Jazz live
Publié le 7 Mai 2016

Jazz à Coutances : derniers instants cuivrées, dernières cordes sensibles

Retour sur deux dernières journées sous les pommiers avec l’inventivité du quartet d’Erik Truffaz, la solennité de Charles Lloyd et Jason Moran ou encore la dextérité du Dark Side Nine de Nguyên Lê.

Quelques notes résonnent encore tandis que la ville s’éloigne… Celles de la chanson Fey-O de Leyla McCalla. Celles de l’un de nos derniers concerts à Coutances. Les bénévoles avaient prévenu. Quand il est temps de définitivement baisser le rideau et de se donner rendez-vous l’an prochain, on a le blues. J’ai le blues. S’il reste encore une journée de musique(s) sous les pommiers, j’ai choisi d’en rester là pour cette (première) fois.

Truffazmania

 Après un échange pour le moins salvateur avec le saxophoniste Charles Lloyd, le moment est venu de retrouver le quartet d’Éric Truffaz. L’occasion pour le trompettiste de présenter, au public de JSLP, le nouveau batteur de sa formation, Arthur Hnatek, mais aussi quelques titres de son dernier disque, “Doni Doni”. Un public déchaîné et, surtout, très avisé quant à la musique de Truffaz. Et pour cause, le musicien est un habitué du festival. Le théâtre de Coutances est plein à craquer. Le quartet franchit les barrières, comme à son habitude, entre drum’n’bass et RnB. Inventivité polyrythmique. Le groove, ligne ondulée, est tracé de façon verticale et vient se placer sur l’horizontalité du son fascinant du trompettiste. Une multitude de routes sont empruntées, certaines dont le bitume fond au soleil, d’autres plongées dans le noir. Le quartet propose l’exploration de larges espaces, de la steppe sibérienne au désert sahélien. On retiendra cette interprétation à couper le souffle (celui du public, rassurez-vous) du titre “The Walk Of the Giant Turtle” tirée du disque éponyme…

Un géant et son disciple

À peine remis de nos émotions, direction la salle Marcel-Hélie pour écouter le saxophoniste Charles Lloyd, au chapeau sombre, et le pianiste Jason Moran, à la casquette orange. Merveilleux choc des générations qui dure depuis une dizaine d’années. Les deux ne se regardent pas. Ils semblent communiquer par la pensée. C’est un instant de grâce et de sérénité sans égal. La salle est silencieuse. L’émotion et le trouble sont palpables. Les nuances sont d’une subtile intensité. Jason Moran est dans la profondeur et la délicatesse. Charles Lloyd, assis, joue avec sagesse et parfois fait preuve d’une vigueur inattendue. Une prestation à la dimension quasi-religieuse. C’est la parfaite conclusion à l’évocation teintée d’une vive émotion, , à peine deux heures avant, des compagnons d’autrefois de Lloyd, d’autres géants du jazz : Eric Dolphy, Booker Little et Lester Young.

Pink Floyd selon Nguyên Lê

Déroutant fut ce concert. Ils étaient huit instrumentistes sur scène en plus d’un Nguyên Lê toujours aussi lumineux. C’était une odyssée électrique et complètement barrée autour du “Dark Side Of The Moon” de Pink Floyd. Certains n’ont pas digéré. D’autres en sont sortis complètement éblouis. Le « Dark Side Nine » de Nguyên Lê nous a saisi par le col pour nous faire vivre un moment des plus vertigineux.

 Une histoire d’indépendance

 Avant qu’Henri, le père contrebassiste, et Sébastien Texier, le fils saxophoniste et clarinettiste, ne présentent leurs projets respectifs – “Sky Dancers” pour le premier, et “Dreamers” pour le second – c’est une sorte d’opéra “afro-jazz“ qui a pris place sur la scène du Théâtre : “Dipenda” – qui, en lingala (langue congolaise), signifie “indépendance”. Accompagné par une solide orchestration, trois chanteuses et un slameur, le pianiste et compositeur de cette épopée musicale, Fabrice Devienne, nous a conté une histoire en nous interpellant sur sa portée. Celle de l’indépendance de la République Démocratique du Congo. Nous nous sommes donc retrouvés à Kinshasa, le 30 juin 1960, témoins d’un moment historique comptant son lot de drames. Poésie, slam, chant, rythmes afro-cubains, … Des compositions écrites, à l’origine, pour une mise en scène de la pièce d’Aimé Césaire, “Une Saison au Congo”. Sans être transcendante, cette remontée dans le temps valait le détour de par la puissance des textes slamés et récités par Pitcho Womba Konga.

