Jazz live
Publié le 6 Mai 2012

Double trio Delbecq/Hersch : une réussite !

Le double trio de Benoît Delbecq et Fred Hersch est une grande réussite. A La Dynamo, les deux pianistes ont démontré qu’une telle formation – très rare dans l’histoire du jazz semble-t-il – pouvait aboutir à des résultats somptueux. Cela, notamment, parce que Fred Hersch a su parfaitement se glisser dans le monde si singulier de Benoît Delbecq (qui a composé l’ensemble des pièces). Et comme ce sont des artistes intègres, ils avaient préparé ce répertoire avec le plus grand sérieux. Leur implication fut donc totale.

 

Fun House – Fred Hersch / Benoît Delbecq double trio
Samedi 06 mai 2012, La Dynamo, Pantin (93)
Fred Hersch, Benoît Delbecq (p), Mark Helias, Jean-Jacques Avenel (cb), Gerry Hemingway (dm, perc), Steve Argüelles (dm, electronics)

 

La musique de la première partie du concert fut assez homogène de climat : tout en demi-teinte, par moment assez pointilliste, la plupart du temps intimiste jusqu’à un certain onirisme. Bien difficile d’expliquer comment cette musique fonctionne. Aidé du regard, on pouvait comprendre certains passages : les musiciens semblaient puiser dans un réservoir de notes ou de phrases ; à d’autres moments les parties étaient strictement écrites mais interprétées en hétérophonie ; ailleurs encore il y avait un jeu de contrepoint subtilement improvisé, etc. Quoiqu’il en soit, sans pouvoir réellement percer le mystère (et en un sens, tant mieux !), les compositions de Benoît Delbecq étaient à l’évidence tirées au cordeau.

 

Après plusieurs compositions de cet acabit (Ronchamp, Rayon vert, Strange Loop, Two Lakes) qui permirent au public d’entrer progressivement mais sûrement dans ce monde sonore bien particulier, le concert prit un virage avec Night for Day. Pour la première fois, une pulsation était plus clairement affirmée, cela pour mieux la bousculer, la déconstruire, la malaxer, ce que les batteurs firent avec brio, Gerry Hemingway se montrant le plus incisif des deux. Parallèlement, les trios se faisaient et se défaisaient, chaque musicien décidant de s’associer pour un temps avec tels autres. Après cette seule véritable explosion du concert, la pièce suivante – Fun House – revint en des territoires plus impressionnistes (du moins était-ce la sensation ressentie par les non-initiés).

 

Auparavant, Benoît Delbecq avait en quelque sorte donné dans sa présentation la clé esthétique de son projet. Celui d’un jeu de miroirs. Alors, l’intention musicale devint claire, et la cohérence du travail à long terme de Delbecq évidente. En effet, l’effet de « reflet déformant » est une dimension centrale dans sa réflexion esthétique. Sa longue collaboration avec les effets électroniques de Steve Argüelles en est une démonstration suffisamment patente pour ne pas avoir à y revenir. Avec ce double trio, non seulement Delbecq ne s’est pas privé du travail d’Argüelles, mais d’une certaine manière il étend le principe à l’ensemble de cette double formation – en une pratique in vivo si l’on veut. Pour autant, cette fraîche compréhension eut peu d’effet sur le plaisir pris à l’audition de la dernière pièce du concert. Car l’impression de beauté qui s’imposa alors n’avait nul besoin d’explications. Il faut dire que le morceau débuta par un somptueux duo des contrebasses de Mark Helias et Jean-Jacques Avenel. Sans décrire dans le détail la suite de ce véritable moment de grâce, il suffira de témoigner du silence habité de l’auditoire pour saisir l’intensité du moment.

 

Et Fred Hersch dans tout cela ? Il fut vraiment étonnant de l’entendre dans ce contexte plus abstrait que ceux auxquels il a habitué ses fans. Pourtant, son lyrisme était bien palpable, mais plus disjoint, moins immédiatement évident. Dans le même temps, tout en s’adaptant impeccablement à l’esprit de la musique, il ne se reniait aucunement. On pouvait reconnaître sa pâte sonore, son sens harmonique exacerbé, et cette façon unique de dérouler une trame contrapuntique. L’osmose fut donc parfaite.

 

En bis, le pianiste américain et le compositeur français proposèrent une magnifique version de Mood Indigo. Tandis que Fred Hersch exposait le thème, Benoît Delbecq le commentait en ajoutant ici et là quelques touches harmoniques très heureusement inattendues. Un grand moment de musique créative. Après l’audition de ce concert, il ne fait aucun doute que l’enregistrement de ce double trio (les 8 et 9 mai prochain) sera un événement !

