Jazz live
Publié le 18 Mai 2013

Jazz In Arles : Fred Hersch, Ralph Alessi et "Nuage" au Musée Réattu

La supression des trains entre Marseille et Bordeaux le dimanche m’aura donc privé du concert de ce soir, avec Susanne Abbuehl. On ne peut en effet, le dimanche, aller de Marseille à Bordeaux qu’en TGV, en passant par Paris, ce qui coûte très cher et vous oblige à changer de gare. J’aurai quand même eu le plaisir de la voir à la fin du concert de Fred Hersch et Ralph Alessi, et même de saisir son sourire éclatant en compagnie du pianiste, qui a bien voulu lui-même en esquisser un presque jovial. On commence par là.

 

Fred Hersch & Ralph Alessi : Fred Hersch (p), Ralph Alessi (tp, cornet)

 

IMG 3810C’est la première fois que le pianiste et le trompettiste, qui se connaissent depuis longtemps, jouent en concert en duo, pour une courte tournée en Europe, par Vienne, Arles, Amsterdam et Zurich. Essentiellement le répertoire de leur disque, soit (entre autres) Hands, Far Away, Calder, Star Eyes, Blue Monk en rappel et quelques autres compositions de l’un et de l’autre. On prend (enfin) plaisir à entendre Ralph, souvent mobilisé dans de plus grands ensembles et au service des autres, dans toute la plénitude de son jeu au cornet et à la trompette. Sureté dans le doigté, constance dans le son quel que soit le registre sollicité, du plus grave qui ne « plombe » jamais jusqu’au plus aigu qui ne « force » pas. Il utilise aussi la sourdine « harmon » fabriquée par son père (qui avait une petite entreprise de fabrication d’accessoires musicaux), il donne à ses compositions la dimension de pièces très écrites, sortes de préludes, ou études, pour piano et trompette, sans pour autant qu’on sente l’exercice, et d’autant moins que nombre d’entre elles témoignent d’un sentiment très affirmé, en doucueur et parfois en mélancolie. Fred Hersch, impressionnant de précision et de sensibilité, n’est pas en reste dans cette dimension qui nous ramène, c’est le thème du festival, à la musique de chambre « jazz ». 

 

La trompette est un instrument étrange, au destin contrarié : tantôt elle annonce la charge (héroïque, victorieuse), tantôt elle sonne la retraite (honteuse). On l’associe aux anges, et elle plane alors dans les cieux, quelque part dans les nuages où les intermédiaires ailés et joufflus se régalent à souffler dans son tuyau quelques « pets » sonores. Tout cela tombe bien, encore que je ne sois pas sûr que dans l’exposition « Nuage », située au Musée Réattu à deux pas des lieux du concert, il y ait la moindre allusion à la chose. Qu’importe ! Cette exposition, bien dans la tradition de ce qu’on aime montrer à Réattu (c’est à dire des objets ou installations en regard les uns des autres, sans parfois que le lien soit évident, et de façon transversale), est un régal pour l’esprit autant que pour les sens, comme si le nuage, cet objet intermédiaire lui aussi, avait inspiré les artistes, plasticiens, photographes parce qu’il est propice à incarner cet « intelligible exprimé par du sensible » dont Hegel fait l’essence de l’art. Et, clin d’oeil involontaire à Bruce Milpied et Matthias Pontevia qui récemment exploraient l’univers des fabricants de cymbales à Istambul (exposition et concert à venir), dans la première salle une énorme cymbale est appelée « matière », et en regard sa grande soeur est nommée « esprit ». On est, bien sûr, vivement encouragé à les frapper le plus fort possible averc un maillet. Croyez-moi, ça fait du bien.

 

Philippe Méziat

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La supression des trains entre Marseille et Bordeaux le dimanche m’aura donc privé du concert de ce soir, avec Susanne Abbuehl. On ne peut en effet, le dimanche, aller de Marseille à Bordeaux qu’en TGV, en passant par Paris, ce qui coûte très cher et vous oblige à changer de gare. J’aurai quand même eu le plaisir de la voir à la fin du concert de Fred Hersch et Ralph Alessi, et même de saisir son sourire éclatant en compagnie du pianiste, qui a bien voulu lui-même en esquisser un presque jovial. On commence par là.

