Jazz live
Publié le 3 Juil 2015

Andy Emler : Un été Malmené, concerto pour trio et orchestre.


Le 26 juin l’Orchestre National de Lille, dirigé par Jean-Claude Casadesus, créait en son fief Un été Malmené, concerto pour trio de jazz et orchestre symphonique composé par Andy Emler. Il l’a repris le lendemain à Liège, puis à nouveau le 30 juin à Lille, et votre serviteur assistait à cette dernière représentation.

 

Photo Ugo Ponte Orchestre National de Lille

Photo Ugo Ponte, Orchestre National de Lille


Andy Emler (piano), Claude Tchamitchian (contrebasse), Éric Échampard (batterie), Orchestre National de Lille, violon solo Fernad Iaciu, direction Jean-Caude Casadesus. Lille, Le Nouveau Siècle, 30 juin 2015.

 

Un été malmené c’est, selon l’explication donnée par Andy Emler lors de la rencontre qui précédait d’une heure le concert, le trio E.T.E. (Emler – Tchamitchian – Échampard) malmené par le défi que représente sa confrontation à l’orchestre symphonique. La genèse de l’ œuvre repose sur un malentendu avec la WDR, la radio publique allemande de Cologne, en 2013 : Andy croyait son projet symphonique accepté mais la WDR lui commandait en fait une nouvelle œuvre pour son MegaOctet : 3 Total. Elle fut créée au festival de Gütersloh en février 2014. On peut encore en réécouter un extrait sur le site de France Musique dans l’ultime émission « Le bleu, la nuit…. » du 28 juin 2014, en suivant ce lien : http://www.francemusique.fr/emissions/le-bleu-la-nuit/2013-2014/le-big-band-du-trompettiste-jean-loup-longnon-radio-france-le-megaoctet-du-pianiste-et


Le pianiste et compositeur fut ensuite en pourparler avec l’orchestre Philharmonique de Radio France, sans que cela puisse aboutir. Et c’est Jean-Claude Casadesus qui finalement proposa d’inscrire cette création à son répertoire pour la fin de sa saison 2014-2015.

 

Contrairement à l’usage (qui n’est qu’une habitude) la pièce contemporaine n’était pas en début de programme : elle était précédée par un « inoxydable » du grande répertoire : le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op.35, de Tchaïkovski, avec une brillante jeune soliste de l’école russe, Alena Baeva.

 

Le soliste du concerto Un été malmené ce n’est pas Andy Emler, mais le trio en tant qu’unité insécable, même si à l’occasion d’un court solo chaque membre peut faire cavalier seul. Et d’ailleurs, plus qu’un concerto pour trio et orchestre, c’est un concerto pour orchestre, car au fil du temps chaque pupitre, ou chaque soliste, se voit confier le premier rôle, parfois en forme de dialogue avec d’autres. C’est la force, et le talent, d’Andy Emler, que de savoir impliquer chaque musicien d’un groupe ou d’un orchestre, quelle que soit sa taille, jusqu’à une forme de jubilation. Cela fait quelques lustres que j’écoute Andy dans toutes les configurations possibles (en 2007 par exemple, avec la rencontre du MegaOctet et des Percussions de Strasbourg), et chaque fois, même si la musique est difficile, pleine d’embûches, de fantaisie et de surprises, les musiciens jubilent ! La dimension privilégiée, c’est celle du jeu. Le compositeur rappelait ainsi lors de la rencontre liminaire avec le public que, comme l’enfant, le musicien joue. Et ce jouage intense propre au groupe de jazz, Andy a su le communiquer à tous les membres de l’Orchestre National de Lille ; tous les pupitres sont invités à la fête, et l’effervescence qui s’ensuit se transmet évidemment au public, conquis par l’intensité de l’échange. L’un des temps forts de cette communication soliste-orchestre et scène-salle fut un solo du tubiste François Thuillier : partenaire fidèle d’Andy Emler dans bien des projets (dont le tout récent CD « Tubafest », avec quatuor à cordes, La Buissonne/Harmonia Mundi), il remplaçait pour cette œuvre au sein de l’orchestre le tuba solo, Hervé Brisse, lequel avait été son professeur au conservatoire.

