Jazz live
Publié le 9 Jan 2015

Adieu à Ivan Jullien

Tandis que la mort rodait à Paris et dans ses environs sous ses aspects les plus pathologiques, la vie continuait, avec ses naissances, ses peines et ses joies quotidiennes, ses décès aussi comme celui du trompettiste, chef d’orchestre et arrangeur Ivan Julien auquel le monde du jazz était venu dire adieu, cette après-midi 9 janvier  au Cimetière du Père Lachaise. Le 7 novembre 2008, nous avions été l’écouter au Petit Journal Montparnasse où il présentait son nouveau big Band. Souvenirs.

 

« Grand Orchestre d’Ivan Jullien: Quentin Ghomari, Nicolas Giraud, Hervé Michelet, David Dupuis, Vincent Échard (tp), Bastien Ballaz, Daniel Zimmerman, Philippe George (tb), Lionel Surin (cor), Nicolas Devois tuba), Dominique Mandin, Olivier Zanot (as), Sophie Allour, Boris Pokora (ts), Jean-François Devèze (bars), Vincent Lafont (p), Maxime Fougères (elg), Sébastien Jimenez (elb), Mathieu Chazarenc (dm), Gérard Carocci (perc), Ivan Jullien (arrgt, compositions, direction).

À près de 75 ans, Ivan Julien reprend sa baguette de chef d’orchestre et profite en cela d’une génération de musiciens hyper-formés pour faire à nouveau sonner des arrangements qui marquèrent leur époque. Le 1er set culmine avec Nostalgia in Times Square de Charles Mingus, une espèce de monument contre-nature si l’on se souvient de l’attachement du contrebassiste à une spontanéité organisée. Ivan Jullien échappe cependant à toute comparaison tant il s’approprie l’œuvre avec un art combiné de la couleur et du développement. On a souvent l’un (pas si souvent à ce niveau d’excellence), plus rarement l’autre. Oui, l’écriture est riche, épaisse, mais elle n’est jamais surchargée, parce que rien n’est inutile, ni dans le temps, ni dans l’espace. Selon un double classicisme : d’un côté l’énergie des masses traitées à la Basie et portées par des qualités de swing qui résistent à la dominante binaire ; de l’autre le sens des étoffes avec un métier d’orchestrateur, d’harmoniste et de mélodiste qui évoque les candeurs savantes de Gil Evans, l’accent mis sur le savant plus que sur le candide chez Ivan Jullien. L’autre grande réussite de ce premier set sera Pour Alain, dédié à Alain Guerrini, fondateur de l’une des premières écoles de jazz en Europe, le Cim, où Ivan Julien anima longtemps une classe d’arrangement. C’est dans cette pièce qu’éclate toute la profondeur des qualités de l’orchestrateur et harmoniste, magnifiées par un solo de trombone de Daniel Zimmerman d’une sensibilité inouïe, et servies par un orchestre exceptionnel qu’emmène le 1er alto Dominique Mandin, directeur du Vintage Orchestra qui constitue son noyau dur. 


Second set. Tandis se succède son fameux Secret Service de 1971, un hommage à la Malibran qui n’était autre qu’une grande tante d’Ivan, ainsi qu’un Witch Hunt de Wayne Shorter astucieusement mis en paroles et chanté par Annick Tangora, on retrouve François Théberge au bar. Il est passionnant d’écouter la musique d’Ivan Jullien commentée par François Théberge qui confirme ce sentiment de plénitude et d’économie des moyens dans la profusion. Aux commentaires sur l’efficacité rare de l’écriture à cinq trompettes se joignent ceux de la corniste Camille Lebrequier récemment entendue au Baiser Salé auprès de Christophe Dal Sasso et qui s’émerveille de la lisibilité des voix de la section de trombones élargie (avec cor et tuba), notamment en ce qui concerne la partie de cor. À vous d’aller y voir au Petit Journal Montparnasse. Ivan Jullien dirige son grand orchestre tous les mois. »

 

