Jazz live
Publié le 22 Jan 2017

JAZZ SUR LE VIF : ONJ « EUROPA OSLO» et HANNA PAULSBERG

Dans le cadre d’un week-end intitulé «Sur les rivages de la Baltique», Radio France accueillait un bouquet de musiques scandinaves. Pour Jazz sur le Vif, Arnaud Merlin avait choisi le quartette, inédit en France, de la saxophoniste norvégienne Hanna Paulsberg, et la création du quatrième et dernier projet du mandat d’Olivier Benoit à la tête de l’Orchestre National de Jazz : Europa Oslo, éclairé par la voix de Maria Laura Baccarini.

Maria Laura Baccarini

Hanna Paulsberg Concept

Hanna Paulsberg (saxophone ténor), Oscar Grönberg (piano), Trygve Waldemar Fiske (contrebasse), Hans Hulbækmo, (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 21 janvier 2017, 17h30

Hanna Paulsberg

La jeune saxophoniste jouait pour la première fois en France, et en compagnie du quartette qui l’a accompagnée sur ses trois CD en leader, dont le tout récent « Eastern Smiles » (Odin Records / Outhere). Formée au réputé conservatoire de Trondheim (sur la côte Ouest, au Nord de Bergen et d’Oslo), elle a joué avec le gratin de la scène scandinave, dont Bobo Stenson, et brillé sur la scène new-yorkaise au côté de Chick Corea, au Blue Note de New York. Son goût pour Getz l’a conduite au jazz et au ténor, mais l’on entend aussi Rollins dans ses retours récurrents au calypso, aux circonvolutions aériennes, et à l’inépuisable énergie. Son jeu infiniment nuancé se souvient aussi de Stan Getz, y compris par l’incroyable faculté de projeter le son avec force, sans rien altérer du moelleux. On pense aussi parfois à la sonorité diaphane, et nimbée de mélancolie, que l’on entend chez Charles Lloyd, mais ici avec une justesse beaucoup plus assurée. Les thèmes et leurs développements sont très très bien construits, le groupe est d’une homogénéité parfaite, qui révèle une longue connivence. On peut entendre, derrière la soliste, le trio s’aventurer dans une sorte d’improvisation collective d’une absolue pertinence, sans perdre de vue la saxophoniste qu’ils rejoignent en apesanteur en fin de chorus. Le pianiste nous offre, sur le premier morceau, un solo où la main droite joue out tandis que la gauche reste en vue de l’harmonie initiale, créant ainsi une espèce d’illusion bitonale qui trouble par sa force expressive. Le batteur installe, sans fracas, une tension qui fait vivre la musique, et quand vient, dans la pénultième composition, le temps du solo, il délivre une polyrythmie d’une vitalité incroyable, le tout sans affectation ni ostentation. Une très belle découverte pour tous les spectateurs, manifestement conquis (tout comme votre serviteur), et l’espoir de réentendre cette grande musicienne sur les scènes festivalières hexagonales.

ONJ Oslo

Orchestre National de Jazz Olivier Benoit : Europa Oslo

Maria-Laura Baccarini (voix), Alexandra Grimal (saxophone ténor), Jean Dousteyssier (clarinette, clarinette basse), Hugues Mayot (saxophone alto), Fabrice Martinez (trompette, bugle), Fidel Fourneyron (trombone), Théo Ceccaldi (violon), Sophie Agnel (piano), Paul Brousseau (piano électrique, synthétiseur basse, électronique), Sylvain Daniel, (guitare basse), Eric Echampard (batterie), Olivier Benoit (guitare, composition, direction)
Maison de la Radio, studio 105, 21 janvier 2017, 18h45