 

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Le double trio de Benoît Delbecq et Fred Hersch est une grande réussite. A La Dynamo, les deux pianistes ont démontré qu’une telle formation – très rare dans l’histoire du jazz semble-t-il – pouvait aboutir à des résultats somptueux. Cela, notamment, parce que Fred Hersch a su parfaitement se glisser dans le monde si singulier de Benoît Delbecq (qui a composé l’ensemble des pièces). Et comme ce sont des artistes intègres, ils avaient préparé ce répertoire avec le plus grand sérieux. Leur implication fut donc totale.

 

Fun House – Fred Hersch / Benoît Delbecq double trio
Samedi 06 mai 2012, La Dynamo, Pantin (93)
Fred Hersch, Benoît Delbecq (p), Mark Helias, Jean-Jacques Avenel (cb), Gerry Hemingway (dm, perc), Steve Argüelles (dm, electronics)

 

La musique de la première partie du concert fut assez homogène de climat : tout en demi-teinte, par moment assez pointilliste, la plupart du temps intimiste jusqu’à un certain onirisme. Bien difficile d’expliquer comment cette musique fonctionne. Aidé du regard, on pouvait comprendre certains passages : les musiciens semblaient puiser dans un réservoir de notes ou de phrases ; à d’autres moments les parties étaient strictement écrites mais interprétées en hétérophonie ; ailleurs encore il y avait un jeu de contrepoint subtilement improvisé, etc. Quoiqu’il en soit, sans pouvoir réellement percer le mystère (et en un sens, tant mieux !), les compositions de Benoît Delbecq étaient à l’évidence tirées au cordeau.

 

Après plusieurs compositions de cet acabit (Ronchamp, Rayon vert, Strange Loop, Two Lakes) qui permirent au public d’entrer progressivement mais sûrement dans ce monde sonore bien particulier, le concert prit un virage avec Night for Day. Pour la première fois, une pulsation était plus clairement affirmée, cela pour mieux la bousculer, la déconstruire, la malaxer, ce que les batteurs firent avec brio, Gerry Hemingway se montrant le plus incisif des deux. Parallèlement, les trios se faisaient et se défaisaient, chaque musicien décidant de s’associer pour un temps avec tels autres. Après cette seule véritable explosion du concert, la pièce suivante – Fun House – revint en des territoires plus impressionnistes (du moins était-ce la sensation ressentie par les non-initiés).

 

Auparavant, Benoît Delbecq avait en quelque sorte donné dans sa présentation la clé esthétique de son projet. Celui d’un jeu de miroirs. Alors, l’intention musicale devint claire, et la cohérence du travail à long terme de Delbecq évidente. En effet, l’effet de « reflet déformant » est une dimension centrale dans sa réflexion esthétique. Sa longue collaboration avec les effets électroniques de Steve Argüelles en est une démonstration suffisamment patente pour ne pas avoir à y revenir. Avec ce double trio, non seulement Delbecq ne s’est pas privé du travail d’Argüelles, mais d’une certaine manière il étend le principe à l’ensemble de cette double formation – en une pratique in vivo si l’on veut. Pour autant, cette fraîche compréhension eut peu d’effet sur le plaisir pris à l’audition de la dernière pièce du concert. Car l’impression de beauté qui s’imposa alors n’avait nul besoin d’explications. Il faut dire que le morceau débuta par un somptueux duo des contrebasses de Mark Helias et Jean-Jacques Avenel. Sans décrire dans le détail la suite de ce véritable moment de grâce, il suffira de témoigner du silence habité de l’auditoire pour saisir l’intensité du moment.

 

Et Fred Hersch dans tout cela ? Il fut vraiment étonnant de l’entendre dans ce contexte plus abstrait que ceux auxquels il a habitué ses fans. Pourtant, son lyrisme était bien palpable, mais plus disjoint, moins immédiatement évident. Dans le même temps, tout en s’adaptant impeccablement à l’esprit de la musique, il ne se reniait aucunement. On pouvait reconnaître sa pâte sonore, son sens harmonique exacerbé, et cette façon unique de dérouler une trame contrapuntique. L’osmose fut donc parfaite.

 

En bis, le pianiste américain et le compositeur français proposèrent une magnifique version de Mood Indigo. Tandis que Fred Hersch exposait le thème, Benoît Delbecq le commentait en ajoutant ici et là quelques touches harmoniques très heureusement inattendues. Un grand moment de musique créative. Après l’audition de ce concert, il ne fait aucun doute que l’enregistrement de ce double trio (les 8 et 9 mai prochain) sera un événement !

