Jazz live
Publié le 3 Juin 2015

Nouveau Quintet pour Emile Parisien (Astrada/Marciac 30 mai)

Concert d’Emile Parisien, le 30 mai, après une résidence à l’Astrada de Marciac. Un nouveau projet… une nouvelle réussite. Un quintet original est né. Plus que prometteur.

 

 

Emile Parisien (as), Joachim Kühn (p), Manu Codjia (g), Simon Tailleu (b), Mario Costa (dr). Marciac/L’Astrada (30 mai).

Emile Parisien (33 ans), collectionne depuis quelques années trophées et récompenses. En 2009, année de son « décollage », il est Talent Jazz Sacem, Lauréat Jazz Migration Afijma et Jazz Primeur du Ministère de la Culture; en 2012 il obtient le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz et enfin, en 2014 il décroche une Victoire du Jazz…

Palmarès impressionnant.

Très sollicité sur la scène hexagonale comme sur la scène européenne, il jongle, difficilement, avec un agenda surbooké pour trouver des « créneaux » compatibles avec ses engagements multiformes.

Coup d’oeil rapide sur la liste (certainement incomplète!) de ses orchestres et projets actuels (ou en sommeil, provisoire ?): son Quartet « historique », avec des compagnons de collège et de Conservatoire, Yes Ornette Trio hommage à Ornette Coleman (avec Jean Paul Celea, b), Syndicate (un groupe jazz fusion créé après la mort de Joe Zawinul), Quartet Sweet and Sour de Daniel Humair, Nouvelle Vague avec Stephane Kerecki, Quintet et Duo avec Vincent Peirani (acc), plus de multiples « invitations » aux côtés de nombreuses pointures comme Michel Portal, Roberto Negro et bien d’autres… Son duo avec Peirani est plébiscité par les Scènes Nationales, les Centre Culturels et les Festivals : plus de 250 concerts entre 2014 et 2016 !

Mais, lorsque l’Astrada de Marciac lui a proposé une résidence avec Carte Blanche pour le choix des musiciens, il n’a pas hésité une seconde et a réussi à bloquer une petite semaine dans son planning encombré…

Emile est, à plus d’un titre, un musicien emblématique dans la petite commune du Gers qui abrite un grand festival estival et une belle saison « indoor » dans la superbe et confortable salle de l’Astrada. Ancien élève du Collège de Marciac il a été l’un des premiers inscrits à l’expérience fort innovante des Ateliers d’Initiation à la Musique de Jazz (AIMJ), créés en 1993, communément appelés “Classes Jazz”. Classes qu’il a suivies (dès l’âge de 11 ans) pendant 3 ans avant de s’inscrire au Conservatoire de Toulouse.

Emile a souvent joué ici en des contextes variés mais cette proposition de Carte Blanche/Résidence à un moment important de sa carrière, l’a particulièrement séduite et émoustillée.

Daniel Humair (77 ans), immense batteur et exceptionnel dénicheur de talents (on se souvient de son « Baby Boom » où dès 2002 il révéla de « jeunes pousses » devenus de bien « belles plantes ») avait repéré Emile et l’avait intégré dans son projet « Sweet and Sour ». Le nom de Joachim Kühn

(p), avec lequel Daniel a beaucoup joué, revenait souvent dans les conversations « backstage »… Jean Paul Celea (b) évoquait aussi, fréquemment, Kühn, légendaire pianiste de la scène jazz…

En octobre 2014 à Toulouse Emile rencontre Joachim et le courant passe immédiatement. Lorsqu’il propose au pianiste de participer à la résidence marciacaise la réponse est tout de suite positive. D’autant plus que  Kühn qui a beaucoup entendu parler de Marciac n’avait jamais joué ici…