Après une résidence en décembre à Oslo, l’O.N.J. créait, pour Jazz sur le Vif, son nouveau programme inspiré par Oslo (et qui succède aux œuvres inspirées par d’autres capitales (Paris, Berlin, Rome). C’est une suite construite sur des textes du dramaturge, réalisateur et poète norvégien Hans Petter Blad. Des textes qui disent les mystères et les blessures de la ville d’Oslo. Les textes ont été traduits en anglais par l’auteur lui-même, et Maria Laura Baccarini les dit ou les chante, selon les instants, avec une présence et une force d’expression qui nous rendent captifs d’une sorte de cérémonie secrète. Entre les différentes pièces, elle commente parfois le propos et le sens de ce qui va suivre. La musique commence comme un choral, en majesté recueillie. La musique s’installe et l’on sent dès l’abord que la force d’expression sera intense. Sur l’ensemble des pièces la dynamique est très large, de la confidence jusqu’au crescendo explosif. C’est un orchestre de solistes, où chacun aura sa part d’expression individuelle, mais l’on sent que les musiciens sont totalement investis dans l’énergie collective du projet. La voix de la chanteuse semble porter ce mouvement tellurique, mais la vocalité des instruments aura aussi sa part belle : dans une pièce sans voix, un contrepoint subtil va se développer, comme incarné ; l’abstraction musicale est ainsi habitée par le timbre de chaque instrument, qui donne chair à la musique. Le langage puise aux multiples sources chères à Olivier Benoit : jazz, musiques répétitives, rock progressif, comme autant de langages contemporains où l’imagination aime à se mouvoir. C’est une réussite totale, de l’écriture à l’improvisation, du concept jusqu’à son épanouissement vocal. Maria Laura Baccarini est souveraine. Au fil du concert, et à plusieurs reprises, j’ai pensé à Escalator Over the Hill, de Carla Bley et Paul Haines. On connaît des références plus ingrates !

Xavier Prévost

Europa Oslo sera repris le 21 avril au festival Jazz or Jazz à Orléans, et le 22 avril à la Dynamo de Banlieues Bleues à Pantin. Le disque paraîtra le 28 avril|Dans le cadre d’un week-end intitulé «Sur les rivages de la Baltique», Radio France accueillait un bouquet de musiques scandinaves. Pour Jazz sur le Vif, Arnaud Merlin avait choisi le quartette, inédit en France, de la saxophoniste norvégienne Hanna Paulsberg, et la création du quatrième et dernier projet du mandat d’Olivier Benoit à la tête de l’Orchestre National de Jazz : Europa Oslo, éclairé par la voix de Maria Laura Baccarini.

Maria Laura Baccarini

Hanna Paulsberg Concept

Hanna Paulsberg (saxophone ténor), Oscar Grönberg (piano), Trygve Waldemar Fiske (contrebasse), Hans Hulbækmo, (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 21 janvier 2017, 17h30

Hanna Paulsberg

La jeune saxophoniste jouait pour la première fois en France, et en compagnie du quartette qui l’a accompagnée sur ses trois CD en leader, dont le tout récent « Eastern Smiles » (Odin Records / Outhere). Formée au réputé conservatoire de Trondheim (sur la côte Ouest, au Nord de Bergen et d’Oslo), elle a joué avec le gratin de la scène scandinave, dont Bobo Stenson, et brillé sur la scène new-yorkaise au côté de Chick Corea, au Blue Note de New York. Son goût pour Getz l’a conduite au jazz et au ténor, mais l’on entend aussi Rollins dans ses retours récurrents au calypso, aux circonvolutions aériennes, et à l’inépuisable énergie. Son jeu infiniment nuancé se souvient aussi de Stan Getz, y compris par l’incroyable faculté de projeter le son avec force, sans rien altérer du moelleux. On pense aussi parfois à la sonorité diaphane, et nimbée de mélancolie, que l’on entend chez Charles Lloyd, mais ici avec une justesse beaucoup plus assurée. Les thèmes et leurs développements sont très très bien construits, le groupe est d’une homogénéité parfaite, qui révèle une longue connivence. On peut entendre, derrière la soliste, le trio s’aventurer dans une sorte d’improvisation collective d’une absolue pertinence, sans perdre de vue la saxophoniste qu’ils rejoignent en apesanteur en fin de chorus. Le pianiste nous offre, sur le premier morceau, un solo où la main droite joue out tandis que la gauche reste en vue de l’harmonie initiale, créant ainsi une espèce d’illusion bitonale qui trouble par sa force expressive. Le batteur installe, sans fracas, une tension qui fait vivre la musique, et quand vient, dans la pénultième composition, le temps du solo, il délivre une polyrythmie d’une vitalité incroyable, le tout sans affectation ni ostentation. Une très belle découverte pour tous les spectateurs, manifestement conquis (tout comme votre serviteur), et l’espoir de réentendre cette grande musicienne sur les scènes festivalières hexagonales.

