Jazz live
Publié le 16 Nov 2014

Jazz à reims: Les Schumacher ouvrent le festival

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En ouverture du festival de jazz de Reims, deux musiciens reliés par le même patronyme de Schumacher (aussi fréquent dans les pays germanophones que Martin dans notre pays) mais très dissemblables par le style et l’esthétique. Le quartet du vibraphoniste luxembourgeois Pascal Schumacher a précédé le quintet du trompettiste allemand Jan Schumacher.


Pascal Schumacher (vibraphone, glockenspiel, composition), Franz von Chossy (piano), Pol Belardi (basse), Jens Düppe (batterie) Centre Culturel saint Exupéry, 51000, Reims



 

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La musique du quartet de Pascal Schumacher est séduisante et efficace. Elle se caractérise par un mélange de grâce et de savoir-faire dont les proportions varient selon les morceaux. Le premier donne une bonne idée de la musique de ce groupe (constitué depuis 2002, avec déjà cinq albums à son actif). Cela commence par un groove installé par le piano et la basse, sur lequel le vibraphoniste pose délicatement des notes choisies. C’est à peine plus bruyant qu’une épingle qui tombe. Puis le vibraphone enfle, se déploie, et la musique déferle comme une marée. Ces progressions servent de ligne directrice à plusieurs morceaux  et montrent que le quartet possède un son et des réflexes de groupe. Quand la musique arrive à son pic d’intensité, ils savent prolonger ce moment, de le faire palpiter avant de le regarder s’évanouir.

On entre dans la musique de ce groupe comme dans une eau à vingt-cinq degrés. Elle possède une sorte de séduction pop, dans la lisibilité chantante des mélodies, dans l’émotion immédiate qu’elles dégagent. L’alchimie entre le pianiste et le vibraphoniste fait advenir des moments d’une délectable délicatesse. Dans le son du groupe, la basse électrique de Pol Belardi joue un rôle essentiel. Ses lignes de basse tranchantes, profondes, apportent une énergie un peu brute et empêchent la musique de verser dans la joliesse. Sur un des morceaux les plus ambitieux du concert, Life line, suite en plusieurs mouvements dissemblables, le groupe tente même quelques incursions dans le binaire.

Vers la fin du concert, la musique se pare de couleurs orientales, plus précisément japonisantes. A travers la musique du film Furyo par Ryuchi Sakamoto, et un autre morceau, Wabi Sabi. Ces touches japonisantes se fondent gracieusement dans le son du groupe. Le concert se finit dans une atmosphère plus nostalgique avec Bye Lou. Au bout du compte, ce groupe a mis tout le monde dans sa poche. La soirée est passé en un clin d’œil. Il est temps d’écouter le deuxième Schumacher de la soirée.


Jan Schumacher Quintet Trapèze, jan Schumacher (trompette, bugle, compositions), Richard Turegano (piano), Blaise Chevallier (contrebasse) Gueorgui Kornazov (trombone) Frédéric Chapperon (batterie)

 

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Avec Jan Schumacher la musique prend une tonalité plus musclée, plus rythmée. Jan Schumacher est d’abord un trompettiste impeccable, à qui son instrument obéit au doigt et à l’œil. Le son est dense, net, compact, ne se désunit jamais même dans les aigus. Jan Schumacher semble se situer dans la filiation de trompettistes comme Lee Morgan, si l’on excepte ces quelques moments du concert où une recherche sur le timbre montre qu’il ne se résume pas à ce cadre-là. A ses qualités de musicien s’ajoutent celles du compositeur. Les thèmes, tous de sa plume, sont vifs, rythmés, avec des couleurs orientales (comme Etoile polaire) et souvent scandés par un ostinato de contrebasse (Blaise Chevallier, impeccable).

Mais surtout, Jan Schumacher a un atout dans son jeu. Il a emmené dans ses bagages le tromboniste Gueorgui Kornazov. Ce musicien incroyable a une façon très personnelle, très charnelle de jouer du trombone. Il a un gros son strié d’un grain très personnel. Le son qu’il projette est en réalité traversé de filigranes multiples : le grain, donc, mais aussi un petit filet de souffle, et des polyphonies quand il lui prend l’envie de chanter dans l’instrument d’une manière exubérante avec parfois des couleurs balkaniques (après le concert, on parlera avec lui quelques minutes, il nous précisera qu’il crée des triphonies, en comptant le son du trombone, le chant, et l’harmonique du chant). A plusieurs moments du concert, c’est un vrai délice d’entendre jan Schumacher et Gueorgui Kornazov côte-à-côte, avec leur contraste de son, de timbre d’univers. Kornazov apporte une démesure salutaire aux thèmes d’inspiration be-bop de schumacher.