C’était le 7 novembre 2008. Ivan n’y jouera plus. Franck Bergerot

 

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Tandis que la mort rodait à Paris et dans ses environs sous ses aspects les plus pathologiques, la vie continuait, avec ses naissances, ses peines et ses joies quotidiennes, ses décès aussi comme celui du trompettiste, chef d’orchestre et arrangeur Ivan Julien auquel le monde du jazz était venu dire adieu, cette après-midi 9 janvier  au Cimetière du Père Lachaise. Le 7 novembre 2008, nous avions été l’écouter au Petit Journal Montparnasse où il présentait son nouveau big Band. Souvenirs.

 

« Grand Orchestre d’Ivan Jullien: Quentin Ghomari, Nicolas Giraud, Hervé Michelet, David Dupuis, Vincent Échard (tp), Bastien Ballaz, Daniel Zimmerman, Philippe George (tb), Lionel Surin (cor), Nicolas Devois tuba), Dominique Mandin, Olivier Zanot (as), Sophie Allour, Boris Pokora (ts), Jean-François Devèze (bars), Vincent Lafont (p), Maxime Fougères (elg), Sébastien Jimenez (elb), Mathieu Chazarenc (dm), Gérard Carocci (perc), Ivan Jullien (arrgt, compositions, direction).

À près de 75 ans, Ivan Julien reprend sa baguette de chef d’orchestre et profite en cela d’une génération de musiciens hyper-formés pour faire à nouveau sonner des arrangements qui marquèrent leur époque. Le 1er set culmine avec Nostalgia in Times Square de Charles Mingus, une espèce de monument contre-nature si l’on se souvient de l’attachement du contrebassiste à une spontanéité organisée. Ivan Jullien échappe cependant à toute comparaison tant il s’approprie l’œuvre avec un art combiné de la couleur et du développement. On a souvent l’un (pas si souvent à ce niveau d’excellence), plus rarement l’autre. Oui, l’écriture est riche, épaisse, mais elle n’est jamais surchargée, parce que rien n’est inutile, ni dans le temps, ni dans l’espace. Selon un double classicisme : d’un côté l’énergie des masses traitées à la Basie et portées par des qualités de swing qui résistent à la dominante binaire ; de l’autre le sens des étoffes avec un métier d’orchestrateur, d’harmoniste et de mélodiste qui évoque les candeurs savantes de Gil Evans, l’accent mis sur le savant plus que sur le candide chez Ivan Jullien. L’autre grande réussite de ce premier set sera Pour Alain, dédié à Alain Guerrini, fondateur de l’une des premières écoles de jazz en Europe, le Cim, où Ivan Julien anima longtemps une classe d’arrangement. C’est dans cette pièce qu’éclate toute la profondeur des qualités de l’orchestrateur et harmoniste, magnifiées par un solo de trombone de Daniel Zimmerman d’une sensibilité inouïe, et servies par un orchestre exceptionnel qu’emmène le 1er alto Dominique Mandin, directeur du Vintage Orchestra qui constitue son noyau dur. 


Second set. Tandis se succède son fameux Secret Service de 1971, un hommage à la Malibran qui n’était autre qu’une grande tante d’Ivan, ainsi qu’un Witch Hunt de Wayne Shorter astucieusement mis en paroles et chanté par Annick Tangora, on retrouve François Théberge au bar. Il est passionnant d’écouter la musique d’Ivan Jullien commentée par François Théberge qui confirme ce sentiment de plénitude et d’économie des moyens dans la profusion. Aux commentaires sur l’efficacité rare de l’écriture à cinq trompettes se joignent ceux de la corniste Camille Lebrequier récemment entendue au Baiser Salé auprès de Christophe Dal Sasso et qui s’émerveille de la lisibilité des voix de la section de trombones élargie (avec cor et tuba), notamment en ce qui concerne la partie de cor. À vous d’aller y voir au Petit Journal Montparnasse. Ivan Jullien dirige son grand orchestre tous les mois. »

 

C’était le 7 novembre 2008. Ivan n’y jouera plus. Franck Bergerot

 

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Tandis que la mort rodait à Paris et dans ses environs sous ses aspects les plus pathologiques, la vie continuait, avec ses naissances, ses peines et ses joies quotidiennes, ses décès aussi comme celui du trompettiste, chef d’orchestre et arrangeur Ivan Julien auquel le monde du jazz était venu dire adieu, cette après-midi 9 janvier  au Cimetière du Père Lachaise. Le 7 novembre 2008, nous avions été l’écouter au Petit Journal Montparnasse où il présentait son nouveau big Band. Souvenirs.

