Jazz live
Publié le 2 Déc 2013

Monte Carlo Jazz Festival: Maceo, make it funky !

Les bras levés en V de la victoire il salue du bord de scène les spectateurs comme un boxeur poids moyen qui vient de conquérir le titre de champion du monde. Sauf que derrière lui la basse vrombit encore comme une turbine de jet et que le batteur laisse rouler fort sa grosse caisse faisant au passage tournoyer ses baguettes du bout des doigts tel un chef de majorettes. Maceo Parker, costume gris, chemise jaune et cravate assortie a posé son sax alto pour tutoyer la foule. Un leitmotiv jaillit de son micro, répété en écho « Make it funky !… » L’ex sax de James Brown, le métronome de Georges Clinton, a fait s’encanailler pour son propre compte l’audience fournie et plutôt chic que choc de l’Opéra Garnier à Monte Carlo. Le festival se clôture sur une séquence groovy en diable et chargé d’électricité.

Monte Carlo Jazz Festival, Opéra Garnier, 28, 29, 30 décembre

Remember Shakti: John McLaughlin (g), Zakir Hussain, Vinyakram Welvaganesh (perc indiennes), Uppalapu Shrinivas (mand), Shankar Mahadevan (voc)

Raphael Gualazzi (voc, p), Bene Maillot, Lisa Griset, Sofy Afoy (voc), Gigi Faggi (top), Julian Duchet (sax), Damien Verherve (tb), Laurent Miqueu (g), Emah Otu (b), Max Castri (dm)

Eric Lignini (p, el p), Thomas Bramerie (b), Franck Aghulon (dm), Hugh Coltman , Mamani Keita (voc), Quentin Gomati (tp), Boris Pokora (ts), Jerry Edwards (tb)

Kellylee Evans (voc), Eric Lohrer (g), Raphael Debacker (p), Sylvain Romano (b), Remi Vignolo (dm)

Charles Pasi (voc, hca, g), Jo Champagnon (g), James Sofo (b), Stéphane Minana Ripol (dm)

James Hunter (g, voc), Damian Hand (ts), Lee Badau (ba s), Andrew Kingslow (p, keyb), Jonathan Lee (dm)

Maceo Parker

 

Faut-il se rappeler Shakti ? Faut-il regretter également la force brute du Mahavishnu? John McLaughlin, deus ex machina leader de ces groupes cultes des seventies l’a rappelé en introduction : la formule ancrée sur des fondements de la musique indienne fête ses quarante ans cette année. Par rapport à l’orchestre initial la mandoline a remplacé le violon, la voix –impressionnante- Zakir Hussain et le guitariste écossais installé à Monaco en sont les piliers centraux. Les figures mélodiques et rythmiques s’avèrent toujours aussi denses et complexes. Les rythmes plus ou moins composés poussent toujours vers une infinité de temps impairs. Le tempo bien sur, jamais ne ralentit. L’habileté de chacun des musiciens précède le feeling comme l’essence l’existence. Devant ce vertige d’accélérations ininterrompues deux heures durant, on se voit quelquefois obligé de ne plus retenir sa respiration. Histoire de garder l’envie d’écouter encore.

Qu’on se le dise : Raphael Gualazzi n’est pas Paolo Conte. Italien certes, pianiste et chanteur lui aussi, faiseur de mélodies comme son crooner d’ainé. Question voix pourtant il n’évolue pas dans le même registre. Le jeune homme, grande silhouette un peu trop enserrée dans sa veste boutonnée possède lui une voix timbrée falsetto et passe volontiers du new Orleans au blues pour déboucher sur la chanson italienne façon « comédie » Un panel thématique plutôt large, des manières d’entertainer, un talent d’imitateur (Conte ou Amstrong) : on l’imagine donc parfaitement à l’aise, charmeur cathodique dans une émission de télévision du samedi soir.

