (Espace André Malraux).

 

Sunset, Paris (75), le 6 novembre 2013


Lindau HBF : Emilio Guerra e Neto (sax alto), Matthieu Naulleau (piano, composition), Damien Varaillon (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

 

Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle pomme de terre, mais de la Lindau Hautbahnhof, la gare centrale de Lindau, et d’un quartette constitué au CNSM en 2010, révélation du “rayon disques” de notre numéro de septembre. Le saxophoniste Emilio Guerra e Neto explique ainsi ce nom dans une interview de la Fabric’ason (tiens, on reste à Malakoff) : « Lors d’un voyage en Allemagne, à l’annonce de la gare de Lindau HBF dans le train, j’ai été sensible aux sonorités du terme. Cette annonce a symbolisé l’étrange, une agréable sensation de fraîcheur que l’on peut ressentir face à la découverte d’un nouvel univers. C’était là, une langue étrangère, une nouvelle ville dans un pays étranger avec d’autres coutumes. Lorsque la question du nom de groupe s’est posée, j’ai proposé « Lindau HBF », et mes comparses ont tout de suite été emballés. »


Je ne sais pas si l’on est emballé par le nom du groupe, mais on l’est par la musique. Celle d’abord qu’écrit le pianiste Matthieu Naulleau, aux contours jamais attendus et qui semblent avoir été conçue pour ce Lindau HBF. Celui-ci, en tout cas, s’en est emparée pour la faire intimement sienne, avec un sens très abouti de la plasticité formelle qui joue tant dans le temps (l’architecture des morceaux et leur dynamique) que dans l’espace (l’équilibre parfait des quatre parties, où dans le plein sonore comme dans le jeu syncopé autour du silence, ça sonne idéalement). Le saxophoniste Emilio Guerra e Neto joue sur le fil entre la netteté chirurgicale d’une ligne claire précise et nerveuse dans la lignée stevecolemanienne et un expressionnisme coltranien qui emmène le groupe vers de prodigieux débordements free. Damien Varaillon et Ariel Tessier se répartissent l’espace avec mélange d’énergie et d’élégance qu’habite ou pilote Matthieu Naulleau de voicings ahurissants qu’il explose en polyrythmies féroces puissamment articulées, avec ici et là des architectures impossibles évoquant les ragtimes épilleptiques de Conlon Nancarrow dans ses études pour piano mécanique. A suivre…

Franck Bergerot

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Entre le Wanderer Septet du contrebassiste et compositeur Yves Rousseau qui créait hier au Théâtre 71 de Malakoff un programme inspiré de Schubert (qu’il redonne ce soir le 7 novembre au même endroit… à une station de métro de Paris) et le quartette Lindau HBF qui se déchainait hier au Sunset sur les compositions de Matthieu Naulleau, notre chroniqueur n’a pas su choisir. Il a couru de l’un à l’autre et ne l’a pas regretté.

 

Théâtre 71, Malakoff (92), le 6 novembre 2013.

 

Wanderer Septet : Régis Huby (violon), Jean-Marc Larché saxophone soprano), Pierre-François Roussillon (clarinette basse), Thierry Péala (chant), Edouard Ferlet (piano), Yves Rousseau (contrebasse), Xavier Desandre-Navarre (percussions).


Le contrebassiste Yves Rousseau nous raconte dans le numéro de novembre de Jazz Magazine-Jazzman ce qui l’a amené à composer tout un répertoire autour de Schubert. Je n’y reviendrai pas, c’est disponible chez tous les bons marchands de journaux. Il livre une œuvre de compositeur, où l’on ne reconnaîtra pas toujours Schubert (ça dépendra certes de ce que l’on en connaît et aussi de sa capacité à saisir le fil de la mémoire musicale) mais qui se saisit des couleurs de sa musique de manière assez précise pour que l’on en retrouve constamment couleurs et saveurs à travers une série de longues partitions originales où le contrebassiste cite, recycle, renverse, dissimule et révèle, réalisant au mieux ce qu’il poursuit depuis une douzaine d’années avec des formations qui évoluent l’une vers l’autre, une musique de chambre où l’écriture et l’improvisation se trament l’une l’autre de la plus intime manière. En cela, son Wanderer Septet sonne comme une belle addition de personnalités qui savent trouver leurs marques d’improvisateur dans une écriture serrée. Un point faible cependant menace le charme puissant de ce programme et nous retient d’y adhérer d’emblée, la voix de Thierry Péala dont on ne sait que faire ici, avec en outre un accent allemand peu admissible dans un tel projet et un vocabulaire d’onomatopées dans les parties sans paroles encombrant la musique plus qu’il la sert. On ne s’en laisse pas moins progressivement gagner jusqu’au grand final autour du quatuor 14 de La Jeune fille et la mort qui est une franche réussite ovationnnée par une salle conquise. À réentendre les 22 et 23 à Seaux (Les Gémeaux). On pourra aussi entendre Yves Rousseau et son quintette franco-turc Yarin le 10 à Mériel dans le cadre de Jazz au fil de l’Oise, avec la comédienne-chanteuses Eleonor Agritt le 12 à Malakoff (Maison des Arts), avec son programme Poètes vos papiers le 15 à Herbay (Espace André Malraux).

