Jazz live
Publié le 14 Juil 2016

Festival International de Jazz de Montréal (1)

Le FIJM, fondé en 1979, impressionne par son ampleur, sa logistique, sa programmation profuse (1000 concerts, 3000 artistes), la diversité des salles impliquées (25 scènes quotidiennement opérationnelles), une fréquentation se comptant en millions de spectateurs, avec des records d’affluence observés cette année.

La manifestation a su générer un authentique engouement populaire, familial et touristique, tous les âges se pressant devant les concerts gratuits installés sur les places publiques jouxtant la rue Sainte-Catherine, entièrement piétonne pour l’occasion. Une ville dans la ville, un quartier dévolu au jazz, mais aussi au blues, au funk, au break dance au milieu de la foule, à la pop – Brian Wilson y donne dans le revival Beach Boys, ainsi qu’à des animations éducatives telle cette « petite école du jazz » proposant aux bambins la découverte ludique de classiques du genre via une mise en scène humoristique et théâtralisée. La décontraction bienveillante des Montréalais est tout sauf une légende et contribue à rendre le séjour agréable au pigiste le moins doté du sens de l’orientation. Dresser un compte-rendu complet n’est guère possible. Tout au plus peut-on tenter de donner une image représentative de l’évènement. D’abord parce que nous n’avons été présents que sur une partie de la manifestation, ensuite parce que d’autres spectateurs et confrères (parmi lesquels Alex Dutilh, dont les retransmissions live sont disponibles à l’écoute sur le site de France Musique) n’ont pas tous assisté aux mêmes concerts, et vice-versa. Ainsi, l’expérience du festival pourra s’avérer fort différente d’un individu à l’autre. Aux spectacles gratuits débutant à l’heure du déjeuner s’ajoutent en soirée des concerts en salles, selon une distribution temporelle et géographique impliquant de faire des choix, nécessairement cruels (adieu Fred Hersch, Steve Coleman), quand ce n’est pas un vol retardé qui me prive d’une rencontre avec le Dr Lonnie Smith. Le festival dispose d’une salle d’exposition et d’une médiathèque où sont stockés et rendus disponibles tous les concerts filmés lors des 37 éditions, disques, livres et revues sur le jazz.

Arpentant la zone, le hasard me conduit vers un espace de plein air où s’égrènent dans la bonne humeur quelques vieilles scies par le groupe Sweet Dixie, qui nous fait visiter les fondations de la maison (When the Saints…) ou entonne une version mollassonne de What a Wonderful World – certes, l’originale n’est pas bien énergique non plus. J’y assiste encore à la première demi-heure du concert de Dawn Pemberton, chanteuse soul dont les morceaux évoquent par leurs enchaînements d’accords ceux des répertoires de Gil Scott-Heron, Stevie Wonder, et al. Le groupe fait le job et Pemberton se garde avec bonheur de forcer la note. Les têtes dodelinent, les enfants dansent, les visages sourient, les commentaires portent volontiers sur les artistes et on ne voit pas se dresser beaucoup de téléphones portables. On est là pour passer un bon moment de musique.

Aarset (Benoît Rousseau)

Nils Petter Molvaer solo / Eivind Aarset Band avec Jan Bang

Nils Petter Molvaer (tp)

Eivind Aarset (elg), Audun Erlien (elb), Erland Dahlen (dm), Welte Holte (dm), Jan Bang (elec), Stian Balducci (elec), Erik Honoré (elec), Jonas Magnussen (lumières, video).

Mardi 5 juillet 2016, L’Astral.