 

Fred Hersch & Ralph Alessi : Fred Hersch (p), Ralph Alessi (tp, cornet)

 

IMG 3810C’est la première fois que le pianiste et le trompettiste, qui se connaissent depuis longtemps, jouent en concert en duo, pour une courte tournée en Europe, par Vienne, Arles, Amsterdam et Zurich. Essentiellement le répertoire de leur disque, soit (entre autres) Hands, Far Away, Calder, Star Eyes, Blue Monk en rappel et quelques autres compositions de l’un et de l’autre. On prend (enfin) plaisir à entendre Ralph, souvent mobilisé dans de plus grands ensembles et au service des autres, dans toute la plénitude de son jeu au cornet et à la trompette. Sureté dans le doigté, constance dans le son quel que soit le registre sollicité, du plus grave qui ne « plombe » jamais jusqu’au plus aigu qui ne « force » pas. Il utilise aussi la sourdine « harmon » fabriquée par son père (qui avait une petite entreprise de fabrication d’accessoires musicaux), il donne à ses compositions la dimension de pièces très écrites, sortes de préludes, ou études, pour piano et trompette, sans pour autant qu’on sente l’exercice, et d’autant moins que nombre d’entre elles témoignent d’un sentiment très affirmé, en doucueur et parfois en mélancolie. Fred Hersch, impressionnant de précision et de sensibilité, n’est pas en reste dans cette dimension qui nous ramène, c’est le thème du festival, à la musique de chambre « jazz ». 

 

La trompette est un instrument étrange, au destin contrarié : tantôt elle annonce la charge (héroïque, victorieuse), tantôt elle sonne la retraite (honteuse). On l’associe aux anges, et elle plane alors dans les cieux, quelque part dans les nuages où les intermédiaires ailés et joufflus se régalent à souffler dans son tuyau quelques « pets » sonores. Tout cela tombe bien, encore que je ne sois pas sûr que dans l’exposition « Nuage », située au Musée Réattu à deux pas des lieux du concert, il y ait la moindre allusion à la chose. Qu’importe ! Cette exposition, bien dans la tradition de ce qu’on aime montrer à Réattu (c’est à dire des objets ou installations en regard les uns des autres, sans parfois que le lien soit évident, et de façon transversale), est un régal pour l’esprit autant que pour les sens, comme si le nuage, cet objet intermédiaire lui aussi, avait inspiré les artistes, plasticiens, photographes parce qu’il est propice à incarner cet « intelligible exprimé par du sensible » dont Hegel fait l’essence de l’art. Et, clin d’oeil involontaire à Bruce Milpied et Matthias Pontevia qui récemment exploraient l’univers des fabricants de cymbales à Istambul (exposition et concert à venir), dans la première salle une énorme cymbale est appelée « matière », et en regard sa grande soeur est nommée « esprit ». On est, bien sûr, vivement encouragé à les frapper le plus fort possible averc un maillet. Croyez-moi, ça fait du bien.

 

Philippe Méziat

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La supression des trains entre Marseille et Bordeaux le dimanche m’aura donc privé du concert de ce soir, avec Susanne Abbuehl. On ne peut en effet, le dimanche, aller de Marseille à Bordeaux qu’en TGV, en passant par Paris, ce qui coûte très cher et vous oblige à changer de gare. J’aurai quand même eu le plaisir de la voir à la fin du concert de Fred Hersch et Ralph Alessi, et même de saisir son sourire éclatant en compagnie du pianiste, qui a bien voulu lui-même en esquisser un presque jovial. On commence par là.

 

Fred Hersch & Ralph Alessi : Fred Hersch (p), Ralph Alessi (tp, cornet)

 

IMG 3810C’est la première fois que le pianiste et le trompettiste, qui se connaissent depuis longtemps, jouent en concert en duo, pour une courte tournée en Europe, par Vienne, Arles, Amsterdam et Zurich. Essentiellement le répertoire de leur disque, soit (entre autres) Hands, Far Away, Calder, Star Eyes, Blue Monk en rappel et quelques autres compositions de l’un et de l’autre. On prend (enfin) plaisir à entendre Ralph, souvent mobilisé dans de plus grands ensembles et au service des autres, dans toute la plénitude de son jeu au cornet et à la trompette. Sureté dans le doigté, constance dans le son quel que soit le registre sollicité, du plus grave qui ne « plombe » jamais jusqu’au plus aigu qui ne « force » pas. Il utilise aussi la sourdine « harmon » fabriquée par son père (qui avait une petite entreprise de fabrication d’accessoires musicaux), il donne à ses compositions la dimension de pièces très écrites, sortes de préludes, ou études, pour piano et trompette, sans pour autant qu’on sente l’exercice, et d’autant moins que nombre d’entre elles témoignent d’un sentiment très affirmé, en doucueur et parfois en mélancolie. Fred Hersch, impressionnant de précision et de sensibilité, n’est pas en reste dans cette dimension qui nous ramène, c’est le thème du festival, à la musique de chambre « jazz ». 