« Cette rencontre est une suite logique de mon travail avec Daniel et Jean-Paul. Ils ont tous deux fait de nombreux concerts avec  Kühn dont ils gardent des souvenirs éblouissants.  Kühn enregistre sur le même label que moi et il m’a dit avoir écouté et apprécié mon disque chez Act. Avec Daniel nous jouons souvent des thèmes de Kühn. Quand nous avons travaillé le projet Yes Ornette avec Celea il m’a rappelé que Kühn est le seul pianiste qui a joué avec Ornette… Cela m’a donné l’idée de lui proposer cette résidence car nos esthét
iques sont voisines. Une sorte de post-free, canalisé, organisé, avec beaucoup d’énergie
. »

Pour compléter le groupe, dans une démarche de type « trans-générationnelle » ( Kühn a 71 ans… et une vitalité incroyable), Emile a choisi Manu Codjia (40 ans) un des baby-boomers de Daniel (il fut son élève dans la classe jazz du CNSM) qui est lui aussi sollicité de toutes parts pour participer à des nombreux groupes et projets.

Plus un tandem rythmique inédit : le contrebassiste Simon Tailleu (32 ans), diplômé lui aussi du CNSM, choisi pour sa solidité et son groove et le « petit jeune », quasi-inédit en France, Mario Costa (29 ans) batteur portugais avec lequel Emile a joué et enregistré au Portugal (CD Particula 2012 avec Dominique Pifarély).

En 4 jours de répétitions intenses et chaleureuses ce surprenant casting a généré un groupe créatif, enthousiaste, joyeux et soudé.

D’entrée, en duo,  Kühn et Emile ont joué du Ornette (Homogeneous Emotion) et du…  Kühn (Transmitting). Tiens, tiens ! Emotion et transmission : exactement le projet du groupe ! Un warm up élégant, mais déjà intense, et laissant présager des beaux moments à venir avec l’entrée en lice des 3 autres musiciens.

Pour continuer l’ « échauffement », mais en quintet, une composition d’Emile : Debsh… (Deb… pour débuter !). Les musiciens (et le sonorisateur) cherchent « le » son. Pas évident de trouver les bons équilibres de l’alliage complexe guitare/piano/sax soprano. Mais avec Hysm, toujours d’Emile et Schubert Hauster (de Peirani), « they got it »… On y était et superbement. Au passage, petit gag, hautser veut dire huitre en allemand, donc Schubert Hautser… c’est bien « l’huitre de Schubert » !

Chaque composition génère une grande variété de climats avec de belles alternances entre écritures et improvisations.

Parisien impressionne non seulement par sa virtuosité technique, mais aussi par une qualité de sonorité pas si fréquente chez les sopranistes : ample, généreuse, chaleureuse, avec quelques bruitages et autres harmoniques agencés avec pertinence. Le quintet offre une belle illustration du concept Humairien de « liberté contrôlée ».

Sur Poulp de Parisien Codjia (g) dégaine des gimmicks surprenants parfaitement adaptés à ce thème basé sur des ruptures sautillantes. Effets plus ou moins ahurissants : de la distorsion à l’écho, du suraigu pulvérisant à l’ondulant reposant. Tailleu (b), en accompagnement propose des lignes de walking bass post-modernes solides et efficaces. En solo il met le turbo : gros son dynamique, phrasé puissant.

Kühn et Parisien ont été omniprésents et impressionnants tout au long du concert avec toutes les qualités qu’on leur connait : inventivité, capacité à sortir des cadres et à tordre les canevas, sans tête à queue, ni faute de goût. Et avec une puissance de conviction qui a enthousiasmé le public.

En rappel sur Radar de J. Kühn, thème complexe mais d’une grand fraîcheur (écrit en 1989 il n’a pas pris une ride) le quintet a mis le turbo. Un régal. Belle conclusion d’un concert de presque deux heures.

Dans le programme de l’Astrada ce concert était ainsi présenté : « Parfois la fierté s’ajoute au plaisir : c’est le cas lorsque Marciac reçoit Emile Parisien ».

Belle anticipation.

Bingo.

On a très envie de réécouter ce quintet.

Ce sera le 9 aout, pendant JIM 2015.

Ardonceau Pierre-Henri


emile khun

 

La photo illustrant cet article, prise par Marion Piras d’Inclinaisons, quelques minutes après le concert montre bien le bonheur des musiciens suite à leur superbe concert… Inclinaisons est une agence de booking.