La perle Leyla McCalla

Leyla McCalla est, sans conteste, l’un des grands coups de coeurs de cette édition de JSLP. Cette chanteuse, native de New-York, basée à la Nouvelle-Orléans et d’origine haïtienne a mis l’ensemble des spectateurs de la salle Marcel-Hélie à ses pieds. Au violoncelle, à la guitare et au banjo, accompagnée d’une violoniste et d’un guitariste, la chanteuse a construit un pont entre la Louisiane et les Antilles. Touchante et affable, vêtue d’une simple robe rouge et pieds nus, elle n’a pas manqué de converser avec le public, expliquant, systématiquement, l’origine de ses morceaux en anglais ou créole de Lousiane et d’Haïti pour un concert aux couleurs chaudes. Elle a, par ailleurs, invité le saxophoniste Raphaël Imbert à la rejoindre sur scène tout comme le guitariste du groupe guadeloupéen Delgrès. Le concert s’est d’ailleurs soldé par une standing ovation.

Sous les coups de minuit, on jette un coup d’œil à l’intérieur du chapiteau du Magic Mirrors, et malgré l’énergie des “Groove Retrievers” de Julien Lourau, on ne tient plus debout. En rentrant, cette légère pointe de blues, déjà…

Gégé au taquet

Trente-cinq ans que JSLP existe donc. Trente-cinq ans qu’on y croise aussi l’adorable bouille de Gérard « Gégé » Collet. Ce dernier travaille au sein de la commission de programmation du festival aux côtés de son équipe de bénévoles et du directeur, Denis Le Bâs. “Démocratiser le choix de la programmation”, c’est le plus de l’événement, selon Gégé Collet. “Le fait qu’il y ait des sensibilités et des goûts différents parmi l’équipe permet d’assurer l’éclectisme et l’ouverture aux musiques cousines du jazz du festival”, affirme-t-il. États-Unis, Amérique Latine, Europe Centrale, Afrique ou encore l’Asie, comme en témoigne la mise à l’honneur de la Corée du Sud cette année. Gégé Collet, saxophoniste amateur, vit à Paris, au gré des concerts, des sorties de disques et des nouvelles sensations de la scène jazz. Son coup de cœur cette année ? Il évoque vaguement Charles Lloyd, une sensibilité particulière au jazz pur et dur.

Il admet un faible pour la trompettiste Airelle Besson, résidante à Coutances depuis deux ans, et “avec qui le compagnonnage est des plus agréable“. Mais, avant tout, son objectif est de faire découvrir la musique dans sa globalité. Alors, au fond, pourquoi un artiste plutôt qu’un autre ? “Que les spectateurs quittent les salles de concert le sourire aux lèvres, c’est tout ce qui m’importe”, lance-t-il. Bilan à 24 heures de la fin du festival : des organisateurs ravis, des objectifs financiers atteints, de bons concerts, pas de gros problèmes techniques. Et puis, un soleil radieux au rendez-vous. D’ailleurs, l’édition 2017 est déjà sur les rails… Le souhait de Gégé Collet à demi-mots : la présence d’Al Jarreau à Coutances… En attendant, JLSP 2016 aura été “une très belle édition !”.

Katia Touré|Retour sur deux dernières journées sous les pommiers avec l’inventivité du quartet d’Erik Truffaz, la solennité de Charles Lloyd et Jason Moran ou encore la dextérité du Dark Side Nine de Nguyên Lê.

Quelques notes résonnent encore tandis que la ville s’éloigne… Celles de la chanson Fey-O de Leyla McCalla. Celles de l’un de nos derniers concerts à Coutances. Les bénévoles avaient prévenu. Quand il est temps de définitivement baisser le rideau et de se donner rendez-vous l’an prochain, on a le blues. J’ai le blues. S’il reste encore une journée de musique(s) sous les pommiers, j’ai choisi d’en rester là pour cette (première) fois.

