Jazz live
Publié le 4 Mai 2025 • Par Xavier Prévost

Gilles Coronado & Maxime Rouayroux en sieste musicale à la Médiathèque de Sèvres

Un périple à base de transports en commun permet au chroniqueur de rallier la Banlieue Ouest en venant de sa Banlieue Est. Une heure trente de porte à porte, l’huis d’arrivée étant celui de la Médiathèque de Sèvres. C’est là qu’il va vivre une expérience singulière : un concert de musique improvisée en forme de sieste musicale. Le duo ‘Ductus’ rassemble le guitariste Gilles Coronado et le batteur Maxime Rouayroux, deux musiciens formés entre Provence et Languedoc, avant d’être entendus bien au-delà du Grand Sud. Ils sont aussi partenaires au sein du quartette Peemaï, dont le centre de gravité est du côté de Montpellier. Le concert se tient dans une petite salle où quelques transats sont disposés en cercle autour des instruments

DUCTUS

GILLES CORONADO (guitare électrique, effets), MAXIME ROUAYROUX (batterie, percussions)

Sèvres, Médiathèque, 3 mai 2025, 15h

Le concert commence dans la lumière diffuse d’une lampe de table posée au sol, d‘un petit globe terrestre lumineux, et d’une source surgie du tom médium de la batterie. En paraphrasant Tanizaki, je pense ‘Éloge de la pénombre’. L’improvisation commence par une longue tenue d’une note venue de la guitare, et prolongée par les effets qui en façonnent la texture. Cette entrée en matière sonore me rappelle (association incongrue peut-être….) l’incipit de L’Or du Rhin, premier pas de la Tétralogie de Wagner, avec cette note grave qui prend source dans les profondeurs de l’orchestre avant de s’épanouir dans le prologue, porte ouverte sur une cycle opératique de près de quinze heures. Ici le format est plus modeste, et la musique n’est pas écrite, simplement en train d’advenir. Mais comme toujours la musique est un mystère qui se dévoile au fil des notes. La batterie et les percussions procèdent par petites touches, dans une dynamique retenue. La guitare poursuit son aventure autour des changements de timbre. Puis l’intensité évolue. C’est un échange de sonorités et de rythmes, un dialogue autant qu’une controverse. Écoute mutuelle des deux improvisateurs, mais aussi attention palpable du public, embarqué dans ce voyage onirique, plutôt qu’hypnotique comme le suggère l’intitulé de sieste musicale. Un public captivé par ce qui se joue, de la perception à l’émotion en passant par la sensation. Comme en un rêve…. Une sorte d’Art Total ? Peut-être bien, et voilà qui nous ramène à Wagner. Plus simplement, nous venons de vivre un beau concert d’improvisation, une improvisation aboutie, et qui pourtant ne livre pas tous ses mystères : mystère de la musique, en somme.

Xavier Prévost

https://mediatheque.sevres.fr/evenements-fr/a-venir/215-sieste-musicale-live