Jazz live
Publié le 20 Avr 2017

Et vous, c'est "jazz" ou bien "jazz" ? Il va falloir décider… À Orléans, de "Post K" à Akosh S. on vous guide. Avec aussi Anne Paceo, alors…

C’est quand même une bien bonne idée, de titrer un festival de jazz, « Jazz Or Jazz », et sans point d’interrogation en plus. Ça ouvre, comme on dit, ça ouvre les têtes et les esprits, ça ouvre les coeurs, ça allège les choses. De toutes façons vous n’avez pas le choix, si vous choisissez un concert ça sera « jazz », et si vous choisissez l’autre ça sera « jazz » aussi. En plus ça attire du monde. Et comme Dianne Reeves laisse jouer Anne Paceo Circles en première partie, ce monde est drôlement content de découvrir ces jeunes talents, et notre Leïla Martial par exemple, dont nous n’avons cessé de vanter les qualités, l’urgence, le sens de la prise de risque, la diversité des projets. On m’a parlé d’un récital Ravel, à Toulouse, qui aurait fait chavirer les plus moustachus. Mais d’abord, « Post K ».

Post K : Jean Dousteyssier clarinettes, Benjamin Dousteyssier saxophone alto et contrebasse, Matthieu Naulleau piano, Elie Duris batterie

C’est encore tout frais, tout timide, ils osent à peine se présenter, dire qu’ils vont jouer un répertoire, certes, celui de la « Nouvelle Orleans » sans accent sur le « e », mais en le triturant un peu, comme si un cyclone était passé sur tout ça. D’où le titre, « post K », après Katrina. Heureusement, comme le souligne Stéphane Kochoyan dans sa présentation, ceux qui ont choisi ce concert savent de quoi il retourne. Et c’est parti pour une heure de virtuosité, digne de rivaliser avec celle de la section de saxophones de Jimmie Lunceford, mais qui s’accorderait dans son cheminement le droit de s’arrêter, de respirer, d’interroger le thème, l’harmonie, et même parfois le silence. Qui prendrait les voies de traverse qui ont conduit le « stride » à Cecil Taylor, le soprano de Steve Lacy à ses débuts à Thelonious Monk, la batterie de Baby Dodds à Jim Black et passant par Gene Krupa. Le plus fort, c’est que dans ce répertoire (Fats Waller, Art Tatum) Honeysuckle Rose par exemple, ou cet Humoresque dans lequel ils ont atteint un niveau de complicité perceptible, il faut changer de position d’énonciation sans cesse, tout en s’accordant les uns avec les autres. Le thème est suggéré, cassé, oublié, suspendu, retrouvé pour dix secondes, enfermé sur lui-même, brisé, puis enfin lâché à toute volée. C’est à la fois éblouissant et tourneboulant. On finirait par en rire, mais on n’a pas le temps, déjà la musique glisse et vous reprend. C’est « jazz », à fond de cale (voyage Afrique/Amérique), et sur la dunette le capitaine confond longue-vue et clarinette. Réjouissez-vous, le jazz est en route.

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Avec le concert/cinéma d’Akosh S. on est dans un autre jazz. Car vous avez compris que la chose est plurielle. Cinquante ans qu’on le répète. Et avec ça « vif », comme disait Moussaron.

Élégia – Hommage à Zoltàn Huszàrik : Akosh S. saxophone ténor, soprano, clarinette en métal, Gabriel Lemaire saxophone alto, baryton, clarinettes, Valentin Ceccaldi violoncelle, Màtyàs Szandai contrebasse, Etienne Ziemniak batterie.

En quelque sorte deux concerts en un seul : d’abord de longues et belles alternances de « climax » et de pauses méditatives, avec de larges temps d’improvisation et quelques unissons bien préparés. Ensuite le silence, les images, le film. Fortes séquences, chevaux en liberté, en captivité, chevaux de course, de trait, de guerre, de cirque. Chevaux assassinés, tués, abattus. Passages d’oiseaux, écritures pelliculaires. Silence absolu. Et puis retour de la musique, lentement. Akosh S. a voulu, composé, arrangé tout ça et ce n’est pas la première fois qu’il le joue. Valentin Ceccaldi aura été de l’aventure, à ce qu’on m’a dit. Gabriel Lemaire est à son affaire dans cette histoire. Quant à Etienne Ziemniak il tient l’ensemble pour que ça roule, que ça tienne, que ça éclate, et que les retombées soient presque douces. On apprécie à sa juste place ce contrebassiste du pays. Il ne nous ont pas ménagés, et pourtant si, ils nous ont laissé une place, la nôtre, voir, écouter, avoir peur parfois, se détourner presque. Puis non. On y est, on y reste.