 

« Grand Orchestre d’Ivan Jullien: Quentin Ghomari, Nicolas Giraud, Hervé Michelet, David Dupuis, Vincent Échard (tp), Bastien Ballaz, Daniel Zimmerman, Philippe George (tb), Lionel Surin (cor), Nicolas Devois tuba), Dominique Mandin, Olivier Zanot (as), Sophie Allour, Boris Pokora (ts), Jean-François Devèze (bars), Vincent Lafont (p), Maxime Fougères (elg), Sébastien Jimenez (elb), Mathieu Chazarenc (dm), Gérard Carocci (perc), Ivan Jullien (arrgt, compositions, direction).

À près de 75 ans, Ivan Julien reprend sa baguette de chef d’orchestre et profite en cela d’une génération de musiciens hyper-formés pour faire à nouveau sonner des arrangements qui marquèrent leur époque. Le 1er set culmine avec Nostalgia in Times Square de Charles Mingus, une espèce de monument contre-nature si l’on se souvient de l’attachement du contrebassiste à une spontanéité organisée. Ivan Jullien échappe cependant à toute comparaison tant il s’approprie l’œuvre avec un art combiné de la couleur et du développement. On a souvent l’un (pas si souvent à ce niveau d’excellence), plus rarement l’autre. Oui, l’écriture est riche, épaisse, mais elle n’est jamais surchargée, parce que rien n’est inutile, ni dans le temps, ni dans l’espace. Selon un double classicisme : d’un côté l’énergie des masses traitées à la Basie et portées par des qualités de swing qui résistent à la dominante binaire ; de l’autre le sens des étoffes avec un métier d’orchestrateur, d’harmoniste et de mélodiste qui évoque les candeurs savantes de Gil Evans, l’accent mis sur le savant plus que sur le candide chez Ivan Jullien. L’autre grande réussite de ce premier set sera Pour Alain, dédié à Alain Guerrini, fondateur de l’une des premières écoles de jazz en Europe, le Cim, où Ivan Julien anima longtemps une classe d’arrangement. C’est dans cette pièce qu’éclate toute la profondeur des qualités de l’orchestrateur et harmoniste, magnifiées par un solo de trombone de Daniel Zimmerman d’une sensibilité inouïe, et servies par un orchestre exceptionnel qu’emmène le 1er alto Dominique Mandin, directeur du Vintage Orchestra qui constitue son noyau dur. 


Second set. Tandis se succède son fameux Secret Service de 1971, un hommage à la Malibran qui n’était autre qu’une grande tante d’Ivan, ainsi qu’un Witch Hunt de Wayne Shorter astucieusement mis en paroles et chanté par Annick Tangora, on retrouve François Théberge au bar. Il est passionnant d’écouter la musique d’Ivan Jullien commentée par François Théberge qui confirme ce sentiment de plénitude et d’économie des moyens dans la profusion. Aux commentaires sur l’efficacité rare de l’écriture à cinq trompettes se joignent ceux de la corniste Camille Lebrequier récemment entendue au Baiser Salé auprès de Christophe Dal Sasso et qui s’émerveille de la lisibilité des voix de la section de trombones élargie (avec cor et tuba), notamment en ce qui concerne la partie de cor. À vous d’aller y voir au Petit Journal Montparnasse. Ivan Jullien dirige son grand orchestre tous les mois. »

 

C’était le 7 novembre 2008. Ivan n’y jouera plus. Franck Bergerot

 

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Tandis que la mort rodait à Paris et dans ses environs sous ses aspects les plus pathologiques, la vie continuait, avec ses naissances, ses peines et ses joies quotidiennes, ses décès aussi comme celui du trompettiste, chef d’orchestre et arrangeur Ivan Julien auquel le monde du jazz était venu dire adieu, cette après-midi 9 janvier  au Cimetière du Père Lachaise. Le 7 novembre 2008, nous avions été l’écouter au Petit Journal Montparnasse où il présentait son nouveau big Band. Souvenirs.