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Concert d’Emile Parisien, le 30 mai, après une résidence à l’Astrada de Marciac. Un nouveau projet… une nouvelle réussite. Un quintet original est né. Plus que prometteur.

 

 

Emile Parisien (as), Joachim Kühn (p), Manu Codjia (g), Simon Tailleu (b), Mario Costa (dr). Marciac/L’Astrada (30 mai).

Emile Parisien (33 ans), collectionne depuis quelques années trophées et récompenses. En 2009, année de son « décollage », il est Talent Jazz Sacem, Lauréat Jazz Migration Afijma et Jazz Primeur du Ministère de la Culture; en 2012 il obtient le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz et enfin, en 2014 il décroche une Victoire du Jazz…

Palmarès impressionnant.

Très sollicité sur la scène hexagonale comme sur la scène européenne, il jongle, difficilement, avec un agenda surbooké pour trouver des « créneaux » compatibles avec ses engagements multiformes.

Coup d’oeil rapide sur la liste (certainement incomplète!) de ses orchestres et projets actuels (ou en sommeil, provisoire ?): son Quartet « historique », avec des compagnons de collège et de Conservatoire, Yes Ornette Trio hommage à Ornette Coleman (avec Jean Paul Celea, b), Syndicate (un groupe jazz fusion créé après la mort de Joe Zawinul), Quartet Sweet and Sour de Daniel Humair, Nouvelle Vague avec Stephane Kerecki, Quintet et Duo avec Vincent Peirani (acc), plus de multiples « invitations » aux côtés de nombreuses pointures comme Michel Portal, Roberto Negro et bien d’autres… Son duo avec Peirani est plébiscité par les Scènes Nationales, les Centre Culturels et les Festivals : plus de 250 concerts entre 2014 et 2016 !

Mais, lorsque l’Astrada de Marciac lui a proposé une résidence avec Carte Blanche pour le choix des musiciens, il n’a pas hésité une seconde et a réussi à bloquer une petite semaine dans son planning encombré…

Emile est, à plus d’un titre, un musicien emblématique dans la petite commune du Gers qui abrite un grand festival estival et une belle saison « indoor » dans la superbe et confortable salle de l’Astrada. Ancien élève du Collège de Marciac il a été l’un des premiers inscrits à l’expérience fort innovante des Ateliers d’Initiation à la Musique de Jazz (AIMJ), créés en 1993, communément appelés “Classes Jazz”. Classes qu’il a suivies (dès l’âge de 11 ans) pendant 3 ans avant de s’inscrire au Conservatoire de Toulouse.

Emile a souvent joué ici en des contextes variés mais cette proposition de Carte Blanche/Résidence à un moment important de sa carrière, l’a particulièrement séduite et émoustillée.

Daniel Humair (77 ans), immense batteur et exceptionnel dénicheur de talents (on se souvient de son « Baby Boom » où dès 2002 il révéla de « jeunes pousses » devenus de bien « belles plantes ») avait repéré Emile et l’avait intégré dans son projet « Sweet and Sour ». Le nom de Joachim Kühn

(p), avec lequel Daniel a beaucoup joué, revenait souvent dans les conversations « backstage »… Jean Paul Celea (b) évoquait aussi, fréquemment, Kühn, légendaire pianiste de la scène jazz…

En octobre 2014 à Toulouse Emile rencontre Joachim et le courant passe immédiatement. Lorsqu’il propose au pianiste de participer à la résidence marciacaise la réponse est tout de suite positive. D’autant plus que  Kühn qui a beaucoup entendu parler de Marciac n’avait jamais joué ici…