 

Le langage, c’est celui du premier vingtième siècle : Stravinski, la force obstinée de ses rythmes, et ses contrastes violents, dans des accords harmoniquement sous tension ; Bartók, par l’effraction soudaine des percussions (quatre percussionnistes pour cette œuvre), et quelques lignes de cordes aux intervalles distendus ; Ravel, dans des éclats d’orchestration, et aussi au détour d’une cadence de piano ; ou encore dans un dialogue avec le violon solo ; Debussy, quand surgit du piano une envolée de gammes par tons ; et plus loin le fantôme de Gustav Mahler, avec des harmonies tendues dans les pupitres de cordes…. Dans son dialogue avec le public, Andy Emler avait insisté sur le fait qu’il ne proposait pas une œuvre d’avant-garde, mais une musique faite pour concilier (et réconcilier ?) l’univers du jazz (qui est le sien) e
t celui de la musique classique (dans lequel il fut formé) : belle réussite, assurément !

Xavier Prévost

 

Le concert a été capté en vidéo. Il sera diffusé  les samedi 11 et dimanche 12 juillet à midi ET à 19h sur la chaîne de télévision locale « Grand Lille TV ».

Pour ceux qui ne résident pas dans la métropole Lilloise, on le trouve sur Youtube en deux parties :

https://www.youtube.com/watch?v=QEZz9uqqqeQ


https://www.youtube.com/watch?v=benhSUjOCxQ



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Le 26 juin l’Orchestre National de Lille, dirigé par Jean-Claude Casadesus, créait en son fief Un été Malmené, concerto pour trio de jazz et orchestre symphonique composé par Andy Emler. Il l’a repris le lendemain à Liège, puis à nouveau le 30 juin à Lille, et votre serviteur assistait à cette dernière représentation.

 

Photo Ugo Ponte Orchestre National de Lille

Photo Ugo Ponte, Orchestre National de Lille


Andy Emler (piano), Claude Tchamitchian (contrebasse), Éric Échampard (batterie), Orchestre National de Lille, violon solo Fernad Iaciu, direction Jean-Caude Casadesus. Lille, Le Nouveau Siècle, 30 juin 2015.

 

Un été malmené c’est, selon l’explication donnée par Andy Emler lors de la rencontre qui précédait d’une heure le concert, le trio E.T.E. (Emler – Tchamitchian – Échampard) malmené par le défi que représente sa confrontation à l’orchestre symphonique. La genèse de l’ œuvre repose sur un malentendu avec la WDR, la radio publique allemande de Cologne, en 2013 : Andy croyait son projet symphonique accepté mais la WDR lui commandait en fait une nouvelle œuvre pour son MegaOctet : 3 Total. Elle fut créée au festival de Gütersloh en février 2014. On peut encore en réécouter un extrait sur le site de France Musique dans l’ultime émission « Le bleu, la nuit…. » du 28 juin 2014, en suivant ce lien : http://www.francemusique.fr/emissions/le-bleu-la-nuit/2013-2014/le-big-band-du-trompettiste-jean-loup-longnon-radio-france-le-megaoctet-du-pianiste-et


Le pianiste et compositeur fut ensuite en pourparler avec l’orchestre Philharmonique de Radio France, sans que cela puisse aboutir. Et c’est Jean-Claude Casadesus qui finalement proposa d’inscrire cette création à son répertoire pour la fin de sa saison 2014-2015.

 

Contrairement à l’usage (qui n’est qu’une habitude) la pièce contemporaine n’était pas en début de programme : elle était précédée par un « inoxydable » du grande répertoire : le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op.35, de Tchaïkovski, avec une brillante jeune soliste de l’école russe, Alena Baeva.

 

Le soliste du concerto Un été malmené ce n’est pas Andy Emler, mais le trio en tant qu’unité insécable, même si à l’occasion d’un court solo chaque membre peut faire cavalier seul. Et d’ailleurs, plus qu’un concerto pour trio et orchestre, c’est un concerto pour orchestre, car au fil du temps chaque pupitre, ou chaque soliste, se voit confier le premier rôle, parfois en forme de dialogue avec d’autres. C’est la force, et le talent, d’Andy Emler, que de savoir impliquer chaque musicien d’un groupe ou d’un orchestre, quelle que soit sa taille, jusqu’à une forme de jubilation. Cela fait quelques lustres que j’écoute Andy dans toutes les configurations possibles (en 2007 par exemple, avec la rencontre du MegaOctet et des Percussions de Strasbourg), et chaque fois, même si la musique est difficile, pleine d’embûches, de fantaisie et de surprises, les musiciens jubilent ! La dimension privilégiée, c’est celle du jeu. Le compositeur rappelait ainsi lors de la rencontre liminaire avec le public que, comme l’enfant, le musicien joue. Et ce jouage intense propre au groupe de jazz, Andy a su le communiquer à tous les membres de l’Orchestre National de Lille ; tous les pupitres sont invités à la fête, et l’effervescence qui s’ensuit se transmet évidemment au public, conquis par l’intensité de l’échange. L’un des temps forts de cette communication soliste-orchestre et scène-salle fut un solo du tubiste François Thuillier : partenaire fidèle d’Andy Emler dans bien des projets (dont le tout récent CD « Tubafest », avec quatuor à cordes, La Buissonne/Harmonia Mundi), il remplaçait pour cette œuvre au sein de l’orchestre le tuba solo, Hervé Brisse, lequel avait été son professeur au conservatoire.

