Jazz live
Publié le 14 Juil 2021

Jazz à Luz 2021 : jour 1

Jazz à Luz fête comme il se doit ses 30 ans d'existence.

Jazz à Luz à trente ans ! Pour fêter comme il se doit un tel anniversaire, les programmateurs du festival n’ont pas hésité à… ne pas faire venir de vedettes ! Bien dans l’esprit de ce festival vraiment particulier !

 

Comme de coutume, le festival ouvre ses portes au Village vacances Cévéo, la Fanfare d’occasion levant dans un premier temps le rideau … sans fanfare ! Des sons de plumes, d’arcs à fil et d’autres encore incongrus envahissent le lieu sans que l’on s’en rende immédiatement compte, les protagonistes de la Compagnie le plus petit espace possible s’immisçant progressivement parmi les festivaliers. Peu à peu, les cuivres mettent en place une rythmique, puis une mélodie, toujours en déambulant dans tous les sens. On pense alors à Fellini. Amené ensuite en chaise à porteur sans fond, Jean-Pierre Layrac explique les difficultés surmontées pour faire tenir le festival et remercie toutes les bonnes volontés avant de céder la parole aux élus et décideurs.

Compagnie le plus petit espace possible : Isabelle Cavoit (danse), Elise Chatelain (tb), Séverine Fel (tu), Jean-Marc François (agitateur d’ambiance), Gandalf Goudard (as), Baptiste Sarat (bugle), Alfred Spirli (perc).

   

Luz-Saint-Sauveur, festival Jazz à Luz, Vendredi 9 juillet, 21h30

Fantôme

Morgane Carnet (ts, cl), Jean-Brice Godet (cl, bcl), Luca Ventimiglia (vib), Alexandre du Closel (p).

En concert d’ouverture, le quartette propose une musique de la résonance et de la répétition, soit une musique rituelle et hédoniste. Le principe musical de Fantôme consiste à développer des phrases mises en boucle, non sans hésiter à changer brusquement de motif, contrairement à la musique du premier Steve Reich qui repose sur la prise de conscience d’un déphasage progressivement atteint. Les formations de jazz sont peu nombreuses à s’être appropriées les techniques de la musique répétitive, le groupe de Nik Bärtsch étant la plus emblématique d’entre elles. Avec Fantôme, l’intérêt repose sur la présence d’improvisation parfois quasi free, en particulier avec Jean-Brice Godet à la clarinette basse, et l’utilisation de boucles « fantômes » des exécutants.

À l’issue du concert, les applaudissements saluent certes l’originalité de la musique mais bien évidemment aussi l’investissement des musiciens, heureux, très heureux d’enfin se retrouver sur une scène à jouer devant un vrai public, « et non devant sa caméra » comme l’énonce Jean-Brice Godet.

Luz-Saint-Sauveur, festival Jazz à Luz, Vendredi 9 juillet, 23h30

Wassim Halal & le Gamelan Puspawarna

Wassim Halal (darbuka), Théo Merigeau, A.A.B.G. Krishna Putra Sutedja, Jérémie Abt, Antoine Chamballu, Christophe Moure (reyong, claviers), Raul Monsalve (gongs), Hsiao-Yun Tseng (ceng ceng), Manu Le Duigou (son).

En seconde partie de soirée, le public se voit de nouveau invité à plonger dans une musique spiralée. Le son en est cependant tout différent puisqu’il s’agit des gongs métalliques d’un gamelan indonésien. L’un des musiciens explique au public qu’un gamelan a beau se composer de plusieurs percussions tenues par différents musiciens, en réalité il faut penser cet orchestre comme un seul et unique instrument. De la sorte, ce concert est en réalité un duo entre le gamelan et le joueur de darbouka Wassim Halal. Celui-ci a proposé à l’ensemble Pushpawarna d’imaginer une musique inédite à partir de rythmes et de cycles bien différents du répertoire traditionnel indonésien. Le son néanmoins demeure, éclatant, carillonnant, tintant à tout crin. Outre certains modes de jeu inhabituels ou le recours à des clusters (la totalité des musiciens jouant tous les reyongs à la fois), la présence au sein des structures déterminées de quelques séquences dédiées à l’improvisation indique la tangente prise par le gamelan Puspawarna à l’initiative de Wassim Halal. Deux énormes gongs nimbent l’ensemble insolite de fréquences graves très prenantes au bénéfice d’une musique de transe et de ruptures. Le premier coup de foudre du festival ! Envoûtant !

Ludovic Florin