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Le concert se termine par Trapèze, un morceau rythmé mais qui recèle une part d’ombre et de mélancolie. C’est également le titre du disque de jan Schumacher , que l’on écoute en écrivant ces lignes. Sur son disque, et sur ce titre précisément, on peut entendre la voix d’Emilie Lesbros qui apporte de forts belles couleurs à l’univers du trompettiste.

Au terme de cette soirée doublement schumacherienne, nous ne craignons pas de proclamer haut et fort que tout musicien de jazz portant le patronyme de Schumacher jouira désormais à nos yeux d’un préjugé extrêmement favorable.   

Texte: JF Mondot

Dessins: Annie-Claire Alvoët

 

 

 

 

 

 

 

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En ouverture du festival de jazz de Reims, deux musiciens reliés par le même patronyme de Schumacher (aussi fréquent dans les pays germanophones que Martin dans notre pays) mais très dissemblables par le style et l’esthétique. Le quartet du vibraphoniste luxembourgeois Pascal Schumacher a précédé le quintet du trompettiste allemand Jan Schumacher.


Pascal Schumacher (vibraphone, glockenspiel, composition), Franz von Chossy (piano), Pol Belardi (basse), Jens Düppe (batterie) Centre Culturel saint Exupéry, 51000, Reims



 

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La musique du quartet de Pascal Schumacher est séduisante et efficace. Elle se caractérise par un mélange de grâce et de savoir-faire dont les proportions varient selon les morceaux. Le premier donne une bonne idée de la musique de ce groupe (constitué depuis 2002, avec déjà cinq albums à son actif). Cela commence par un groove installé par le piano et la basse, sur lequel le vibraphoniste pose délicatement des notes choisies. C’est à peine plus bruyant qu’une épingle qui tombe. Puis le vibraphone enfle, se déploie, et la musique déferle comme une marée. Ces progressions servent de ligne directrice à plusieurs morceaux  et montrent que le quartet possède un son et des réflexes de groupe. Quand la musique arrive à son pic d’intensité, ils savent prolonger ce moment, de le faire palpiter avant de le regarder s’évanouir.

On entre dans la musique de ce groupe comme dans une eau à vingt-cinq degrés. Elle possède une sorte de séduction pop, dans la lisibilité chantante des mélodies, dans l’émotion immédiate qu’elles dégagent. L’alchimie entre le pianiste et le vibraphoniste fait advenir des moments d’une délectable délicatesse. Dans le son du groupe, la basse électrique de Pol Belardi joue un rôle essentiel. Ses lignes de basse tranchantes, profondes, apportent une énergie un peu brute et empêchent la musique de verser dans la joliesse. Sur un des morceaux les plus ambitieux du concert, Life line, suite en plusieurs mouvements dissemblables, le groupe tente même quelques incursions dans le binaire.

Vers la fin du concert, la musique se pare de couleurs orientales, plus précisément japonisantes. A travers la musique du film Furyo par Ryuchi Sakamoto, et un autre morceau, Wabi Sabi. Ces touches japonisantes se fondent gracieusement dans le son du groupe. Le concert se finit dans une atmosphère plus nostalgique avec Bye Lou. Au bout du compte, ce groupe a mis tout le monde dans sa poche. La soirée est passé en un clin d’œil. Il est temps d’écouter le deuxième Schumacher de la soirée.


