Une nouvelle aventure suscitée, dans l’esprit de Bruno Angelini, par une déclaration de Wayne Shorter. Dans un documentaire sur ARTE qui, apparemment, n’est plus accessible, Wayne Shorter disait ceci : «La fleur de lotus est la seule à pousser dans le marais qui est comme le monde, trouble et boueux [….] Quand la fleur s’ouvre dans le marais, tout autour de la tige, l’eau s’éclaircit ! C’est un symbole de lumière»

Le pianiste en a conçu une sorte d’allégorie, inspirée par des personnalités qui ont lutté et œuvré pour le bien commun en diverses époques : Rosa Parks, Les Mères de la Place de Mai en Argentine, Bert Boling, qui a participé à l’élaboration du GIEC, les militantes d’hier (Jane Addams) et d’aujourd’hui (Berta Cacerès), et aussi Nelson Mandela….

BRUNO ANGELINI Trio «Lotus Flowers»

Sakina Abdou (saxophone ténor), Angelika Niescier (saxophone alto), Bruno Angelini (piano, composition)

Fontenay-sous-Bois, Musiques au Comptoir, 5 avril 2024, 21h

Le club de la Halle Roublot accueille ce soir une création mondiale : c’est le tout premier concert de ce nouveau projet à l’instrumentation inusitée. La Lilloise Sakina Abdou, nourrie aux influences de l’AACM de Chicago, s’est fait entendre aussi bien dans le Red Desert Orchestra d’Ève Risser qu’en duo avec Raymond Boni. Et la saxophoniste allemande a des connexions new-yorkaises du côté de Ralph Alessi et Tyshawn Sorey. Deux partenaires idéales donc pour une musique engagée dans la liberté, l’expressivité et le lyrisme. Dans le premier titre on entend le souvenir de Shorter, mais aussi un mélange d’expressivité douce et d’envols audacieux, de nuances infinies et d’éclats survoltés. Plus loin surgira dans la musique la voix de Rosa Parks. Chaque nouvelle figure fera surgir ce mélange de musique offensive, qui n’hésite pas à monter au créneau de l’audace, et aussi parfois des harmonisations tendues, des contrepoints improvisés ou des nuances vertigineuses, ce qui dit assez que l’on est dans la sphère du Grand Art. Une formidable dramaturgie se découvre dans le déroulement de chacune des musiques. Public conquis, tout comme le chroniqueur, et quelques musiciens et musiciennes ami.e.s qui manifestement ne voulaient pas manquer cet événement. En rappel ce sera L’Art de la Paix, évocation de Nelson Mandela, avec la voix du leader sud-africain.

Une belle histoire est née au Comptoir de Fontenay, une histoire dont les pages suivantes s’écriront du 3 au 5 juin en résidence à L’osons Jazz Club de Lurs (Alpes-de-Haute-Provence), puis en concert le 6 à l’AJMI d’Avignon, le 7 au festival Jazzdor de Berlin, le 8 à L’osons Jazz Club, et le 10 au Studio de La Buissonne, dans le Vaucluse, pour enregistrer un disque. Quel bonheur d’avoir pu assister à l’éclosion de cette magnifique aventure !

Xavier Prévost (texte et photos)

https://www.brunoangelini.com/projets/lotus-flower-trio

 

Pour ouvrir le volume XIII de son festival Pianissimo, rituel rendez-vous aoûtien du club parisien, le Sunside a choisi d’inviter pour trois soirs Baptise Trotignon, avec le trio qui vit ses débuts voici vingt ans. Prélude à la présence du même trio, cinq jours plus tard, au festival de Marciac.

 

 

 

BAPTISTE TROTIGNON TRIO

Baptiste Trotignon (piano), Clovis Nicolas (contrebasse), Tony Rabeson (batterie)

Paris, Sunside, 1er août 2018, 21h

Pour le chroniqueur, ce concert est presque une résurrection, après un mois de juillet cauchemardesque où les festivals espérés (le très convivial Couches, le rituel -et irremplaçable- Montpellier, et les escales à Vienne et Sète) ont été oblitérés par de méchantes douleurs musculaires et articulaires, avec séjours à l’hosto, perfusions, anti-inflammatoires, antalgiques planants et autres joyeusetés qui vous font douter du bonheur de vivre….