Arrive l’heure de la soirée norvégienne avec le projet Punkt délocalisé à l’Astral. Nils Petter Molvaer est annoncé en solo ; ce set d’une trentaine de minutes le verra tout de même en l’omniprésente compagnie de deux lieutenants électroniques. Conformément à son style de prédilection, le trompettiste soigne les atmosphères cristallines, favorise les superpositions de notes à la sonorité feutrée. Après cette première partie marchant sur des œufs, le groupe d’Eivind Aarset investit pour sa part tout l’espace sonore. Les nappes de guitare flattent l’oreille ; plus tard le musicien montrera un versant plus mordant de son art. Moins ambient et plus rythmé qu’on pouvait le supposer, ce rock progressif 2.0 fait songer au parcours d’une fusée, de sa confection à sa mise en orbite, de son décollage turbulent à son ascension vers le calme interstellaire, après une séparation/reconfiguration graduelle de ses différents éléments. Outre la fine gestion des infra-basses, les prouesses de deux batteurs imperturbables et l’inspiration d’un leader dans son élément, le spectacle offre une forte composante visuelle, des projections d’images et jeux de lumières venant parfois oblitérer les musiciens, dont on devine à peine les silhouettes sous les stries, cellules en prolifération et cartographies pointillistes déployées par un vidéaste considéré comme membre à part entière du groupe. Les plages futuristes d’Aarset captivent l’auditoire. Il aurait fallu en rester là, car les « live remix » consécutifs ne purent, après cette ébouriffante performance, que faire retomber le bløtkake. Au même moment, Fred Hersch tutoyait les anges à l’église du Gesu. Les échos de ce solo furent dithyrambiques.

David Cristol

Photo d’Eivind Aarset : Benoît Rousseau|Le FIJM, fondé en 1979, impressionne par son ampleur, sa logistique, sa programmation profuse (1000 concerts, 3000 artistes), la diversité des salles impliquées (25 scènes quotidiennement opérationnelles), une fréquentation se comptant en millions de spectateurs, avec des records d’affluence observés cette année.

La manifestation a su générer un authentique engouement populaire, familial et touristique, tous les âges se pressant devant les concerts gratuits installés sur les places publiques jouxtant la rue Sainte-Catherine, entièrement piétonne pour l’occasion. Une ville dans la ville, un quartier dévolu au jazz, mais aussi au blues, au funk, au break dance au milieu de la foule, à la pop – Brian Wilson y donne dans le revival Beach Boys, ainsi qu’à des animations éducatives telle cette « petite école du jazz » proposant aux bambins la découverte ludique de classiques du genre via une mise en scène humoristique et théâtralisée. La décontraction bienveillante des Montréalais est tout sauf une légende et contribue à rendre le séjour agréable au pigiste le moins doté du sens de l’orientation. Dresser un compte-rendu complet n’est guère possible. Tout au plus peut-on tenter de donner une image représentative de l’évènement. D’abord parce que nous n’avons été présents que sur une partie de la manifestation, ensuite parce que d’autres spectateurs et confrères (parmi lesquels Alex Dutilh, dont les retransmissions live sont disponibles à l’écoute sur le site de France Musique) n’ont pas tous assisté aux mêmes concerts, et vice-versa. Ainsi, l’expérience du festival pourra s’avérer fort différente d’un individu à l’autre. Aux spectacles gratuits débutant à l’heure du déjeuner s’ajoutent en soirée des concerts en salles, selon une distribution temporelle et géographique impliquant de faire des choix, nécessairement cruels (adieu Fred Hersch, Steve Coleman), quand ce n’est pas un vol retardé qui me prive d’une rencontre avec le Dr Lonnie Smith. Le festival dispose d’une salle d’exposition et d’une médiathèque où sont stockés et rendus disponibles tous les concerts filmés lors des 37 éditions, disques, livres et revues sur le jazz.

Arpentant la zone, le hasard me conduit vers un espace de plein air où s’égrènent dans la bonne humeur quelques vieilles scies par le groupe Sweet Dixie, qui nous fait visiter les fondations de la maison (When the Saints…) ou entonne une version mollassonne de What a Wonderful World – certes, l’originale n’est pas bien énergique non plus. J’y assiste encore à la première demi-heure du concert de Dawn Pemberton, chanteuse soul dont les morceaux évoquent par leurs enchaînements d’accords ceux des répertoires de Gil Scott-Heron, Stevie Wonder, et al. Le groupe fait le job et Pemberton se garde avec bonheur de forcer la note. Les têtes dodelinent, les enfants dansent, les visages sourient, les commentaires portent volontiers sur les artistes et on ne voit pas se dresser beaucoup de téléphones portables. On est là pour passer un bon moment de musique.