Eric Legnini, on le sait, on se plait à le répéter est un formidable pianiste. Et compositeur et arrangeur et leader d’orchestre de différentes dimensions avec efficience et talent. Reste que -on l’a déjà écrit dans ces mêmes colonnes numériques et bloguesques (blogueuses ?) à propos d’un autre festival- il existe une différence entre proposer un enregistrement sur un album (concept ?) Sing Twice (Discograph), avec deux voies (chanson jazz et chanson Afrique) pour deux voix intéressantes (Hugh Coltman, élégance, précision dans le phrasé, petite retenue chic british ; texture très timbrée, couleurs chaudes et puissance d’évocation chez Mamani Keita la malienne) et réexposer le tout dans un même livre ouvert en scène. Lequel ne raconte pas forcément aux oreilles du spectateur la même histoire une fois l’ouvrage refermé.

Kellylee Evans, à propos d’histoire personnelle, en est au début de la sienne en tant que chanteuse. Une grosse envie, un potentiel, des qualités qu’on lui souhaite de développer pour étayer musicalement sa personnalité dans un champ du chant jazzistique à vrai dire aujourd’hui fort encombré. L’essence et l’existence, toujours et encore…

James Hunter lui, à contrario-pardon pour l’ellipse- aurait peut-être besoin de moins exister pour ne plus avoir besoin de tant prouver. So british le garçon, british rock plus que british blues d’ailleurs. Une gouaille, une pêche, un côté brut de décoffrage qui ne déparerait pas dans la galerie des portraits du Life, l’incroyable biographie de Keith Richard. Mais bon, une fois deux ou trois histoires racontées ex abrupto sur douze mesures sous un parfum de whisky ou de bière brune, pourquoi remettre cela sur un même schéma musical vingt et une fois de rang ( !) quelque soit le talent du ténor ou du rauque son rock du baryton soufflant à ses côtés ? Deux heures plus ou moins rock ‘n roll, ça parait parfois long…

Charles Pasi a pour lui sa passion de l’harmonica, façon blues mais pas que ça d
’ailleurs. Du shuffle aussi au programme et une façon hard ou sweet d’accrocher des mélodies dans un vent soufflé et aspiré. Un art de chanter quelque chose de plus que du blues brut ou du boogie ou même des accents rock-pop. Pasi possède une patte perso dans l’utilisation de la voix comme de  l’harmonica. Visiblement le franco-italien lorgne avec envie et goût vers les States et l’énergie made in USA faite musicale. A suivre.

En conclusion, la vraie vedette américaine aura joué ce soir là ses propres compositions (Elephant’s foot, Quick Step, Chldren’s world) Avec sa manière tout en rondeur soul, en pêches de caisse claires et cymbales, avec les déhanchements assurés. Il aura aussi emprunté à ses copains fondus de rythme choc comme lui, Prince, son complice (Baby Knows) ou Ben E King, plus black crooner que lui (Stand by me) Il aura surtout dit et répété son plaisir de se touver sur la scène de l’Opéra Garnier éclairée avec brio. Bon prince, Maceo sur le Rocher a tout aimé de cette ultime étape de sa tournée « Le bus, l’hôtel, la bouffe et le public !…» Monte Carlo, Maceo, please make it funky !

 

Robert Latxague

 

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Les bras levés en V de la victoire il salue du bord de scène les spectateurs comme un boxeur poids moyen qui vient de conquérir le titre de champion du monde. Sauf que derrière lui la basse vrombit encore comme une turbine de jet et que le batteur laisse rouler fort sa grosse caisse faisant au passage tournoyer ses baguettes du bout des doigts tel un chef de majorettes. Maceo Parker, costume gris, chemise jaune et cravate assortie a posé son sax alto pour tutoyer la foule. Un leitmotiv jaillit de son micro, répété en écho « Make it funky !… » L’ex sax de James Brown, le métronome de Georges Clinton, a fait s’encanailler pour son propre compte l’audience fournie et plutôt chic que choc de l’Opéra Garnier à Monte Carlo. Le festival se clôture sur une séquence groovy en diable et chargé d’électricité.

