Jazz live
Publié le 9 Nov 2014

Jazzdor Strasbourg 29° édition, 1° soirée. Cité de la Musique 07/11

 

Comparé au sextet à deux basses qui m’avait moyennement convaincu cet été à Malte, le groupe que présente Tom Harrell pour cet unique concert français semble plus resserré et ancré dans un hardbop que le leader distille en compositions solidement charpentées sur lesquelles lui et ses complices enfourchent des chorus souvent monumentaux.

Jazzdor, Strasbourg, Cité de la Musique, 07/11

Tom Harrell (bugle), Wayne Escoffery (ts), Danny Grisset (p, claviers), Ugonna Okegwo (b), Adam Cruz (dm).

Ainsi le second thème commence-t-il par un solo de batterie virtuose et interminable auquel fera écho le morceau de bravoure de Wayne Escoffery au ténor, un sideman accompli mais qui, par ailleurs, peine à se tailler une réputation en leader. Non sans raisons : sa tendance à étaler sa musculature de façon assez répétitive derrière un Tom Harrell nettement plus sobre, mélodique et — évidemment — fragile ne semble pas le prédisposer à avoir une musique en propre. Danny Grisset, alternant pianos électrique et acoustique, est nettement plus intéressant par sa capacité à colorer l’ensemble de façon harmonique et rythmique, mais aussi par sa façon d’alléger ou d’épaissir la pâte sonore en fonction des solos de l’un ou de l’autre. Quand il intervient lui-même, c’est toujours de façon pertinente et avec un sens du groove mêlant éléments de la tradition et traits d’une originalité dépourvue d’ostentation. Bref, en tandem avec Ugonna Okegwo — le doyen du quintet, auquel Harrell ne reste pas attaché par hasard : c’est en duo avec le bassiste que le souffleur choisira d’interpréter, au bugle comme tous les morceaux précédents, un magnifique “Body and Soul” vibrant d’émotion et d’empathie entre les deux partenaires — Grisset est le pilier de cette formation soudée et de très haut niveau. Reste à savoir combien de temps Harrell pourra, sans reprendre le moindre cheval de bataille du hardbop historique — mais sans s’interdire un fort beau “Star Eyes”, ce soir — et en ne cessant de composer de nouveaux thèmes dans cet idiome comme il le fait depuis des lustres, continuer à maintenir l’intérêt en évitant d’épuiser le filon. Authentique amoureux de cette musique qu’il a servi auprès d’Horace Silver puis de Phil Woods avant de former ses propres groupes, le trompettiste-bugliste est d’une sincérité évidente et désarmante. Mais maintenir un groupe stable comprenant suffisamment de fortes individualités pour explorer les recoins non encore saturés de clichés d’un style par ailleurs si galvaudé tient de la gageure. Ce soir, à Strasbourg, Tom Harrell a laissé entrevoir — en tant que leader — certaines des limites auxquelles se trouve confronté son attachement à une musique qui, pour rester vivace, exige de ses zélotes une dose de dévotion hors du commun. Thierry Quénum

 

 

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Comparé au sextet à deux basses qui m’avait moyennement convaincu cet été à Malte, le groupe que présente Tom Harrell pour cet unique concert français semble plus resserré et ancré dans un hardbop que le leader distille en compositions solidement charpentées sur lesquelles lui et ses complices enfourchent des chorus souvent monumentaux.

Jazzdor, Strasbourg, Cité de la Musique, 07/11

Tom Harrell (bugle), Wayne Escoffery (ts), Danny Grisset (p, claviers), Ugonna Okegwo (b), Adam Cruz (dm).