Vingt ans après, donc : c’est ainsi que Baptiste Trotignon désigne le retour à ce trio inauguré en 1998, et qui vit naître deux très beaux disques enregistrés en 1999 («Fluide») et 2001 («Sightseeing»), tous deux publiés chez Naïve. Vingt ans après : Alexandre Dumas père n’a rien à voir avec ce retour, juste le plaisir des retrouvailles. Et pour le chroniqueur bien des souvenirs : le prix de soliste de Baptiste au Concours de la Défense en 1996, son Grand Prix au Concours Martial Solal en 2002, et de nombreuses occasions de le présenter sur scène au studio 105 de Radio France ou au festival de Radio France et Montpellier, ainsi que sa participation en 1997 au concert saluant le départ en retraite d’André Francis à la salle Olivier Messiaen (redevenue depuis le studio 104) -il avait tout juste 23 ans- au milieu d’une brochette pianistique de haut vol : Martial Solal, Joachim Kühn et Michel Petrucciani ; et aussi un duo inédit avec Brad Mehldau en 2005 au festival d’Orléans…. Autant d’occasions de l’enregistrer et de le diffuser sur France Musique, bref beaucoup de beaux souvenirs de musique et de radio. Plaisir aussi de revoir Clovis Nicolas, en escale de son exil New Yorkais choisi voici plus de 15 ans ; et bonheur de retrouver Tony Rabeson, qui s’était fait rare ces dernières années, et qui revient en force, toujours en belle compagnie.

Les musiciens se sont retrouvés quelques heures plus tôt pour renouer le dialogue après 15 années de séparation, et dès le début du concert, on est dans le plus vif du sujet. Ils ont choisi de revisiter le répertoire des deux disque enregistrés naguère, et dès l’abord la connivence est retrouvée, le plaisir du jeu intact, avec une sorte de jubilation qui se lit sur les visages et se faufile entre les notes. This Is New, de Kurt Weill, ouvre le set. On oscille constamment entre pur lyrisme et dialogue véhément, l’interaction est patente, la basse trace des lignes stimulantes et la batterie distille des accents qui fond vibrer la musique. Dans Nette, un thème du deuxième disque, le pianiste instille furtivement des sixtes qui rappellent Misterioso de Monk, avant de débouler dans des cavalcades joyeusement savantes ‘à la Tristano’. Puis il nous offre une intro d’une vive intensité, qui prendrait son bien dans le piano romantique comme chez Scriabine ; et l’on repart ensuite sur des motifs très rythmiques, propices aux échanges toujours plus vifs avec les partenaires. Dans Bernie’s Tune, gravé en 1999 dans le premier disque, le piano dialogue avec la basse et la batterie, avant de garnériser un peu, puis de s’aventurer dans de torrentiels block chords. Le batterie, dans son solo, se joue espièglement des accents très marqués du thème : on jubile sur scène, et dans la salle. On repart ensuite sur un tempo plus lent avant le court thème conclusif du set. Après la pause, c’est le medley, sur des compositions de Billy Strayhorn, qui figurait sur le second disque. Musicalité intense,recueillement, avant que tout ne s’enflamme dans un crescendo turbulent. Vient ensuite, du même CD, le thème inspiré par Shorter et intitulé Where or Wayne…. Là encore, la musique prend son essor dans cette liberté propre au jazz quand il est joué par des musiciens qui communiquent entre eux (et avec le public!) au niveau maximal. C’est le moment où le chroniqueur, rappelé à l’ordre par la consigne de la Faculté (de médecine), qui est de se ménager, quitte à grands regrets la rue des Lombards pour rejoindre sa banlieue populaire et néanmoins caniculaire. Merci les gars, vous m’avez redonné goût à la vie après ce long mois sans concerts !

Xavier Prévost

Le trio joue à nouveau au Sunside les 2 et 3 août 2018, et le 6 août au festival Jazz in Marciac.

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Pour célébrer la mémoire de cet homme aux multiples fonctions essentielles à la jazzosphère, durant une cinquantaine d’année, plusieurs dizaines de musiciens ont joué, dans les deux salles, de 17h à minuit -et au-delà-, le dimanche 10 décembre 2017.

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Pour fêter dignement la sortie simultanée, et toute récente, de deux albums aussi différents que complémentaires, le pianiste présentait sur scène les deux volets, et les deux groupes, de ce projet bicéphale.
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Avec cette nouvelle aventure, inaugurée en décembre 2016 au Centre des Bords de Marne du Perreux, le compositeur-pianiste faisait escale pour deux soirs au Triton
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