Valentin Ceccaldi

Orléans, « Jazz Or Jazz », Philippe Méziat|C’est quand même une bien bonne idée, de titrer un festival de jazz, « Jazz Or Jazz », et sans point d’interrogation en plus. Ça ouvre, comme on dit, ça ouvre les têtes et les esprits, ça ouvre les coeurs, ça allège les choses. De toutes façons vous n’avez pas le choix, si vous choisissez un concert ça sera « jazz », et si vous choisissez l’autre ça sera « jazz » aussi. En plus ça attire du monde. Et comme Dianne Reeves laisse jouer Anne Paceo Circles en première partie, ce monde est drôlement content de découvrir ces jeunes talents, et notre Leïla Martial par exemple, dont nous n’avons cessé de vanter les qualités, l’urgence, le sens de la prise de risque, la diversité des projets. On m’a parlé d’un récital Ravel, à Toulouse, qui aurait fait chavirer les plus moustachus. Mais d’abord, « Post K ».

Post K : Jean Dousteyssier clarinettes, Benjamin Dousteyssier saxophone alto et contrebasse, Matthieu Naulleau piano, Elie Duris batterie

C’est encore tout frais, tout timide, ils osent à peine se présenter, dire qu’ils vont jouer un répertoire, certes, celui de la « Nouvelle Orleans » sans accent sur le « e », mais en le triturant un peu, comme si un cyclone était passé sur tout ça. D’où le titre, « post K », après Katrina. Heureusement, comme le souligne Stéphane Kochoyan dans sa présentation, ceux qui ont choisi ce concert savent de quoi il retourne. Et c’est parti pour une heure de virtuosité, digne de rivaliser avec celle de la section de saxophones de Jimmie Lunceford, mais qui s’accorderait dans son cheminement le droit de s’arrêter, de respirer, d’interroger le thème, l’harmonie, et même parfois le silence. Qui prendrait les voies de traverse qui ont conduit le « stride » à Cecil Taylor, le soprano de Steve Lacy à ses débuts à Thelonious Monk, la batterie de Baby Dodds à Jim Black et passant par Gene Krupa. Le plus fort, c’est que dans ce répertoire (Fats Waller, Art Tatum) Honeysuckle Rose par exemple, ou cet Humoresque dans lequel ils ont atteint un niveau de complicité perceptible, il faut changer de position d’énonciation sans cesse, tout en s’accordant les uns avec les autres. Le thème est suggéré, cassé, oublié, suspendu, retrouvé pour dix secondes, enfermé sur lui-même, brisé, puis enfin lâché à toute volée. C’est à la fois éblouissant et tourneboulant. On finirait par en rire, mais on n’a pas le temps, déjà la musique glisse et vous reprend. C’est « jazz », à fond de cale (voyage Afrique/Amérique), et sur la dunette le capitaine confond longue-vue et clarinette. Réjouissez-vous, le jazz est en route.

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Avec le concert/cinéma d’Akosh S. on est dans un autre jazz. Car vous avez compris que la chose est plurielle. Cinquante ans qu’on le répète. Et avec ça « vif », comme disait Moussaron.

Élégia – Hommage à Zoltàn Huszàrik : Akosh S. saxophone ténor, soprano, clarinette en métal, Gabriel Lemaire saxophone alto, baryton, clarinettes, Valentin Ceccaldi violoncelle, Màtyàs Szandai contrebasse, Etienne Ziemniak batterie.

En quelque sorte deux concerts en un seul : d’abord de longues et belles alternances de « climax » et de pauses méditatives, avec de larges temps d’improvisation et quelques unissons bien préparés. Ensuite le silence, les images, le film. Fortes séquences, chevaux en liberté, en captivité, chevaux de course, de trait, de guerre, de cirque. Chevaux assassinés, tués, abattus. Passages d’oiseaux, écritures pelliculaires. Silence absolu. Et puis retour de la musique, lentement. Akosh S. a voulu, composé, arrangé tout ça et ce n’est pas la première fois qu’il le joue. Valentin Ceccaldi aura été de l’aventure, à ce qu’on m’a dit. Gabriel Lemaire est à son affaire dans cette histoire. Quant à Etienne Ziemniak il tient l’ensemble pour que ça roule, que ça tienne, que ça éclate, et que les retombées soient presque douces. On apprécie à sa juste place ce contrebassiste du pays. Il ne nous ont pas ménagés, et pourtant si, ils nous ont laissé une place, la nôtre, voir, écouter, avoir peur parfois, se détourner presque. Puis non. On y est, on y reste.

Valentin Ceccaldi

Orléans, « Jazz Or Jazz », Philippe Méziat