Truffazmania

 Après un échange pour le moins salvateur avec le saxophoniste Charles Lloyd, le moment est venu de retrouver le quartet d’Éric Truffaz. L’occasion pour le trompettiste de présenter, au public de JSLP, le nouveau batteur de sa formation, Arthur Hnatek, mais aussi quelques titres de son dernier disque, “Doni Doni”. Un public déchaîné et, surtout, très avisé quant à la musique de Truffaz. Et pour cause, le musicien est un habitué du festival. Le théâtre de Coutances est plein à craquer. Le quartet franchit les barrières, comme à son habitude, entre drum’n’bass et RnB. Inventivité polyrythmique. Le groove, ligne ondulée, est tracé de façon verticale et vient se placer sur l’horizontalité du son fascinant du trompettiste. Une multitude de routes sont empruntées, certaines dont le bitume fond au soleil, d’autres plongées dans le noir. Le quartet propose l’exploration de larges espaces, de la steppe sibérienne au désert sahélien. On retiendra cette interprétation à couper le souffle (celui du public, rassurez-vous) du titre “The Walk Of the Giant Turtle” tirée du disque éponyme…

Un géant et son disciple

À peine remis de nos émotions, direction la salle Marcel-Hélie pour écouter le saxophoniste Charles Lloyd, au chapeau sombre, et le pianiste Jason Moran, à la casquette orange. Merveilleux choc des générations qui dure depuis une dizaine d’années. Les deux ne se regardent pas. Ils semblent communiquer par la pensée. C’est un instant de grâce et de sérénité sans égal. La salle est silencieuse. L’émotion et le trouble sont palpables. Les nuances sont d’une subtile intensité. Jason Moran est dans la profondeur et la délicatesse. Charles Lloyd, assis, joue avec sagesse et parfois fait preuve d’une vigueur inattendue. Une prestation à la dimension quasi-religieuse. C’est la parfaite conclusion à l’évocation teintée d’une vive émotion, , à peine deux heures avant, des compagnons d’autrefois de Lloyd, d’autres géants du jazz : Eric Dolphy, Booker Little et Lester Young.

Pink Floyd selon Nguyên Lê

Déroutant fut ce concert. Ils étaient huit instrumentistes sur scène en plus d’un Nguyên Lê toujours aussi lumineux. C’était une odyssée électrique et complètement barrée autour du “Dark Side Of The Moon” de Pink Floyd. Certains n’ont pas digéré. D’autres en sont sortis complètement éblouis. Le « Dark Side Nine » de Nguyên Lê nous a saisi par le col pour nous faire vivre un moment des plus vertigineux.

 Une histoire d’indépendance

 Avant qu’Henri, le père contrebassiste, et Sébastien Texier, le fils saxophoniste et clarinettiste, ne présentent leurs projets respectifs – “Sky Dancers” pour le premier, et “Dreamers” pour le second – c’est une sorte d’opéra “afro-jazz“ qui a pris place sur la scène du Théâtre : “Dipenda” – qui, en lingala (langue congolaise), signifie “indépendance”. Accompagné par une solide orchestration, trois chanteuses et un slameur, le pianiste et compositeur de cette épopée musicale, Fabrice Devienne, nous a conté une histoire en nous interpellant sur sa portée. Celle de l’indépendance de la République Démocratique du Congo. Nous nous sommes donc retrouvés à Kinshasa, le 30 juin 1960, témoins d’un moment historique comptant son lot de drames. Poésie, slam, chant, rythmes afro-cubains, … Des compositions écrites, à l’origine, pour une mise en scène de la pièce d’Aimé Césaire, “Une Saison au Congo”. Sans être transcendante, cette remontée dans le temps valait le détour de par la puissance des textes slamés et récités par Pitcho Womba Konga.

La perle Leyla McCalla

Leyla McCalla est, sans conteste, l’un des grands coups de coeurs de cette édition de JSLP. Cette chanteuse, native de New-York, basée à la Nouvelle-Orléans et d’origine haïtienne a mis l’ensemble des spectateurs de la salle Marcel-Hélie à ses pieds. Au violoncelle, à la guitare et au banjo, accompagnée d’une violoniste et d’un guitariste, la chanteuse a construit un pont entre la Louisiane et les Antilles. Touchante et affable, vêtue d’une simple robe rouge et pieds nus, elle n’a pas manqué de converser avec le public, expliquant, systématiquement, l’origine de ses morceaux en anglais ou créole de Lousiane et d’Haïti pour un concert aux couleurs chaudes. Elle a, par ailleurs, invité le saxophoniste Raphaël Imbert à la rejoindre sur scène tout comme le guitariste du groupe guadeloupéen Delgrès. Le concert s’est d’ailleurs soldé par une standing ovation.

