Au Centre Culturel de la Communauté française de Belgique, Philippe Catherine et Christian Escoudé / Film #5-1
Né en 1947 à Angoulême où sa famille avait fui l’invasion allemande de 1940, Christian Escoudé y avait grandi en milieu manouche, initié par son père à la musique de Django. Il en restera toujours quelque chose, un certain feeling, par-delà son adoption d’un jazz plus moderne sous l’étiquette duquel il apparut au devant de la scène français en 1976 au sein du sextette Confluence de Didier Levallet, ainsi qu’en duo avec le violoncelliste Jean-Charles Capon (“Les Quatre éléments”) ainsi qu’avec le pianiste Michel Graillier (“Libra”), autant de contributions qui suscitèrent mon enthousiasme dans Antirouille, mon “premier” journal, notamment dans le numéro 30 d’d’octobre 1978. À la Grande Parade du jazz de Nice de 1978, Escoudé tapait le bœuf avec Bill Evans ou John Lewis et, dès la rentrée, il dialoguait avec Charlie Haden sur “Gitane”. En 1979, il signait trois disques “Escoudé/Cullaz” avec le contrebassiste Alby Cullaz, “Gousti” avec Capon et “Return” avec Jacques Vidal et Aldo Romano. En 1980, ce fut l’apothéose : un duo avec John McLaughlin qui se produisit au cours du printemps jusqu’à Tokyo (où ils semblent même avoir été rejoints par Larry Coryell). La carrière de Christian Escoudé ne faisait que commencer.
Depuis René’s Theme qui mettait en scène en 1970 McLaughlin et Coryell sur l’album de ce dernier, “Spaces”, qui m’avait fait hurler de joie, les duos de guitares acoustiques s’étaient multipliés, surtout après la fameuse “Guitar’s Night” de 1975 au festival de Montreux où s’étaient succédés ou côtoyés Rory Gallagher, John Martyn, Philip Catherine, Larry Coryell et Steve Kahn pour une session acoustique. Ce que la guitare y gagna en vitesse d’exécution et succès public y perdit en musicalité et en qualité acoustique, avec des sonorisateurs n’ayant aucune idée de la façon de sonoriser une guitare acoustique (aujourd’hui, ça reste rare), les Ovation très discutables vulgarisant les systèmes électro-acoustiques longtemps assez médiocres ou mal utilisés.

Ayant été éduqué par des amis s’exprimant sur de vieux modèles Martin, Gibson et Guild, je n’y trouvais pas mon compte. Et si je n’ai gardé d’autre souvenir de ce duo Catherine-Escoudé que ce cliché retenu parmi quatre autres aussi médiocres, c’est que le cœur n’y était pas vraiment. Il y avait pourtant là une communauté d’héritage et feeling reinhardtien, quoique Philip ne soit pas d’origine manouche. Et l’on tenait là le premier noyau de ce qui allait faire fureur avec l’adjonction de Didier Lockwood. Le lendemain, au TEP, ce dernier serait l’hôte d’un hommage à Stéphane Grappelli avec ce dernier, Philip Catherine, Christian Escoudé, Henri Texier, plus Benoît Wideman, Francis Lockwood, Jean-Michel Kadjan, Jean-Paul Ceccarelli, Christian Vander… line up à vérifier. Six jours plus tard, le duo Marc Ducret et Malo Vallois que j’avais salué dans Jazz Hot dès le printemps 1980, était au programme pour trois jours au Centre Culturel Censier, mais où étais-je ? Peut-être parti flâner loin de Paris pour le week-end. Franck Bergerot