ONJ Oslo

Orchestre National de Jazz Olivier Benoit : Europa Oslo

Maria-Laura Baccarini (voix), Alexandra Grimal (saxophone ténor), Jean Dousteyssier (clarinette, clarinette basse), Hugues Mayot (saxophone alto), Fabrice Martinez (trompette, bugle), Fidel Fourneyron (trombone), Théo Ceccaldi (violon), Sophie Agnel (piano), Paul Brousseau (piano électrique, synthétiseur basse, électronique), Sylvain Daniel, (guitare basse), Eric Echampard (batterie), Olivier Benoit (guitare, composition, direction)
Maison de la Radio, studio 105, 21 janvier 2017, 18h45

Après une résidence en décembre à Oslo, l’O.N.J. créait, pour Jazz sur le Vif, son nouveau programme inspiré par Oslo (et qui succède aux œuvres inspirées par d’autres capitales (Paris, Berlin, Rome). C’est une suite construite sur des textes du dramaturge, réalisateur et poète norvégien Hans Petter Blad. Des textes qui disent les mystères et les blessures de la ville d’Oslo. Les textes ont été traduits en anglais par l’auteur lui-même, et Maria Laura Baccarini les dit ou les chante, selon les instants, avec une présence et une force d’expression qui nous rendent captifs d’une sorte de cérémonie secrète. Entre les différentes pièces, elle commente parfois le propos et le sens de ce qui va suivre. La musique commence comme un choral, en majesté recueillie. La musique s’installe et l’on sent dès l’abord que la force d’expression sera intense. Sur l’ensemble des pièces la dynamique est très large, de la confidence jusqu’au crescendo explosif. C’est un orchestre de solistes, où chacun aura sa part d’expression individuelle, mais l’on sent que les musiciens sont totalement investis dans l’énergie collective du projet. La voix de la chanteuse semble porter ce mouvement tellurique, mais la vocalité des instruments aura aussi sa part belle : dans une pièce sans voix, un contrepoint subtil va se développer, comme incarné ; l’abstraction musicale est ainsi habitée par le timbre de chaque instrument, qui donne chair à la musique. Le langage puise aux multiples sources chères à Olivier Benoit : jazz, musiques répétitives, rock progressif, comme autant de langages contemporains où l’imagination aime à se mouvoir. C’est une réussite totale, de l’écriture à l’improvisation, du concept jusqu’à son épanouissement vocal. Maria Laura Baccarini est souveraine. Au fil du concert, et à plusieurs reprises, j’ai pensé à Escalator Over the Hill, de Carla Bley et Paul Haines. On connaît des références plus ingrates !

Xavier Prévost

Europa Oslo sera repris le 21 avril au festival Jazz or Jazz à Orléans, et le 22 avril à la Dynamo de Banlieues Bleues à Pantin. Le disque paraîtra le 28 avril|Dans le cadre d’un week-end intitulé «Sur les rivages de la Baltique», Radio France accueillait un bouquet de musiques scandinaves. Pour Jazz sur le Vif, Arnaud Merlin avait choisi le quartette, inédit en France, de la saxophoniste norvégienne Hanna Paulsberg, et la création du quatrième et dernier projet du mandat d’Olivier Benoit à la tête de l’Orchestre National de Jazz : Europa Oslo, éclairé par la voix de Maria Laura Baccarini.

Maria Laura Baccarini

Hanna Paulsberg Concept

Hanna Paulsberg (saxophone ténor), Oscar Grönberg (piano), Trygve Waldemar Fiske (contrebasse), Hans Hulbækmo, (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 21 janvier 2017, 17h30

Hanna Paulsberg

La jeune saxophoniste jouait pour la première fois en France, et en compagnie du quartette qui l’a accompagnée sur ses trois CD en leader, dont le tout récent « Eastern Smiles » (Odin Records / Outhere). Formée au réputé conservatoire de Trondheim (sur la côte Ouest, au Nord de Bergen et d’Oslo), elle a joué avec le gratin de la scène scandinave, dont Bobo Stenson, et brillé sur la scène new-yorkaise au côté de Chick Corea, au Blue Note de New York. Son goût pour Getz l’a conduite au jazz et au ténor, mais l’on entend aussi Rollins dans ses retours récurrents au calypso, aux circonvolutions aériennes, et à l’inépuisable énergie. Son jeu infiniment nuancé se souvient aussi de Stan Getz, y compris par l’incroyable faculté de projeter le son avec force, sans rien altérer du moelleux. On pense aussi parfois à la sonorité diaphane, et nimbée de mélancolie, que l’on entend chez Charles Lloyd, mais ici avec une justesse beaucoup plus assurée. Les thèmes et leurs développements sont très très bien construits, le groupe est d’une homogénéité parfaite, qui révèle une longue connivence. On peut entendre, derrière la soliste, le trio s’aventurer dans une sorte d’improvisation collective d’une absolue pertinence, sans perdre de vue la saxophoniste qu’ils rejoignent en apesanteur en fin de chorus. Le pianiste nous offre, sur le premier morceau, un solo où la main droite joue out tandis que la gauche reste en vue de l’harmonie initiale, créant ainsi une espèce d’illusion bitonale qui trouble par sa force expressive. Le batteur installe, sans fracas, une tension qui fait vivre la musique, et quand vient, dans la pénultième composition, le temps du solo, il délivre une polyrythmie d’une vitalité incroyable, le tout sans affectation ni ostentation. Une très belle découverte pour tous les spectateurs, manifestement conquis (tout comme votre serviteur), et l’espoir de réentendre cette grande musicienne sur les scènes festivalières hexagonales.