Ainsi le second thème commence-t-il par un solo de batterie virtuose et interminable auquel fera écho le morceau de bravoure de Wayne Escoffery au ténor, un sideman accompli mais qui, par ailleurs, peine à se tailler une réputation en leader. Non sans raisons : sa tendance à étaler sa musculature de façon assez répétitive derrière un Tom Harrell nettement plus sobre, mélodique et — évidemment — fragile ne semble pas le prédisposer à avoir une musique en propre. Danny Grisset, alternant pianos électrique et acoustique, est nettement plus intéressant par sa capacité à colorer l’ensemble de façon harmonique et rythmique, mais aussi par sa façon d’alléger ou d’épaissir la pâte sonore en fonction des solos de l’un ou de l’autre. Quand il intervient lui-même, c’est toujours de façon pertinente et avec un sens du groove mêlant éléments de la tradition et traits d’une originalité dépourvue d’ostentation. Bref, en tandem avec Ugonna Okegwo — le doyen du quintet, auquel Harrell ne reste pas attaché par hasard : c’est en duo avec le bassiste que le souffleur choisira d’interpréter, au bugle comme tous les morceaux précédents, un magnifique “Body and Soul” vibrant d’émotion et d’empathie entre les deux partenaires — Grisset est le pilier de cette formation soudée et de très haut niveau. Reste à savoir combien de temps Harrell pourra, sans reprendre le moindre cheval de bataille du hardbop historique — mais sans s’interdire un fort beau “Star Eyes”, ce soir — et en ne cessant de composer de nouveaux thèmes dans cet idiome comme il le fait depuis des lustres, continuer à maintenir l’intérêt en évitant d’épuiser le filon. Authentique amoureux de cette musique qu’il a servi auprès d’Horace Silver puis de Phil Woods avant de former ses propres groupes, le trompettiste-bugliste est d’une sincérité évidente et désarmante. Mais maintenir un groupe stable comprenant suffisamment de fortes individualités pour explorer les recoins non encore saturés de clichés d’un style par ailleurs si galvaudé tient de la gageure. Ce soir, à Strasbourg, Tom Harrell a laissé entrevoir — en tant que leader — certaines des limites auxquelles se trouve confronté son attachement à une musique qui, pour rester vivace, exige de ses zélotes une dose de dévotion hors du commun. Thierry Quénum

 

 

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Comparé au sextet à deux basses qui m’avait moyennement convaincu cet été à Malte, le groupe que présente Tom Harrell pour cet unique concert français semble plus resserré et ancré dans un hardbop que le leader distille en compositions solidement charpentées sur lesquelles lui et ses complices enfourchent des chorus souvent monumentaux.

Jazzdor, Strasbourg, Cité de la Musique, 07/11

Tom Harrell (bugle), Wayne Escoffery (ts), Danny Grisset (p, claviers), Ugonna Okegwo (b), Adam Cruz (dm).

Ainsi le second thème commence-t-il par un solo de batterie virtuose et interminable auquel fera écho le morceau de bravoure de Wayne Escoffery au ténor, un sideman accompli mais qui, par ailleurs, peine à se tailler une réputation en leader. Non sans raisons : sa tendance à étaler sa musculature de façon assez répétitive derrière un Tom Harrell nettement plus sobre, mélodique et — évidemment — fragile ne semble pas le prédisposer à avoir une musique en propre. Danny Grisset, alternant pianos électrique et acoustique, est nettement plus intéressant par sa capacité à colorer l’ensemble de façon harmonique et rythmique, mais aussi par sa façon d’alléger ou d’épaissir la pâte sonore en fonction des solos de l’un ou de l’autre. Quand il intervient lui-même, c’est toujours de façon pertinente et avec un sens du groove mêlant éléments de la tradition et traits d’une originalité dépourvue d’ostentation. Bref, en tandem avec Ugonna Okegwo — le doyen du quintet, auquel Harrell ne reste pas attaché par hasard : c’est en duo avec le bassiste que le souffleur choisira d’interpréter, au bugle comme tous les morceaux précédents, un magnifique “Body and Soul” vibrant d’émotion et d’empathie entre les deux partenaires — Grisset est le pilier de cette formation soudée et de très haut niveau. Reste à savoir combien de temps Harrell pourra, sans reprendre le moindre cheval de bataille du hardbop historique — mais sans s’interdire un fort beau “Star Eyes”, ce soir — et en ne cessant de composer de nouveaux thèmes dans cet idiome comme il le fait depuis des lustres, continuer à maintenir l’intérêt en évitant d’épuiser le filon. Authentique amoureux de cette musique qu’il a servi auprès d’Horace Silver puis de Phil Woods avant de former ses propres groupes, le trompettiste-bugliste est d’une sincérité évidente et désarmante. Mais maintenir un groupe stable comprenant suffisamment de fortes individualités pour explorer les recoins non encore saturés de clichés d’un style par ailleurs si galvaudé tient de la gageure. Ce soir, à Strasbourg, Tom Harrell a laissé entrevoir — en tant que leader — certaines des limites auxquelles se trouve confronté son attachement à une musique qui, pour rester vivace, exige de ses zélotes une dose de dévotion hors du commun. Thierry Quénum

