Jazz live
Publié le 15 Juil 2014

Herbie Hancock et Wayne Shorter, l’espace d’un soir…

… ou plutôt Wayne Shorter et Herbie Hancock, un soir dans l’espace ? A l’Olympia, les deux amis de cinquante ans se sont lancés dans leur défi favori : « Négocier avec l’inattendu. » La définition, on l’aura deviné, est du philosophe bouddhiste joueur de saxophone.


Herbie Hancock (pinao, clavier), Wayne Shorter (saxophone soprano). Paris, Olympia, mardi 15 juillet 2014.

 

 « Oh, le feu d’artifice était magnifique ! Je l’ai regardé à la télévision : c’est le plus beau feu d’artifice que j’ai vu de ma vie. – Vraiment ? – Oui, sans aucun doute. Vive le 14 juillet ! » Entendre Herbie Hancock backstage s’exclamer « Vive le 14 juillet ! » en français a quelque chose de savoureux. Cet homme a toujours le don de s’enthousiasmer pour quelque chose… d’inattendu. Herbie Hancock aime la vie, et vous avez intérêt à l’aimer autant que lui. C’est à prendre ou à laisser : c’est non négociable. Du piano, du grand piano – quel toucher, quel sens du rythme, quelle précision – mais, aussi, un peu de synthé, c’est comme ça, et puis Wayne adore ça : regardez-le, il sourit comme un enfant.

 

Pendant ce temps-là, justement, Wayne Shorter est dans sa loge, tout à son prochain plan de vol interstellaire. Demain, décollage pour la planète Pérouse et son astéroïde Umbria Jazz Festival. Demain est un autre jour, et forcément un tout autre concert. Jusqu’au 14 août (Jazz Middelheim, Bruxelles), Wayne Shorter et Herbie vont en donner huit, pas un de plus. Prochaines étapes françaises : Marseille (Jazz des Cinq Continents, 22 juillet) et Marciac (Jazz in Marciac, 29 juillet).

 

A Paris, ils ont bien négocié avec l’inattendu. Et ont réussi, encore une fois, à nous surprendre. Sans jamais chercher à nous conforter dans nos certitudes. Sans jamais vraiment jouer un air connu, ou du moins un air que l’on aimerait reconnaître. Avec Wayne Shorter, on n’est jamais sûr de rien. Quand, vers la fin de second set, il se met à jouer en solo absolu – Herbie Hancock, les mains posées sur les genoux, semble lui-même époustouflé – ce qui nous semble être By Myself, il bascule en quelques secondes dans une dimension parallèle et semble en réalité – mais quelle réalité ? – jouer I Love Paris. Peu importe le flacon à vrai dire, car l’ivresse essentielle est ailleurs. Dans ce son de soprano absolument extraordinaire, unique, toujours plus fascinant, geyser véritable de bonheur doux-amer.

 

Ils auraient pu vieillir tranquille. Duettiser à l’amiable sur leurs bons vieux standards, de Maiden Voyage à Footprints en passant par Dolphin Dance et Beauty And The Beast. C’est mal les connaître. Ce serait trop facile. Ce serait comme stagner, et donc reculer. Vieillir. Ces deux hommes, ces deux grands, ces deux très grands hommes n’ont qu’une obession : avancer, avancer, avancer, remonter le cours du temps, en dérouler le fil sans le casser, sans rupture, sans qu’on s’en aperçoive, nous les mortels qui n’avons que de yeux et d’oreilles pour ces immortels qui n’ont rien, mais alors vraiment rien d’académique.

 

Herbie Hancock et Wayne Shorter en duo, c’est le triomphe de la musique. Une leçon de vie, hors-cadre, hors les murs : à l’air libre. Frédéric Goaty

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… ou plutôt Wayne Shorter et Herbie Hancock, un soir dans l’espace ? A l’Olympia, les deux amis de cinquante ans se sont lancés dans leur défi favori : « Négocier avec l’inattendu. » La définition, on l’aura deviné, est du philosophe bouddhiste joueur de saxophone.


Herbie Hancock (pinao, clavier), Wayne Shorter (saxophone soprano). Paris, Olympia, mardi 15 juillet 2014.

 

 « Oh, le feu d’artifice était magnifique ! Je l’ai regardé à la télévision : c’est le plus beau feu d’artifice que j’ai vu de ma vie. – Vraiment ? – Oui, sans aucun doute. Vive le 14 juillet ! » Entendre Herbie Hancock backstage s’exclamer « Vive le 14 juillet ! » en français a quelque chose de savoureux. Cet homme a toujours le don de s’enthousiasmer pour quelque chose… d’inattendu. Herbie Hancock aime la vie, et vous avez intérêt à l’aimer autant que lui. C’est à prendre ou à laisser : c’est non négociable. Du piano, du grand piano – quel toucher, quel sens du rythme, quelle précision – mais, aussi, un peu de synthé, c’est comme ça, et puis Wayne adore ça : regardez-le, il sourit comme un enfant.

