Laurent de Wilde au Bal Blomet : l’Hommage à Monk
Monk, c’est évidemment Thelonious qui aurait cent 100 ans cet automne. Laurent de Wilde, c’est évidemment le New Monk Trio. Mais même si l’aventure est collective, même si Bruno Rousselet et Donald Kontomanou ne laissent pas un instant imaginer qu’ils puissent être remplacés (alors même que Rousselet remplaçait au pied levé le magnifique Jérôme Regard), c’est de Wilde, docteur ès Thelonious, qui tient ici la barre.
Le New Monk Trio était ce jeudi 26 octobre à l’affiche des jeudis Jazz Magazine du Bal Blomet, un Bal Blomet plein comme un œuf d’un public que Laurent de Wilde va cueillir délicatement mais sûrement pour l’emmener dans l’univers de Monk qui est aussi un peu son univers, non pas seulement parce qu’il a publié voici vingt un ans un Monk, exemplaire de ce que l’on peut écrire d’intelligent sur un musicien en s’adressant à tous les publics (classique aujourd’hui en version de poche), mais aussi parce qu’il sait faire fleurir la musique de Monk à sa façon, par toutes sortes de tours de main et d’associations d’idées jamais déplacés dans le domaine du bouturage musical (où le mot “new” du “New Monk Trio” est tout autant l’adjectif de “Trio que celui de “Monk”).
L’auteur-orateur d’abord : car Laurent de Wilde ne se contente pas de jouer, il parle. Tel un Monsieur Loyal, il nous invite à entrer dans son théâtre où il va faire revivre Monk sous nos yeux. Il nous encourage à le suivre, nous ouvre les yeux, prépare notre ouïe, cet organe si mal entrainé de la gent humaine (alors que le chat et le chevreuil…) à recevoir le message du grand Thelonious Monk, à y pénétrer aussi sûrement que l’on entre la nuit dans sa cuisine pour se servir un verre d’eau sans allumer la lumière pour ne pas réveiller celui ou celle qui dort à vos côtés. Et à chaque nouveau morceau, il trouvera le mot juste, l’image adéquate pour renouveler ce petit coup de baguette magique qui vous rend mélomane.
Et il le fait, sans rupture du fil musical, parlant sur une ligne de basse, un groove, un ostinato qui fait déjà ronronner la musique à l’arrière-plan, un peu comme au cirque l’orchestre fait monter la tension pendant que Monsieur Loyal bonimente à l’annonce des grands fauves. Et à peine le morceau est-il commencé, à peine le grand Monk a-t-il poussé son premier grognement que l’on frémit déjà… Et, il y a là du Jamal, dans cette façon de ménager ses effets, de tenir le public en haleine… on dit qu’Ahmad Jamal ne jouait pas du piano, mais qu’il joue du public. Le voilà le greffon qui fait surgir sous les doigts de Laurent de Wilde “a New Monk” sur l’aride rocaille où Thelonious faisait plutôt pousser des plantes ligneuses, herbes sèches et néanmoins folles, aux arômes ensorcelantes.
Certes si de Wilde joue de son public, c’est qu’il joue de son piano magnifiquement, mais aussi qu’il joue de son trio, le met en scène, le lance, le retient, fait faire un petit tour par-ci, un petit tour par-là, trois figures de saute-mouton après avoir fait la roue. Ses deux comparses s’y livrent avec le sourire, une bonne humeur irrépressible, Bruno Rousselet évoquant Charles Mingus, pour ce cocktail de puissance du tempo et de virtuosité joyeusement bougonne, Donald Kontamanou d’une sobriété gracieuse, déliée, inventive et réjouie dont le savoir faire contemporain et enraciné réinvente Vernell Fournier dont “jouait” si bien Jamal et Ben Riley qui accompagnait Monk pour ce qu’il était, un danseur.
À l’heure où j’écris ces lignes, un autre concert Jazz Magazine se termine au Blomet (auquel une petite fête autour de Martial Solal pour son 90ème anniversaire m’a empêché au dernier moment d’assister – compte rendu à suivre par Xavier Prévost), un spécial piano qui, faute d’imprévu, a vu défiler au clavier Bernard Desormière, Bastien Brison, Auxane Cartigny et Alex Montfort auprès d’une rythmique qui monte : Samuel F’hima à la contrebasse et Tiss Rodriguez à la batterie. Prochain jeudi Jazz Magazine : le For Maxim Sextet de Julie Saury avec le même Bruno Rousselet à la contrebasse, la tromboniste Shannon Barnett, la clarinettiste Aurélie Tropez, le saxophoniste Frédéric Couderc, le pianiste Philippe Milanta. • Franck Bergerot
|Monk, c’est évidemment Thelonious qui aurait cent 100 ans cet automne. Laurent de Wilde, c’est évidemment le New Monk Trio. Mais même si l’aventure est collective, même si Bruno Rousselet et Donald Kontomanou ne laissent pas un instant imaginer qu’ils puissent être remplacés (alors même que Rousselet remplaçait au pied levé le magnifique Jérôme Regard), c’est de Wilde, docteur ès Thelonious, qui tient ici la barre.