Sous les coups de minuit, on jette un coup d’œil à l’intérieur du chapiteau du Magic Mirrors, et malgré l’énergie des “Groove Retrievers” de Julien Lourau, on ne tient plus debout. En rentrant, cette légère pointe de blues, déjà…

Gégé au taquet

Trente-cinq ans que JSLP existe donc. Trente-cinq ans qu’on y croise aussi l’adorable bouille de Gérard « Gégé » Collet. Ce dernier travaille au sein de la commission de programmation du festival aux côtés de son équipe de bénévoles et du directeur, Denis Le Bâs. “Démocratiser le choix de la programmation”, c’est le plus de l’événement, selon Gégé Collet. “Le fait qu’il y ait des sensibilités et des goûts différents parmi l’équipe permet d’assurer l’éclectisme et l’ouverture aux musiques cousines du jazz du festival”, affirme-t-il. États-Unis, Amérique Latine, Europe Centrale, Afrique ou encore l’Asie, comme en témoigne la mise à l’honneur de la Corée du Sud cette année. Gégé Collet, saxophoniste amateur, vit à Paris, au gré des concerts, des sorties de disques et des nouvelles sensations de la scène jazz. Son coup de cœur cette année ? Il évoque vaguement Charles Lloyd, une sensibilité particulière au jazz pur et dur.

Il admet un faible pour la trompettiste Airelle Besson, résidante à Coutances depuis deux ans, et “avec qui le compagnonnage est des plus agréable“. Mais, avant tout, son objectif est de faire découvrir la musique dans sa globalité. Alors, au fond, pourquoi un artiste plutôt qu’un autre ? “Que les spectateurs quittent les salles de concert le sourire aux lèvres, c’est tout ce qui m’importe”, lance-t-il. Bilan à 24 heures de la fin du festival : des organisateurs ravis, des objectifs financiers atteints, de bons concerts, pas de gros problèmes techniques. Et puis, un soleil radieux au rendez-vous. D’ailleurs, l’édition 2017 est déjà sur les rails… Le souhait de Gégé Collet à demi-mots : la présence d’Al Jarreau à Coutances… En attendant, JLSP 2016 aura été “une très belle édition !”.

Katia Touré|Retour sur deux dernières journées sous les pommiers avec l’inventivité du quartet d’Erik Truffaz, la solennité de Charles Lloyd et Jason Moran ou encore la dextérité du Dark Side Nine de Nguyên Lê.

Quelques notes résonnent encore tandis que la ville s’éloigne… Celles de la chanson Fey-O de Leyla McCalla. Celles de l’un de nos derniers concerts à Coutances. Les bénévoles avaient prévenu. Quand il est temps de définitivement baisser le rideau et de se donner rendez-vous l’an prochain, on a le blues. J’ai le blues. S’il reste encore une journée de musique(s) sous les pommiers, j’ai choisi d’en rester là pour cette (première) fois.

Truffazmania

 Après un échange pour le moins salvateur avec le saxophoniste Charles Lloyd, le moment est venu de retrouver le quartet d’Éric Truffaz. L’occasion pour le trompettiste de présenter, au public de JSLP, le nouveau batteur de sa formation, Arthur Hnatek, mais aussi quelques titres de son dernier disque, “Doni Doni”. Un public déchaîné et, surtout, très avisé quant à la musique de Truffaz. Et pour cause, le musicien est un habitué du festival. Le théâtre de Coutances est plein à craquer. Le quartet franchit les barrières, comme à son habitude, entre drum’n’bass et RnB. Inventivité polyrythmique. Le groove, ligne ondulée, est tracé de façon verticale et vient se placer sur l’horizontalité du son fascinant du trompettiste. Une multitude de routes sont empruntées, certaines dont le bitume fond au soleil, d’autres plongées dans le noir. Le quartet propose l’exploration de larges espaces, de la steppe sibérienne au désert sahélien. On retiendra cette interprétation à couper le souffle (celui du public, rassurez-vous) du titre “The Walk Of the Giant Turtle” tirée du disque éponyme…

