Jazz live
Publié le 21 Jan 2022

CAMILLE BERTAULT au Sunside

Le chroniqueur, contraint une fois encore par les défaillances des transports publics (travaux incessants, en semaine, depuis 2 ans….), a dû comme souvent s’en tenir (à grand regret!) au seul premier set. Assister au second aurait été l’assurance de ne pas pouvoir regagner sa banlieue…. Mais ce fut un beau moment de musique.

Camille Bertault (voix, piano), Fady Farah (piano), Christophe Minck (contrebasse, voix, synthétiseur basse), Abraham Mansfaroll (percussions). Invité : Jules Minck (guitare)

Paris, Sunside, 20 janvier 2022, 21h30

Sur une intro de percussions, Camille Bertault distille avec intensité sa chanson Je suis un arbre. On y est, tout est là : la musique, ensorcelante ; les paroles, comme autant de ramures insidieuses ; l’expressivité, à son plus fort ; la voix, maîtrisée et pourtant pleine de liberté. Non contente d’être une musicienne accomplie, une compositrice féconde, une parolière remarquable, la chanteuse est une interprète dotée d’un charisme hors du commun (et c’est aussi une improvisatrice). Cela se confirme avec À quoi bon, chanson à l’humour caustique…. et lucide ! Pendant le solo du pianiste, elle danse comme une liane. Puis c’est Ma Muse, hommage ému à la musique (qui est la Muse). Après une intro de contrebasse qui convoque le souvenir du flamenco, c’est un duo entre la voix et la basse sur Je vieillis, texte et musique d’une mélancolique beauté. Juste après, une chanson brésilienne sera comme une tornade, avec une impro vocale débridée en dialogue avec le percussionniste.

Les accompagnateurs quittent la scène, et la vocaliste évoque son goût pour la musique classique qui enchanta ses années de conservatoire, et elle accueille un invité, guitariste, qui se trouve être aussi le fils du bassiste. Les voici en un duo sur le 4ème Prélude de Chopin, semble-t-il dans une tonalité différente de l’original. Retour du pianiste pour un duo en cavalcade sur Bach, avant virage vers Ravel. Les accompagnateurs reviennent, le contrebassiste passe au synthé basse pour Voyage en Haïku, paroles et musique cycliques à forte dose de groove. Puis pour finir la première partie, la chanteuse se met au piano avec There Is A Bird, chanson bilingue inspirée par un poème de Bukowski. Les anglophones présents dans la salle, et qui requéraient une présentation dans leur idiome, sont aux anges. Cette musicienne-chanteuse-parolière a décidément un talent hors du commun.

Belle conclusion pour cette première partie d’un concert que je quitte à regret pour affronter les affres du banlieusard, pourtant muni du pass Navigo : pas de Métro ligne 4 après 22h15 en semaine, alors ce sera métro 14 jusqu’à Haussmann Saint Lazare. Mais à 23h, plus de RER E (ces dernières semaines, malgré les travaux, j’en ai pris jusqu’à 23h30), sauf cet ultime, qui fera terminus…. à Magenta Gare du Nord. Donc Métro ligne 5 jusqu’à Bobigny et là, ballet de bus SNCF qui remplacent d’autres trains de banlieue supprimés pour travaux : je pourrais aller à Pontoise ! Pour le bus RATP 303 (supposé arriver) le quai est désert.

Un bon 30 minutes dans le froid plus tard, un bus SNCF, sur le quai voisin, me promet ma destination. Encore un peu de temps, et il part, musardant dans le tissu urbain pour suivre l’itinéraire, pourtant rectiligne, de la ligne E. À 0h30, je suis chez moi : j’ai quitté le club à 22h45. 1H45 minutes alors qu’à 20h45, dans l’autre sens, j’ai mis moins de 45 minutes de porte à porte. Il faut vraiment aimer la musique pour endurer ces mésaventures. Ça tombe bien, j’adore cette musique !!!

Xavier Prévost 

Chronique d’un concert de Camille Bertault en novembre 2021, par Sophie Chambon, sur le site de Jazz Magazine

https://www.jazzmagazine.com/jazzlive/camille-bertault-au-petit-duc-daix-en-provence-la-feline/