Jan Schumacher Quintet Trapèze, jan Schumacher (trompette, bugle, compositions), Richard Turegano (piano), Blaise Chevallier (contrebasse) Gueorgui Kornazov (trombone) Frédéric Chapperon (batterie)

 

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Avec Jan Schumacher la musique prend une tonalité plus musclée, plus rythmée. Jan Schumacher est d’abord un trompettiste impeccable, à qui son instrument obéit au doigt et à l’œil. Le son est dense, net, compact, ne se désunit jamais même dans les aigus. Jan Schumacher semble se situer dans la filiation de trompettistes comme Lee Morgan, si l’on excepte ces quelques moments du concert où une recherche sur le timbre montre qu’il ne se résume pas à ce cadre-là. A ses qualités de musicien s’ajoutent celles du compositeur. Les thèmes, tous de sa plume, sont vifs, rythmés, avec des couleurs orientales (comme Etoile polaire) et souvent scandés par un ostinato de contrebasse (Blaise Chevallier, impeccable).

Mais surtout, Jan Schumacher a un atout dans son jeu. Il a emmené dans ses bagages le tromboniste Gueorgui Kornazov. Ce musicien incroyable a une façon très personnelle, très charnelle de jouer du trombone. Il a un gros son strié d’un grain très personnel. Le son qu’il projette est en réalité traversé de filigranes multiples : le grain, donc, mais aussi un petit filet de souffle, et des polyphonies quand il lui prend l’envie de chanter dans l’instrument d’une manière exubérante avec parfois des couleurs balkaniques (après le concert, on parlera avec lui quelques minutes, il nous précisera qu’il crée des triphonies, en comptant le son du trombone, le chant, et l’harmonique du chant). A plusieurs moments du concert, c’est un vrai délice d’entendre jan Schumacher et Gueorgui Kornazov côte-à-côte, avec leur contraste de son, de timbre d’univers. Kornazov apporte une démesure salutaire aux thèmes d’inspiration be-bop de schumacher.



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Le concert se termine par Trapèze, un morceau rythmé mais qui recèle une part d’ombre et de mélancolie. C’est également le titre du disque de jan Schumacher , que l’on écoute en écrivant ces lignes. Sur son disque, et sur ce titre précisément, on peut entendre la voix d’Emilie Lesbros qui apporte de forts belles couleurs à l’univers du trompettiste.

Au terme de cette soirée doublement schumacherienne, nous ne craignons pas de proclamer haut et fort que tout musicien de jazz portant le patronyme de Schumacher jouira désormais à nos yeux d’un préjugé extrêmement favorable.   

Texte: JF Mondot

Dessins: Annie-Claire Alvoët

 

 

 

 

 

 

 

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En ouverture du festival de jazz de Reims, deux musiciens reliés par le même patronyme de Schumacher (aussi fréquent dans les pays germanophones que Martin dans notre pays) mais très dissemblables par le style et l’esthétique. Le quartet du vibraphoniste luxembourgeois Pascal Schumacher a précédé le quintet du trompettiste allemand Jan Schumacher.


Pascal Schumacher (vibraphone, glockenspiel, composition), Franz von Chossy (piano), Pol Belardi (basse), Jens Düppe (batterie) Centre Culturel saint Exupéry, 51000, Reims



 

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La musique du quartet de Pascal Schumacher est séduisante et efficace. Elle se caractérise par un mélange de grâce et de savoir-faire dont les proportions varient selon les morceaux. Le premier donne une bonne idée de la musique de ce groupe (constitué depuis 2002, avec déjà cinq albums à son actif). Cela commence par un groove installé par le piano et la basse, sur lequel le vibraphoniste pose délicatement des notes choisies. C’est à peine plus bruyant qu’une épingle qui tombe. Puis le vibraphone enfle, se déploie, et la musique déferle comme une marée. Ces progressions servent de ligne directrice à plusieurs morceaux  et montrent que le quartet possède un son et des réflexes de groupe. Quand la musique arrive à son pic d’intensité, ils savent prolonger ce moment, de le faire palpiter avant de le regarder s’évanouir.

On entre dans la musique de ce groupe comme dans une eau à vingt-cinq degrés. Elle possède une sorte de séduction pop, dans la lisibilité chantante des mélodies, dans l’émotion immédiate qu’elles dégagent. L’alchimie entre le pianiste et le vibraphoniste fait advenir des moments d’une délectable délicatesse. Dans le son du groupe, la basse électrique de Pol Belardi joue un rôle essentiel. Ses lignes de basse tranchantes, profondes, apportent une énergie un peu brute et empêchent la musique de verser dans la joliesse. Sur un des morceaux les plus ambitieux du concert, Life line, suite en plusieurs mouvements dissemblables, le groupe tente même quelques incursions dans le binaire.

