Jazz live
Publié le 30 Juil 2016

Vic Fezensac (1): Tempo Latino caliente

Un bon quintal de rondeurs, inondé de transpiration sous les spots, sa voix de crooner latino fait chavirer le parterre des arènes de Vic qui reprend en choeur Rosa la Peligrosa, chant cubain exutoire des tentations féminines du péché d’amour. Alexandre Abreu, exorciste des latin lovers.

Arenes, Vic Fezensac, 28, 29 juillet

Vaudou Game: Peter Solo (voc, g), Vicente Friris (voc, synth), Ghislain Paillard (sax, per, voc), Cuilhem Prague (tb, perc, vol), Simon Bacroix (elb), Hafid Zouaoui (dm)

Grupo Fantasma: Beto Martinez (g), John Speice (dm), Jose Galeano (voc, per), Greg Gonzales (b), « Speedy » Gonzales (tb), Josh Levy (ba s), Gilbert Elorreaga (tp), Kino Esparza (voc perc,), Mattew « Sweet Lou » Holmes (conga)

Palo: Steve Roitstein (direct, p), Leslie Cartaya (voc), Ed Calle (ts), Philibert Armenteros (conga), Rayzer Olalde (perc)

Alexander Abreu et Havana D’Primera: Alexander Abreu (voc, tp), Enrique Perez, Jannier Rodriguez (voc) Raoul Gil (b), Bernardo Rodriguez (p), Harald Diaz (synthé), Guillermo del Toro (conga), Mamiel Tamayo (dm), keisel Jimenes (perc), Bruno Napoles (g), Amaury Perez,  Carlos Avarez (t), Uyuni Martinez, Robin Martinez (tp)

Tandis que Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur venait inspecter les systèmes de sécurité de Jazz in Marciac à quelques dizaines de kilomètres de là, Tempo Latino l’autre festival gersois producteur de musiques chaudes et épicées lançait aux Arènes de Vic et dans les rues de la ville gasconne en surchauffe, toutes ses scènes et pistes de danses prises d’assaut.

Peter Solo, chanteur et guitariste du Vaudou Game explique (comme Jacques Schwartz-Bart dans son travail sur Vaudou haîtien et santeria cubaine, cf Jazz à Junas dans  le live web) l’origine et les caractéristiques du vaudou dans sa région natale du Togo, Aného-Glidji berceau de cette culture basée sur l’humanisme et le respect de l’environnement. Une culture qui place également le chant au coeur de cette pratique accompagné exclusivement d’instruments de percussions, des tambours essentiellement. Sur la scène des Arènes de Vic la tradition ressort dans un bain plus actuel. Soit un afro beat très marqué, assuré par un groupe de musiciens lyonnais initiés par le leader. Une sonorité plutôt électrique, très funky qui voit même un thème croiser des lignes beat bondissant façon James Brown. Peter Solo s’y entend à faire chanter le public sur des riffs, des formules simples. Tradition enfin et toujours avec les incantations et réponses des musiciens en langue Mina sur fond de choeur de percussions. Manière de funk vaudou au travers d’une actualisation de pratiques musicales ancestrales. Dommage que le public ait été un peu clairsemé en cette session d’ouverture du festival.

C’est clair, c’est net, et ça s’affiche sans problème en direct: Grupo Fantasma, les latinos venus d’Austin (Texas) constituent une redoutable machine à rythmes. Et évoluent sur un train d’enfer! Trois cuivres, quatre « percus », deux chanteurs : le déhanchement sur un sol renforcé (nécessité des danseurs  accros aux rythmes « latins »  oblige)  des arènes est garanti pur sucre de canne. Cumbia, salsa (si ce mot existe en propre), et même boogaloo le temps d’une chanson: le tempo chaloupé ne ralentit jamais, marqué par autant de syncopes et autres ruptures susceptibles de donner plus de relief encore au contenu musical. Pas étonnant finalement que Steve Berlin, producteur de Los Lobos ait produit leur ultime album « Problemas » Un tel big band au son groovy, très chaud, homogène surfant sur des arrangements étudiés et doublés d’une mise en place réglée au quart de poil, dégage de l’énergie, des effets multiplicateurs en terme de rythme, de montée en tension intérieure. Avec, histoire de colorer le  feeling dominant quelques incursions de temps à autres dans des arabesques tex-mex voire des couleurs soul blues façon Nouvelle Orléans. La magie noire du boogaloo, encore et toujours…