Le New Monk Trio était ce jeudi 26 octobre à l’affiche des jeudis Jazz Magazine du Bal Blomet, un Bal Blomet plein comme un œuf d’un public que Laurent de Wilde va cueillir délicatement mais sûrement pour l’emmener dans l’univers de Monk qui est aussi un peu son univers, non pas seulement parce qu’il a publié voici vingt un ans un Monk, exemplaire de ce que l’on peut écrire d’intelligent sur un musicien en s’adressant à tous les publics (classique aujourd’hui en version de poche), mais aussi parce qu’il sait faire fleurir la musique de Monk à sa façon, par toutes sortes de tours de main et d’associations d’idées jamais déplacés dans le domaine du bouturage musical (où le mot “new” du “New Monk Trio” est tout autant l’adjectif de “Trio que celui de “Monk”).
L’auteur-orateur d’abord : car Laurent de Wilde ne se contente pas de jouer, il parle. Tel un Monsieur Loyal, il nous invite à entrer dans son théâtre où il va faire revivre Monk sous nos yeux. Il nous encourage à le suivre, nous ouvre les yeux, prépare notre ouïe, cet organe si mal entrainé de la gent humaine (alors que le chat et le chevreuil…) à recevoir le message du grand Thelonious Monk, à y pénétrer aussi sûrement que l’on entre la nuit dans sa cuisine pour se servir un verre d’eau sans allumer la lumière pour ne pas réveiller celui ou celle qui dort à vos côtés. Et à chaque nouveau morceau, il trouvera le mot juste, l’image adéquate pour renouveler ce petit coup de baguette magique qui vous rend mélomane.
Et il le fait, sans rupture du fil musical, parlant sur une ligne de basse, un groove, un ostinato qui fait déjà ronronner la musique à l’arrière-plan, un peu comme au cirque l’orchestre fait monter la tension pendant que Monsieur Loyal bonimente à l’annonce des grands fauves. Et à peine le morceau est-il commencé, à peine le grand Monk a-t-il poussé son premier grognement que l’on frémit déjà… Et, il y a là du Jamal, dans cette façon de ménager ses effets, de tenir le public en haleine… on dit qu’Ahmad Jamal ne jouait pas du piano, mais qu’il joue du public. Le voilà le greffon qui fait surgir sous les doigts de Laurent de Wilde “a New Monk” sur l’aride rocaille où Thelonious faisait plutôt pousser des plantes ligneuses, herbes sèches et néanmoins folles, aux arômes ensorcelantes.
Certes si de Wilde joue de son public, c’est qu’il joue de son piano magnifiquement, mais aussi qu’il joue de son trio, le met en scène, le lance, le retient, fait faire un petit tour par-ci, un petit tour par-là, trois figures de saute-mouton après avoir fait la roue. Ses deux comparses s’y livrent avec le sourire, une bonne humeur irrépressible, Bruno Rousselet évoquant Charles Mingus, pour ce cocktail de puissance du tempo et de virtuosité joyeusement bougonne, Donald Kontamanou d’une sobriété gracieuse, déliée, inventive et réjouie dont le savoir faire contemporain et enraciné réinvente Vernell Fournier dont “jouait” si bien Jamal et Ben Riley qui accompagnait Monk pour ce qu’il était, un danseur.
À l’heure où j’écris ces lignes, un autre concert Jazz Magazine se termine au Blomet (auquel une petite fête autour de Martial Solal pour son 90ème anniversaire m’a empêché au dernier moment d’assister – compte rendu à suivre par Xavier Prévost), un spécial piano qui, faute d’imprévu, a vu défiler au clavier Bernard Desormière, Bastien Brison, Auxane Cartigny et Alex Montfort auprès d’une rythmique qui monte : Samuel F’hima à la contrebasse et Tiss Rodriguez à la batterie. Prochain jeudi Jazz Magazine : le For Maxim Sextet de Julie Saury avec le même Bruno Rousselet à la contrebasse, la tromboniste Shannon Barnett, la clarinettiste Aurélie Tropez, le saxophoniste Frédéric Couderc, le pianiste Philippe Milanta. • Franck Bergerot
|Monk, c’est évidemment Thelonious qui aurait cent 100 ans cet automne. Laurent de Wilde, c’est évidemment le New Monk Trio. Mais même si l’aventure est collective, même si Bruno Rousselet et Donald Kontomanou ne laissent pas un instant imaginer qu’ils puissent être remplacés (alors même que Rousselet remplaçait au pied levé le magnifique Jérôme Regard), c’est de Wilde, docteur ès Thelonious, qui tient ici la barre.