ONJ Oslo

Orchestre National de Jazz Olivier Benoit : Europa Oslo

Maria-Laura Baccarini (voix), Alexandra Grimal (saxophone ténor), Jean Dousteyssier (clarinette, clarinette basse), Hugues Mayot (saxophone alto), Fabrice Martinez (trompette, bugle), Fidel Fourneyron (trombone), Théo Ceccaldi (violon), Sophie Agnel (piano), Paul Brousseau (piano électrique, synthétiseur basse, électronique), Sylvain Daniel, (guitare basse), Eric Echampard (batterie), Olivier Benoit (guitare, composition, direction)
Maison de la Radio, studio 105, 21 janvier 2017, 18h45

Après une résidence en décembre à Oslo, l’O.N.J. créait, pour Jazz sur le Vif, son nouveau programme inspiré par Oslo (et qui succède aux œuvres inspirées par d’autres capitales (Paris, Berlin, Rome). C’est une suite construite sur des textes du dramaturge, réalisateur et poète norvégien Hans Petter Blad. Des textes qui disent les mystères et les blessures de la ville d’Oslo. Les textes ont été traduits en anglais par l’auteur lui-même, et Maria Laura Baccarini les dit ou les chante, selon les instants, avec une présence et une force d’expression qui nous rendent captifs d’une sorte de cérémonie secrète. Entre les différentes pièces, elle commente parfois le propos et le sens de ce qui va suivre. La musique commence comme un choral, en majesté recueillie. La musique s’installe et l’on sent dès l’abord que la force d’expression sera intense. Sur l’ensemble des pièces la dynamique est très large, de la confidence jusqu’au crescendo explosif. C’est un orchestre de solistes, où chacun aura sa part d’expression individuelle, mais l’on sent que les musiciens sont totalement investis dans l’énergie collective du projet. La voix de la chanteuse semble porter ce mouvement tellurique, mais la vocalité des instruments aura aussi sa part belle : dans une pièce sans voix, un contrepoint subtil va se développer, comme incarné ; l’abstraction musicale est ainsi habitée par le timbre de chaque instrument, qui donne chair à la musique. Le langage puise aux multiples sources chères à Olivier Benoit : jazz, musiques répétitives, rock progressif, comme autant de langages contemporains où l’imagination aime à se mouvoir. C’est une réussite totale, de l’écriture à l’improvisation, du concept jusqu’à son épanouissement vocal. Maria Laura Baccarini est souveraine. Au fil du concert, et à plusieurs reprises, j’ai pensé à Escalator Over the Hill, de Carla Bley et Paul Haines. On connaît des références plus ingrates !

Xavier Prévost

Europa Oslo sera repris le 21 avril au festival Jazz or Jazz à Orléans, et le 22 avril à la Dynamo de Banlieues Bleues à Pantin. Le disque paraîtra le 28 avril|Dans le cadre d’un week-end intitulé «Sur les rivages de la Baltique», Radio France accueillait un bouquet de musiques scandinaves. Pour Jazz sur le Vif, Arnaud Merlin avait choisi le quartette, inédit en France, de la saxophoniste norvégienne Hanna Paulsberg, et la création du quatrième et dernier projet du mandat d’Olivier Benoit à la tête de l’Orchestre National de Jazz : Europa Oslo, éclairé par la voix de Maria Laura Baccarini.