Un géant et son disciple

À peine remis de nos émotions, direction la salle Marcel-Hélie pour écouter le saxophoniste Charles Lloyd, au chapeau sombre, et le pianiste Jason Moran, à la casquette orange. Merveilleux choc des générations qui dure depuis une dizaine d’années. Les deux ne se regardent pas. Ils semblent communiquer par la pensée. C’est un instant de grâce et de sérénité sans égal. La salle est silencieuse. L’émotion et le trouble sont palpables. Les nuances sont d’une subtile intensité. Jason Moran est dans la profondeur et la délicatesse. Charles Lloyd, assis, joue avec sagesse et parfois fait preuve d’une vigueur inattendue. Une prestation à la dimension quasi-religieuse. C’est la parfaite conclusion à l’évocation teintée d’une vive émotion, , à peine deux heures avant, des compagnons d’autrefois de Lloyd, d’autres géants du jazz : Eric Dolphy, Booker Little et Lester Young.

Pink Floyd selon Nguyên Lê

Déroutant fut ce concert. Ils étaient huit instrumentistes sur scène en plus d’un Nguyên Lê toujours aussi lumineux. C’était une odyssée électrique et complètement barrée autour du “Dark Side Of The Moon” de Pink Floyd. Certains n’ont pas digéré. D’autres en sont sortis complètement éblouis. Le « Dark Side Nine » de Nguyên Lê nous a saisi par le col pour nous faire vivre un moment des plus vertigineux.

 Une histoire d’indépendance

 Avant qu’Henri, le père contrebassiste, et Sébastien Texier, le fils saxophoniste et clarinettiste, ne présentent leurs projets respectifs – “Sky Dancers” pour le premier, et “Dreamers” pour le second – c’est une sorte d’opéra “afro-jazz“ qui a pris place sur la scène du Théâtre : “Dipenda” – qui, en lingala (langue congolaise), signifie “indépendance”. Accompagné par une solide orchestration, trois chanteuses et un slameur, le pianiste et compositeur de cette épopée musicale, Fabrice Devienne, nous a conté une histoire en nous interpellant sur sa portée. Celle de l’indépendance de la République Démocratique du Congo. Nous nous sommes donc retrouvés à Kinshasa, le 30 juin 1960, témoins d’un moment historique comptant son lot de drames. Poésie, slam, chant, rythmes afro-cubains, … Des compositions écrites, à l’origine, pour une mise en scène de la pièce d’Aimé Césaire, “Une Saison au Congo”. Sans être transcendante, cette remontée dans le temps valait le détour de par la puissance des textes slamés et récités par Pitcho Womba Konga.

La perle Leyla McCalla

Leyla McCalla est, sans conteste, l’un des grands coups de coeurs de cette édition de JSLP. Cette chanteuse, native de New-York, basée à la Nouvelle-Orléans et d’origine haïtienne a mis l’ensemble des spectateurs de la salle Marcel-Hélie à ses pieds. Au violoncelle, à la guitare et au banjo, accompagnée d’une violoniste et d’un guitariste, la chanteuse a construit un pont entre la Louisiane et les Antilles. Touchante et affable, vêtue d’une simple robe rouge et pieds nus, elle n’a pas manqué de converser avec le public, expliquant, systématiquement, l’origine de ses morceaux en anglais ou créole de Lousiane et d’Haïti pour un concert aux couleurs chaudes. Elle a, par ailleurs, invité le saxophoniste Raphaël Imbert à la rejoindre sur scène tout comme le guitariste du groupe guadeloupéen Delgrès. Le concert s’est d’ailleurs soldé par une standing ovation.

Sous les coups de minuit, on jette un coup d’œil à l’intérieur du chapiteau du Magic Mirrors, et malgré l’énergie des “Groove Retrievers” de Julien Lourau, on ne tient plus debout. En rentrant, cette légère pointe de blues, déjà…

Gégé au taquet

Trente-cinq ans que JSLP existe donc. Trente-cinq ans qu’on y croise aussi l’adorable bouille de Gérard « Gégé » Collet. Ce dernier travaille au sein de la commission de programmation du festival aux côtés de son équipe de bénévoles et du directeur, Denis Le Bâs. “Démocratiser le choix de la programmation”, c’est le plus de l’événement, selon Gégé Collet. “Le fait qu’il y ait des sensibilités et des goûts différents parmi l’équipe permet d’assurer l’éclectisme et l’ouverture aux musiques cousines du jazz du festival”, affirme-t-il. États-Unis, Amérique Latine, Europe Centrale, Afrique ou encore l’Asie, comme en témoigne la mise à l’honneur de la Corée du Sud cette année. Gégé Collet, saxophoniste amateur, vit à Paris, au gré des concerts, des sorties de disques et des nouvelles sensations de la scène jazz. Son coup de cœur cette année ? Il évoque vaguement Charles Lloyd, une sensibilité particulière au jazz pur et dur.