 

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Le double trio de Benoît Delbecq et Fred Hersch est une grande réussite. A La Dynamo, les deux pianistes ont démontré qu’une telle formation – très rare dans l’histoire du jazz semble-t-il – pouvait aboutir à des résultats somptueux. Cela, notamment, parce que Fred Hersch a su parfaitement se glisser dans le monde si singulier de Benoît Delbecq (qui a composé l’ensemble des pièces). Et comme ce sont des artistes intègres, ils avaient préparé ce répertoire avec le plus grand sérieux. Leur implication fut donc totale.

 

Fun House – Fred Hersch / Benoît Delbecq double trio
Samedi 06 mai 2012, La Dynamo, Pantin (93)
Fred Hersch, Benoît Delbecq (p), Mark Helias, Jean-Jacques Avenel (cb), Gerry Hemingway (dm, perc), Steve Argüelles (dm, electronics)

 

La musique de la première partie du concert fut assez homogène de climat : tout en demi-teinte, par moment assez pointilliste, la plupart du temps intimiste jusqu’à un certain onirisme. Bien difficile d’expliquer comment cette musique fonctionne. Aidé du regard, on pouvait comprendre certains passages : les musiciens semblaient puiser dans un réservoir de notes ou de phrases ; à d’autres moments les parties étaient strictement écrites mais interprétées en hétérophonie ; ailleurs encore il y avait un jeu de contrepoint subtilement improvisé, etc. Quoiqu’il en soit, sans pouvoir réellement percer le mystère (et en un sens, tant mieux !), les compositions de Benoît Delbecq étaient à l’évidence tirées au cordeau.

 

Après plusieurs compositions de cet acabit (Ronchamp, Rayon vert, Strange Loop, Two Lakes) qui permirent au public d’entrer progressivement mais sûrement dans ce monde sonore bien particulier, le concert prit un virage avec Night for Day. Pour la première fois, une pulsation était plus clairement affirmée, cela pour mieux la bousculer, la déconstruire, la malaxer, ce que les batteurs firent avec brio, Gerry Hemingway se montrant le plus incisif des deux. Parallèlement, les trios se faisaient et se défaisaient, chaque musicien décidant de s’associer pour un temps avec tels autres. Après cette seule véritable explosion du concert, la pièce suivante – Fun House – revint en des territoires plus impressionnistes (du moins était-ce la sensation ressentie par les non-initiés).

 

Auparavant, Benoît Delbecq avait en quelque sorte donné dans sa présentation la clé esthétique de son projet. Celui d’un jeu de miroirs. Alors, l’intention musicale devint claire, et la cohérence du travail à long terme de Delbecq évidente. En effet, l’effet de « reflet déformant » est une dimension centrale dans sa réflexion esthétique. Sa longue collaboration avec les effets électroniques de Steve Argüelles en est une démonstration suffisamment patente pour ne pas avoir à y revenir. Avec ce double trio, non seulement Delbecq ne s’est pas privé du travail d’Argüelles, mais d’une certaine manière il étend le principe à l’ensemble de cette double formation – en une pratique in vivo si l’on veut. Pour autant, cette fraîche compréhension eut peu d’effet sur le plaisir pris à l’audition de la dernière pièce du concert. Car l’impression de beauté qui s’imposa alors n’avait nul besoin d’explications. Il faut dire que le morceau débuta par un somptueux duo des contrebasses de Mark Helias et Jean-Jacques Avenel. Sans décrire dans le détail la suite de ce véritable moment de grâce, il suffira de témoigner du silence habité de l’auditoire pour saisir l’intensité du moment.

 

Et Fred Hersch dans tout cela ? Il fut vraiment étonnant de l’entendre dans ce contexte plus abstrait que ceux auxquels il a habitué ses fans. Pourtant, son lyrisme était bien palpable, mais plus disjoint, moins immédiatement évident. Dans le même temps, tout en s’adaptant impeccablement à l’esprit de la musique, il ne se reniait aucunement. On pouvait reconnaître sa pâte sonore, son sens harmonique exacerbé, et cette façon unique de dérouler une trame contrapuntique. L’osmose fut donc parfaite.

 

En bis, le pianiste américain et le compositeur français proposèrent une magnifique version de Mood Indigo. Tandis que Fred Hersch exposait le thème, Benoît Delbecq le commentait en ajoutant ici et là quelques touches harmoniques très heureusement inattendues. Un grand moment de musique créative. Après l’audition de ce concert, il ne fait aucun doute que l’enregistrement de ce double trio (les 8 et 9 mai prochain) sera un événement !