 

Pendant ce temps-là, justement, Wayne Shorter est dans sa loge, tout à son prochain plan de vol interstellaire. Demain, décollage pour la planète Pérouse et son astéroïde Umbria Jazz Festival. Demain est un autre jour, et forcément un tout autre concert. Jusqu’au 14 août (Jazz Middelheim, Bruxelles), Wayne Shorter et Herbie vont en donner huit, pas un de plus. Prochaines étapes françaises : Marseille (Jazz des Cinq Continents, 22 juillet) et Marciac (Jazz in Marciac, 29 juillet).

 

A Paris, ils ont bien négocié avec l’inattendu. Et ont réussi, encore une fois, à nous surprendre. Sans jamais chercher à nous conforter dans nos certitudes. Sans jamais vraiment jouer un air connu, ou du moins un air que l’on aimerait reconnaître. Avec Wayne Shorter, on n’est jamais sûr de rien. Quand, vers la fin de second set, il se met à jouer en solo absolu – Herbie Hancock, les mains posées sur les genoux, semble lui-même époustouflé – ce qui nous semble être By Myself, il bascule en quelques secondes dans une dimension parallèle et semble en réalité – mais quelle réalité ? – jouer I Love Paris. Peu importe le flacon à vrai dire, car l’ivresse essentielle est ailleurs. Dans ce son de soprano absolument extraordinaire, unique, toujours plus fascinant, geyser véritable de bonheur doux-amer.

 

Ils auraient pu vieillir tranquille. Duettiser à l’amiable sur leurs bons vieux standards, de Maiden Voyage à Footprints en passant par Dolphin Dance et Beauty And The Beast. C’est mal les connaître. Ce serait trop facile. Ce serait comme stagner, et donc reculer. Vieillir. Ces deux hommes, ces deux grands, ces deux très grands hommes n’ont qu’une obession : avancer, avancer, avancer, remonter le cours du temps, en dérouler le fil sans le casser, sans rupture, sans qu’on s’en aperçoive, nous les mortels qui n’avons que de yeux et d’oreilles pour ces immortels qui n’ont rien, mais alors vraiment rien d’académique.

 

Herbie Hancock et Wayne Shorter en duo, c’est le triomphe de la musique. Une leçon de vie, hors-cadre, hors les murs : à l’air libre. Frédéric Goaty

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… ou plutôt Wayne Shorter et Herbie Hancock, un soir dans l’espace ? A l’Olympia, les deux amis de cinquante ans se sont lancés dans leur défi favori : « Négocier avec l’inattendu. » La définition, on l’aura deviné, est du philosophe bouddhiste joueur de saxophone.


Herbie Hancock (pinao, clavier), Wayne Shorter (saxophone soprano). Paris, Olympia, mardi 15 juillet 2014.

 

 « Oh, le feu d’artifice était magnifique ! Je l’ai regardé à la télévision : c’est le plus beau feu d’artifice que j’ai vu de ma vie. – Vraiment ? – Oui, sans aucun doute. Vive le 14 juillet ! » Entendre Herbie Hancock backstage s’exclamer « Vive le 14 juillet ! » en français a quelque chose de savoureux. Cet homme a toujours le don de s’enthousiasmer pour quelque chose… d’inattendu. Herbie Hancock aime la vie, et vous avez intérêt à l’aimer autant que lui. C’est à prendre ou à laisser : c’est non négociable. Du piano, du grand piano – quel toucher, quel sens du rythme, quelle précision – mais, aussi, un peu de synthé, c’est comme ça, et puis Wayne adore ça : regardez-le, il sourit comme un enfant.

 

Pendant ce temps-là, justement, Wayne Shorter est dans sa loge, tout à son prochain plan de vol interstellaire. Demain, décollage pour la planète Pérouse et son astéroïde Umbria Jazz Festival. Demain est un autre jour, et forcément un tout autre concert. Jusqu’au 14 août (Jazz Middelheim, Bruxelles), Wayne Shorter et Herbie vont en donner huit, pas un de plus. Prochaines étapes françaises : Marseille (Jazz des Cinq Continents, 22 juillet) et Marciac (Jazz in Marciac, 29 juillet).

 

A Paris, ils ont bien négocié avec l’inattendu. Et ont réussi, encore une fois, à nous surprendre. Sans jamais chercher à nous conforter dans nos certitudes. Sans jamais vraiment jouer un air connu, ou du moins un air que l’on aimerait reconnaître. Avec Wayne Shorter, on n’est jamais sûr de rien. Quand, vers la fin de second set, il se met à jouer en solo absolu – Herbie Hancock, les mains posées sur les genoux, semble lui-même époustouflé – ce qui nous semble être By Myself, il bascule en quelques secondes dans une dimension parallèle et semble en réalité – mais quelle réalité ? – jouer I Love Paris. Peu importe le flacon à vrai dire, car l’ivresse essentielle est ailleurs. Dans ce son de soprano absolument extraordinaire, unique, toujours plus fascinant, geyser véritable de bonheur doux-amer.

