Monségur, 24 x 24 !
Vingt quatre fois vingt quatre heures. On ne comptera pas ce que ça donne, mais le festival girondin créé par l’Office Monségurais de la Culture et des Loisirs a eu chaud. Une édition 2012 en demi-teinte, un concert de soutien en septembre, les efforts de nombreux bénévoles, une fidélité des collectivités territoriales (Conseil Général surtout), et nous y voici quand même, avec ceux-là même qui ont officié en septembre dernier. Juste retour des choses. Et puis Cecile Mc Lorin Salvant. Belle affiche, originale en plus. Voyons ça.
September Celebration : Alice Mc Carthy (voc), Laurence Jay (voc), Martine Olméda (voc), Serge Moulinier (p), Alain Coyral (ts, ss), Christophe Jodet (b), Didier Ottaviani (dm)
Cecile Mc Lorin Salvant (voc), Aaron Diehl (p), Paul Sikivie (b), Rodney Green (dm).
En Gironde, dans le petit monde du jazz, ça se sait : quand vous avez besoin de quelqu’un pour mettre en place une soirée où vont se combiner quelques standards bien joués, des solistes venus d’horizons différents, le tout empaqueté dans un coffret cadeau qui donne de l’émotion sans verser dans la facilité, un nom s’impose, celui de Serge Moulinier. Pianiste « de bar » longtemps rompu à tous les exercices de cette fonction, improvisateur surprenant d’invention dans un registre qui reste classique, excellent accompagnateur de solistes vocaux (hommes ou femmes), Serge est aussi arrangeur, meneur de combos, et tout ça avec une modestie confondante. Pour un peu – et qu’on ne trouve dans cette remarque que du positif – on dirait que son trio (avec Jodet et Ottaviani) est semblable à celui que formait naguère Arvanitas avec Samson et Saudrais. Que les solistes de passage le sachent, et en profitent !!!
Pour célébrer la soirée de soutien de septembre dernier, Serge a donc concocté un spectacle d’une heure et demie, autour d’un trio vocal non seulement inédit mais tout à fait improbable, formé d’une mezzo-soprano lyrique (Martine Olméda, Carmen convaincante et Dalila de choc), d’une chanteuse de jazz avec laquelle il se produit régulièrement (Laurence « Lo » Jay), et d’une toute jeune fille de 14 ans, résidant à Monségur avec ses parents anglais, Alice Mc Carthy. On part de With A Little Help From My Friends (évidemment) pour y revenir à la fin, avec (pour sûr) Imagine et What A Wonderful World !!! C’est presque trop, mais il faut oser. Entre temps, on a passé par différentes versions de Summertime (genre lyrique, puis jazz), quelques amusements avec L’amour est enfant de Bohème (ça pourrait tendre vers Spike Jones), deux versions violemment opposées de Après un Rêve de Gabriel Fauré (on commence à penser à Cecile et à son Je Te Veux, immense, encore dans les mémoires), et aussi une composition personnelle de la toute jeune chanteuse, qui montre l’étendue de ses qualités. Car Alice Mc Carthy a le charme désarmant de la fraîcheur de ses 14 ans, elle ne se sait pas encore elle-même, elle chante formidablement bien, avec des aigus de son âge et une certaine fragilité. Elle ne cherche à convaincre personne de quoi que ce soit, elle prend plaisir à être là, c’est ainsi, c’est beaucoup. Bravo, et à suivre.
Laurence Jay, Alice Mc Carthy, Martine Olméda
Donc Cecile. Elle commence son concert un peu tard dans la nuit, il sera assez court, dense autant qu’il se peut sous cette halle réverbérante. On reconnaît son timbre dès la première note, ce timbre qui associe l’enfance et la féminité assumée, rien d’ambigu mais la superposition des deux registres, donc la vérité : nous sommes nous-mêmes avec nos âges, mais l’enfant est toujours là, avec ses turpitudes et ses enchantements. Un répertoire (en gros celui de son disque « Woman Child ») très divers et fouillé dans ses connotations littéraires et musicales, quelques morceaux très attendus (Le front caché sur tes genoux, There’s A Lull In My Life), et toujours cette façon de scander chaque syllabe, de la détacher de celle qui suit, cet amour des mots donc, une manière d’intimisme sérieux, un ambitus vocal exceptionnel, que des motis d’admiration. Et puis quelques autres encore, son versant Betty Carter (en moins flottant côté harmonique), ses inflexions coquines à la Sarah Vaughan, voilà de quoi séduire ceux qui aiment le chant, les mots, les textes, la musique. Oui, ça fait beaucoup pour une prestation de tard dans la nuit, mais on est là pour ça, et on aime.