Vers la fin du concert, la musique se pare de couleurs orientales, plus précisément japonisantes. A travers la musique du film Furyo par Ryuchi Sakamoto, et un autre morceau, Wabi Sabi. Ces touches japonisantes se fondent gracieusement dans le son du groupe. Le concert se finit dans une atmosphère plus nostalgique avec Bye Lou. Au bout du compte, ce groupe a mis tout le monde dans sa poche. La soirée est passé en un clin d’œil. Il est temps d’écouter le deuxième Schumacher de la soirée.


Jan Schumacher Quintet Trapèze, jan Schumacher (trompette, bugle, compositions), Richard Turegano (piano), Blaise Chevallier (contrebasse) Gueorgui Kornazov (trombone) Frédéric Chapperon (batterie)

 

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Avec Jan Schumacher la musique prend une tonalité plus musclée, plus rythmée. Jan Schumacher est d’abord un trompettiste impeccable, à qui son instrument obéit au doigt et à l’œil. Le son est dense, net, compact, ne se désunit jamais même dans les aigus. Jan Schumacher semble se situer dans la filiation de trompettistes comme Lee Morgan, si l’on excepte ces quelques moments du concert où une recherche sur le timbre montre qu’il ne se résume pas à ce cadre-là. A ses qualités de musicien s’ajoutent celles du compositeur. Les thèmes, tous de sa plume, sont vifs, rythmés, avec des couleurs orientales (comme Etoile polaire) et souvent scandés par un ostinato de contrebasse (Blaise Chevallier, impeccable).

Mais surtout, Jan Schumacher a un atout dans son jeu. Il a emmené dans ses bagages le tromboniste Gueorgui Kornazov. Ce musicien incroyable a une façon très personnelle, très charnelle de jouer du trombone. Il a un gros son strié d’un grain très personnel. Le son qu’il projette est en réalité traversé de filigranes multiples : le grain, donc, mais aussi un petit filet de souffle, et des polyphonies quand il lui prend l’envie de chanter dans l’instrument d’une manière exubérante avec parfois des couleurs balkaniques (après le concert, on parlera avec lui quelques minutes, il nous précisera qu’il crée des triphonies, en comptant le son du trombone, le chant, et l’harmonique du chant). A plusieurs moments du concert, c’est un vrai délice d’entendre jan Schumacher et Gueorgui Kornazov côte-à-côte, avec leur contraste de son, de timbre d’univers. Kornazov apporte une démesure salutaire aux thèmes d’inspiration be-bop de schumacher.



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Le concert se termine par Trapèze, un morceau rythmé mais qui recèle une part d’ombre et de mélancolie. C’est également le titre du disque de jan Schumacher , que l’on écoute en écrivant ces lignes. Sur son disque, et sur ce titre précisément, on peut entendre la voix d’Emilie Lesbros qui apporte de forts belles couleurs à l’univers du trompettiste.

Au terme de cette soirée doublement schumacherienne, nous ne craignons pas de proclamer haut et fort que tout musicien de jazz portant le patronyme de Schumacher jouira désormais à nos yeux d’un préjugé extrêmement favorable.   

Texte: JF Mondot

Dessins: Annie-Claire Alvoët

 

 

 

 

 

 

 

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En ouverture du festival de jazz de Reims, deux musiciens reliés par le même patronyme de Schumacher (aussi fréquent dans les pays germanophones que Martin dans notre pays) mais très dissemblables par le style et l’esthétique. Le quartet du vibraphoniste luxembourgeois Pascal Schumacher a précédé le quintet du trompettiste allemand Jan Schumacher.


Pascal Schumacher (vibraphone, glockenspiel, composition), Franz von Chossy (piano), Pol Belardi (basse), Jens Düppe (batterie) Centre Culturel saint Exupéry, 51000, Reims



 

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La musique du quartet de Pascal Schumacher est séduisante et efficace. Elle se caractérise par un mélange de grâce et de savoir-faire dont les proportions varient selon les morceaux. Le premier donne une bonne idée de la musique de ce groupe (constitué depuis 2002, avec déjà cinq albums à son actif). Cela commence par un groove installé par le piano et la basse, sur lequel le vibraphoniste pose délicatement des notes choisies. C’est à peine plus bruyant qu’une épingle qui tombe. Puis le vibraphone enfle, se déploie, et la musique déferle comme une marée. Ces progressions servent de ligne directrice à plusieurs morceaux  et montrent que le quartet possède un son et des réflexes de groupe. Quand la musique arrive à son pic d’intensité, ils savent prolonger ce moment, de le faire palpiter avant de le regarder s’évanouir.