Il admet un faible pour la trompettiste Airelle Besson, résidante à Coutances depuis deux ans, et “avec qui le compagnonnage est des plus agréable“. Mais, avant tout, son objectif est de faire découvrir la musique dans sa globalité. Alors, au fond, pourquoi un artiste plutôt qu’un autre ? “Que les spectateurs quittent les salles de concert le sourire aux lèvres, c’est tout ce qui m’importe”, lance-t-il. Bilan à 24 heures de la fin du festival : des organisateurs ravis, des objectifs financiers atteints, de bons concerts, pas de gros problèmes techniques. Et puis, un soleil radieux au rendez-vous. D’ailleurs, l’édition 2017 est déjà sur les rails… Le souhait de Gégé Collet à demi-mots : la présence d’Al Jarreau à Coutances… En attendant, JLSP 2016 aura été “une très belle édition !”.

Katia Touré|Retour sur deux dernières journées sous les pommiers avec l’inventivité du quartet d’Erik Truffaz, la solennité de Charles Lloyd et Jason Moran ou encore la dextérité du Dark Side Nine de Nguyên Lê.

Quelques notes résonnent encore tandis que la ville s’éloigne… Celles de la chanson Fey-O de Leyla McCalla. Celles de l’un de nos derniers concerts à Coutances. Les bénévoles avaient prévenu. Quand il est temps de définitivement baisser le rideau et de se donner rendez-vous l’an prochain, on a le blues. J’ai le blues. S’il reste encore une journée de musique(s) sous les pommiers, j’ai choisi d’en rester là pour cette (première) fois.

Truffazmania

 Après un échange pour le moins salvateur avec le saxophoniste Charles Lloyd, le moment est venu de retrouver le quartet d’Éric Truffaz. L’occasion pour le trompettiste de présenter, au public de JSLP, le nouveau batteur de sa formation, Arthur Hnatek, mais aussi quelques titres de son dernier disque, “Doni Doni”. Un public déchaîné et, surtout, très avisé quant à la musique de Truffaz. Et pour cause, le musicien est un habitué du festival. Le théâtre de Coutances est plein à craquer. Le quartet franchit les barrières, comme à son habitude, entre drum’n’bass et RnB. Inventivité polyrythmique. Le groove, ligne ondulée, est tracé de façon verticale et vient se placer sur l’horizontalité du son fascinant du trompettiste. Une multitude de routes sont empruntées, certaines dont le bitume fond au soleil, d’autres plongées dans le noir. Le quartet propose l’exploration de larges espaces, de la steppe sibérienne au désert sahélien. On retiendra cette interprétation à couper le souffle (celui du public, rassurez-vous) du titre “The Walk Of the Giant Turtle” tirée du disque éponyme…

Un géant et son disciple

À peine remis de nos émotions, direction la salle Marcel-Hélie pour écouter le saxophoniste Charles Lloyd, au chapeau sombre, et le pianiste Jason Moran, à la casquette orange. Merveilleux choc des générations qui dure depuis une dizaine d’années. Les deux ne se regardent pas. Ils semblent communiquer par la pensée. C’est un instant de grâce et de sérénité sans égal. La salle est silencieuse. L’émotion et le trouble sont palpables. Les nuances sont d’une subtile intensité. Jason Moran est dans la profondeur et la délicatesse. Charles Lloyd, assis, joue avec sagesse et parfois fait preuve d’une vigueur inattendue. Une prestation à la dimension quasi-religieuse. C’est la parfaite conclusion à l’évocation teintée d’une vive émotion, , à peine deux heures avant, des compagnons d’autrefois de Lloyd, d’autres géants du jazz : Eric Dolphy, Booker Little et Lester Young.

Pink Floyd selon Nguyên Lê

Déroutant fut ce concert. Ils étaient huit instrumentistes sur scène en plus d’un Nguyên Lê toujours aussi lumineux. C’était une odyssée électrique et complètement barrée autour du “Dark Side Of The Moon” de Pink Floyd. Certains n’ont pas digéré. D’autres en sont sortis complètement éblouis. Le « Dark Side Nine » de Nguyên Lê nous a saisi par le col pour nous faire vivre un moment des plus vertigineux.