Monte Carlo Jazz Festival, Opéra Garnier, 28, 29, 30 décembre

Remember Shakti: John McLaughlin (g), Zakir Hussain, Vinyakram Welvaganesh (perc indiennes), Uppalapu Shrinivas (mand), Shankar Mahadevan (voc)

Raphael Gualazzi (voc, p), Bene Maillot, Lisa Griset, Sofy Afoy (voc), Gigi Faggi (top), Julian Duchet (sax), Damien Verherve (tb), Laurent Miqueu (g), Emah Otu (b), Max Castri (dm)

Eric Lignini (p, el p), Thomas Bramerie (b), Franck Aghulon (dm), Hugh Coltman , Mamani Keita (voc), Quentin Gomati (tp), Boris Pokora (ts), Jerry Edwards (tb)

Kellylee Evans (voc), Eric Lohrer (g), Raphael Debacker (p), Sylvain Romano (b), Remi Vignolo (dm)

Charles Pasi (voc, hca, g), Jo Champagnon (g), James Sofo (b), Stéphane Minana Ripol (dm)

James Hunter (g, voc), Damian Hand (ts), Lee Badau (ba s), Andrew Kingslow (p, keyb), Jonathan Lee (dm)

Maceo Parker

 

Faut-il se rappeler Shakti ? Faut-il regretter également la force brute du Mahavishnu? John McLaughlin, deus ex machina leader de ces groupes cultes des seventies l’a rappelé en introduction : la formule ancrée sur des fondements de la musique indienne fête ses quarante ans cette année. Par rapport à l’orchestre initial la mandoline a remplacé le violon, la voix –impressionnante- Zakir Hussain et le guitariste écossais installé à Monaco en sont les piliers centraux. Les figures mélodiques et rythmiques s’avèrent toujours aussi denses et complexes. Les rythmes plus ou moins composés poussent toujours vers une infinité de temps impairs. Le tempo bien sur, jamais ne ralentit. L’habileté de chacun des musiciens précède le feeling comme l’essence l’existence. Devant ce vertige d’accélérations ininterrompues deux heures durant, on se voit quelquefois obligé de ne plus retenir sa respiration. Histoire de garder l’envie d’écouter encore.

Qu’on se le dise : Raphael Gualazzi n’est pas Paolo Conte. Italien certes, pianiste et chanteur lui aussi, faiseur de mélodies comme son crooner d’ainé. Question voix pourtant il n’évolue pas dans le même registre. Le jeune homme, grande silhouette un peu trop enserrée dans sa veste boutonnée possède lui une voix timbrée falsetto et passe volontiers du new Orleans au blues pour déboucher sur la chanson italienne façon « comédie » Un panel thématique plutôt large, des manières d’entertainer, un talent d’imitateur (Conte ou Amstrong) : on l’imagine donc parfaitement à l’aise, charmeur cathodique dans une émission de télévision du samedi soir.

Eric Legnini, on le sait, on se plait à le répéter est un formidable pianiste. Et compositeur et arrangeur et leader d’orchestre de différentes dimensions avec efficience et talent. Reste que -on l’a déjà écrit dans ces mêmes colonnes numériques et bloguesques (blogueuses ?) à propos d’un autre festival- il existe une différence entre proposer un enregistrement sur un album (concept ?) Sing Twice (Discograph), avec deux voies (chanson jazz et chanson Afrique) pour deux voix intéressantes (Hugh Coltman, élégance, précision dans le phrasé, petite retenue chic british ; texture très timbrée, couleurs chaudes et puissance d’évocation chez Mamani Keita la malienne) et réexposer le tout dans un même livre ouvert en scène. Lequel ne raconte pas forcément aux oreilles du spectateur la même histoire une fois l’ouvrage refermé.