 

Ils auraient pu vieillir tranquille. Duettiser à l’amiable sur leurs bons vieux standards, de Maiden Voyage à Footprints en passant par Dolphin Dance et Beauty And The Beast. C’est mal les connaître. Ce serait trop facile. Ce serait comme stagner, et donc reculer. Vieillir. Ces deux hommes, ces deux grands, ces deux très grands hommes n’ont qu’une obession : avancer, avancer, avancer, remonter le cours du temps, en dérouler le fil sans le casser, sans rupture, sans qu’on s’en aperçoive, nous les mortels qui n’avons que de yeux et d’oreilles pour ces immortels qui n’ont rien, mais alors vraiment rien d’académique.

 

Herbie Hancock et Wayne Shorter en duo, c’est le triomphe de la musique. Une leçon de vie, hors-cadre, hors les murs : à l’air libre. Frédéric Goaty

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… ou plutôt Wayne Shorter et Herbie Hancock, un soir dans l’espace ? A l’Olympia, les deux amis de cinquante ans se sont lancés dans leur défi favori : « Négocier avec l’inattendu. » La définition, on l’aura deviné, est du philosophe bouddhiste joueur de saxophone.


Herbie Hancock (pinao, clavier), Wayne Shorter (saxophone soprano). Paris, Olympia, mardi 15 juillet 2014.

 

 « Oh, le feu d’artifice était magnifique ! Je l’ai regardé à la télévision : c’est le plus beau feu d’artifice que j’ai vu de ma vie. – Vraiment ? – Oui, sans aucun doute. Vive le 14 juillet ! » Entendre Herbie Hancock backstage s’exclamer « Vive le 14 juillet ! » en français a quelque chose de savoureux. Cet homme a toujours le don de s’enthousiasmer pour quelque chose… d’inattendu. Herbie Hancock aime la vie, et vous avez intérêt à l’aimer autant que lui. C’est à prendre ou à laisser : c’est non négociable. Du piano, du grand piano – quel toucher, quel sens du rythme, quelle précision – mais, aussi, un peu de synthé, c’est comme ça, et puis Wayne adore ça : regardez-le, il sourit comme un enfant.

 

Pendant ce temps-là, justement, Wayne Shorter est dans sa loge, tout à son prochain plan de vol interstellaire. Demain, décollage pour la planète Pérouse et son astéroïde Umbria Jazz Festival. Demain est un autre jour, et forcément un tout autre concert. Jusqu’au 14 août (Jazz Middelheim, Bruxelles), Wayne Shorter et Herbie vont en donner huit, pas un de plus. Prochaines étapes françaises : Marseille (Jazz des Cinq Continents, 22 juillet) et Marciac (Jazz in Marciac, 29 juillet).

 

A Paris, ils ont bien négocié avec l’inattendu. Et ont réussi, encore une fois, à nous surprendre. Sans jamais chercher à nous conforter dans nos certitudes. Sans jamais vraiment jouer un air connu, ou du moins un air que l’on aimerait reconnaître. Avec Wayne Shorter, on n’est jamais sûr de rien. Quand, vers la fin de second set, il se met à jouer en solo absolu – Herbie Hancock, les mains posées sur les genoux, semble lui-même époustouflé – ce qui nous semble être By Myself, il bascule en quelques secondes dans une dimension parallèle et semble en réalité – mais quelle réalité ? – jouer I Love Paris. Peu importe le flacon à vrai dire, car l’ivresse essentielle est ailleurs. Dans ce son de soprano absolument extraordinaire, unique, toujours plus fascinant, geyser véritable de bonheur doux-amer.

 

Ils auraient pu vieillir tranquille. Duettiser à l’amiable sur leurs bons vieux standards, de Maiden Voyage à Footprints en passant par Dolphin Dance et Beauty And The Beast. C’est mal les connaître. Ce serait trop facile. Ce serait comme stagner, et donc reculer. Vieillir. Ces deux hommes, ces deux grands, ces deux très grands hommes n’ont qu’une obession : avancer, avancer, avancer, remonter le cours du temps, en dérouler le fil sans le casser, sans rupture, sans qu’on s’en aperçoive, nous les mortels qui n’avons que de yeux et d’oreilles pour ces immortels qui n’ont rien, mais alors vraiment rien d’académique.

 

Herbie Hancock et Wayne Shorter en duo, c’est le triomphe de la musique. Une leçon de vie, hors-cadre, hors les murs : à l’air libre. Frédéric Goaty