Aarset (Benoît Rousseau)

Nils Petter Molvaer solo / Eivind Aarset Band avec Jan Bang

Nils Petter Molvaer (tp)

Eivind Aarset (elg), Audun Erlien (elb), Erland Dahlen (dm), Welte Holte (dm), Jan Bang (elec), Stian Balducci (elec), Erik Honoré (elec), Jonas Magnussen (lumières, video).

Mardi 5 juillet 2016, L’Astral.

Arrive l’heure de la soirée norvégienne avec le projet Punkt délocalisé à l’Astral. Nils Petter Molvaer est annoncé en solo ; ce set d’une trentaine de minutes le verra tout de même en l’omniprésente compagnie de deux lieutenants électroniques. Conformément à son style de prédilection, le trompettiste soigne les atmosphères cristallines, favorise les superpositions de notes à la sonorité feutrée. Après cette première partie marchant sur des œufs, le groupe d’Eivind Aarset investit pour sa part tout l’espace sonore. Les nappes de guitare flattent l’oreille ; plus tard le musicien montrera un versant plus mordant de son art. Moins ambient et plus rythmé qu’on pouvait le supposer, ce rock progressif 2.0 fait songer au parcours d’une fusée, de sa confection à sa mise en orbite, de son décollage turbulent à son ascension vers le calme interstellaire, après une séparation/reconfiguration graduelle de ses différents éléments. Outre la fine gestion des infra-basses, les prouesses de deux batteurs imperturbables et l’inspiration d’un leader dans son élément, le spectacle offre une forte composante visuelle, des projections d’images et jeux de lumières venant parfois oblitérer les musiciens, dont on devine à peine les silhouettes sous les stries, cellules en prolifération et cartographies pointillistes déployées par un vidéaste considéré comme membre à part entière du groupe. Les plages futuristes d’Aarset captivent l’auditoire. Il aurait fallu en rester là, car les « live remix » consécutifs ne purent, après cette ébouriffante performance, que faire retomber le bløtkake. Au même moment, Fred Hersch tutoyait les anges à l’église du Gesu. Les échos de ce solo furent dithyrambiques.

David Cristol

Photo d’Eivind Aarset : Benoît Rousseau|Le FIJM, fondé en 1979, impressionne par son ampleur, sa logistique, sa programmation profuse (1000 concerts, 3000 artistes), la diversité des salles impliquées (25 scènes quotidiennement opérationnelles), une fréquentation se comptant en millions de spectateurs, avec des records d’affluence observés cette année.

La manifestation a su générer un authentique engouement populaire, familial et touristique, tous les âges se pressant devant les concerts gratuits installés sur les places publiques jouxtant la rue Sainte-Catherine, entièrement piétonne pour l’occasion. Une ville dans la ville, un quartier dévolu au jazz, mais aussi au blues, au funk, au break dance au milieu de la foule, à la pop – Brian Wilson y donne dans le revival Beach Boys, ainsi qu’à des animations éducatives telle cette « petite école du jazz » proposant aux bambins la découverte ludique de classiques du genre via une mise en scène humoristique et théâtralisée. La décontraction bienveillante des Montréalais est tout sauf une légende et contribue à rendre le séjour agréable au pigiste le moins doté du sens de l’orientation. Dresser un compte-rendu complet n’est guère possible. Tout au plus peut-on tenter de donner une image représentative de l’évènement. D’abord parce que nous n’avons été présents que sur une partie de la manifestation, ensuite parce que d’autres spectateurs et confrères (parmi lesquels Alex Dutilh, dont les retransmissions live sont disponibles à l’écoute sur le site de France Musique) n’ont pas tous assisté aux mêmes concerts, et vice-versa. Ainsi, l’expérience du festival pourra s’avérer fort différente d’un individu à l’autre. Aux spectacles gratuits débutant à l’heure du déjeuner s’ajoutent en soirée des concerts en salles, selon une distribution temporelle et géographique impliquant de faire des choix, nécessairement cruels (adieu Fred Hersch, Steve Coleman), quand ce n’est pas un vol retardé qui me prive d’une rencontre avec le Dr Lonnie Smith. Le festival dispose d’une salle d’exposition et d’une médiathèque où sont stockés et rendus disponibles tous les concerts filmés lors des 37 éditions, disques, livres et revues sur le jazz.