On entre dans la musique de ce groupe comme dans une eau à vingt-cinq degrés. Elle possède une sorte de séduction pop, dans la lisibilité chantante des mélodies, dans l’émotion immédiate qu’elles dégagent. L’alchimie entre le pianiste et le vibraphoniste fait advenir des moments d’une délectable délicatesse. Dans le son du groupe, la basse électrique de Pol Belardi joue un rôle essentiel. Ses lignes de basse tranchantes, profondes, apportent une énergie un peu brute et empêchent la musique de verser dans la joliesse. Sur un des morceaux les plus ambitieux du concert, Life line, suite en plusieurs mouvements dissemblables, le groupe tente même quelques incursions dans le binaire.

Vers la fin du concert, la musique se pare de couleurs orientales, plus précisément japonisantes. A travers la musique du film Furyo par Ryuchi Sakamoto, et un autre morceau, Wabi Sabi. Ces touches japonisantes se fondent gracieusement dans le son du groupe. Le concert se finit dans une atmosphère plus nostalgique avec Bye Lou. Au bout du compte, ce groupe a mis tout le monde dans sa poche. La soirée est passé en un clin d’œil. Il est temps d’écouter le deuxième Schumacher de la soirée.


Jan Schumacher Quintet Trapèze, jan Schumacher (trompette, bugle, compositions), Richard Turegano (piano), Blaise Chevallier (contrebasse) Gueorgui Kornazov (trombone) Frédéric Chapperon (batterie)

 

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Avec Jan Schumacher la musique prend une tonalité plus musclée, plus rythmée. Jan Schumacher est d’abord un trompettiste impeccable, à qui son instrument obéit au doigt et à l’œil. Le son est dense, net, compact, ne se désunit jamais même dans les aigus. Jan Schumacher semble se situer dans la filiation de trompettistes comme Lee Morgan, si l’on excepte ces quelques moments du concert où une recherche sur le timbre montre qu’il ne se résume pas à ce cadre-là. A ses qualités de musicien s’ajoutent celles du compositeur. Les thèmes, tous de sa plume, sont vifs, rythmés, avec des couleurs orientales (comme Etoile polaire) et souvent scandés par un ostinato de contrebasse (Blaise Chevallier, impeccable).

Mais surtout, Jan Schumacher a un atout dans son jeu. Il a emmené dans ses bagages le tromboniste Gueorgui Kornazov. Ce musicien incroyable a une façon très personnelle, très charnelle de jouer du trombone. Il a un gros son strié d’un grain très personnel. Le son qu’il projette est en réalité traversé de filigranes multiples : le grain, donc, mais aussi un petit filet de souffle, et des polyphonies quand il lui prend l’envie de chanter dans l’instrument d’une manière exubérante avec parfois des couleurs balkaniques (après le concert, on parlera avec lui quelques minutes, il nous précisera qu’il crée des triphonies, en comptant le son du trombone, le chant, et l’harmonique du chant). A plusieurs moments du concert, c’est un vrai délice d’entendre jan Schumacher et Gueorgui Kornazov côte-à-côte, avec leur contraste de son, de timbre d’univers. Kornazov apporte une démesure salutaire aux thèmes d’inspiration be-bop de schumacher.



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Le concert se termine par Trapèze, un morceau rythmé mais qui recèle une part d’ombre et de mélancolie. C’est également le titre du disque de jan Schumacher , que l’on écoute en écrivant ces lignes. Sur son disque, et sur ce titre précisément, on peut entendre la voix d’Emilie Lesbros qui apporte de forts belles couleurs à l’univers du trompettiste.

Au terme de cette soirée doublement schumacherienne, nous ne craignons pas de proclamer haut et fort que tout musicien de jazz portant le patronyme de Schumacher jouira désormais à nos yeux d’un préjugé extrêmement favorable.   

Texte: JF Mondot

Dessins: Annie-Claire Alvoët