 

 

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Comparé au sextet à deux basses qui m’avait moyennement convaincu cet été à Malte, le groupe que présente Tom Harrell pour cet unique concert français semble plus resserré et ancré dans un hardbop que le leader distille en compositions solidement charpentées sur lesquelles lui et ses complices enfourchent des chorus souvent monumentaux.

Jazzdor, Strasbourg, Cité de la Musique, 07/11

Tom Harrell (bugle), Wayne Escoffery (ts), Danny Grisset (p, claviers), Ugonna Okegwo (b), Adam Cruz (dm).

Ainsi le second thème commence-t-il par un solo de batterie virtuose et interminable auquel fera écho le morceau de bravoure de Wayne Escoffery au ténor, un sideman accompli mais qui, par ailleurs, peine à se tailler une réputation en leader. Non sans raisons : sa tendance à étaler sa musculature de façon assez répétitive derrière un Tom Harrell nettement plus sobre, mélodique et — évidemment — fragile ne semble pas le prédisposer à avoir une musique en propre. Danny Grisset, alternant pianos électrique et acoustique, est nettement plus intéressant par sa capacité à colorer l’ensemble de façon harmonique et rythmique, mais aussi par sa façon d’alléger ou d’épaissir la pâte sonore en fonction des solos de l’un ou de l’autre. Quand il intervient lui-même, c’est toujours de façon pertinente et avec un sens du groove mêlant éléments de la tradition et traits d’une originalité dépourvue d’ostentation. Bref, en tandem avec Ugonna Okegwo — le doyen du quintet, auquel Harrell ne reste pas attaché par hasard : c’est en duo avec le bassiste que le souffleur choisira d’interpréter, au bugle comme tous les morceaux précédents, un magnifique “Body and Soul” vibrant d’émotion et d’empathie entre les deux partenaires — Grisset est le pilier de cette formation soudée et de très haut niveau. Reste à savoir combien de temps Harrell pourra, sans reprendre le moindre cheval de bataille du hardbop historique — mais sans s’interdire un fort beau “Star Eyes”, ce soir — et en ne cessant de composer de nouveaux thèmes dans cet idiome comme il le fait depuis des lustres, continuer à maintenir l’intérêt en évitant d’épuiser le filon. Authentique amoureux de cette musique qu’il a servi auprès d’Horace Silver puis de Phil Woods avant de former ses propres groupes, le trompettiste-bugliste est d’une sincérité évidente et désarmante. Mais maintenir un groupe stable comprenant suffisamment de fortes individualités pour explorer les recoins non encore saturés de clichés d’un style par ailleurs si galvaudé tient de la gageure. Ce soir, à Strasbourg, Tom Harrell a laissé entrevoir — en tant que leader — certaines des limites auxquelles se trouve confronté son attachement à une musique qui, pour rester vivace, exige de ses zélotes une dose de dévotion hors du commun. Thierry Quénum