Le New Monk Trio était ce jeudi 26 octobre à l’affiche des jeudis Jazz Magazine du Bal Blomet, un Bal Blomet plein comme un œuf d’un public que Laurent de Wilde va cueillir délicatement mais sûrement pour l’emmener dans l’univers de Monk qui est aussi un peu son univers, non pas seulement parce qu’il a publié voici vingt un ans un Monk, exemplaire de ce que l’on peut écrire d’intelligent sur un musicien en s’adressant à tous les publics (classique aujourd’hui en version de poche), mais aussi parce qu’il sait faire fleurir la musique de Monk à sa façon, par toutes sortes de tours de main et d’associations d’idées jamais déplacés dans le domaine du bouturage musical (où le mot “new” du “New Monk Trio” est tout autant l’adjectif de “Trio que celui de “Monk”).
L’auteur-orateur d’abord : car Laurent de Wilde ne se contente pas de jouer, il parle. Tel un Monsieur Loyal, il nous invite à entrer dans son théâtre où il va faire revivre Monk sous nos yeux. Il nous encourage à le suivre, nous ouvre les yeux, prépare notre ouïe, cet organe si mal entrainé de la gent humaine (alors que le chat et le chevreuil…) à recevoir le message du grand Thelonious Monk, à y pénétrer aussi sûrement que l’on entre la nuit dans sa cuisine pour se servir un verre d’eau sans allumer la lumière pour ne pas réveiller celui ou celle qui dort à vos côtés. Et à chaque nouveau morceau, il trouvera le mot juste, l’image adéquate pour renouveler ce petit coup de baguette magique qui vous rend mélomane.
Et il le fait, sans rupture du fil musical, parlant sur une ligne de basse, un groove, un ostinato qui fait déjà ronronner la musique à l’arrière-plan, un peu comme au cirque l’orchestre fait monter la tension pendant que Monsieur Loyal bonimente à l’annonce des grands fauves. Et à peine le morceau est-il commencé, à peine le grand Monk a-t-il poussé son premier grognement que l’on frémit déjà… Et, il y a là du Jamal, dans cette façon de ménager ses effets, de tenir le public en haleine… on dit qu’Ahmad Jamal ne jouait pas du piano, mais qu’il joue du public. Le voilà le greffon qui fait surgir sous les doigts de Laurent de Wilde “a New Monk” sur l’aride rocaille où Thelonious faisait plutôt pousser des plantes ligneuses, herbes sèches et néanmoins folles, aux arômes ensorcelantes.
Certes si de Wilde joue de son public, c’est qu’il joue de son piano magnifiquement, mais aussi qu’il joue de son trio, le met en scène, le lance, le retient, fait faire un petit tour par-ci, un petit tour par-là, trois figures de saute-mouton après avoir fait la roue. Ses deux comparses s’y livrent avec le sourire, une bonne humeur irrépressible, Bruno Rousselet évoquant Charles Mingus, pour ce cocktail de puissance du tempo et de virtuosité joyeusement bougonne, Donald Kontamanou d’une sobriété gracieuse, déliée, inventive et réjouie dont le savoir faire contemporain et enraciné réinvente Vernell Fournier dont “jouait” si bien Jamal et Ben Riley qui accompagnait Monk pour ce qu’il était, un danseur.
À l’heure où j’écris ces lignes, un autre concert Jazz Magazine se termine au Blomet (auquel une petite fête autour de Martial Solal pour son 90ème anniversaire m’a empêché au dernier moment d’assister – compte rendu à suivre par Xavier Prévost), un spécial piano qui, faute d’imprévu, a vu défiler au clavier Bernard Desormière, Bastien Brison, Auxane Cartigny et Alex Montfort auprès d’une rythmique qui monte : Samuel F’hima à la contrebasse et Tiss Rodriguez à la batterie. Prochain jeudi Jazz Magazine : le For Maxim Sextet de Julie Saury avec le même Bruno Rousselet à la contrebasse, la tromboniste Shannon Barnett, la clarinettiste Aurélie Tropez, le saxophoniste Frédéric Couderc, le pianiste Philippe Milanta. • Franck Bergerot
|Monk, c’est évidemment Thelonious qui aurait cent 100 ans cet automne. Laurent de Wilde, c’est évidemment le New Monk Trio. Mais même si l’aventure est collective, même si Bruno Rousselet et Donald Kontomanou ne laissent pas un instant imaginer qu’ils puissent être remplacés (alors même que Rousselet remplaçait au pied levé le magnifique Jérôme Regard), c’est de Wilde, docteur ès Thelonious, qui tient ici la barre.