 

Sunset, Paris (75), le 6 novembre 2013


Lindau HBF : Emilio Guerra e Neto (sax alto), Matthieu Naulleau (piano, composition), Damien Varaillon (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

 

Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle pomme de terre, mais de la Lindau Hautbahnhof, la gare centrale de Lindau, et d’un quartette constitué au CNSM en 2010, révélation du “rayon disques” de notre numéro de septembre. Le saxophoniste Emilio Guerra e Neto explique ainsi ce nom dans une interview de la Fabric’ason (tiens, on reste à Malakoff) : « Lors d’un voyage en Allemagne, à l’annonce de la gare de Lindau HBF dans le train, j’ai été sensible aux sonorités du terme. Cette annonce a symbolisé l’étrange, une agréable sensation de fraîcheur que l’on peut ressentir face à la découverte d’un nouvel univers. C’était là, une langue étrangère, une nouvelle ville dans un pays étranger avec d’autres coutumes. Lorsque la question du nom de groupe s’est posée, j’ai proposé « Lindau HBF », et mes comparses ont tout de suite été emballés. »


Je ne sais pas si l’on est emballé par le nom du groupe, mais on l’est par la musique. Celle d’abord qu’écrit le pianiste Matthieu Naulleau, aux contours jamais attendus et qui semblent avoir été conçue pour ce Lindau HBF. Celui-ci, en tout cas, s’en est emparée pour la faire intimement sienne, avec un sens très abouti de la plasticité formelle qui joue tant dans le temps (l’architecture des morceaux et leur dynamique) que dans l’espace (l’équilibre parfait des quatre parties, où dans le plein sonore comme dans le jeu syncopé autour du silence, ça sonne idéalement). Le saxophoniste Emilio Guerra e Neto joue sur le fil entre la netteté chirurgicale d’une ligne claire précise et nerveuse dans la lignée stevecolemanienne et un expressionnisme coltranien qui emmène le groupe vers de prodigieux débordements free. Damien Varaillon et Ariel Tessier se répartissent l’espace avec mélange d’énergie et d’élégance qu’habite ou pilote Matthieu Naulleau de voicings ahurissants qu’il explose en polyrythmies féroces puissamment articulées, avec ici et là des architectures impossibles évoquant les ragtimes épilleptiques de Conlon Nancarrow dans ses études pour piano mécanique. A suivre…

Franck Bergerot

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Entre le Wanderer Septet du contrebassiste et compositeur Yves Rousseau qui créait hier au Théâtre 71 de Malakoff un programme inspiré de Schubert (qu’il redonne ce soir le 7 novembre au même endroit… à une station de métro de Paris) et le quartette Lindau HBF qui se déchainait hier au Sunset sur les compositions de Matthieu Naulleau, notre chroniqueur n’a pas su choisir. Il a couru de l’un à l’autre et ne l’a pas regretté.

 

Théâtre 71, Malakoff (92), le 6 novembre 2013.

 

Wanderer Septet : Régis Huby (violon), Jean-Marc Larché saxophone soprano), Pierre-François Roussillon (clarinette basse), Thierry Péala (chant), Edouard Ferlet (piano), Yves Rousseau (contrebasse), Xavier Desandre-Navarre (percussions).


