Jazz live
Publié le 17 Juil 2021

RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER : DANIEL ZIMMERMANN

Avant d’aller au concert de 20h quelques dizaines de mètres en contrebas, pour écouter le groupe vocal Celestial Q-Tips, un détour par le plateau de la grande scène pour saluer les membres du groupe de Daniel Zimmermann. Benoît Delbecq apprivoise le piano. Au premier plan, le saxophone basse de Rémi Sciuto.

Et l’on procède aux essais techniques et sonores qui permettront au public d’écouter le concert, et aux auditeurs de France Musique de le suivre en direct.

À l’Amphi des micocouliers, le concert vient de commencer

Avant d’accéder à l’enceinte de l’Amphi, un coup d’œil (et d’oreille) depuis l’extérieur

Je cherche mon sésame. Le voilà. Je vais pouvoir montrer patte blanche et pénétrer dans le sanctuaire du chant a cappella.

Le festival accueille le groupe vocal Celestial Q-Tips. Le groupe a été formé en 2017, juste après la mort d’Al Jarreau, pour célébrer ce chanteur et son art.

©David Abécassis

Le centre de gravité du groupe est régional, dans la mesure où Hervé Aknin, qui l’a suscité, et qui conçoit les arrangements, enseigne au JAM, l’école de jazz de Montpellier.

©David Abécassis

Mais ce chanteur-bruiteur-arrangeur, compagnon de route de Magma, était aussi en 2008 sur la grande scène de l’Amphi d’O avec le groupe Elull Noomi. On avait pu écouter dans ce groupe, quelques années plus tard, ici-même sur la scène de la Pinède, Émilienne Chouadossi

©David Abécassis

Le groupe régulier se complète avec Laurence Ilous, du groupe Bloom

©David Abécassis

et Kevin Norwood

©David Abécassis

qui se produit régulièrement à la tête de son propre quartette.

Et le groupe reçoit le renfort de Victoria Lynn Rummler

©David Abécassis

et de Sylvain Bellegarde,

©David Abécassis

lequel est un pilier des Voice Messengers. Bref une superbe équipe, au service d’un répertoire qui mêle complexité rythmique, harmonique et groove : une belle réussite. Le public s’est régalé, le chroniqueur itou. Le concert était la première date d’une tournée. On leur souhaite bonne route.

©David Abécassis

Après une petite bière au food truck, c’est l’heure du ‘grand’ concert. Le lieu peut accueillir en temps normal 1500 personnes, voire un peu plus. Mais c’est jauge réduite autour de 900. De plus cette année il faut un pass payant (auparavant c’était gratuit) pour l’ensemble de ces concerts (jazz, musique électro….) puis une réservation pour chaque concert, et la manœuvre sur le site est laborieuse

DANIEL ZIMMERMANN «Dichotomie’s»

Daniel Zimmermann (trombone, effets), Benoît Delbecq (piano, piano préparé, synthétiseurs), Rémi Sciuto (saxophone basse), Franck Vaillant (batterie, percussions)

Montpellier, Amphithéâtre du Domaine d’O, 16 juillet 2021, 22h

Le groupe est celui rassemblé pour le disque éponyme, paru fin 2019 chez Label Bleu. Le tromboniste a choisi trois fortes personnalités musicales qu’il apprécie, pour explorer de nouveaux horizons. C’est en direct sur France Musique et, après la présentation d’Alex Dutilh, Daniel Zimmermann annonce son programme. Il n’aime pas les formules à la mode mais le premier titre, Le monde d’après, a été choisi et enregistré bien avant la pandémie, qui confère à cette formule un sens nouveau. Le disque, et le programme de ce concert, font plutôt référence à l’après d’une apocalypse ou d’un désastre écologique…. Il y reviendra avec son humour pince-sans-rire à chacune de ses interventions. Cela commence au piano préparé, des sonorités entre balafon et clavecin, et un rythme qui respire l’Afrique. Entrée du trombone, d’un son de triangle, puis de la batterie, et enfin le sax basse : la machine à groove est lancée. Le morceau suivant, qui évoque avec humour la parade nuptiale du crapaud buffle, nous vaudra un cycle rythmique savamment déstructuré sur lequel le trombone littéralement décolle. Puis seront évoqués le bal des vautours dans les airs, et ensuite les moutons de Panurge, dans une sorte de burlesque sophistiqué, infiniment musical et très jouissif. Le propos du tromboniste est de rassembler des artistes singuliers pour une œuvre collective : c’est une totale réussite. La figure du vieux robot obsolescent est évoquée dans une sorte de jungle style remis au goût du jour : expressivité et musicalité maximales, humour toujours…. On aura ensuite une transition d’un univers chambriste à un joyeux bordel ‘à la Mingus’, débouchant sur une incroyable polyrythmie du batteur. Et ainsi de suite jusqu’au rappel, uns sorte de musique irlandaise, passée à la moulinette de la pédale wah-wah pour le trombone. Très bon concert, à réécouter sur France Musique en suivant ce lien.

Xavier Prévost