Yasmin Williams et Theon Cross au Montreal Jazz Fest 2025

Montréal accueille du 26 juin au 5 juillet des dizaines d’artistes, entre talents à découvrir et légendes vivantes. Découvrez chaque jour les Live Reports de l’envoyé spécial de Jazz Magazine.
C’est officiel : le Canada n’est pas à vendre. Mais il a beaucoup de choses à offrir. A peine débarqué de l’aéroport, dont un agent des services d’immigration ne m’a laissé sortir qu’après m’avoir demandé qui était mon artiste de jazz préféré (ce jour-là j’ai dit Charlie Parker, pensez-y s’il vous arrive la même chose), direction la Scène Rogers pour découvrir la guitariste Yasmin Williams. L’Américaine tisse un lien fluide entre l’enracinement profond de la guitare acoustique et un lyrisme lumineux et aérien, dans un style qui rappelle parfois la magie qu’avaient su tirer de leurs cordes Andy McKee ou John Butler, parfois celle du blues du delta ou encore des pickers allant de Merle Travis à Leo Kottke. Une virtuosité qui va jusqu’au multi-instrumentisme (guitare plus kalimba en simultané !) mais qui n’a jamais besoin de dire son nom pour mieux encourager l’évasion. La pluie battante qui s’abat sur la ville et gagne même la scène, ne compte plus, et seule rayonne la personnalité solaire et l’humour modeste de Yasmin Williams.
A quelques encablures de là, le tubiste britannique Theon Cross investissait, pour le premier de deux concerts pour cette édition 2025 du festival, le Club Soda et son ambiance tamisée façon speakeasy du nouveau millénaire. Au programme, une séance de combat rapproché dans l’intimité toute relative de ce lieu chauffé à blanc, avec la complicité d’une formation ouverte aux quatre vents, notamment le guitariste Nikos Ziarkas, redoutable soliste et utilisateur ingénieux de sa pédale de delay numérique, et le catalyseur Nate Ricketts à la batterie. Les solos pour en découdre, les thèmes pour se retrouver, au sein du quartette comme avec le public dans une forme de communion. Yazid Kouloughli