Le New Monk Trio était ce jeudi 26 octobre à l’affiche des jeudis Jazz Magazine du Bal Blomet, un Bal Blomet plein comme un œuf d’un public que Laurent de Wilde va cueillir délicatement mais sûrement pour l’emmener dans l’univers de Monk qui est aussi un peu son univers, non pas seulement parce qu’il a publié voici vingt un ans un Monk, exemplaire de ce que l’on peut écrire d’intelligent sur un musicien en s’adressant à tous les publics (classique aujourd’hui en version de poche), mais aussi parce qu’il sait faire fleurir la musique de Monk à sa façon, par toutes sortes de tours de main et d’associations d’idées jamais déplacés dans le domaine du bouturage musical (où le mot “new” du “New Monk Trio” est tout autant l’adjectif de “Trio que celui de “Monk”).
L’auteur-orateur d’abord : car Laurent de Wilde ne se contente pas de jouer, il parle. Tel un Monsieur Loyal, il nous invite à entrer dans son théâtre où il va faire revivre Monk sous nos yeux. Il nous encourage à le suivre, nous ouvre les yeux, prépare notre ouïe, cet organe si mal entrainé de la gent humaine (alors que le chat et le chevreuil…) à recevoir le message du grand Thelonious Monk, à y pénétrer aussi sûrement que l’on entre la nuit dans sa cuisine pour se servir un verre d’eau sans allumer la lumière pour ne pas réveiller celui ou celle qui dort à vos côtés. Et à chaque nouveau morceau, il trouvera le mot juste, l’image adéquate pour renouveler ce petit coup de baguette magique qui vous rend mélomane.
Et il le fait, sans rupture du fil musical, parlant sur une ligne de basse, un groove, un ostinato qui fait déjà ronronner la musique à l’arrière-plan, un peu comme au cirque l’orchestre fait monter la tension pendant que Monsieur Loyal bonimente à l’annonce des grands fauves. Et à peine le morceau est-il commencé, à peine le grand Monk a-t-il poussé son premier grognement que l’on frémit déjà… Et, il y a là du Jamal, dans cette façon de ménager ses effets, de tenir le public en haleine… on dit qu’Ahmad Jamal ne jouait pas du piano, mais qu’il joue du public. Le voilà le greffon qui fait surgir sous les doigts de Laurent de Wilde “a New Monk” sur l’aride rocaille où Thelonious faisait plutôt pousser des plantes ligneuses, herbes sèches et néanmoins folles, aux arômes ensorcelantes.
Certes si de Wilde joue de son public, c’est qu’il joue de son piano magnifiquement, mais aussi qu’il joue de son trio, le met en scène, le lance, le retient, fait faire un petit tour par-ci, un petit tour par-là, trois figures de saute-mouton après avoir fait la roue. Ses deux comparses s’y livrent avec le sourire, une bonne humeur irrépressible, Bruno Rousselet évoquant Charles Mingus, pour ce cocktail de puissance du tempo et de virtuosité joyeusement bougonne, Donald Kontamanou d’une sobriété gracieuse, déliée, inventive et réjouie dont le savoir faire contemporain et enraciné réinvente Vernell Fournier dont “jouait” si bien Jamal et Ben Riley qui accompagnait Monk pour ce qu’il était, un danseur.
À l’heure où j’écris ces lignes, un autre concert Jazz Magazine se termine au Blomet (auquel une petite fête autour de Martial Solal pour son 90ème anniversaire m’a empêché au dernier moment d’assister – compte rendu à suivre par Xavier Prévost), un spécial piano qui, faute d’imprévu, a vu défiler au clavier Bernard Desormière, Bastien Brison, Auxane Cartigny et Alex Montfort auprès d’une rythmique qui monte : Samuel F’hima à la contrebasse et Tiss Rodriguez à la batterie. Prochain jeudi Jazz Magazine : le For Maxim Sextet de Julie Saury avec le même Bruno Rousselet à la contrebasse, la tromboniste Shannon Barnett, la clarinettiste Aurélie Tropez, le saxophoniste Frédéric Couderc, le pianiste Philippe Milanta. • Franck Bergerot