Jazz live
Publié le 14 Nov 2013

Méfions-nous des yeux

Les yeux c’est bien. C’est utile, ça vous tire de bien des situations délicates. Mais d’un autre côté ça fige, ça découpe, ça enferme. C’est un organe  un peu surestimé. Les antennes, c’est mieux. Ça effleure, ça anticipe, ça accompagne. On ne parle pas assez des antennes. C’est ce qu’on se disait en sortant du Triton samedi 9 novembre. On avait vu deux musiciens grand cru classés (Louis Sclavis et Vincent Courtois) accompagner deux danseurs de haute volée (Loïc Touzé et Patricia Kuypers)dodecadanse0

 

 

 

Samedi 9 novembre 2013, Le Triton, Festival Dodécadanse, 

Louis Sclavis (bcl), Vincent Courtois (cello), Patricia Kuypers (danse), Loïc Touzé (danse)


dodecadanse0



Le spectacle était un des moments attendus du festival Dodécadanse organisé par Le Triton. Le principe : deux musiciens improvisent pour deux danseurs. Le dispositif : deux salles, les musiciens et les danseurs qui circulent de l’une à l’autre, et des écrans, des sonos, qui permettent d’écouter et d’entrevoir par bribes ce qui se passe de l’autre côté. Au bout de quarante minutes, les spectateurs passent d’une salle à l’autre.

On croit deviner ce qui était recherché à travers cette scénographie : des effets de miroir, de présence-absence, de mise en abyme. Bon. En fait, le dispositif servait moins l’émotion que la présence conjointe des deux danseurs et des deux musiciens. Le tango improvisé par Courtois et Sclavis, avec les deux danseurs entre eux, qui réagissaient à chaque inflexion de la musique fut l’un des très beaux moments de cette soirée. Cela se passait dans la deuxième moitié du spectacle. Les interactions étaient alors palpables. Pourtant, musiciens et danseurs semblaient s’éviter du regard. Ils respiraient du même souffle mais leurs yeux ne se croisaient pas. On ne comprenait pas la raison de cet évitement. C’est Louis Sclavis, à la fin du spectacle qui nous a expliqué : « Il ne faut pas regarder les danseurs sinon on se fait bouffer ! Il faut juste les sentir… ».

En musiciens expérimentés, Sclavis et Courtois ont donc laissé leurs yeux en coulisses et déployé ces antennes invisibles et rétractables, (mélange de titane, de roseau, de chewing gum selon une récente étude parue dans la revue Nature) que possède tout jazzman digne de ce nom. Le réglage de ces instruments n’est pas une science exacte. Il y a eu des ratés, des grésillements intempestifs. Progressivement, ces antennes sont entrées en résonance, et des ondes de plus en plus subtiles ont commencé à circuler de musiciens à danseurs et de danseurs à musiciens. Cela a donné lieu à des scènes gracieuses: la reptation de Patricia Kuypers au rythme du violoncelle de Vincent Courtois, le corps de Loïc Touzé se disloquant au rythme des « slaps » de Sclavis sur sa clarinette basse, ou encore les évolutions rampantes des danseurs avec un tapis de sol, comme deux tortues abandonnées par leurs carapaces.

Louis Sclavis a un rapport très ancien et très profond avec la danse. Très à l’aise, il s’est même essayé à quelques chorégraphies guillerettes. A la clarinette basse, il a toujours cette manière de passer d’une série de borborygmes à une mélodie limpide qui arrive comme un cadeau. Il a semblé développer une complicité particulière avec le danseur Loïc Touzé. Il lui a même prêté sa clarinette basse. Mais pas trop longtemps. Il faut dire quelques mots de ce danseur Loïc Touzé. C’est un type immense, avec un visage impassible, un grand pif, des paupières tombantes. Il est la grâce même. Fouetté par la musique de Courtois et Sclavis, il s’est livré à une chorégraphie survoltée et désopilante, où il semblait être à la fois une pintade, un rappeur, un businessman en surrégime. Entre autres prodiges il a descendu en dos crawlé l’escalier menant du premier étage de la salle à la scène.  