 

Le langage, c’est celui du premier vingtième siècle : Stravinski, la force obstinée de ses rythmes, et ses contrastes violents, dans des accords harmoniquement sous tension ; Bartók, par l’effraction soudaine des percussions (quatre percussionnistes pour cette œuvre), et quelques lignes de cordes aux intervalles distendus ; Ravel, dans des éclats d’orchestration, et aussi au détour d’une cadence de piano ; ou encore dans un dialogue avec le violon solo ; Debussy, quand surgit du piano une envolée de gammes par tons ; et plus loin le fantôme de Gustav Mahler, avec des harmonies tendues dans les pupitres de cordes…. Dans son dialogue avec le public, Andy Emler avait insisté sur le fait qu’il ne proposait pas une œuvre d’avant-garde, mais une musique faite pour concilier (et réconcilier ?) l’univers du jazz (qui est le sien) e
t celui de la musique classique (dans lequel il fut formé) : belle réussite, assurément !

Xavier Prévost

 

Le concert a été capté en vidéo. Il sera diffusé  les samedi 11 et dimanche 12 juillet à midi ET à 19h sur la chaîne de télévision locale « Grand Lille TV ».

Pour ceux qui ne résident pas dans la métropole Lilloise, on le trouve sur Youtube en deux parties :

https://www.youtube.com/watch?v=QEZz9uqqqeQ


https://www.youtube.com/watch?v=benhSUjOCxQ



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Le 26 juin l’Orchestre National de Lille, dirigé par Jean-Claude Casadesus, créait en son fief Un été Malmené, concerto pour trio de jazz et orchestre symphonique composé par Andy Emler. Il l’a repris le lendemain à Liège, puis à nouveau le 30 juin à Lille, et votre serviteur assistait à cette dernière représentation.

 

Photo Ugo Ponte Orchestre National de Lille

Photo Ugo Ponte, Orchestre National de Lille


Andy Emler (piano), Claude Tchamitchian (contrebasse), Éric Échampard (batterie), Orchestre National de Lille, violon solo Fernad Iaciu, direction Jean-Caude Casadesus. Lille, Le Nouveau Siècle, 30 juin 2015.

 

Un été malmené c’est, selon l’explication donnée par Andy Emler lors de la rencontre qui précédait d’une heure le concert, le trio E.T.E. (Emler – Tchamitchian – Échampard) malmené par le défi que représente sa confrontation à l’orchestre symphonique. La genèse de l’ œuvre repose sur un malentendu avec la WDR, la radio publique allemande de Cologne, en 2013 : Andy croyait son projet symphonique accepté mais la WDR lui commandait en fait une nouvelle œuvre pour son MegaOctet : 3 Total. Elle fut créée au festival de Gütersloh en février 2014. On peut encore en réécouter un extrait sur le site de France Musique dans l’ultime émission « Le bleu, la nuit…. » du 28 juin 2014, en suivant ce lien : http://www.francemusique.fr/emissions/le-bleu-la-nuit/2013-2014/le-big-band-du-trompettiste-jean-loup-longnon-radio-france-le-megaoctet-du-pianiste-et


Le pianiste et compositeur fut ensuite en pourparler avec l’orchestre Philharmonique de Radio France, sans que cela puisse aboutir. Et c’est Jean-Claude Casadesus qui finalement proposa d’inscrire cette création à son répertoire pour la fin de sa saison 2014-2015.

 

Contrairement à l’usage (qui n’est qu’une habitude) la pièce contemporaine n’était pas en début de programme : elle était précédée par un « inoxydable » du grande répertoire : le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op.35, de Tchaïkovski, avec une brillante jeune soliste de l’école russe, Alena Baeva.