Philippe Méziat
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Vingt quatre fois vingt quatre heures. On ne comptera pas ce que ça donne, mais le festival girondin créé par l’Office Monségurais de la Culture et des Loisirs a eu chaud. Une édition 2012 en demi-teinte, un concert de soutien en septembre, les efforts de nombreux bénévoles, une fidélité des collectivités territoriales (Conseil Général surtout), et nous y voici quand même, avec ceux-là même qui ont officié en septembre dernier. Juste retour des choses. Et puis Cecile Mc Lorin Salvant. Belle affiche, originale en plus. Voyons ça.
September Celebration : Alice Mc Carthy (voc), Laurence Jay (voc), Martine Olméda (voc), Serge Moulinier (p), Alain Coyral (ts, ss), Christophe Jodet (b), Didier Ottaviani (dm)
Cecile Mc Lorin Salvant (voc), Aaron Diehl (p), Paul Sikivie (b), Rodney Green (dm).
En Gironde, dans le petit monde du jazz, ça se sait : quand vous avez besoin de quelqu’un pour mettre en place une soirée où vont se combiner quelques standards bien joués, des solistes venus d’horizons différents, le tout empaqueté dans un coffret cadeau qui donne de l’émotion sans verser dans la facilité, un nom s’impose, celui de Serge Moulinier. Pianiste « de bar » longtemps rompu à tous les exercices de cette fonction, improvisateur surprenant d’invention dans un registre qui reste classique, excellent accompagnateur de solistes vocaux (hommes ou femmes), Serge est aussi arrangeur, meneur de combos, et tout ça avec une modestie confondante. Pour un peu – et qu’on ne trouve dans cette remarque que du positif – on dirait que son trio (avec Jodet et Ottaviani) est semblable à celui que formait naguère Arvanitas avec Samson et Saudrais. Que les solistes de passage le sachent, et en profitent !!!
Pour célébrer la soirée de soutien de septembre dernier, Serge a donc concocté un spectacle d’une heure et demie, autour d’un trio vocal non seulement inédit mais tout à fait improbable, formé d’une mezzo-soprano lyrique (Martine Olméda, Carmen convaincante et Dalila de choc), d’une chanteuse de jazz avec laquelle il se produit régulièrement (Laurence « Lo » Jay), et d’une toute jeune fille de 14 ans, résidant à Monségur avec ses parents anglais, Alice Mc Carthy. On part de With A Little Help From My Friends (évidemment) pour y revenir à la fin, avec (pour sûr) Imagine et What A Wonderful World !!! C’est presque trop, mais il faut oser. Entre temps, on a passé par différentes versions de Summertime (genre lyrique, puis jazz), quelques amusements avec L’amour est enfant de Bohème (ça pourrait tendre vers Spike Jones), deux versions violemment opposées de Après un Rêve de Gabriel Fauré (on commence à penser à Cecile et à son Je Te Veux, immense, encore dans les mémoires), et aussi une composition personnelle de la toute jeune chanteuse, qui montre l’étendue de ses qualités. Car Alice Mc Carthy a le charme désarmant de la fraîcheur de ses 14 ans, elle ne se sait pas encore elle-même, elle chante formidablement bien, avec des aigus de son âge et une certaine fragilité. Elle ne cherche à convaincre personne de quoi que ce soit, elle prend plaisir à être là, c’est ainsi, c’est beaucoup. Bravo, et à suivre.
Laurence Jay, Alice Mc Carthy, Martine Olméda
Donc Cecile. Elle commence son concert un peu tard dans la nuit, il sera assez court, dense autant qu’il se peut sous cette halle réverbérante. On reconnaît son timbre dès la première note, ce timbre qui associe l’enfance et la féminité assumée, rien d’ambigu mais la superposition des deux registres, donc la vérité : nous sommes nous-mêmes avec nos âges, mais l’enfant est toujours là, avec ses turpitudes et ses enchantements. Un répertoire (en gros celui de son disque « Woman Child ») très divers et fouillé dans ses connotations littéraires et musicales, quelques morceaux très attendus (Le front caché sur tes genoux, There’s A Lull In My Life), et toujours cette façon de scander chaque syllabe, de la détacher de celle qui suit, cet amour des mots donc, une manière d’intimisme sérieux, un ambitus vocal exceptionnel, que des motis d’admiration. Et puis quelques autres encore, son versant Betty Carter (en moins flottant côté harmonique), ses inflexions coquines à la Sarah Vaughan, voilà de quoi séduire ceux qui aiment le chant, les mots, les textes, la musique. Oui, ça fait beaucoup pour une prestation de tard dans la nuit, mais on est là pour ça, et on aime.