Après le spectacle, on le croise en train de fumer une cigarette. Il explique qu’il habite à Metz à des groupies compatissantes. Il nous confirme que les chorégraphies réalisées avec sa partenaire Patricia Kuypers étaient aussi improvisées que la musique de Courtois et Sclavis:  « J’ai vingt ans de contact-improvisation derrière moi alors ça aide…Et puis il y a des danseurs, comme Patricia, avec qui ça marche tout seul ». On lui rapporte le mot de Sclavis, sur sa volonté de ne pas regarder les danseurs. Cela ne l’étonne pas trop. « Les yeux , c’est froid ». Lui-même affirme n’avoir regardé sa partenaire « qu’en périphérie ». Pour le reste, il est content de sa soirée. Il a aimé danser dans la dernière salle. Le plancher était bon, mais le plafond un peu bas. « Pour pouvoir m’envoler j’ai besoin d’un bon plancher et d’une bonne hauteur de plafond » dit-il avec la simplicité de quelqu’un qui décrirait le fauteuil où il fait ses meilleures siestes.

Quand des Jazzmen qui ont des antennes rencontrent des danseurs qui ont des ailes, ça fait un très chouette spectacle.

 

Jean-François Mondot

Dessin : Annie-Claire Alvoët

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Les yeux c’est bien. C’est utile, ça vous tire de bien des situations délicates. Mais d’un autre côté ça fige, ça découpe, ça enferme. C’est un organe  un peu surestimé. Les antennes, c’est mieux. Ça effleure, ça anticipe, ça accompagne. On ne parle pas assez des antennes. C’est ce qu’on se disait en sortant du Triton samedi 9 novembre. On avait vu deux musiciens grand cru classés (Louis Sclavis et Vincent Courtois) accompagner deux danseurs de haute volée (Loïc Touzé et Patricia Kuypers)dodecadanse0

 

 

 

Samedi 9 novembre 2013, Le Triton, Festival Dodécadanse, 

Louis Sclavis (bcl), Vincent Courtois (cello), Patricia Kuypers (danse), Loïc Touzé (danse)


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Le spectacle était un des moments attendus du festival Dodécadanse organisé par Le Triton. Le principe : deux musiciens improvisent pour deux danseurs. Le dispositif : deux salles, les musiciens et les danseurs qui circulent de l’une à l’autre, et des écrans, des sonos, qui permettent d’écouter et d’entrevoir par bribes ce qui se passe de l’autre côté. Au bout de quarante minutes, les spectateurs passent d’une salle à l’autre.

On croit deviner ce qui était recherché à travers cette scénographie : des effets de miroir, de présence-absence, de mise en abyme. Bon. En fait, le dispositif servait moins l’émotion que la présence conjointe des deux danseurs et des deux musiciens. Le tango improvisé par Courtois et Sclavis, avec les deux danseurs entre eux, qui réagissaient à chaque inflexion de la musique fut l’un des très beaux moments de cette soirée. Cela se passait dans la deuxième moitié du spectacle. Les interactions étaient alors palpables. Pourtant, musiciens et danseurs semblaient s’éviter du regard. Ils respiraient du même souffle mais leurs yeux ne se croisaient pas. On ne comprenait pas la raison de cet évitement. C’est Louis Sclavis, à la fin du spectacle qui nous a expliqué : « Il ne faut pas regarder les danseurs sinon on se fait bouffer ! Il faut juste les sentir… ».

En musiciens expérimentés, Sclavis et Courtois ont donc laissé leurs yeux en coulisses et déployé ces antennes invisibles et rétractables, (mélange de titane, de roseau, de chewing gum selon une récente étude parue dans la revue Nature) que possède tout jazzman digne de ce nom. Le réglage de ces instruments n’est pas une science exacte. Il y a eu des ratés, des grésillements intempestifs. Progressivement, ces antennes sont entrées en résonance, et des ondes de plus en plus subtiles ont commencé à circuler de musiciens à danseurs et de danseurs à musiciens. Cela a donné lieu à des scènes gracieuses: la reptation de Patricia Kuypers au rythme du violoncelle de Vincent Courtois, le corps de Loïc Touzé se disloquant au rythme des « slaps » de Sclavis sur sa clarinette basse, ou encore les évolutions rampantes des danseurs avec un tapis de sol, comme deux tortues abandonnées par leurs carapaces.