Kellylee Evans, à propos d’histoire personnelle, en est au début de la sienne en tant que chanteuse. Une grosse envie, un potentiel, des qualités qu’on lui souhaite de développer pour étayer musicalement sa personnalité dans un champ du chant jazzistique à vrai dire aujourd’hui fort encombré. L’essence et l’existence, toujours et encore…

James Hunter lui, à contrario-pardon pour l’ellipse- aurait peut-être besoin de moins exister pour ne plus avoir besoin de tant prouver. So british le garçon, british rock plus que british blues d’ailleurs. Une gouaille, une pêche, un côté brut de décoffrage qui ne déparerait pas dans la galerie des portraits du Life, l’incroyable biographie de Keith Richard. Mais bon, une fois deux ou trois histoires racontées ex abrupto sur douze mesures sous un parfum de whisky ou de bière brune, pourquoi remettre cela sur un même schéma musical vingt et une fois de rang ( !) quelque soit le talent du ténor ou du rauque son rock du baryton soufflant à ses côtés ? Deux heures plus ou moins rock ‘n roll, ça parait parfois long…

Charles Pasi a pour lui sa passion de l’harmonica, façon blues mais pas que ça d
’ailleurs. Du shuffle aussi au programme et une façon hard ou sweet d’accrocher des mélodies dans un vent soufflé et aspiré. Un art de chanter quelque chose de plus que du blues brut ou du boogie ou même des accents rock-pop. Pasi possède une patte perso dans l’utilisation de la voix comme de  l’harmonica. Visiblement le franco-italien lorgne avec envie et goût vers les States et l’énergie made in USA faite musicale. A suivre.

En conclusion, la vraie vedette américaine aura joué ce soir là ses propres compositions (Elephant’s foot, Quick Step, Chldren’s world) Avec sa manière tout en rondeur soul, en pêches de caisse claires et cymbales, avec les déhanchements assurés. Il aura aussi emprunté à ses copains fondus de rythme choc comme lui, Prince, son complice (Baby Knows) ou Ben E King, plus black crooner que lui (Stand by me) Il aura surtout dit et répété son plaisir de se touver sur la scène de l’Opéra Garnier éclairée avec brio. Bon prince, Maceo sur le Rocher a tout aimé de cette ultime étape de sa tournée « Le bus, l’hôtel, la bouffe et le public !…» Monte Carlo, Maceo, please make it funky !

 

Robert Latxague

 

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Les bras levés en V de la victoire il salue du bord de scène les spectateurs comme un boxeur poids moyen qui vient de conquérir le titre de champion du monde. Sauf que derrière lui la basse vrombit encore comme une turbine de jet et que le batteur laisse rouler fort sa grosse caisse faisant au passage tournoyer ses baguettes du bout des doigts tel un chef de majorettes. Maceo Parker, costume gris, chemise jaune et cravate assortie a posé son sax alto pour tutoyer la foule. Un leitmotiv jaillit de son micro, répété en écho « Make it funky !… » L’ex sax de James Brown, le métronome de Georges Clinton, a fait s’encanailler pour son propre compte l’audience fournie et plutôt chic que choc de l’Opéra Garnier à Monte Carlo. Le festival se clôture sur une séquence groovy en diable et chargé d’électricité.

Monte Carlo Jazz Festival, Opéra Garnier, 28, 29, 30 décembre

Remember Shakti: John McLaughlin (g), Zakir Hussain, Vinyakram Welvaganesh (perc indiennes), Uppalapu Shrinivas (mand), Shankar Mahadevan (voc)

Raphael Gualazzi (voc, p), Bene Maillot, Lisa Griset, Sofy Afoy (voc), Gigi Faggi (top), Julian Duchet (sax), Damien Verherve (tb), Laurent Miqueu (g), Emah Otu (b), Max Castri (dm)

Eric Lignini (p, el p), Thomas Bramerie (b), Franck Aghulon (dm), Hugh Coltman , Mamani Keita (voc), Quentin Gomati (tp), Boris Pokora (ts), Jerry Edwards (tb)

Kellylee Evans (voc), Eric Lohrer (g), Raphael Debacker (p), Sylvain Romano (b), Remi Vignolo (dm)

Charles Pasi (voc, hca, g), Jo Champagnon (g), James Sofo (b), Stéphane Minana Ripol (dm)