 

Le soliste du concerto Un été malmené ce n’est pas Andy Emler, mais le trio en tant qu’unité insécable, même si à l’occasion d’un court solo chaque membre peut faire cavalier seul. Et d’ailleurs, plus qu’un concerto pour trio et orchestre, c’est un concerto pour orchestre, car au fil du temps chaque pupitre, ou chaque soliste, se voit confier le premier rôle, parfois en forme de dialogue avec d’autres. C’est la force, et le talent, d’Andy Emler, que de savoir impliquer chaque musicien d’un groupe ou d’un orchestre, quelle que soit sa taille, jusqu’à une forme de jubilation. Cela fait quelques lustres que j’écoute Andy dans toutes les configurations possibles (en 2007 par exemple, avec la rencontre du MegaOctet et des Percussions de Strasbourg), et chaque fois, même si la musique est difficile, pleine d’embûches, de fantaisie et de surprises, les musiciens jubilent ! La dimension privilégiée, c’est celle du jeu. Le compositeur rappelait ainsi lors de la rencontre liminaire avec le public que, comme l’enfant, le musicien joue. Et ce jouage intense propre au groupe de jazz, Andy a su le communiquer à tous les membres de l’Orchestre National de Lille ; tous les pupitres sont invités à la fête, et l’effervescence qui s’ensuit se transmet évidemment au public, conquis par l’intensité de l’échange. L’un des temps forts de cette communication soliste-orchestre et scène-salle fut un solo du tubiste François Thuillier : partenaire fidèle d’Andy Emler dans bien des projets (dont le tout récent CD « Tubafest », avec quatuor à cordes, La Buissonne/Harmonia Mundi), il remplaçait pour cette œuvre au sein de l’orchestre le tuba solo, Hervé Brisse, lequel avait été son professeur au conservatoire.

 

Le langage, c’est celui du premier vingtième siècle : Stravinski, la force obstinée de ses rythmes, et ses contrastes violents, dans des accords harmoniquement sous tension ; Bartók, par l’effraction soudaine des percussions (quatre percussionnistes pour cette œuvre), et quelques lignes de cordes aux intervalles distendus ; Ravel, dans des éclats d’orchestration, et aussi au détour d’une cadence de piano ; ou encore dans un dialogue avec le violon solo ; Debussy, quand surgit du piano une envolée de gammes par tons ; et plus loin le fantôme de Gustav Mahler, avec des harmonies tendues dans les pupitres de cordes…. Dans son dialogue avec le public, Andy Emler avait insisté sur le fait qu’il ne proposait pas une œuvre d’avant-garde, mais une musique faite pour concilier (et réconcilier ?) l’univers du jazz (qui est le sien) e
t celui de la musique classique (dans lequel il fut formé) : belle réussite, assurément !

Xavier Prévost

 

Le concert a été capté en vidéo. Il sera diffusé  les samedi 11 et dimanche 12 juillet à midi ET à 19h sur la chaîne de télévision locale « Grand Lille TV ».

Pour ceux qui ne résident pas dans la métropole Lilloise, on le trouve sur Youtube en deux parties :

https://www.youtube.com/watch?v=QEZz9uqqqeQ


https://www.youtube.com/watch?v=benhSUjOCxQ



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Le 26 juin l’Orchestre National de Lille, dirigé par Jean-Claude Casadesus, créait en son fief Un été Malmené, concerto pour trio de jazz et orchestre symphonique composé par Andy Emler. Il l’a repris le lendemain à Liège, puis à nouveau le 30 juin à Lille, et votre serviteur assistait à cette dernière représentation.

 

Photo Ugo Ponte Orchestre National de Lille

Photo Ugo Ponte, Orchestre National de Lille


Andy Emler (piano), Claude Tchamitchian (contrebasse), Éric Échampard (batterie), Orchestre National de Lille, violon solo Fernad Iaciu, direction Jean-Caude Casadesus. Lille, Le Nouveau Siècle, 30 juin 2015.