Louis Sclavis a un rapport très ancien et très profond avec la danse. Très à l’aise, il s’est même essayé à quelques chorégraphies guillerettes. A la clarinette basse, il a toujours cette manière de passer d’une série de borborygmes à une mélodie limpide qui arrive comme un cadeau. Il a semblé développer une complicité particulière avec le danseur Loïc Touzé. Il lui a même prêté sa clarinette basse. Mais pas trop longtemps. Il faut dire quelques mots de ce danseur Loïc Touzé. C’est un type immense, avec un visage impassible, un grand pif, des paupières tombantes. Il est la grâce même. Fouetté par la musique de Courtois et Sclavis, il s’est livré à une chorégraphie survoltée et désopilante, où il semblait être à la fois une pintade, un rappeur, un businessman en surrégime. Entre autres prodiges il a descendu en dos crawlé l’escalier menant du premier étage de la salle à la scène.  

Après le spectacle, on le croise en train de fumer une cigarette. Il explique qu’il habite à Metz à des groupies compatissantes. Il nous confirme que les chorégraphies réalisées avec sa partenaire Patricia Kuypers étaient aussi improvisées que la musique de Courtois et Sclavis:  « J’ai vingt ans de contact-improvisation derrière moi alors ça aide…Et puis il y a des danseurs, comme Patricia, avec qui ça marche tout seul ». On lui rapporte le mot de Sclavis, sur sa volonté de ne pas regarder les danseurs. Cela ne l’étonne pas trop. « Les yeux , c’est froid ». Lui-même affirme n’avoir regardé sa partenaire « qu’en périphérie ». Pour le reste, il est content de sa soirée. Il a aimé danser dans la dernière salle. Le plancher était bon, mais le plafond un peu bas. « Pour pouvoir m’envoler j’ai besoin d’un bon plancher et d’une bonne hauteur de plafond » dit-il avec la simplicité de quelqu’un qui décrirait le fauteuil où il fait ses meilleures siestes.

Quand des Jazzmen qui ont des antennes rencontrent des danseurs qui ont des ailes, ça fait un très chouette spectacle.

 

Jean-François Mondot

Dessin : Annie-Claire Alvoët

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Les yeux c’est bien. C’est utile, ça vous tire de bien des situations délicates. Mais d’un autre côté ça fige, ça découpe, ça enferme. C’est un organe  un peu surestimé. Les antennes, c’est mieux. Ça effleure, ça anticipe, ça accompagne. On ne parle pas assez des antennes. C’est ce qu’on se disait en sortant du Triton samedi 9 novembre. On avait vu deux musiciens grand cru classés (Louis Sclavis et Vincent Courtois) accompagner deux danseurs de haute volée (Loïc Touzé et Patricia Kuypers)dodecadanse0

 

 

 

Samedi 9 novembre 2013, Le Triton, Festival Dodécadanse, 

Louis Sclavis (bcl), Vincent Courtois (cello), Patricia Kuypers (danse), Loïc Touzé (danse)


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Le spectacle était un des moments attendus du festival Dodécadanse organisé par Le Triton. Le principe : deux musiciens improvisent pour deux danseurs. Le dispositif : deux salles, les musiciens et les danseurs qui circulent de l’une à l’autre, et des écrans, des sonos, qui permettent d’écouter et d’entrevoir par bribes ce qui se passe de l’autre côté. Au bout de quarante minutes, les spectateurs passent d’une salle à l’autre.

On croit deviner ce qui était recherché à travers cette scénographie : des effets de miroir, de présence-absence, de mise en abyme. Bon. En fait, le dispositif servait moins l’émotion que la présence conjointe des deux danseurs et des deux musiciens. Le tango improvisé par Courtois et Sclavis, avec les deux danseurs entre eux, qui réagissaient à chaque inflexion de la musique fut l’un des très beaux moments de cette soirée. Cela se passait dans la deuxième moitié du spectacle. Les interactions étaient alors palpables. Pourtant, musiciens et danseurs semblaient s’éviter du regard. Ils respiraient du même souffle mais leurs yeux ne se croisaient pas. On ne comprenait pas la raison de cet évitement. C’est Louis Sclavis, à la fin du spectacle qui nous a expliqué : « Il ne faut pas regarder les danseurs sinon on se fait bouffer ! Il faut juste les sentir… ».