 

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Le double trio de Benoît Delbecq et Fred Hersch est une grande réussite. A La Dynamo, les deux pianistes ont démontré qu’une telle formation – très rare dans l’histoire du jazz semble-t-il – pouvait aboutir à des résultats somptueux. Cela, notamment, parce que Fred Hersch a su parfaitement se glisser dans le monde si singulier de Benoît Delbecq (qui a composé l’ensemble des pièces). Et comme ce sont des artistes intègres, ils avaient préparé ce répertoire avec le plus grand sérieux. Leur implication fut donc totale.

 

Fun House – Fred Hersch / Benoît Delbecq double trio
Samedi 06 mai 2012, La Dynamo, Pantin (93)
Fred Hersch, Benoît Delbecq (p), Mark Helias, Jean-Jacques Avenel (cb), Gerry Hemingway (dm, perc), Steve Argüelles (dm, electronics)

 

La musique de la première partie du concert fut assez homogène de climat : tout en demi-teinte, par moment assez pointilliste, la plupart du temps intimiste jusqu’à un certain onirisme. Bien difficile d’expliquer comment cette musique fonctionne. Aidé du regard, on pouvait comprendre certains passages : les musiciens semblaient puiser dans un réservoir de notes ou de phrases ; à d’autres moments les parties étaient strictement écrites mais interprétées en hétérophonie ; ailleurs encore il y avait un jeu de contrepoint subtilement improvisé, etc. Quoiqu’il en soit, sans pouvoir réellement percer le mystère (et en un sens, tant mieux !), les compositions de Benoît Delbecq étaient à l’évidence tirées au cordeau.

 

Après plusieurs compositions de cet acabit (Ronchamp, Rayon vert, Strange Loop, Two Lakes) qui permirent au public d’entrer progressivement mais sûrement dans ce monde sonore bien particulier, le concert prit un virage avec Night for Day. Pour la première fois, une pulsation était plus clairement affirmée, cela pour mieux la bousculer, la déconstruire, la malaxer, ce que les batteurs firent avec brio, Gerry Hemingway se montrant le plus incisif des deux. Parallèlement, les trios se faisaient et se défaisaient, chaque musicien décidant de s’associer pour un temps avec tels autres. Après cette seule véritable explosion du concert, la pièce suivante – Fun House – revint en des territoires plus impressionnistes (du moins était-ce la sensation ressentie par les non-initiés).

 

Auparavant, Benoît Delbecq avait en quelque sorte donné dans sa présentation la clé esthétique de son projet. Celui d’un jeu de miroirs. Alors, l’intention musicale devint claire, et la cohérence du travail à long terme de Delbecq évidente. En effet, l’effet de « reflet déformant » est une dimension centrale dans sa réflexion esthétique. Sa longue collaboration avec les effets électroniques de Steve Argüelles en est une démonstration suffisamment patente pour ne pas avoir à y revenir. Avec ce double trio, non seulement Delbecq ne s’est pas privé du travail d’Argüelles, mais d’une certaine manière il étend le principe à l’ensemble de cette double formation – en une pratique in vivo si l’on veut. Pour autant, cette fraîche compréhension eut peu d’effet sur le plaisir pris à l’audition de la dernière pièce du concert. Car l’impression de beauté qui s’imposa alors n’avait nul besoin d’explications. Il faut dire que le morceau débuta par un somptueux duo des contrebasses de Mark Helias et Jean-Jacques Avenel. Sans décrire dans le détail la suite de ce véritable moment de grâce, il suffira de témoigner du silence habité de l’auditoire pour saisir l’intensité du moment.

 

Et Fred Hersch dans tout cela ? Il fut vraiment étonnant de l’entendre dans ce contexte plus abstrait que ceux auxquels il a habitué ses fans. Pourtant, son lyrisme était bien palpable, mais plus disjoint, moins immédiatement évident. Dans le même temps, tout en s’adaptant impeccablement à l’esprit de la musique, il ne se reniait aucunement. On pouvait reconnaître sa pâte sonore, son sens harmonique exacerbé, et cette façon unique de dérouler une trame contrapuntique. L’osmose fut donc parfaite.

 

En bis, le pianiste américain et le compositeur français proposèrent une magnifique version de Mood Indigo. Tandis que Fred Hersch exposait le thème, Benoît Delbecq le commentait en ajoutant ici et là quelques touches harmoniques très heureusement inattendues. Un grand moment de musique créative. Après l’audition de ce concert, il ne fait aucun doute que l’enregistrement de ce double trio (les 8 et 9 mai prochain) sera un événement !