 

Un été malmené c’est, selon l’explication donnée par Andy Emler lors de la rencontre qui précédait d’une heure le concert, le trio E.T.E. (Emler – Tchamitchian – Échampard) malmené par le défi que représente sa confrontation à l’orchestre symphonique. La genèse de l’ œuvre repose sur un malentendu avec la WDR, la radio publique allemande de Cologne, en 2013 : Andy croyait son projet symphonique accepté mais la WDR lui commandait en fait une nouvelle œuvre pour son MegaOctet : 3 Total. Elle fut créée au festival de Gütersloh en février 2014. On peut encore en réécouter un extrait sur le site de France Musique dans l’ultime émission « Le bleu, la nuit…. » du 28 juin 2014, en suivant ce lien : http://www.francemusique.fr/emissions/le-bleu-la-nuit/2013-2014/le-big-band-du-trompettiste-jean-loup-longnon-radio-france-le-megaoctet-du-pianiste-et


Le pianiste et compositeur fut ensuite en pourparler avec l’orchestre Philharmonique de Radio France, sans que cela puisse aboutir. Et c’est Jean-Claude Casadesus qui finalement proposa d’inscrire cette création à son répertoire pour la fin de sa saison 2014-2015.

 

Contrairement à l’usage (qui n’est qu’une habitude) la pièce contemporaine n’était pas en début de programme : elle était précédée par un « inoxydable » du grande répertoire : le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op.35, de Tchaïkovski, avec une brillante jeune soliste de l’école russe, Alena Baeva.

 

Le soliste du concerto Un été malmené ce n’est pas Andy Emler, mais le trio en tant qu’unité insécable, même si à l’occasion d’un court solo chaque membre peut faire cavalier seul. Et d’ailleurs, plus qu’un concerto pour trio et orchestre, c’est un concerto pour orchestre, car au fil du temps chaque pupitre, ou chaque soliste, se voit confier le premier rôle, parfois en forme de dialogue avec d’autres. C’est la force, et le talent, d’Andy Emler, que de savoir impliquer chaque musicien d’un groupe ou d’un orchestre, quelle que soit sa taille, jusqu’à une forme de jubilation. Cela fait quelques lustres que j’écoute Andy dans toutes les configurations possibles (en 2007 par exemple, avec la rencontre du MegaOctet et des Percussions de Strasbourg), et chaque fois, même si la musique est difficile, pleine d’embûches, de fantaisie et de surprises, les musiciens jubilent ! La dimension privilégiée, c’est celle du jeu. Le compositeur rappelait ainsi lors de la rencontre liminaire avec le public que, comme l’enfant, le musicien joue. Et ce jouage intense propre au groupe de jazz, Andy a su le communiquer à tous les membres de l’Orchestre National de Lille ; tous les pupitres sont invités à la fête, et l’effervescence qui s’ensuit se transmet évidemment au public, conquis par l’intensité de l’échange. L’un des temps forts de cette communication soliste-orchestre et scène-salle fut un solo du tubiste François Thuillier : partenaire fidèle d’Andy Emler dans bien des projets (dont le tout récent CD « Tubafest », avec quatuor à cordes, La Buissonne/Harmonia Mundi), il remplaçait pour cette œuvre au sein de l’orchestre le tuba solo, Hervé Brisse, lequel avait été son professeur au conservatoire.

 

Le langage, c’est celui du premier vingtième siècle : Stravinski, la force obstinée de ses rythmes, et ses contrastes violents, dans des accords harmoniquement sous tension ; Bartók, par l’effraction soudaine des percussions (quatre percussionnistes pour cette œuvre), et quelques lignes de cordes aux intervalles distendus ; Ravel, dans des éclats d’orchestration, et aussi au détour d’une cadence de piano ; ou encore dans un dialogue avec le violon solo ; Debussy, quand surgit du piano une envolée de gammes par tons ; et plus loin le fantôme de Gustav Mahler, avec des harmonies tendues dans les pupitres de cordes…. Dans son dialogue avec le public, Andy Emler avait insisté sur le fait qu’il ne proposait pas une œuvre d’avant-garde, mais une musique faite pour concilier (et réconcilier ?) l’univers du jazz (qui est le sien) e
t celui de la musique classique (dans lequel il fut formé) : belle réussite, assurément !

Xavier Prévost

 

Le concert a été capté en vidéo. Il sera diffusé  les samedi 11 et dimanche 12 juillet à midi ET à 19h sur la chaîne de télévision locale « Grand Lille TV ».

Pour ceux qui ne résident pas dans la métropole Lilloise, on le trouve sur Youtube en deux parties :

https://www.youtube.com/watch?v=QEZz9uqqqeQ


https://www.youtube.com/watch?v=benhSUjOCxQ