 Une histoire d’indépendance

 Avant qu’Henri, le père contrebassiste, et Sébastien Texier, le fils saxophoniste et clarinettiste, ne présentent leurs projets respectifs – “Sky Dancers” pour le premier, et “Dreamers” pour le second – c’est une sorte d’opéra “afro-jazz“ qui a pris place sur la scène du Théâtre : “Dipenda” – qui, en lingala (langue congolaise), signifie “indépendance”. Accompagné par une solide orchestration, trois chanteuses et un slameur, le pianiste et compositeur de cette épopée musicale, Fabrice Devienne, nous a conté une histoire en nous interpellant sur sa portée. Celle de l’indépendance de la République Démocratique du Congo. Nous nous sommes donc retrouvés à Kinshasa, le 30 juin 1960, témoins d’un moment historique comptant son lot de drames. Poésie, slam, chant, rythmes afro-cubains, … Des compositions écrites, à l’origine, pour une mise en scène de la pièce d’Aimé Césaire, “Une Saison au Congo”. Sans être transcendante, cette remontée dans le temps valait le détour de par la puissance des textes slamés et récités par Pitcho Womba Konga.

La perle Leyla McCalla

Leyla McCalla est, sans conteste, l’un des grands coups de coeurs de cette édition de JSLP. Cette chanteuse, native de New-York, basée à la Nouvelle-Orléans et d’origine haïtienne a mis l’ensemble des spectateurs de la salle Marcel-Hélie à ses pieds. Au violoncelle, à la guitare et au banjo, accompagnée d’une violoniste et d’un guitariste, la chanteuse a construit un pont entre la Louisiane et les Antilles. Touchante et affable, vêtue d’une simple robe rouge et pieds nus, elle n’a pas manqué de converser avec le public, expliquant, systématiquement, l’origine de ses morceaux en anglais ou créole de Lousiane et d’Haïti pour un concert aux couleurs chaudes. Elle a, par ailleurs, invité le saxophoniste Raphaël Imbert à la rejoindre sur scène tout comme le guitariste du groupe guadeloupéen Delgrès. Le concert s’est d’ailleurs soldé par une standing ovation.

Sous les coups de minuit, on jette un coup d’œil à l’intérieur du chapiteau du Magic Mirrors, et malgré l’énergie des “Groove Retrievers” de Julien Lourau, on ne tient plus debout. En rentrant, cette légère pointe de blues, déjà…

Gégé au taquet

Trente-cinq ans que JSLP existe donc. Trente-cinq ans qu’on y croise aussi l’adorable bouille de Gérard « Gégé » Collet. Ce dernier travaille au sein de la commission de programmation du festival aux côtés de son équipe de bénévoles et du directeur, Denis Le Bâs. “Démocratiser le choix de la programmation”, c’est le plus de l’événement, selon Gégé Collet. “Le fait qu’il y ait des sensibilités et des goûts différents parmi l’équipe permet d’assurer l’éclectisme et l’ouverture aux musiques cousines du jazz du festival”, affirme-t-il. États-Unis, Amérique Latine, Europe Centrale, Afrique ou encore l’Asie, comme en témoigne la mise à l’honneur de la Corée du Sud cette année. Gégé Collet, saxophoniste amateur, vit à Paris, au gré des concerts, des sorties de disques et des nouvelles sensations de la scène jazz. Son coup de cœur cette année ? Il évoque vaguement Charles Lloyd, une sensibilité particulière au jazz pur et dur.

Il admet un faible pour la trompettiste Airelle Besson, résidante à Coutances depuis deux ans, et “avec qui le compagnonnage est des plus agréable“. Mais, avant tout, son objectif est de faire découvrir la musique dans sa globalité. Alors, au fond, pourquoi un artiste plutôt qu’un autre ? “Que les spectateurs quittent les salles de concert le sourire aux lèvres, c’est tout ce qui m’importe”, lance-t-il. Bilan à 24 heures de la fin du festival : des organisateurs ravis, des objectifs financiers atteints, de bons concerts, pas de gros problèmes techniques. Et puis, un soleil radieux au rendez-vous. D’ailleurs, l’édition 2017 est déjà sur les rails… Le souhait de Gégé Collet à demi-mots : la présence d’Al Jarreau à Coutances… En attendant, JLSP 2016 aura été “une très belle édition !”.

Katia Touré