Philippe Méziat
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Vingt quatre fois vingt quatre heures. On ne comptera pas ce que ça donne, mais le festival girondin créé par l’Office Monségurais de la Culture et des Loisirs a eu chaud. Une édition 2012 en demi-teinte, un concert de soutien en septembre, les efforts de nombreux bénévoles, une fidélité des collectivités territoriales (Conseil Général surtout), et nous y voici quand même, avec ceux-là même qui ont officié en septembre dernier. Juste retour des choses. Et puis Cecile Mc Lorin Salvant. Belle affiche, originale en plus. Voyons ça.
September Celebration : Alice Mc Carthy (voc), Laurence Jay (voc), Martine Olméda (voc), Serge Moulinier (p), Alain Coyral (ts, ss), Christophe Jodet (b), Didier Ottaviani (dm)
Cecile Mc Lorin Salvant (voc), Aaron Diehl (p), Paul Sikivie (b), Rodney Green (dm).
En Gironde, dans le petit monde du jazz, ça se sait : quand vous avez besoin de quelqu’un pour mettre en place une soirée où vont se combiner quelques standards bien joués, des solistes venus d’horizons différents, le tout empaqueté dans un coffret cadeau qui donne de l’émotion sans verser dans la facilité, un nom s’impose, celui de Serge Moulinier. Pianiste « de bar » longtemps rompu à tous les exercices de cette fonction, improvisateur surprenant d’invention dans un registre qui reste classique, excellent accompagnateur de solistes vocaux (hommes ou femmes), Serge est aussi arrangeur, meneur de combos, et tout ça avec une modestie confondante. Pour un peu – et qu’on ne trouve dans cette remarque que du positif – on dirait que son trio (avec Jodet et Ottaviani) est semblable à celui que formait naguère Arvanitas avec Samson et Saudrais. Que les solistes de passage le sachent, et en profitent !!!
Pour célébrer la soirée de soutien de septembre dernier, Serge a donc concocté un spectacle d’une heure et demie, autour d’un trio vocal non seulement inédit mais tout à fait improbable, formé d’une mezzo-soprano lyrique (Martine Olméda, Carmen convaincante et Dalila de choc), d’une chanteuse de jazz avec laquelle il se produit régulièrement (Laurence « Lo » Jay), et d’une toute jeune fille de 14 ans, résidant à Monségur avec ses parents anglais, Alice Mc Carthy. On part de With A Little Help From My Friends (évidemment) pour y revenir à la fin, avec (pour sûr) Imagine et What A Wonderful World !!! C’est presque trop, mais il faut oser. Entre temps, on a passé par différentes versions de Summertime (genre lyrique, puis jazz), quelques amusements avec L’amour est enfant de Bohème (ça pourrait tendre vers Spike Jones), deux versions violemment opposées de Après un Rêve de Gabriel Fauré (on commence à penser à Cecile et à son Je Te Veux, immense, encore dans les mémoires), et aussi une composition personnelle de la toute jeune chanteuse, qui montre l’étendue de ses qualités. Car Alice Mc Carthy a le charme désarmant de la fraîcheur de ses 14 ans, elle ne se sait pas encore elle-même, elle chante formidablement bien, avec des aigus de son âge et une certaine fragilité. Elle ne cherche à convaincre personne de quoi que ce soit, elle prend plaisir à être là, c’est ainsi, c’est beaucoup. Bravo, et à suivre.
Laurence Jay, Alice Mc Carthy, Martine Olméda
Donc Cecile. Elle commence son concert un peu tard dans la nuit, il sera assez court, dense autant qu’il se peut sous cette halle réverbérante. On reconnaît son timbre dès la première note, ce timbre qui associe l’enfance et la féminité assumée, rien d’ambigu mais la superposition des deux registres, donc la vérité : nous sommes nous-mêmes avec nos âges, mais l’enfant est toujours là, avec ses turpitudes et ses enchantements. Un répertoire (en gros celui de son disque « Woman Child ») très divers et fouillé dans ses connotations littéraires et musicales, quelques morceaux très attendus (Le front caché sur tes genoux, There’s A Lull In My Life), et toujours cette façon de scander chaque syllabe, de la détacher de celle qui suit, cet amour des mots donc, une manière d’intimisme sérieux, un ambitus vocal exceptionnel, que des motis d’admiration. Et puis quelques autres encore, son versant Betty Carter (en moins flottant côté harmonique), ses inflexions coquines à la Sarah Vaughan, voilà de quoi séduire ceux qui aiment le chant, les mots, les textes, la musique. Oui, ça fait beaucoup pour une prestation de tard dans la nuit, mais on est là pour ça, et on aime.