James Hunter (g, voc), Damian Hand (ts), Lee Badau (ba s), Andrew Kingslow (p, keyb), Jonathan Lee (dm)

Maceo Parker

 

Faut-il se rappeler Shakti ? Faut-il regretter également la force brute du Mahavishnu? John McLaughlin, deus ex machina leader de ces groupes cultes des seventies l’a rappelé en introduction : la formule ancrée sur des fondements de la musique indienne fête ses quarante ans cette année. Par rapport à l’orchestre initial la mandoline a remplacé le violon, la voix –impressionnante- Zakir Hussain et le guitariste écossais installé à Monaco en sont les piliers centraux. Les figures mélodiques et rythmiques s’avèrent toujours aussi denses et complexes. Les rythmes plus ou moins composés poussent toujours vers une infinité de temps impairs. Le tempo bien sur, jamais ne ralentit. L’habileté de chacun des musiciens précède le feeling comme l’essence l’existence. Devant ce vertige d’accélérations ininterrompues deux heures durant, on se voit quelquefois obligé de ne plus retenir sa respiration. Histoire de garder l’envie d’écouter encore.

Qu’on se le dise : Raphael Gualazzi n’est pas Paolo Conte. Italien certes, pianiste et chanteur lui aussi, faiseur de mélodies comme son crooner d’ainé. Question voix pourtant il n’évolue pas dans le même registre. Le jeune homme, grande silhouette un peu trop enserrée dans sa veste boutonnée possède lui une voix timbrée falsetto et passe volontiers du new Orleans au blues pour déboucher sur la chanson italienne façon « comédie » Un panel thématique plutôt large, des manières d’entertainer, un talent d’imitateur (Conte ou Amstrong) : on l’imagine donc parfaitement à l’aise, charmeur cathodique dans une émission de télévision du samedi soir.

Eric Legnini, on le sait, on se plait à le répéter est un formidable pianiste. Et compositeur et arrangeur et leader d’orchestre de différentes dimensions avec efficience et talent. Reste que -on l’a déjà écrit dans ces mêmes colonnes numériques et bloguesques (blogueuses ?) à propos d’un autre festival- il existe une différence entre proposer un enregistrement sur un album (concept ?) Sing Twice (Discograph), avec deux voies (chanson jazz et chanson Afrique) pour deux voix intéressantes (Hugh Coltman, élégance, précision dans le phrasé, petite retenue chic british ; texture très timbrée, couleurs chaudes et puissance d’évocation chez Mamani Keita la malienne) et réexposer le tout dans un même livre ouvert en scène. Lequel ne raconte pas forcément aux oreilles du spectateur la même histoire une fois l’ouvrage refermé.

Kellylee Evans, à propos d’histoire personnelle, en est au début de la sienne en tant que chanteuse. Une grosse envie, un potentiel, des qualités qu’on lui souhaite de développer pour étayer musicalement sa personnalité dans un champ du chant jazzistique à vrai dire aujourd’hui fort encombré. L’essence et l’existence, toujours et encore…

James Hunter lui, à contrario-pardon pour l’ellipse- aurait peut-être besoin de moins exister pour ne plus avoir besoin de tant prouver. So british le garçon, british rock plus que british blues d’ailleurs. Une gouaille, une pêche, un côté brut de décoffrage qui ne déparerait pas dans la galerie des portraits du Life, l’incroyable biographie de Keith Richard. Mais bon, une fois deux ou trois histoires racontées ex abrupto sur douze mesures sous un parfum de whisky ou de bière brune, pourquoi remettre cela sur un même schéma musical vingt et une fois de rang ( !) quelque soit le talent du ténor ou du rauque son rock du baryton soufflant à ses côtés ? Deux heures plus ou moins rock ‘n roll, ça parait parfois long…

Charles Pasi a pour lui sa passion de l’harmonica, façon blues mais pas que ça d
’ailleurs. Du shuffle aussi au programme et une façon hard ou sweet d’accrocher des mélodies dans un vent soufflé et aspiré. Un art de chanter quelque chose de plus que du blues brut ou du boogie ou même des accents rock-pop. Pasi possède une patte perso dans l’utilisation de la voix comme de  l’harmonica. Visiblement le franco-italien lorgne avec envie et goût vers les States et l’énergie made in USA faite musicale. A suivre.