Le contrebassiste Yves Rousseau nous raconte dans le numéro de novembre de Jazz Magazine-Jazzman ce qui l’a amené à composer tout un répertoire autour de Schubert. Je n’y reviendrai pas, c’est disponible chez tous les bons marchands de journaux. Il livre une œuvre de compositeur, où l’on ne reconnaîtra pas toujours Schubert (ça dépendra certes de ce que l’on en connaît et aussi de sa capacité à saisir le fil de la mémoire musicale) mais qui se saisit des couleurs de sa musique de manière assez précise pour que l’on en retrouve constamment couleurs et saveurs à travers une série de longues partitions originales où le contrebassiste cite, recycle, renverse, dissimule et révèle, réalisant au mieux ce qu’il poursuit depuis une douzaine d’années avec des formations qui évoluent l’une vers l’autre, une musique de chambre où l’écriture et l’improvisation se trament l’une l’autre de la plus intime manière. En cela, son Wanderer Septet sonne comme une belle addition de personnalités qui savent trouver leurs marques d’improvisateur dans une écriture serrée. Un point faible cependant menace le charme puissant de ce programme et nous retient d’y adhérer d’emblée, la voix de Thierry Péala dont on ne sait que faire ici, avec en outre un accent allemand peu admissible dans un tel projet et un vocabulaire d’onomatopées dans les parties sans paroles encombrant la musique plus qu’il la sert. On ne s’en laisse pas moins progressivement gagner jusqu’au grand final autour du quatuor 14 de La Jeune fille et la mort qui est une franche réussite ovationnnée par une salle conquise. À réentendre les 22 et 23 à Seaux (Les Gémeaux). On pourra aussi entendre Yves Rousseau et son quintette franco-turc Yarin le 10 à Mériel dans le cadre de Jazz au fil de l’Oise, avec la comédienne-chanteuses Eleonor Agritt le 12 à Malakoff (Maison des Arts), avec son programme Poètes vos papiers le 15 à Herbay (Espace André Malraux).

 

Sunset, Paris (75), le 6 novembre 2013


Lindau HBF : Emilio Guerra e Neto (sax alto), Matthieu Naulleau (piano, composition), Damien Varaillon (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

 

Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle pomme de terre, mais de la Lindau Hautbahnhof, la gare centrale de Lindau, et d’un quartette constitué au CNSM en 2010, révélation du “rayon disques” de notre numéro de septembre. Le saxophoniste Emilio Guerra e Neto explique ainsi ce nom dans une interview de la Fabric’ason (tiens, on reste à Malakoff) : « Lors d’un voyage en Allemagne, à l’annonce de la gare de Lindau HBF dans le train, j’ai été sensible aux sonorités du terme. Cette annonce a symbolisé l’étrange, une agréable sensation de fraîcheur que l’on peut ressentir face à la découverte d’un nouvel univers. C’était là, une langue étrangère, une nouvelle ville dans un pays étranger avec d’autres coutumes. Lorsque la question du nom de groupe s’est posée, j’ai proposé « Lindau HBF », et mes comparses ont tout de suite été emballés. »


Je ne sais pas si l’on est emballé par le nom du groupe, mais on l’est par la musique. Celle d’abord qu’écrit le pianiste Matthieu Naulleau, aux contours jamais attendus et qui semblent avoir été conçue pour ce Lindau HBF. Celui-ci, en tout cas, s’en est emparée pour la faire intimement sienne, avec un sens très abouti de la plasticité formelle qui joue tant dans le temps (l’architecture des morceaux et leur dynamique) que dans l’espace (l’équilibre parfait des quatre parties, où dans le plein sonore comme dans le jeu syncopé autour du silence, ça sonne idéalement). Le saxophoniste Emilio Guerra e Neto joue sur le fil entre la netteté chirurgicale d’une ligne claire précise et nerveuse dans la lignée stevecolemanienne et un expressionnisme coltranien qui emmène le groupe vers de prodigieux débordements free. Damien Varaillon et Ariel Tessier se répartissent l’espace avec mélange d’énergie et d’élégance qu’habite ou pilote Matthieu Naulleau de voicings ahurissants qu’il explose en polyrythmies féroces puissamment articulées, avec ici et là des architectures impossibles évoquant les ragtimes épilleptiques de Conlon Nancarrow dans ses études pour piano mécanique. A suivre…

Franck Bergerot