
Dans l’après-midi du 25 mai, la famille, les amis, les collègues, les partenaires musicaux (professionnels ou amateurs) se sont rassemblés au Conservatoire du 11ème arrondissement de Paris pour un hommage au saxophoniste disparu début mars au cours d’une randonnée. Grand musicien, pédagogue réputé, admiré pour cela de ses collègues comme de ses étudiants, et faisant aussi l’unanimité pour ses qualités humaines, le saxophoniste et compositeur a été célébré lors de ce vibrant hommage au Conservatoire Charles Münch.

Le concert commence avec Persée, une composition d’Éric qu’il avait enregistrée en 1988 avec Henri Texier et Aldo Romano, pour un disque où d’autres compositions (Antarès, Aldebaran, Algol ) révélaient la passion d’Éric pour les constellations et les étoiles. Sur scène des musiciennes et musiciens qui ont été les élèves d’Éric, ou ses collègues, ainsi que la violoniste Debora Seffer.

Puis Jean Bardy nous a donné un solo de contrebasse, en hommage au musicien avec lequel il avait joué dès son début de carrière. Ensuite Virginie Capizzi, qui enseigne au CRR de la Rue de Madrid et qui chantait à l’instant dans le groupe précédent, nous a lu un beau texte de Jacques Vidal, retenu à la même heure au Sunside pour un concert dont le saxophoniste devait être Éric Barret, remplacé par Pierrick Pédron.

Viennent alors sur scène Serge Lazarevitch, Philippe Macé, Fabrice Devienne, Philippe Aerts et Gautier Garrigue pour Ana Maria de Wayne Shorter

Airelle Besson et Pierre-Olivier Govin rejoindront alors une partie du groupe pour See You Later, une sorte de message à l’ami disparu.

Après un diaporama qui évoque Éric dans sa vie musicale, préparé par Florence sa femme, Jean-Charles Richard jouera Aung San Suu Kyi de Wayne Shorter en duo avec Leïla Olivesi : un thème que la pianiste, également enseignante dans ce même conservatoire, avait eu l’occasion de jouer avec Éric Barret.

Nicolas Genest, au bugle, a joué pour nous sa composition Les Félins, enregistrée en1993 par son quartette augmenté de la présence d’Éric. À la contrebasse Oliver Sens, qui jouait alors dans ce groupe. Et au piano Yvan Robilliard, qui enseigne ici même.

On attend pour le plateau suivant Benjamin Moussay, retardé car il était en concert avec Louis Sclavis. Mais Pierrick Menuau, arrivé trop tard pour jouer avec Nicolas Genest, propose de jouer Body and Soul. Ce qui sera fait, au débotté comme la magie du jazz le permet, avec Leïla Olivesi, Stéphane Kerecki, Antoine Lisolo, Thomas Savy et Hugo Dudziak.

Benjamin Moussay est arrivé. Il rejoint une partie du groupe pour jouer O Caroline, un thème de Robert Wyatt qui figurait au répertoire du septette d’Éric. En voyant sur scène Benjamin, Airelle et Pierre-Olivier, une émotion passée me revient avec force. En janvier 2004, j’avais programmé ce groupe pour un concert ‘Jazz sur le Vif’ de Radio France (où j’étais alors en charge du ‘bureau du jazz’). Ce devait être le tout premier concert de ce nouveau projet. Habituellement je ne programmais pas pour un concert un nouveau groupe sans un ‘rodage’ en club d’une ou deux soirée, car il est difficile pour les artistes d’être enregistrés par la radio pour une première. Éric n’avait pas trouvé de club pour accueillir cet effectif déjà important de 7 musiciens. Il me dit que le projet ne pourrait voir le jour si je ne le programmais pas. Contrairement à mes usages professionnels, et parce que j’avais grande confiance dans le talent de l’artiste et des partenaires qu’il s’était choisis, j’ai dérogé à mes ‘principes’, et je ne l’ai pas regretté ! Et en écoutant le groupe d’aujourd’hui, dont trois des membres étaient en 2004 aux côtés d’Éric, je me suis souvenu que ce jour-là, le concert avait commencé par…. O Caroline. Aujourd’hui au conservatoire Charles Münch, après une émouvante évocation de Florence Barret, l’hommage va se terminer par un tutti autour de Happy House d’Ornette Coleman. Dans l’assistance il y avait aussi beaucoup d’autres artistes, et des ami.e.s du microcosme de jazz. D’avance pardon à celles et ceux que j’ai n’ai pas cité.e.s. Nous étions réunis par notre amitié pour Éric.
Xavier Prévost
Éric Barret devait se produire le 6 juin au Prieuré de Saint-Rémy-la-Varenne, près d’Angers, où réside sa sœur Geneviève. Un hommage musical lui sera rendu, autour du saxophoniste Pierrick Menuau.
Les ami.e.s qui voudraient y participer sont les bienvenus. Contacter Pierrick Menuau