Jazz live
Publié le 16 Déc 2016

Sophie Bourgeois, "This Is New", un CD autoproduit dans les règles de l'art, baptême à Bordeaux

Fonds baptismaux : les pianos Nebout & Hamm, cours d’Albret à Bordeaux. Date : le mercredi 14 décembre 2016 à 19.30. Le bébé : un CD qui vient de paraître sous le titre « This is new ». Les parents : lire la suite.

Sophie Bourgeois (voix), William Lecomte (p, arr), Nolwenn Leizour (b), Samuel Lecomte (dm)

Il aura fallu pousser un peu les pianos, ajouter des chaises, et que quelques-un(e)s se serrent les un(e)s contre les autres. C’est que Sophie Bourgeois compte énormément d’amis à Bordeaux, et qu’elle chante dès qu’elle en a l’occasion depuis des années. Ce qu’on appelle un public en découle, sans oublier ceux qui, comme moi, lui confient leur précieux palais – et l’enclos des dents qui va avec – assez régulièrement. Comme je le soulignais d’ailleurs dans mes quelques mots de présentation : il se trouve que la situation du patient que je suis quand je viens me faire soigner dans son cabinet dentaire est à l’inverse de celle du sujet en psychanalyse. Car si l’on est invité dans les deux cas à l’ouvrir, l’analysant est plus ou moins sommé de parler, quand celui qui se fait poser un bridge ou arracher une molaire ne saurait le faire sans courir de grands risques. Ce qui aboutit bien à ce que, dans ce dernier cas, c’est la soignante qui parle. En l’occurence, et depuis près de trois ans, je reçois donc les « confidences » de la chanteuse, que je relance seulement de temps en temps d’un grognement indistinct.

Ainsi ai-je vu « naître » le CD « This is new », d’abord un projet encore vague, puis le travail qui se met en route, la recherche d’un enseignant pour vous y aider (Davis Linx, rien moins !), le choix attentif des partenaires, l’enregistrement, l’ordre des morceaux, le mastering, les photos, j’en passe et j’en oublie. Qu’un seul élément soit laissé au hasard, et c’est le produit final qui en pâtit. Et j’en atteste donc : patiente en quelque sorte à son tour, Sophie Bourgeois a pris le temps de la gestation, et ce fut un modèle de production ! Qu’il soit l’oeuvre de la musicienne elle-même n’y change rien. Au bout du compte, un disque qu’on écoute avec un très grand plaisir, et même en deux ou trois occasions un peu plus, en particulier lorsqu’elle reprend (en français) des morceaux comme « Ces petits riens » (Gainsbourg), ou « Oblivion » (Piazzolla). Le reste est emprunté au grand répertoire des standards, avec quand même deux Kurt Weill (« This Is New » et « Mack The Knife ») et deux Cole Porter (« Just One Of Those Things » et « All Of You »).

La présence de William Lecomte irradie ce disque, et le concert d’avant-hier l’a confirmé. Il arrange/dérange avec infiniment d’intelligence et d’à propos (« Mack The Knife » par exemple), et prend chaque chorus comme une occasion de raconter de brèves et lumineuses histoires. Son frère assure un tempo millimétré à la batterie, et Nolwenn Leizour confirme qu’elle est bien l’une des meilleures contrebassistes de notre région et au-delà sans doute, par autant de souplesse que de logique dans les solos. Quant à la chanteuse responsable de ce bon moment, elle pose sa voix doucement timbrée avec une grande sensibilité, qui laisse parfois percer, et on le comprend bien, une appréhension légitime d’en être arrivé là et de devoir l’assumer ! Assurément, un baptême réussi… au Bordeaux naturellement !

Philippe Méziat|Fonds baptismaux : les pianos Nebout & Hamm, cours d’Albret à Bordeaux. Date : le mercredi 14 décembre 2016 à 19.30. Le bébé : un CD qui vient de paraître sous le titre « This is new ». Les parents : lire la suite.

Sophie Bourgeois (voix), William Lecomte (p, arr), Nolwenn Leizour (b), Samuel Lecomte (dm)

Il aura fallu pousser un peu les pianos, ajouter des chaises, et que quelques-un(e)s se serrent les un(e)s contre les autres. C’est que Sophie Bourgeois compte énormément d’amis à Bordeaux, et qu’elle chante dès qu’elle en a l’occasion depuis des années. Ce qu’on appelle un public en découle, sans oublier ceux qui, comme moi, lui confient leur précieux palais – et l’enclos des dents qui va avec – assez régulièrement. Comme je le soulignais d’ailleurs dans mes quelques mots de présentation : il se trouve que la situation du patient que je suis quand je viens me faire soigner dans son cabinet dentaire est à l’inverse de celle du sujet en psychanalyse. Car si l’on est invité dans les deux cas à l’ouvrir, l’analysant est plus ou moins sommé de parler, quand celui qui se fait poser un bridge ou arracher une molaire ne saurait le faire sans courir de grands risques. Ce qui aboutit bien à ce que, dans ce dernier cas, c’est la soignante qui parle. En l’occurence, et depuis près de trois ans, je reçois donc les « confidences » de la chanteuse, que je relance seulement de temps en temps d’un grognement indistinct.

Ainsi ai-je vu « naître » le CD « This is new », d’abord un projet encore vague, puis le travail qui se met en route, la recherche d’un enseignant pour vous y aider (Davis Linx, rien moins !), le choix attentif des partenaires, l’enregistrement, l’ordre des morceaux, le mastering, les photos, j’en passe et j’en oublie. Qu’un seul élément soit laissé au hasard, et c’est le produit final qui en pâtit. Et j’en atteste donc : patiente en quelque sorte à son tour, Sophie Bourgeois a pris le temps de la gestation, et ce fut un modèle de production ! Qu’il soit l’oeuvre de la musicienne elle-même n’y change rien. Au bout du compte, un disque qu’on écoute avec un très grand plaisir, et même en deux ou trois occasions un peu plus, en particulier lorsqu’elle reprend (en français) des morceaux comme « Ces petits riens » (Gainsbourg), ou « Oblivion » (Piazzolla). Le reste est emprunté au grand répertoire des standards, avec quand même deux Kurt Weill (« This Is New » et « Mack The Knife ») et deux Cole Porter (« Just One Of Those Things » et « All Of You »).

La présence de William Lecomte irradie ce disque, et le concert d’avant-hier l’a confirmé. Il arrange/dérange avec infiniment d’intelligence et d’à propos (« Mack The Knife » par exemple), et prend chaque chorus comme une occasion de raconter de brèves et lumineuses histoires. Son frère assure un tempo millimétré à la batterie, et Nolwenn Leizour confirme qu’elle est bien l’une des meilleures contrebassistes de notre région et au-delà sans doute, par autant de souplesse que de logique dans les solos. Quant à la chanteuse responsable de ce bon moment, elle pose sa voix doucement timbrée avec une grande sensibilité, qui laisse parfois percer, et on le comprend bien, une appréhension légitime d’en être arrivé là et de devoir l’assumer ! Assurément, un baptême réussi… au Bordeaux naturellement !

Philippe Méziat