Arpentant la zone, le hasard me conduit vers un espace de plein air où s’égrènent dans la bonne humeur quelques vieilles scies par le groupe Sweet Dixie, qui nous fait visiter les fondations de la maison (When the Saints…) ou entonne une version mollassonne de What a Wonderful World – certes, l’originale n’est pas bien énergique non plus. J’y assiste encore à la première demi-heure du concert de Dawn Pemberton, chanteuse soul dont les morceaux évoquent par leurs enchaînements d’accords ceux des répertoires de Gil Scott-Heron, Stevie Wonder, et al. Le groupe fait le job et Pemberton se garde avec bonheur de forcer la note. Les têtes dodelinent, les enfants dansent, les visages sourient, les commentaires portent volontiers sur les artistes et on ne voit pas se dresser beaucoup de téléphones portables. On est là pour passer un bon moment de musique.

Aarset (Benoît Rousseau)

Nils Petter Molvaer solo / Eivind Aarset Band avec Jan Bang

Nils Petter Molvaer (tp)

Eivind Aarset (elg), Audun Erlien (elb), Erland Dahlen (dm), Welte Holte (dm), Jan Bang (elec), Stian Balducci (elec), Erik Honoré (elec), Jonas Magnussen (lumières, video).

Mardi 5 juillet 2016, L’Astral.

Arrive l’heure de la soirée norvégienne avec le projet Punkt délocalisé à l’Astral. Nils Petter Molvaer est annoncé en solo ; ce set d’une trentaine de minutes le verra tout de même en l’omniprésente compagnie de deux lieutenants électroniques. Conformément à son style de prédilection, le trompettiste soigne les atmosphères cristallines, favorise les superpositions de notes à la sonorité feutrée. Après cette première partie marchant sur des œufs, le groupe d’Eivind Aarset investit pour sa part tout l’espace sonore. Les nappes de guitare flattent l’oreille ; plus tard le musicien montrera un versant plus mordant de son art. Moins ambient et plus rythmé qu’on pouvait le supposer, ce rock progressif 2.0 fait songer au parcours d’une fusée, de sa confection à sa mise en orbite, de son décollage turbulent à son ascension vers le calme interstellaire, après une séparation/reconfiguration graduelle de ses différents éléments. Outre la fine gestion des infra-basses, les prouesses de deux batteurs imperturbables et l’inspiration d’un leader dans son élément, le spectacle offre une forte composante visuelle, des projections d’images et jeux de lumières venant parfois oblitérer les musiciens, dont on devine à peine les silhouettes sous les stries, cellules en prolifération et cartographies pointillistes déployées par un vidéaste considéré comme membre à part entière du groupe. Les plages futuristes d’Aarset captivent l’auditoire. Il aurait fallu en rester là, car les « live remix » consécutifs ne purent, après cette ébouriffante performance, que faire retomber le bløtkake. Au même moment, Fred Hersch tutoyait les anges à l’église du Gesu. Les échos de ce solo furent dithyrambiques.

David Cristol

Photo d’Eivind Aarset : Benoît Rousseau|Le FIJM, fondé en 1979, impressionne par son ampleur, sa logistique, sa programmation profuse (1000 concerts, 3000 artistes), la diversité des salles impliquées (25 scènes quotidiennement opérationnelles), une fréquentation se comptant en millions de spectateurs, avec des records d’affluence observés cette année.