« Cette rencontre est une suite logique de mon travail avec Daniel et Jean-Paul. Ils ont tous deux fait de nombreux concerts avec  Kühn dont ils gardent des souvenirs éblouissants.  Kühn enregistre sur le même label que moi et il m’a dit avoir écouté et apprécié mon disque chez Act. Avec Daniel nous jouons souvent des thèmes de Kühn. Quand nous avons travaillé le projet Yes Ornette avec Celea il m’a rappelé que Kühn est le seul pianiste qui a joué avec Ornette… Cela m’a donné l’idée de lui proposer cette résidence car nos esthét
iques sont voisines. Une sorte de post-free, canalisé, organisé, avec beaucoup d’énergie
. »

Pour compléter le groupe, dans une démarche de type « trans-générationnelle » ( Kühn a 71 ans… et une vitalité incroyable), Emile a choisi Manu Codjia (40 ans) un des baby-boomers de Daniel (il fut son élève dans la classe jazz du CNSM) qui est lui aussi sollicité de toutes parts pour participer à des nombreux groupes et projets.

Plus un tandem rythmique inédit : le contrebassiste Simon Tailleu (32 ans), diplômé lui aussi du CNSM, choisi pour sa solidité et son groove et le « petit jeune », quasi-inédit en France, Mario Costa (29 ans) batteur portugais avec lequel Emile a joué et enregistré au Portugal (CD Particula 2012 avec Dominique Pifarély).

En 4 jours de répétitions intenses et chaleureuses ce surprenant casting a généré un groupe créatif, enthousiaste, joyeux et soudé.

D’entrée, en duo,  Kühn et Emile ont joué du Ornette (Homogeneous Emotion) et du…  Kühn (Transmitting). Tiens, tiens ! Emotion et transmission : exactement le projet du groupe ! Un warm up élégant, mais déjà intense, et laissant présager des beaux moments à venir avec l’entrée en lice des 3 autres musiciens.

Pour continuer l’ « échauffement », mais en quintet, une composition d’Emile : Debsh… (Deb… pour débuter !). Les musiciens (et le sonorisateur) cherchent « le » son. Pas évident de trouver les bons équilibres de l’alliage complexe guitare/piano/sax soprano. Mais avec Hysm, toujours d’Emile et Schubert Hauster (de Peirani), « they got it »… On y était et superbement. Au passage, petit gag, hautser veut dire huitre en allemand, donc Schubert Hautser… c’est bien « l’huitre de Schubert » !

Chaque composition génère une grande variété de climats avec de belles alternances entre écritures et improvisations.

Parisien impressionne non seulement par sa virtuosité technique, mais aussi par une qualité de sonorité pas si fréquente chez les sopranistes : ample, généreuse, chaleureuse, avec quelques bruitages et autres harmoniques agencés avec pertinence. Le quintet offre une belle illustration du concept Humairien de « liberté contrôlée ».

Sur Poulp de Parisien Codjia (g) dégaine des gimmicks surprenants parfaitement adaptés à ce thème basé sur des ruptures sautillantes. Effets plus ou moins ahurissants : de la distorsion à l’écho, du suraigu pulvérisant à l’ondulant reposant. Tailleu (b), en accompagnement propose des lignes de walking bass post-modernes solides et efficaces. En solo il met le turbo : gros son dynamique, phrasé puissant.

Kühn et Parisien ont été omniprésents et impressionnants tout au long du concert avec toutes les qualités qu’on leur connait : inventivité, capacité à sortir des cadres et à tordre les canevas, sans tête à queue, ni faute de goût. Et avec une puissance de conviction qui a enthousiasmé le public.

En rappel sur Radar de J. Kühn, thème complexe mais d’une grand fraîcheur (écrit en 1989 il n’a pas pris une ride) le quintet a mis le turbo. Un régal. Belle conclusion d’un concert de presque deux heures.

Dans le programme de l’Astrada ce concert était ainsi présenté : « Parfois la fierté s’ajoute au plaisir : c’est le cas lorsque Marciac reçoit Emile Parisien ».

Belle anticipation.

Bingo.

On a très envie de réécouter ce quintet.

Ce sera le 9 aout, pendant JIM 2015.

Ardonceau Pierre-Henri


emile khun

 

La photo illustrant cet article, prise par Marion Piras d’Inclinaisons, quelques minutes après le concert montre bien le bonheur des musiciens suite à leur superbe concert… Inclinaisons est une agence de booking.