 

La trompette est un instrument étrange, au destin contrarié : tantôt elle annonce la charge (héroïque, victorieuse), tantôt elle sonne la retraite (honteuse). On l’associe aux anges, et elle plane alors dans les cieux, quelque part dans les nuages où les intermédiaires ailés et joufflus se régalent à souffler dans son tuyau quelques « pets » sonores. Tout cela tombe bien, encore que je ne sois pas sûr que dans l’exposition « Nuage », située au Musée Réattu à deux pas des lieux du concert, il y ait la moindre allusion à la chose. Qu’importe ! Cette exposition, bien dans la tradition de ce qu’on aime montrer à Réattu (c’est à dire des objets ou installations en regard les uns des autres, sans parfois que le lien soit évident, et de façon transversale), est un régal pour l’esprit autant que pour les sens, comme si le nuage, cet objet intermédiaire lui aussi, avait inspiré les artistes, plasticiens, photographes parce qu’il est propice à incarner cet « intelligible exprimé par du sensible » dont Hegel fait l’essence de l’art. Et, clin d’oeil involontaire à Bruce Milpied et Matthias Pontevia qui récemment exploraient l’univers des fabricants de cymbales à Istambul (exposition et concert à venir), dans la première salle une énorme cymbale est appelée « matière », et en regard sa grande soeur est nommée « esprit ». On est, bien sûr, vivement encouragé à les frapper le plus fort possible averc un maillet. Croyez-moi, ça fait du bien.

 

Philippe Méziat

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La supression des trains entre Marseille et Bordeaux le dimanche m’aura donc privé du concert de ce soir, avec Susanne Abbuehl. On ne peut en effet, le dimanche, aller de Marseille à Bordeaux qu’en TGV, en passant par Paris, ce qui coûte très cher et vous oblige à changer de gare. J’aurai quand même eu le plaisir de la voir à la fin du concert de Fred Hersch et Ralph Alessi, et même de saisir son sourire éclatant en compagnie du pianiste, qui a bien voulu lui-même en esquisser un presque jovial. On commence par là.

 

Fred Hersch & Ralph Alessi : Fred Hersch (p), Ralph Alessi (tp, cornet)

 

IMG 3810C’est la première fois que le pianiste et le trompettiste, qui se connaissent depuis longtemps, jouent en concert en duo, pour une courte tournée en Europe, par Vienne, Arles, Amsterdam et Zurich. Essentiellement le répertoire de leur disque, soit (entre autres) Hands, Far Away, Calder, Star Eyes, Blue Monk en rappel et quelques autres compositions de l’un et de l’autre. On prend (enfin) plaisir à entendre Ralph, souvent mobilisé dans de plus grands ensembles et au service des autres, dans toute la plénitude de son jeu au cornet et à la trompette. Sureté dans le doigté, constance dans le son quel que soit le registre sollicité, du plus grave qui ne « plombe » jamais jusqu’au plus aigu qui ne « force » pas. Il utilise aussi la sourdine « harmon » fabriquée par son père (qui avait une petite entreprise de fabrication d’accessoires musicaux), il donne à ses compositions la dimension de pièces très écrites, sortes de préludes, ou études, pour piano et trompette, sans pour autant qu’on sente l’exercice, et d’autant moins que nombre d’entre elles témoignent d’un sentiment très affirmé, en doucueur et parfois en mélancolie. Fred Hersch, impressionnant de précision et de sensibilité, n’est pas en reste dans cette dimension qui nous ramène, c’est le thème du festival, à la musique de chambre « jazz ». 

 

La trompette est un instrument étrange, au destin contrarié : tantôt elle annonce la charge (héroïque, victorieuse), tantôt elle sonne la retraite (honteuse). On l’associe aux anges, et elle plane alors dans les cieux, quelque part dans les nuages où les intermédiaires ailés et joufflus se régalent à souffler dans son tuyau quelques « pets » sonores. Tout cela tombe bien, encore que je ne sois pas sûr que dans l’exposition « Nuage », située au Musée Réattu à deux pas des lieux du concert, il y ait la moindre allusion à la chose. Qu’importe ! Cette exposition, bien dans la tradition de ce qu’on aime montrer à Réattu (c’est à dire des objets ou installations en regard les uns des autres, sans parfois que le lien soit évident, et de façon transversale), est un régal pour l’esprit autant que pour les sens, comme si le nuage, cet objet intermédiaire lui aussi, avait inspiré les artistes, plasticiens, photographes parce qu’il est propice à incarner cet « intelligible exprimé par du sensible » dont Hegel fait l’essence de l’art. Et, clin d’oeil involontaire à Bruce Milpied et Matthias Pontevia qui récemment exploraient l’univers des fabricants de cymbales à Istambul (exposition et concert à venir), dans la première salle une énorme cymbale est appelée « matière », et en regard sa grande soeur est nommée « esprit ». On est, bien sûr, vivement encouragé à les frapper le plus fort possible averc un maillet. Croyez-moi, ça fait du bien.

 

Philippe Méziat