En conclusion, la vraie vedette américaine aura joué ce soir là ses propres compositions (Elephant’s foot, Quick Step, Chldren’s world) Avec sa manière tout en rondeur soul, en pêches de caisse claires et cymbales, avec les déhanchements assurés. Il aura aussi emprunté à ses copains fondus de rythme choc comme lui, Prince, son complice (Baby Knows) ou Ben E King, plus black crooner que lui (Stand by me) Il aura surtout dit et répété son plaisir de se touver sur la scène de l’Opéra Garnier éclairée avec brio. Bon prince, Maceo sur le Rocher a tout aimé de cette ultime étape de sa tournée « Le bus, l’hôtel, la bouffe et le public !…» Monte Carlo, Maceo, please make it funky !

 

Robert Latxague

 

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Les bras levés en V de la victoire il salue du bord de scène les spectateurs comme un boxeur poids moyen qui vient de conquérir le titre de champion du monde. Sauf que derrière lui la basse vrombit encore comme une turbine de jet et que le batteur laisse rouler fort sa grosse caisse faisant au passage tournoyer ses baguettes du bout des doigts tel un chef de majorettes. Maceo Parker, costume gris, chemise jaune et cravate assortie a posé son sax alto pour tutoyer la foule. Un leitmotiv jaillit de son micro, répété en écho « Make it funky !… » L’ex sax de James Brown, le métronome de Georges Clinton, a fait s’encanailler pour son propre compte l’audience fournie et plutôt chic que choc de l’Opéra Garnier à Monte Carlo. Le festival se clôture sur une séquence groovy en diable et chargé d’électricité.

Monte Carlo Jazz Festival, Opéra Garnier, 28, 29, 30 décembre

Remember Shakti: John McLaughlin (g), Zakir Hussain, Vinyakram Welvaganesh (perc indiennes), Uppalapu Shrinivas (mand), Shankar Mahadevan (voc)

Raphael Gualazzi (voc, p), Bene Maillot, Lisa Griset, Sofy Afoy (voc), Gigi Faggi (top), Julian Duchet (sax), Damien Verherve (tb), Laurent Miqueu (g), Emah Otu (b), Max Castri (dm)

Eric Lignini (p, el p), Thomas Bramerie (b), Franck Aghulon (dm), Hugh Coltman , Mamani Keita (voc), Quentin Gomati (tp), Boris Pokora (ts), Jerry Edwards (tb)

Kellylee Evans (voc), Eric Lohrer (g), Raphael Debacker (p), Sylvain Romano (b), Remi Vignolo (dm)

Charles Pasi (voc, hca, g), Jo Champagnon (g), James Sofo (b), Stéphane Minana Ripol (dm)

James Hunter (g, voc), Damian Hand (ts), Lee Badau (ba s), Andrew Kingslow (p, keyb), Jonathan Lee (dm)

Maceo Parker

 

Faut-il se rappeler Shakti ? Faut-il regretter également la force brute du Mahavishnu? John McLaughlin, deus ex machina leader de ces groupes cultes des seventies l’a rappelé en introduction : la formule ancrée sur des fondements de la musique indienne fête ses quarante ans cette année. Par rapport à l’orchestre initial la mandoline a remplacé le violon, la voix –impressionnante- Zakir Hussain et le guitariste écossais installé à Monaco en sont les piliers centraux. Les figures mélodiques et rythmiques s’avèrent toujours aussi denses et complexes. Les rythmes plus ou moins composés poussent toujours vers une infinité de temps impairs. Le tempo bien sur, jamais ne ralentit. L’habileté de chacun des musiciens précède le feeling comme l’essence l’existence. Devant ce vertige d’accélérations ininterrompues deux heures durant, on se voit quelquefois obligé de ne plus retenir sa respiration. Histoire de garder l’envie d’écouter encore.