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Concert d’Emile Parisien, le 30 mai, après une résidence à l’Astrada de Marciac. Un nouveau projet… une nouvelle réussite. Un quintet original est né. Plus que prometteur.

 

 

Emile Parisien (as), Joachim Kühn (p), Manu Codjia (g), Simon Tailleu (b), Mario Costa (dr). Marciac/L’Astrada (30 mai).

Emile Parisien (33 ans), collectionne depuis quelques années trophées et récompenses. En 2009, année de son « décollage », il est Talent Jazz Sacem, Lauréat Jazz Migration Afijma et Jazz Primeur du Ministère de la Culture; en 2012 il obtient le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz et enfin, en 2014 il décroche une Victoire du Jazz…

Palmarès impressionnant.

Très sollicité sur la scène hexagonale comme sur la scène européenne, il jongle, difficilement, avec un agenda surbooké pour trouver des « créneaux » compatibles avec ses engagements multiformes.

Coup d’oeil rapide sur la liste (certainement incomplète!) de ses orchestres et projets actuels (ou en sommeil, provisoire ?): son Quartet « historique », avec des compagnons de collège et de Conservatoire, Yes Ornette Trio hommage à Ornette Coleman (avec Jean Paul Celea, b), Syndicate (un groupe jazz fusion créé après la mort de Joe Zawinul), Quartet Sweet and Sour de Daniel Humair, Nouvelle Vague avec Stephane Kerecki, Quintet et Duo avec Vincent Peirani (acc), plus de multiples « invitations » aux côtés de nombreuses pointures comme Michel Portal, Roberto Negro et bien d’autres… Son duo avec Peirani est plébiscité par les Scènes Nationales, les Centre Culturels et les Festivals : plus de 250 concerts entre 2014 et 2016 !

Mais, lorsque l’Astrada de Marciac lui a proposé une résidence avec Carte Blanche pour le choix des musiciens, il n’a pas hésité une seconde et a réussi à bloquer une petite semaine dans son planning encombré…

Emile est, à plus d’un titre, un musicien emblématique dans la petite commune du Gers qui abrite un grand festival estival et une belle saison « indoor » dans la superbe et confortable salle de l’Astrada. Ancien élève du Collège de Marciac il a été l’un des premiers inscrits à l’expérience fort innovante des Ateliers d’Initiation à la Musique de Jazz (AIMJ), créés en 1993, communément appelés “Classes Jazz”. Classes qu’il a suivies (dès l’âge de 11 ans) pendant 3 ans avant de s’inscrire au Conservatoire de Toulouse.

Emile a souvent joué ici en des contextes variés mais cette proposition de Carte Blanche/Résidence à un moment important de sa carrière, l’a particulièrement séduite et émoustillée.

Daniel Humair (77 ans), immense batteur et exceptionnel dénicheur de talents (on se souvient de son « Baby Boom » où dès 2002 il révéla de « jeunes pousses » devenus de bien « belles plantes ») avait repéré Emile et l’avait intégré dans son projet « Sweet and Sour ». Le nom de Joachim Kühn

(p), avec lequel Daniel a beaucoup joué, revenait souvent dans les conversations « backstage »… Jean Paul Celea (b) évoquait aussi, fréquemment, Kühn, légendaire pianiste de la scène jazz…

En octobre 2014 à Toulouse Emile rencontre Joachim et le courant passe immédiatement. Lorsqu’il propose au pianiste de participer à la résidence marciacaise la réponse est tout de suite positive. D’autant plus que  Kühn qui a beaucoup entendu parler de Marciac n’avait jamais joué ici…

« Cette rencontre est une suite logique de mon travail avec Daniel et Jean-Paul. Ils ont tous deux fait de nombreux concerts avec  Kühn dont ils gardent des souvenirs éblouissants.  Kühn enregistre sur le même label que moi et il m’a dit avoir écouté et apprécié mon disque chez Act. Avec Daniel nous jouons souvent des thèmes de Kühn. Quand nous avons travaillé le projet Yes Ornette avec Celea il m’a rappelé que Kühn est le seul pianiste qui a joué avec Ornette… Cela m’a donné l’idée de lui proposer cette résidence car nos esthét
iques sont voisines. Une sorte de post-free, canalisé, organisé, avec beaucoup d’énergie
. »