Philippe Méziat
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Vingt quatre fois vingt quatre heures. On ne comptera pas ce que ça donne, mais le festival girondin créé par l’Office Monségurais de la Culture et des Loisirs a eu chaud. Une édition 2012 en demi-teinte, un concert de soutien en septembre, les efforts de nombreux bénévoles, une fidélité des collectivités territoriales (Conseil Général surtout), et nous y voici quand même, avec ceux-là même qui ont officié en septembre dernier. Juste retour des choses. Et puis Cecile Mc Lorin Salvant. Belle affiche, originale en plus. Voyons ça.
September Celebration : Alice Mc Carthy (voc), Laurence Jay (voc), Martine Olméda (voc), Serge Moulinier (p), Alain Coyral (ts, ss), Christophe Jodet (b), Didier Ottaviani (dm)
Cecile Mc Lorin Salvant (voc), Aaron Diehl (p), Paul Sikivie (b), Rodney Green (dm).
En Gironde, dans le petit monde du jazz, ça se sait : quand vous avez besoin de quelqu’un pour mettre en place une soirée où vont se combiner quelques standards bien joués, des solistes venus d’horizons différents, le tout empaqueté dans un coffret cadeau qui donne de l’émotion sans verser dans la facilité, un nom s’impose, celui de Serge Moulinier. Pianiste « de bar » longtemps rompu à tous les exercices de cette fonction, improvisateur surprenant d’invention dans un registre qui reste classique, excellent accompagnateur de solistes vocaux (hommes ou femmes), Serge est aussi arrangeur, meneur de combos, et tout ça avec une modestie confondante. Pour un peu – et qu’on ne trouve dans cette remarque que du positif – on dirait que son trio (avec Jodet et Ottaviani) est semblable à celui que formait naguère Arvanitas avec Samson et Saudrais. Que les solistes de passage le sachent, et en profitent !!!
Pour célébrer la soirée de soutien de septembre dernier, Serge a donc concocté un spectacle d’une heure et demie, autour d’un trio vocal non seulement inédit mais tout à fait improbable, formé d’une mezzo-soprano lyrique (Martine Olméda, Carmen convaincante et Dalila de choc), d’une chanteuse de jazz avec laquelle il se produit régulièrement (Laurence « Lo » Jay), et d’une toute jeune fille de 14 ans, résidant à Monségur avec ses parents anglais, Alice Mc Carthy. On part de With A Little Help From My Friends (évidemment) pour y revenir à la fin, avec (pour sûr) Imagine et What A Wonderful World !!! C’est presque trop, mais il faut oser. Entre temps, on a passé par différentes versions de Summertime (genre lyrique, puis jazz), quelques amusements avec L’amour est enfant de Bohème (ça pourrait tendre vers Spike Jones), deux versions violemment opposées de Après un Rêve de Gabriel Fauré (on commence à penser à Cecile et à son Je Te Veux, immense, encore dans les mémoires), et aussi une composition personnelle de la toute jeune chanteuse, qui montre l’étendue de ses qualités. Car Alice Mc Carthy a le charme désarmant de la fraîcheur de ses 14 ans, elle ne se sait pas encore elle-même, elle chante formidablement bien, avec des aigus de son âge et une certaine fragilité. Elle ne cherche à convaincre personne de quoi que ce soit, elle prend plaisir à être là, c’est ainsi, c’est beaucoup. Bravo, et à suivre.
Laurence Jay, Alice Mc Carthy, Martine Olméda
Donc Cecile. Elle commence son concert un peu tard dans la nuit, il sera assez court, dense autant qu’il se peut sous cette halle réverbérante. On reconnaît son timbre dès la première note, ce timbre qui associe l’enfance et la féminité assumée, rien d’ambigu mais la superposition des deux registres, donc la vérité : nous sommes nous-mêmes avec nos âges, mais l’enfant est toujours là, avec ses turpitudes et ses enchantements. Un répertoire (en gros celui de son disque « Woman Child ») très divers et fouillé dans ses connotations littéraires et musicales, quelques morceaux très attendus (Le front caché sur tes genoux, There’s A Lull In My Life), et toujours cette façon de scander chaque syllabe, de la détacher de celle qui suit, cet amour des mots donc, une manière d’intimisme sérieux, un ambitus vocal exceptionnel, que des motis d’admiration. Et puis quelques autres encore, son versant Betty Carter (en moins flottant côté harmonique), ses inflexions coquines à la Sarah Vaughan, voilà de quoi séduire ceux qui aiment le chant, les mots, les textes, la musique. Oui, ça fait beaucoup pour une prestation de tard dans la nuit, mais on est là pour ça, et on aime.
Philippe Méziat