En musiciens expérimentés, Sclavis et Courtois ont donc laissé leurs yeux en coulisses et déployé ces antennes invisibles et rétractables, (mélange de titane, de roseau, de chewing gum selon une récente étude parue dans la revue Nature) que possède tout jazzman digne de ce nom. Le réglage de ces instruments n’est pas une science exacte. Il y a eu des ratés, des grésillements intempestifs. Progressivement, ces antennes sont entrées en résonance, et des ondes de plus en plus subtiles ont commencé à circuler de musiciens à danseurs et de danseurs à musiciens. Cela a donné lieu à des scènes gracieuses: la reptation de Patricia Kuypers au rythme du violoncelle de Vincent Courtois, le corps de Loïc Touzé se disloquant au rythme des « slaps » de Sclavis sur sa clarinette basse, ou encore les évolutions rampantes des danseurs avec un tapis de sol, comme deux tortues abandonnées par leurs carapaces.

Louis Sclavis a un rapport très ancien et très profond avec la danse. Très à l’aise, il s’est même essayé à quelques chorégraphies guillerettes. A la clarinette basse, il a toujours cette manière de passer d’une série de borborygmes à une mélodie limpide qui arrive comme un cadeau. Il a semblé développer une complicité particulière avec le danseur Loïc Touzé. Il lui a même prêté sa clarinette basse. Mais pas trop longtemps. Il faut dire quelques mots de ce danseur Loïc Touzé. C’est un type immense, avec un visage impassible, un grand pif, des paupières tombantes. Il est la grâce même. Fouetté par la musique de Courtois et Sclavis, il s’est livré à une chorégraphie survoltée et désopilante, où il semblait être à la fois une pintade, un rappeur, un businessman en surrégime. Entre autres prodiges il a descendu en dos crawlé l’escalier menant du premier étage de la salle à la scène.  

Après le spectacle, on le croise en train de fumer une cigarette. Il explique qu’il habite à Metz à des groupies compatissantes. Il nous confirme que les chorégraphies réalisées avec sa partenaire Patricia Kuypers étaient aussi improvisées que la musique de Courtois et Sclavis:  « J’ai vingt ans de contact-improvisation derrière moi alors ça aide…Et puis il y a des danseurs, comme Patricia, avec qui ça marche tout seul ». On lui rapporte le mot de Sclavis, sur sa volonté de ne pas regarder les danseurs. Cela ne l’étonne pas trop. « Les yeux , c’est froid ». Lui-même affirme n’avoir regardé sa partenaire « qu’en périphérie ». Pour le reste, il est content de sa soirée. Il a aimé danser dans la dernière salle. Le plancher était bon, mais le plafond un peu bas. « Pour pouvoir m’envoler j’ai besoin d’un bon plancher et d’une bonne hauteur de plafond » dit-il avec la simplicité de quelqu’un qui décrirait le fauteuil où il fait ses meilleures siestes.

Quand des Jazzmen qui ont des antennes rencontrent des danseurs qui ont des ailes, ça fait un très chouette spectacle.

 

Jean-François Mondot

Dessin : Annie-Claire Alvoët

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Les yeux c’est bien. C’est utile, ça vous tire de bien des situations délicates. Mais d’un autre côté ça fige, ça découpe, ça enferme. C’est un organe  un peu surestimé. Les antennes, c’est mieux. Ça effleure, ça anticipe, ça accompagne. On ne parle pas assez des antennes. C’est ce qu’on se disait en sortant du Triton samedi 9 novembre. On avait vu deux musiciens grand cru classés (Louis Sclavis et Vincent Courtois) accompagner deux danseurs de haute volée (Loïc Touzé et Patricia Kuypers)dodecadanse0

 

 

 

Samedi 9 novembre 2013, Le Triton, Festival Dodécadanse, 

Louis Sclavis (bcl), Vincent Courtois (cello), Patricia Kuypers (danse), Loïc Touzé (danse)


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Le spectacle était un des moments attendus du festival Dodécadanse organisé par Le Triton. Le principe : deux musiciens improvisent pour deux danseurs. Le dispositif : deux salles, les musiciens et les danseurs qui circulent de l’une à l’autre, et des écrans, des sonos, qui permettent d’écouter et d’entrevoir par bribes ce qui se passe de l’autre côté. Au bout de quarante minutes, les spectateurs passent d’une salle à l’autre.