Pour compléter le groupe, dans une démarche de type « trans-générationnelle » ( Kühn a 71 ans… et une vitalité incroyable), Emile a choisi Manu Codjia (40 ans) un des baby-boomers de Daniel (il fut son élève dans la classe jazz du CNSM) qui est lui aussi sollicité de toutes parts pour participer à des nombreux groupes et projets.

Plus un tandem rythmique inédit : le contrebassiste Simon Tailleu (32 ans), diplômé lui aussi du CNSM, choisi pour sa solidité et son groove et le « petit jeune », quasi-inédit en France, Mario Costa (29 ans) batteur portugais avec lequel Emile a joué et enregistré au Portugal (CD Particula 2012 avec Dominique Pifarély).

En 4 jours de répétitions intenses et chaleureuses ce surprenant casting a généré un groupe créatif, enthousiaste, joyeux et soudé.

D’entrée, en duo,  Kühn et Emile ont joué du Ornette (Homogeneous Emotion) et du…  Kühn (Transmitting). Tiens, tiens ! Emotion et transmission : exactement le projet du groupe ! Un warm up élégant, mais déjà intense, et laissant présager des beaux moments à venir avec l’entrée en lice des 3 autres musiciens.

Pour continuer l’ « échauffement », mais en quintet, une composition d’Emile : Debsh… (Deb… pour débuter !). Les musiciens (et le sonorisateur) cherchent « le » son. Pas évident de trouver les bons équilibres de l’alliage complexe guitare/piano/sax soprano. Mais avec Hysm, toujours d’Emile et Schubert Hauster (de Peirani), « they got it »… On y était et superbement. Au passage, petit gag, hautser veut dire huitre en allemand, donc Schubert Hautser… c’est bien « l’huitre de Schubert » !

Chaque composition génère une grande variété de climats avec de belles alternances entre écritures et improvisations.

Parisien impressionne non seulement par sa virtuosité technique, mais aussi par une qualité de sonorité pas si fréquente chez les sopranistes : ample, généreuse, chaleureuse, avec quelques bruitages et autres harmoniques agencés avec pertinence. Le quintet offre une belle illustration du concept Humairien de « liberté contrôlée ».

Sur Poulp de Parisien Codjia (g) dégaine des gimmicks surprenants parfaitement adaptés à ce thème basé sur des ruptures sautillantes. Effets plus ou moins ahurissants : de la distorsion à l’écho, du suraigu pulvérisant à l’ondulant reposant. Tailleu (b), en accompagnement propose des lignes de walking bass post-modernes solides et efficaces. En solo il met le turbo : gros son dynamique, phrasé puissant.

Kühn et Parisien ont été omniprésents et impressionnants tout au long du concert avec toutes les qualités qu’on leur connait : inventivité, capacité à sortir des cadres et à tordre les canevas, sans tête à queue, ni faute de goût. Et avec une puissance de conviction qui a enthousiasmé le public.

En rappel sur Radar de J. Kühn, thème complexe mais d’une grand fraîcheur (écrit en 1989 il n’a pas pris une ride) le quintet a mis le turbo. Un régal. Belle conclusion d’un concert de presque deux heures.

Dans le programme de l’Astrada ce concert était ainsi présenté : « Parfois la fierté s’ajoute au plaisir : c’est le cas lorsque Marciac reçoit Emile Parisien ».

Belle anticipation.

Bingo.

On a très envie de réécouter ce quintet.

Ce sera le 9 aout, pendant JIM 2015.

Ardonceau Pierre-Henri


emile khun

 

La photo illustrant cet article, prise par Marion Piras d’Inclinaisons, quelques minutes après le concert montre bien le bonheur des musiciens suite à leur superbe concert… Inclinaisons est une agence de booking.