Palo, venus de Miami (prononcé mode cubain, le nom de la capitale de la Floride sonne déjà musique avec une diphtongues i-a trainante et allongée, plus accent tonique sur le a) fondé par le pianiste et arrangeur Steve Roitstein -il joué auprès de Celia Cruz, Tito Puente, Oscar D’Leon)  peut paraître un orchestre minimaliste question nombre de musiciens. Que nenni ! L’efficacité rythmique s’avère redoutable générant un un fort impact sonore (La Habana, magnifique chanson qui glorifie la capitale cubaine vue au travers des yeux, le souvenir des cubains exilés à Miami) Séquences de frappes répétées, roulements incessants de percussions (congas plus les timbales retentissantes de Rayer Olalde)  la musique gonflées d’autant d’éclats peaux ou métal sonne très Afrique. Surtout lorsque la chanteuse Leslie Cartaya vocalise en langue yoruba. A noter enfin une claire note de jazz perçue chez Ed Calle au sax ténor (vainqueur du Latin Grammy l’an passé sur cet instrument), un phrasé très précis, chaud, percutant dans un rôle de push pour faire avancer encore la rythmique.

Treize musiciens poussent Alexander Abreu au fond de son déhanchement massif. Jaillie du fond de sa voix de baryton, chaque syllabe rebondit telle une pelote sur un fronton, swingue fort à propos en mode feu ou miel. Il capte les regards, séduit les oreilles à tout coup. Mouvements de bras, gestuelle d’appel du front jusqu’au bout des pieds il garde la foule des arènes en otage. Mille voix chantent à l’unisson des mots qui glorifient Cuba et le son, sa musique fétiche. Paradoxe sans doute: l’orchestre de dimension big band jazz (trois trompettes, deux trombones, deux claviers…) sonne plutôt pointilleux, sophistiqué à la mode plateau de télé. Ceci malgré un rendu son de façade plutôt moyen. Une intro à la trompette et Abreu redescendu dans le monde des musiciens rappelle qu’il a fréquenté Irakere et côtoyé Chucho Valdes. Les contrechants aux sonorités voix de tête portent la marque indélébile du latin jazz. Au final le chanteur repart comme il était venu, sous un tonnerre d’applaudissements, fendant la foule sur le parterre du ruedo vicois, marqué à la culotte, serré de près par des gardes du corps vêtus aux couleurs du drapeau cubain…

Caliente !

Robert Latxague

|

Un bon quintal de rondeurs, inondé de transpiration sous les spots, sa voix de crooner latino fait chavirer le parterre des arènes de Vic qui reprend en choeur Rosa la Peligrosa, chant cubain exutoire des tentations féminines du péché d’amour. Alexandre Abreu, exorciste des latin lovers.

Arenes, Vic Fezensac, 28, 29 juillet

Vaudou Game: Peter Solo (voc, g), Vicente Friris (voc, synth), Ghislain Paillard (sax, per, voc), Cuilhem Prague (tb, perc, vol), Simon Bacroix (elb), Hafid Zouaoui (dm)

Grupo Fantasma: Beto Martinez (g), John Speice (dm), Jose Galeano (voc, per), Greg Gonzales (b), « Speedy » Gonzales (tb), Josh Levy (ba s), Gilbert Elorreaga (tp), Kino Esparza (voc perc,), Mattew « Sweet Lou » Holmes (conga)

Palo: Steve Roitstein (direct, p), Leslie Cartaya (voc), Ed Calle (ts), Philibert Armenteros (conga), Rayzer Olalde (perc)

Alexander Abreu et Havana D’Primera: Alexander Abreu (voc, tp), Enrique Perez, Jannier Rodriguez (voc) Raoul Gil (b), Bernardo Rodriguez (p), Harald Diaz (synthé), Guillermo del Toro (conga), Mamiel Tamayo (dm), keisel Jimenes (perc), Bruno Napoles (g), Amaury Perez,  Carlos Avarez (t), Uyuni Martinez, Robin Martinez (tp)

Tandis que Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur venait inspecter les systèmes de sécurité de Jazz in Marciac à quelques dizaines de kilomètres de là, