Jazz live
Publié le 2 Déc 2014

Marc Ducret au Triton : 1ère soirée

Marc Ducret est au Triton pour cinq soirs. Habituellement, on choisit le vieux répertoire pour se mettre en jambes. Eric Echampard, Bruno Chevillon et Ducret font le contraire. Hier soir mardi 2 décembre, comme demain mercredi 3, ils ont choisi d’explorer un nouveau répertoire, qui montre que le trio est resté un formidable fauve musical. Les “Oldies” du vieux répertoire, qu’ils n’ont pas joué depuis fort longtemps, ils les reprendront le jeudi 4. Puis les vendredi 5 et samedi 6, ils ouvriront leur trio à trois souffleurs invités, et pas des moindres, Christophe Monniot, Fabrice Martinez et Samuel Blaser.

 

Interlude pour faire patienter.

 

« L’œuvre comme création pure, et dont la fonction s’arrête à la genèse, est vouée au néant. Un seul amateur (éclairé) l’aurait sauvée. Un seul de ces messieurs au visage creusé par les enthousiasmes sans garantie, aux pieds aplatis par des stations innombrables, aux doigts usés par des catalogues à cinquante francs, qui regardent d’abord de loin, ensuite de près, et qui consultent du pouce, dans les cas particulièrement épineux, le relief de l’impasto. Car il n’est pas question ici de l’animal grotesque et méprisable dont le spectre hante les ateliers, mais bien de l’inoffensif loufoque qui court, comme d’autres au cinéma, dans les galeries, au musée et jusque dans les églises avec l’espoir – tenez vous bien – de jouir. Il ne veut pas s’instruire, le cochon, ni devenir meilleur. Il ne pense qu’à son plaisir.
C’est lui qui justifie l’existence de la peinture en tant que chose publique.

Je lui dédie les présents propos, si bien faits pour l’obnubiler davantage. »

Samuel Becket, La peinture de Van Velde ou le monde et le Pantalon, en français dans le recueil Disjecta, Miscellaneous Writings, and a Dramatic Fragment, Grove Press)

 

Connaissant Beckett, je vois autant d’humour qu’il y de rage intérieure chez ce tout juste quarantenaire. Et si j’adhère sa rage – voir mon antienne dans ses pages sur la place faite à la musique par le monde de la culture –, j’adhère aussi à son humour. Non pas seulement parce que j’ai souvent observé avec amusement ces amateurs éclairés qui arpentent les musées (signe des temps ? Il n’y voit que des hommes. Signe des temps ? J’y vois, contrairement au monde du jazz, surtout des femmes). Mais j’ai aussi souvent observé le petit monde de ces sévères jouisseurs de de la création musicale auquel j’appartiens (observé dont pas seulement à la lorgnette, mais donc dans un miroir), et je nous reconnais, non sans sourire, dans ce texte de Beckett. J’arpenterai à nouveau jeudi et vendredi le macadam, le visage creusé et les pieds aplatis, pour aller jouir de la musique de Marc Ducret au Triton, jeudi 4 et vendredi 5. Et je vous raconterai tout ça d’ici dimanche. FB

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Marc Ducret est au Triton pour cinq soirs. Habituellement, on choisit le vieux répertoire pour se mettre en jambes. Eric Echampard, Bruno Chevillon et Ducret font le contraire. Hier soir mardi 2 décembre, comme demain mercredi 3, ils ont choisi d’explorer un nouveau répertoire, qui montre que le trio est resté un formidable fauve musical. Les “Oldies” du vieux répertoire, qu’ils n’ont pas joué depuis fort longtemps, ils les reprendront le jeudi 4. Puis les vendredi 5 et samedi 6, ils ouvriront leur trio à trois souffleurs invités, et pas des moindres, Christophe Monniot, Fabrice Martinez et Samuel Blaser.

 

Interlude pour faire patienter.

 

« L’œuvre comme création pure, et dont la fonction s’arrête à la genèse, est vouée au néant. Un seul amateur (éclairé) l’aurait sauvée. Un seul de ces messieurs au visage creusé par les enthousiasmes sans garantie, aux pieds aplatis par des stations innombrables, aux doigts usés par des catalogues à cinquante francs, qui regardent d’abord de loin, ensuite de près, et qui consultent du pouce, dans les cas particulièrement épineux, le relief de l’impasto. Car il n’est pas question ici de l’animal grotesque et méprisable dont le spectre hante les ateliers, mais bien de l’inoffensif loufoque qui court, comme d’autres au cinéma, dans les galeries, au musée et jusque dans les églises avec l’espoir – tenez vous bien – de jouir. Il ne veut pas s’instruire, le cochon, ni devenir meilleur. Il ne pense qu’à son plaisir.
C’est lui qui justifie l’existence de la peinture en tant que chose publique.

Je lui dédie les présents propos, si bien faits pour l’obnubiler davantage. »

Samuel Becket, La peinture de Van Velde ou le monde et le Pantalon, en français dans le recueil Disjecta, Miscellaneous Writings, and a Dramatic Fragment, Grove Press)

 

Connaissant Beckett, je vois autant d’humour qu’il y de rage intérieure chez ce tout juste quarantenaire. Et si j’adhère sa rage – voir mon antienne dans ses pages sur la place faite à la musique par le monde de la culture –, j’adhère aussi à son humour. Non pas seulement parce que j’ai souvent observé avec amusement ces amateurs éclairés qui arpentent les musées (signe des temps ? Il n’y voit que des hommes. Signe des temps ? J’y vois, contrairement au monde du jazz, surtout des femmes). Mais j’ai aussi souvent observé le petit monde de ces sévères jouisseurs de de la création musicale auquel j’appartiens (observé dont pas seulement à la lorgnette, mais donc dans un miroir), et je nous reconnais, non sans sourire, dans ce texte de Beckett. J’arpenterai à nouveau jeudi et vendredi le macadam, le visage creusé et les pieds aplatis, pour aller jouir de la musique de Marc Ducret au Triton, jeudi 4 et vendredi 5. Et je vous raconterai tout ça d’ici dimanche. FB

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Marc Ducret est au Triton pour cinq soirs. Habituellement, on choisit le vieux répertoire pour se mettre en jambes. Eric Echampard, Bruno Chevillon et Ducret font le contraire. Hier soir mardi 2 décembre, comme demain mercredi 3, ils ont choisi d’explorer un nouveau répertoire, qui montre que le trio est resté un formidable fauve musical. Les “Oldies” du vieux répertoire, qu’ils n’ont pas joué depuis fort longtemps, ils les reprendront le jeudi 4. Puis les vendredi 5 et samedi 6, ils ouvriront leur trio à trois souffleurs invités, et pas des moindres, Christophe Monniot, Fabrice Martinez et Samuel Blaser.

 

Interlude pour faire patienter.

 

« L’œuvre comme création pure, et dont la fonction s’arrête à la genèse, est vouée au néant. Un seul amateur (éclairé) l’aurait sauvée. Un seul de ces messieurs au visage creusé par les enthousiasmes sans garantie, aux pieds aplatis par des stations innombrables, aux doigts usés par des catalogues à cinquante francs, qui regardent d’abord de loin, ensuite de près, et qui consultent du pouce, dans les cas particulièrement épineux, le relief de l’impasto. Car il n’est pas question ici de l’animal grotesque et méprisable dont le spectre hante les ateliers, mais bien de l’inoffensif loufoque qui court, comme d’autres au cinéma, dans les galeries, au musée et jusque dans les églises avec l’espoir – tenez vous bien – de jouir. Il ne veut pas s’instruire, le cochon, ni devenir meilleur. Il ne pense qu’à son plaisir.
C’est lui qui justifie l’existence de la peinture en tant que chose publique.

Je lui dédie les présents propos, si bien faits pour l’obnubiler davantage. »

Samuel Becket, La peinture de Van Velde ou le monde et le Pantalon, en français dans le recueil Disjecta, Miscellaneous Writings, and a Dramatic Fragment, Grove Press)

 

Connaissant Beckett, je vois autant d’humour qu’il y de rage intérieure chez ce tout juste quarantenaire. Et si j’adhère sa rage – voir mon antienne dans ses pages sur la place faite à la musique par le monde de la culture –, j’adhère aussi à son humour. Non pas seulement parce que j’ai souvent observé avec amusement ces amateurs éclairés qui arpentent les musées (signe des temps ? Il n’y voit que des hommes. Signe des temps ? J’y vois, contrairement au monde du jazz, surtout des femmes). Mais j’ai aussi souvent observé le petit monde de ces sévères jouisseurs de de la création musicale auquel j’appartiens (observé dont pas seulement à la lorgnette, mais donc dans un miroir), et je nous reconnais, non sans sourire, dans ce texte de Beckett. J’arpenterai à nouveau jeudi et vendredi le macadam, le visage creusé et les pieds aplatis, pour aller jouir de la musique de Marc Ducret au Triton, jeudi 4 et vendredi 5. Et je vous raconterai tout ça d’ici dimanche. FB

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Marc Ducret est au Triton pour cinq soirs. Habituellement, on choisit le vieux répertoire pour se mettre en jambes. Eric Echampard, Bruno Chevillon et Ducret font le contraire. Hier soir mardi 2 décembre, comme demain mercredi 3, ils ont choisi d’explorer un nouveau répertoire, qui montre que le trio est resté un formidable fauve musical. Les “Oldies” du vieux répertoire, qu’ils n’ont pas joué depuis fort longtemps, ils les reprendront le jeudi 4. Puis les vendredi 5 et samedi 6, ils ouvriront leur trio à trois souffleurs invités, et pas des moindres, Christophe Monniot, Fabrice Martinez et Samuel Blaser.

 

Interlude pour faire patienter.

 

« L’œuvre comme création pure, et dont la fonction s’arrête à la genèse, est vouée au néant. Un seul amateur (éclairé) l’aurait sauvée. Un seul de ces messieurs au visage creusé par les enthousiasmes sans garantie, aux pieds aplatis par des stations innombrables, aux doigts usés par des catalogues à cinquante francs, qui regardent d’abord de loin, ensuite de près, et qui consultent du pouce, dans les cas particulièrement épineux, le relief de l’impasto. Car il n’est pas question ici de l’animal grotesque et méprisable dont le spectre hante les ateliers, mais bien de l’inoffensif loufoque qui court, comme d’autres au cinéma, dans les galeries, au musée et jusque dans les églises avec l’espoir – tenez vous bien – de jouir. Il ne veut pas s’instruire, le cochon, ni devenir meilleur. Il ne pense qu’à son plaisir.
C’est lui qui justifie l’existence de la peinture en tant que chose publique.

Je lui dédie les présents propos, si bien faits pour l’obnubiler davantage. »

Samuel Becket, La peinture de Van Velde ou le monde et le Pantalon, en français dans le recueil Disjecta, Miscellaneous Writings, and a Dramatic Fragment, Grove Press)

 

Connaissant Beckett, je vois autant d’humour qu’il y de rage intérieure chez ce tout juste quarantenaire. Et si j’adhère sa rage – voir mon antienne dans ses pages sur la place faite à la musique par le monde de la culture –, j’adhère aussi à son humour. Non pas seulement parce que j’ai souvent observé avec amusement ces amateurs éclairés qui arpentent les musées (signe des temps ? Il n’y voit que des hommes. Signe des temps ? J’y vois, contrairement au monde du jazz, surtout des femmes). Mais j’ai aussi souvent observé le petit monde de ces sévères jouisseurs de de la création musicale auquel j’appartiens (observé dont pas seulement à la lorgnette, mais donc dans un miroir), et je nous reconnais, non sans sourire, dans ce texte de Beckett. J’arpenterai à nouveau jeudi et vendredi le macadam, le visage creusé et les pieds aplatis, pour aller jouir de la musique de Marc Ducret au Triton, jeudi 4 et vendredi 5. Et je vous raconterai tout ça d’ici dimanche. FB