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Concert d’Emile Parisien, le 30 mai, après une résidence à l’Astrada de Marciac. Un nouveau projet… une nouvelle réussite. Un quintet original est né. Plus que prometteur.

 

 

Emile Parisien (as), Joachim Kühn (p), Manu Codjia (g), Simon Tailleu (b), Mario Costa (dr). Marciac/L’Astrada (30 mai).

Emile Parisien (33 ans), collectionne depuis quelques années trophées et récompenses. En 2009, année de son « décollage », il est Talent Jazz Sacem, Lauréat Jazz Migration Afijma et Jazz Primeur du Ministère de la Culture; en 2012 il obtient le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz et enfin, en 2014 il décroche une Victoire du Jazz…

Palmarès impressionnant.

Très sollicité sur la scène hexagonale comme sur la scène européenne, il jongle, difficilement, avec un agenda surbooké pour trouver des « créneaux » compatibles avec ses engagements multiformes.

Coup d’oeil rapide sur la liste (certainement incomplète!) de ses orchestres et projets actuels (ou en sommeil, provisoire ?): son Quartet « historique », avec des compagnons de collège et de Conservatoire, Yes Ornette Trio hommage à Ornette Coleman (avec Jean Paul Celea, b), Syndicate (un groupe jazz fusion créé après la mort de Joe Zawinul), Quartet Sweet and Sour de Daniel Humair, Nouvelle Vague avec Stephane Kerecki, Quintet et Duo avec Vincent Peirani (acc), plus de multiples « invitations » aux côtés de nombreuses pointures comme Michel Portal, Roberto Negro et bien d’autres… Son duo avec Peirani est plébiscité par les Scènes Nationales, les Centre Culturels et les Festivals : plus de 250 concerts entre 2014 et 2016 !

Mais, lorsque l’Astrada de Marciac lui a proposé une résidence avec Carte Blanche pour le choix des musiciens, il n’a pas hésité une seconde et a réussi à bloquer une petite semaine dans son planning encombré…

Emile est, à plus d’un titre, un musicien emblématique dans la petite commune du Gers qui abrite un grand festival estival et une belle saison « indoor » dans la superbe et confortable salle de l’Astrada. Ancien élève du Collège de Marciac il a été l’un des premiers inscrits à l’expérience fort innovante des Ateliers d’Initiation à la Musique de Jazz (AIMJ), créés en 1993, communément appelés “Classes Jazz”. Classes qu’il a suivies (dès l’âge de 11 ans) pendant 3 ans avant de s’inscrire au Conservatoire de Toulouse.

Emile a souvent joué ici en des contextes variés mais cette proposition de Carte Blanche/Résidence à un moment important de sa carrière, l’a particulièrement séduite et émoustillée.

Daniel Humair (77 ans), immense batteur et exceptionnel dénicheur de talents (on se souvient de son « Baby Boom » où dès 2002 il révéla de « jeunes pousses » devenus de bien « belles plantes ») avait repéré Emile et l’avait intégré dans son projet « Sweet and Sour ». Le nom de Joachim Kühn

(p), avec lequel Daniel a beaucoup joué, revenait souvent dans les conversations « backstage »… Jean Paul Celea (b) évoquait aussi, fréquemment, Kühn, légendaire pianiste de la scène jazz…

En octobre 2014 à Toulouse Emile rencontre Joachim et le courant passe immédiatement. Lorsqu’il propose au pianiste de participer à la résidence marciacaise la réponse est tout de suite positive. D’autant plus que  Kühn qui a beaucoup entendu parler de Marciac n’avait jamais joué ici…

« Cette rencontre est une suite logique de mon travail avec Daniel et Jean-Paul. Ils ont tous deux fait de nombreux concerts avec  Kühn dont ils gardent des souvenirs éblouissants.  Kühn enregistre sur le même label que moi et il m’a dit avoir écouté et apprécié mon disque chez Act. Avec Daniel nous jouons souvent des thèmes de Kühn. Quand nous avons travaillé le projet Yes Ornette avec Celea il m’a rappelé que Kühn est le seul pianiste qui a joué avec Ornette… Cela m’a donné l’idée de lui proposer cette résidence car nos esthét
iques sont voisines. Une sorte de post-free, canalisé, organisé, avec beaucoup d’énergie
. »