 

« Grand Orchestre d’Ivan Jullien: Quentin Ghomari, Nicolas Giraud, Hervé Michelet, David Dupuis, Vincent Échard (tp), Bastien Ballaz, Daniel Zimmerman, Philippe George (tb), Lionel Surin (cor), Nicolas Devois tuba), Dominique Mandin, Olivier Zanot (as), Sophie Allour, Boris Pokora (ts), Jean-François Devèze (bars), Vincent Lafont (p), Maxime Fougères (elg), Sébastien Jimenez (elb), Mathieu Chazarenc (dm), Gérard Carocci (perc), Ivan Jullien (arrgt, compositions, direction).

À près de 75 ans, Ivan Julien reprend sa baguette de chef d’orchestre et profite en cela d’une génération de musiciens hyper-formés pour faire à nouveau sonner des arrangements qui marquèrent leur époque. Le 1er set culmine avec Nostalgia in Times Square de Charles Mingus, une espèce de monument contre-nature si l’on se souvient de l’attachement du contrebassiste à une spontanéité organisée. Ivan Jullien échappe cependant à toute comparaison tant il s’approprie l’œuvre avec un art combiné de la couleur et du développement. On a souvent l’un (pas si souvent à ce niveau d’excellence), plus rarement l’autre. Oui, l’écriture est riche, épaisse, mais elle n’est jamais surchargée, parce que rien n’est inutile, ni dans le temps, ni dans l’espace. Selon un double classicisme : d’un côté l’énergie des masses traitées à la Basie et portées par des qualités de swing qui résistent à la dominante binaire ; de l’autre le sens des étoffes avec un métier d’orchestrateur, d’harmoniste et de mélodiste qui évoque les candeurs savantes de Gil Evans, l’accent mis sur le savant plus que sur le candide chez Ivan Jullien. L’autre grande réussite de ce premier set sera Pour Alain, dédié à Alain Guerrini, fondateur de l’une des premières écoles de jazz en Europe, le Cim, où Ivan Julien anima longtemps une classe d’arrangement. C’est dans cette pièce qu’éclate toute la profondeur des qualités de l’orchestrateur et harmoniste, magnifiées par un solo de trombone de Daniel Zimmerman d’une sensibilité inouïe, et servies par un orchestre exceptionnel qu’emmène le 1er alto Dominique Mandin, directeur du Vintage Orchestra qui constitue son noyau dur. 


Second set. Tandis se succède son fameux Secret Service de 1971, un hommage à la Malibran qui n’était autre qu’une grande tante d’Ivan, ainsi qu’un Witch Hunt de Wayne Shorter astucieusement mis en paroles et chanté par Annick Tangora, on retrouve François Théberge au bar. Il est passionnant d’écouter la musique d’Ivan Jullien commentée par François Théberge qui confirme ce sentiment de plénitude et d’économie des moyens dans la profusion. Aux commentaires sur l’efficacité rare de l’écriture à cinq trompettes se joignent ceux de la corniste Camille Lebrequier récemment entendue au Baiser Salé auprès de Christophe Dal Sasso et qui s’émerveille de la lisibilité des voix de la section de trombones élargie (avec cor et tuba), notamment en ce qui concerne la partie de cor. À vous d’aller y voir au Petit Journal Montparnasse. Ivan Jullien dirige son grand orchestre tous les mois. »

 

C’était le 7 novembre 2008. Ivan n’y jouera plus. Franck Bergerot