Maria Laura Baccarini

Hanna Paulsberg Concept

Hanna Paulsberg (saxophone ténor), Oscar Grönberg (piano), Trygve Waldemar Fiske (contrebasse), Hans Hulbækmo, (batterie)

Maison de la Radio, studio 105, 21 janvier 2017, 17h30

Hanna Paulsberg

La jeune saxophoniste jouait pour la première fois en France, et en compagnie du quartette qui l’a accompagnée sur ses trois CD en leader, dont le tout récent « Eastern Smiles » (Odin Records / Outhere). Formée au réputé conservatoire de Trondheim (sur la côte Ouest, au Nord de Bergen et d’Oslo), elle a joué avec le gratin de la scène scandinave, dont Bobo Stenson, et brillé sur la scène new-yorkaise au côté de Chick Corea, au Blue Note de New York. Son goût pour Getz l’a conduite au jazz et au ténor, mais l’on entend aussi Rollins dans ses retours récurrents au calypso, aux circonvolutions aériennes, et à l’inépuisable énergie. Son jeu infiniment nuancé se souvient aussi de Stan Getz, y compris par l’incroyable faculté de projeter le son avec force, sans rien altérer du moelleux. On pense aussi parfois à la sonorité diaphane, et nimbée de mélancolie, que l’on entend chez Charles Lloyd, mais ici avec une justesse beaucoup plus assurée. Les thèmes et leurs développements sont très très bien construits, le groupe est d’une homogénéité parfaite, qui révèle une longue connivence. On peut entendre, derrière la soliste, le trio s’aventurer dans une sorte d’improvisation collective d’une absolue pertinence, sans perdre de vue la saxophoniste qu’ils rejoignent en apesanteur en fin de chorus. Le pianiste nous offre, sur le premier morceau, un solo où la main droite joue out tandis que la gauche reste en vue de l’harmonie initiale, créant ainsi une espèce d’illusion bitonale qui trouble par sa force expressive. Le batteur installe, sans fracas, une tension qui fait vivre la musique, et quand vient, dans la pénultième composition, le temps du solo, il délivre une polyrythmie d’une vitalité incroyable, le tout sans affectation ni ostentation. Une très belle découverte pour tous les spectateurs, manifestement conquis (tout comme votre serviteur), et l’espoir de réentendre cette grande musicienne sur les scènes festivalières hexagonales.

ONJ Oslo

Orchestre National de Jazz Olivier Benoit : Europa Oslo

Maria-Laura Baccarini (voix), Alexandra Grimal (saxophone ténor), Jean Dousteyssier (clarinette, clarinette basse), Hugues Mayot (saxophone alto), Fabrice Martinez (trompette, bugle), Fidel Fourneyron (trombone), Théo Ceccaldi (violon), Sophie Agnel (piano), Paul Brousseau (piano électrique, synthétiseur basse, électronique), Sylvain Daniel, (guitare basse), Eric Echampard (batterie), Olivier Benoit (guitare, composition, direction)
Maison de la Radio, studio 105, 21 janvier 2017, 18h45

Après une résidence en décembre à Oslo, l’O.N.J. créait, pour Jazz sur le Vif, son nouveau programme inspiré par Oslo (et qui succède aux œuvres inspirées par d’autres capitales (Paris, Berlin, Rome). C’est une suite construite sur des textes du dramaturge, réalisateur et poète norvégien Hans Petter Blad. Des textes qui disent les mystères et les blessures de la ville d’Oslo. Les textes ont été traduits en anglais par l’auteur lui-même, et Maria Laura Baccarini les dit ou les chante, selon les instants, avec une présence et une force d’expression qui nous rendent captifs d’une sorte de cérémonie secrète. Entre les différentes pièces, elle commente parfois le propos et le sens de ce qui va suivre. La musique commence comme un choral, en majesté recueillie. La musique s’installe et l’on sent dès l’abord que la force d’expression sera intense. Sur l’ensemble des pièces la dynamique est très large, de la confidence jusqu’au crescendo explosif. C’est un orchestre de solistes, où chacun aura sa part d’expression individuelle, mais l’on sent que les musiciens sont totalement investis dans l’énergie collective du projet. La voix de la chanteuse semble porter ce mouvement tellurique, mais la vocalité des instruments aura aussi sa part belle : dans une pièce sans voix, un contrepoint subtil va se développer, comme incarné ; l’abstraction musicale est ainsi habitée par le timbre de chaque instrument, qui donne chair à la musique. Le langage puise aux multiples sources chères à Olivier Benoit : jazz, musiques répétitives, rock progressif, comme autant de langages contemporains où l’imagination aime à se mouvoir. C’est une réussite totale, de l’écriture à l’improvisation, du concept jusqu’à son épanouissement vocal. Maria Laura Baccarini est souveraine. Au fil du concert, et à plusieurs reprises, j’ai pensé à Escalator Over the Hill, de Carla Bley et Paul Haines. On connaît des références plus ingrates !

Xavier Prévost

Europa Oslo sera repris le 21 avril au festival Jazz or Jazz à Orléans, et le 22 avril à la Dynamo de Banlieues Bleues à Pantin. Le disque paraîtra le 28 avril