On croit deviner ce qui était recherché à travers cette scénographie : des effets de miroir, de présence-absence, de mise en abyme. Bon. En fait, le dispositif servait moins l’émotion que la présence conjointe des deux danseurs et des deux musiciens. Le tango improvisé par Courtois et Sclavis, avec les deux danseurs entre eux, qui réagissaient à chaque inflexion de la musique fut l’un des très beaux moments de cette soirée. Cela se passait dans la deuxième moitié du spectacle. Les interactions étaient alors palpables. Pourtant, musiciens et danseurs semblaient s’éviter du regard. Ils respiraient du même souffle mais leurs yeux ne se croisaient pas. On ne comprenait pas la raison de cet évitement. C’est Louis Sclavis, à la fin du spectacle qui nous a expliqué : « Il ne faut pas regarder les danseurs sinon on se fait bouffer ! Il faut juste les sentir… ».

En musiciens expérimentés, Sclavis et Courtois ont donc laissé leurs yeux en coulisses et déployé ces antennes invisibles et rétractables, (mélange de titane, de roseau, de chewing gum selon une récente étude parue dans la revue Nature) que possède tout jazzman digne de ce nom. Le réglage de ces instruments n’est pas une science exacte. Il y a eu des ratés, des grésillements intempestifs. Progressivement, ces antennes sont entrées en résonance, et des ondes de plus en plus subtiles ont commencé à circuler de musiciens à danseurs et de danseurs à musiciens. Cela a donné lieu à des scènes gracieuses: la reptation de Patricia Kuypers au rythme du violoncelle de Vincent Courtois, le corps de Loïc Touzé se disloquant au rythme des « slaps » de Sclavis sur sa clarinette basse, ou encore les évolutions rampantes des danseurs avec un tapis de sol, comme deux tortues abandonnées par leurs carapaces.

Louis Sclavis a un rapport très ancien et très profond avec la danse. Très à l’aise, il s’est même essayé à quelques chorégraphies guillerettes. A la clarinette basse, il a toujours cette manière de passer d’une série de borborygmes à une mélodie limpide qui arrive comme un cadeau. Il a semblé développer une complicité particulière avec le danseur Loïc Touzé. Il lui a même prêté sa clarinette basse. Mais pas trop longtemps. Il faut dire quelques mots de ce danseur Loïc Touzé. C’est un type immense, avec un visage impassible, un grand pif, des paupières tombantes. Il est la grâce même. Fouetté par la musique de Courtois et Sclavis, il s’est livré à une chorégraphie survoltée et désopilante, où il semblait être à la fois une pintade, un rappeur, un businessman en surrégime. Entre autres prodiges il a descendu en dos crawlé l’escalier menant du premier étage de la salle à la scène.  

Après le spectacle, on le croise en train de fumer une cigarette. Il explique qu’il habite à Metz à des groupies compatissantes. Il nous confirme que les chorégraphies réalisées avec sa partenaire Patricia Kuypers étaient aussi improvisées que la musique de Courtois et Sclavis:  « J’ai vingt ans de contact-improvisation derrière moi alors ça aide…Et puis il y a des danseurs, comme Patricia, avec qui ça marche tout seul ». On lui rapporte le mot de Sclavis, sur sa volonté de ne pas regarder les danseurs. Cela ne l’étonne pas trop. « Les yeux , c’est froid ». Lui-même affirme n’avoir regardé sa partenaire « qu’en périphérie ». Pour le reste, il est content de sa soirée. Il a aimé danser dans la dernière salle. Le plancher était bon, mais le plafond un peu bas. « Pour pouvoir m’envoler j’ai besoin d’un bon plancher et d’une bonne hauteur de plafond » dit-il avec la simplicité de quelqu’un qui décrirait le fauteuil où il fait ses meilleures siestes.

Quand des Jazzmen qui ont des antennes rencontrent des danseurs qui ont des ailes, ça fait un très chouette spectacle.

 

Jean-François Mondot

Dessin : Annie-Claire Alvoët