Qu’on se le dise : Raphael Gualazzi n’est pas Paolo Conte. Italien certes, pianiste et chanteur lui aussi, faiseur de mélodies comme son crooner d’ainé. Question voix pourtant il n’évolue pas dans le même registre. Le jeune homme, grande silhouette un peu trop enserrée dans sa veste boutonnée possède lui une voix timbrée falsetto et passe volontiers du new Orleans au blues pour déboucher sur la chanson italienne façon « comédie » Un panel thématique plutôt large, des manières d’entertainer, un talent d’imitateur (Conte ou Amstrong) : on l’imagine donc parfaitement à l’aise, charmeur cathodique dans une émission de télévision du samedi soir.

Eric Legnini, on le sait, on se plait à le répéter est un formidable pianiste. Et compositeur et arrangeur et leader d’orchestre de différentes dimensions avec efficience et talent. Reste que -on l’a déjà écrit dans ces mêmes colonnes numériques et bloguesques (blogueuses ?) à propos d’un autre festival- il existe une différence entre proposer un enregistrement sur un album (concept ?) Sing Twice (Discograph), avec deux voies (chanson jazz et chanson Afrique) pour deux voix intéressantes (Hugh Coltman, élégance, précision dans le phrasé, petite retenue chic british ; texture très timbrée, couleurs chaudes et puissance d’évocation chez Mamani Keita la malienne) et réexposer le tout dans un même livre ouvert en scène. Lequel ne raconte pas forcément aux oreilles du spectateur la même histoire une fois l’ouvrage refermé.

Kellylee Evans, à propos d’histoire personnelle, en est au début de la sienne en tant que chanteuse. Une grosse envie, un potentiel, des qualités qu’on lui souhaite de développer pour étayer musicalement sa personnalité dans un champ du chant jazzistique à vrai dire aujourd’hui fort encombré. L’essence et l’existence, toujours et encore…

James Hunter lui, à contrario-pardon pour l’ellipse- aurait peut-être besoin de moins exister pour ne plus avoir besoin de tant prouver. So british le garçon, british rock plus que british blues d’ailleurs. Une gouaille, une pêche, un côté brut de décoffrage qui ne déparerait pas dans la galerie des portraits du Life, l’incroyable biographie de Keith Richard. Mais bon, une fois deux ou trois histoires racontées ex abrupto sur douze mesures sous un parfum de whisky ou de bière brune, pourquoi remettre cela sur un même schéma musical vingt et une fois de rang ( !) quelque soit le talent du ténor ou du rauque son rock du baryton soufflant à ses côtés ? Deux heures plus ou moins rock ‘n roll, ça parait parfois long…

Charles Pasi a pour lui sa passion de l’harmonica, façon blues mais pas que ça d
’ailleurs. Du shuffle aussi au programme et une façon hard ou sweet d’accrocher des mélodies dans un vent soufflé et aspiré. Un art de chanter quelque chose de plus que du blues brut ou du boogie ou même des accents rock-pop. Pasi possède une patte perso dans l’utilisation de la voix comme de  l’harmonica. Visiblement le franco-italien lorgne avec envie et goût vers les States et l’énergie made in USA faite musicale. A suivre.

En conclusion, la vraie vedette américaine aura joué ce soir là ses propres compositions (Elephant’s foot, Quick Step, Chldren’s world) Avec sa manière tout en rondeur soul, en pêches de caisse claires et cymbales, avec les déhanchements assurés. Il aura aussi emprunté à ses copains fondus de rythme choc comme lui, Prince, son complice (Baby Knows) ou Ben E King, plus black crooner que lui (Stand by me) Il aura surtout dit et répété son plaisir de se touver sur la scène de l’Opéra Garnier éclairée avec brio. Bon prince, Maceo sur le Rocher a tout aimé de cette ultime étape de sa tournée « Le bus, l’hôtel, la bouffe et le public !…» Monte Carlo, Maceo, please make it funky !

 

Robert Latxague