La manifestation a su générer un authentique engouement populaire, familial et touristique, tous les âges se pressant devant les concerts gratuits installés sur les places publiques jouxtant la rue Sainte-Catherine, entièrement piétonne pour l’occasion. Une ville dans la ville, un quartier dévolu au jazz, mais aussi au blues, au funk, au break dance au milieu de la foule, à la pop – Brian Wilson y donne dans le revival Beach Boys, ainsi qu’à des animations éducatives telle cette « petite école du jazz » proposant aux bambins la découverte ludique de classiques du genre via une mise en scène humoristique et théâtralisée. La décontraction bienveillante des Montréalais est tout sauf une légende et contribue à rendre le séjour agréable au pigiste le moins doté du sens de l’orientation. Dresser un compte-rendu complet n’est guère possible. Tout au plus peut-on tenter de donner une image représentative de l’évènement. D’abord parce que nous n’avons été présents que sur une partie de la manifestation, ensuite parce que d’autres spectateurs et confrères (parmi lesquels Alex Dutilh, dont les retransmissions live sont disponibles à l’écoute sur le site de France Musique) n’ont pas tous assisté aux mêmes concerts, et vice-versa. Ainsi, l’expérience du festival pourra s’avérer fort différente d’un individu à l’autre. Aux spectacles gratuits débutant à l’heure du déjeuner s’ajoutent en soirée des concerts en salles, selon une distribution temporelle et géographique impliquant de faire des choix, nécessairement cruels (adieu Fred Hersch, Steve Coleman), quand ce n’est pas un vol retardé qui me prive d’une rencontre avec le Dr Lonnie Smith. Le festival dispose d’une salle d’exposition et d’une médiathèque où sont stockés et rendus disponibles tous les concerts filmés lors des 37 éditions, disques, livres et revues sur le jazz.

Arpentant la zone, le hasard me conduit vers un espace de plein air où s’égrènent dans la bonne humeur quelques vieilles scies par le groupe Sweet Dixie, qui nous fait visiter les fondations de la maison (When the Saints…) ou entonne une version mollassonne de What a Wonderful World – certes, l’originale n’est pas bien énergique non plus. J’y assiste encore à la première demi-heure du concert de Dawn Pemberton, chanteuse soul dont les morceaux évoquent par leurs enchaînements d’accords ceux des répertoires de Gil Scott-Heron, Stevie Wonder, et al. Le groupe fait le job et Pemberton se garde avec bonheur de forcer la note. Les têtes dodelinent, les enfants dansent, les visages sourient, les commentaires portent volontiers sur les artistes et on ne voit pas se dresser beaucoup de téléphones portables. On est là pour passer un bon moment de musique.

Aarset (Benoît Rousseau)

Nils Petter Molvaer solo / Eivind Aarset Band avec Jan Bang

Nils Petter Molvaer (tp)

Eivind Aarset (elg), Audun Erlien (elb), Erland Dahlen (dm), Welte Holte (dm), Jan Bang (elec), Stian Balducci (elec), Erik Honoré (elec), Jonas Magnussen (lumières, video).

Mardi 5 juillet 2016, L’Astral.

Arrive l’heure de la soirée norvégienne avec le projet Punkt délocalisé à l’Astral. Nils Petter Molvaer est annoncé en solo ; ce set d’une trentaine de minutes le verra tout de même en l’omniprésente compagnie de deux lieutenants électroniques. Conformément à son style de prédilection, le trompettiste soigne les atmosphères cristallines, favorise les superpositions de notes à la sonorité feutrée. Après cette première partie marchant sur des œufs, le groupe d’Eivind Aarset investit pour sa part tout l’espace sonore. Les nappes de guitare flattent l’oreille ; plus tard le musicien montrera un versant plus mordant de son art. Moins ambient et plus rythmé qu’on pouvait le supposer, ce rock progressif 2.0 fait songer au parcours d’une fusée, de sa confection à sa mise en orbite, de son décollage turbulent à son ascension vers le calme interstellaire, après une séparation/reconfiguration graduelle de ses différents éléments. Outre la fine gestion des infra-basses, les prouesses de deux batteurs imperturbables et l’inspiration d’un leader dans son élément, le spectacle offre une forte composante visuelle, des projections d’images et jeux de lumières venant parfois oblitérer les musiciens, dont on devine à peine les silhouettes sous les stries, cellules en prolifération et cartographies pointillistes déployées par un vidéaste considéré comme membre à part entière du groupe. Les plages futuristes d’Aarset captivent l’auditoire. Il aurait fallu en rester là, car les « live remix » consécutifs ne purent, après cette ébouriffante performance, que faire retomber le bløtkake. Au même moment, Fred Hersch tutoyait les anges à l’église du Gesu. Les échos de ce solo furent dithyrambiques.

David Cristol

Photo d’Eivind Aarset : Benoît Rousseau