Pour compléter le groupe, dans une démarche de type « trans-générationnelle » ( Kühn a 71 ans… et une vitalité incroyable), Emile a choisi Manu Codjia (40 ans) un des baby-boomers de Daniel (il fut son élève dans la classe jazz du CNSM) qui est lui aussi sollicité de toutes parts pour participer à des nombreux groupes et projets.

Plus un tandem rythmique inédit : le contrebassiste Simon Tailleu (32 ans), diplômé lui aussi du CNSM, choisi pour sa solidité et son groove et le « petit jeune », quasi-inédit en France, Mario Costa (29 ans) batteur portugais avec lequel Emile a joué et enregistré au Portugal (CD Particula 2012 avec Dominique Pifarély).

En 4 jours de répétitions intenses et chaleureuses ce surprenant casting a généré un groupe créatif, enthousiaste, joyeux et soudé.

D’entrée, en duo,  Kühn et Emile ont joué du Ornette (Homogeneous Emotion) et du…  Kühn (Transmitting). Tiens, tiens ! Emotion et transmission : exactement le projet du groupe ! Un warm up élégant, mais déjà intense, et laissant présager des beaux moments à venir avec l’entrée en lice des 3 autres musiciens.

Pour continuer l’ « échauffement », mais en quintet, une composition d’Emile : Debsh… (Deb… pour débuter !). Les musiciens (et le sonorisateur) cherchent « le » son. Pas évident de trouver les bons équilibres de l’alliage complexe guitare/piano/sax soprano. Mais avec Hysm, toujours d’Emile et Schubert Hauster (de Peirani), « they got it »… On y était et superbement. Au passage, petit gag, hautser veut dire huitre en allemand, donc Schubert Hautser… c’est bien « l’huitre de Schubert » !

Chaque composition génère une grande variété de climats avec de belles alternances entre écritures et improvisations.

Parisien impressionne non seulement par sa virtuosité technique, mais aussi par une qualité de sonorité pas si fréquente chez les sopranistes : ample, généreuse, chaleureuse, avec quelques bruitages et autres harmoniques agencés avec pertinence. Le quintet offre une belle illustration du concept Humairien de « liberté contrôlée ».

Sur Poulp de Parisien Codjia (g) dégaine des gimmicks surprenants parfaitement adaptés à ce thème basé sur des ruptures sautillantes. Effets plus ou moins ahurissants : de la distorsion à l’écho, du suraigu pulvérisant à l’ondulant reposant. Tailleu (b), en accompagnement propose des lignes de walking bass post-modernes solides et efficaces. En solo il met le turbo : gros son dynamique, phrasé puissant.

Kühn et Parisien ont été omniprésents et impressionnants tout au long du concert avec toutes les qualités qu’on leur connait : inventivité, capacité à sortir des cadres et à tordre les canevas, sans tête à queue, ni faute de goût. Et avec une puissance de conviction qui a enthousiasmé le public.

En rappel sur Radar de J. Kühn, thème complexe mais d’une grand fraîcheur (écrit en 1989 il n’a pas pris une ride) le quintet a mis le turbo. Un régal. Belle conclusion d’un concert de presque deux heures.

Dans le programme de l’Astrada ce concert était ainsi présenté : « Parfois la fierté s’ajoute au plaisir : c’est le cas lorsque Marciac reçoit Emile Parisien ».

Belle anticipation.

Bingo.

On a très envie de réécouter ce quintet.

Ce sera le 9 aout, pendant JIM 2015.

Ardonceau Pierre-Henri


emile khun

 

La photo illustrant cet article, prise par Marion Piras d’Inclinaisons, quelques minutes après le concert montre bien le bonheur des musiciens suite à leur superbe concert… Inclinaisons est une agence de booking.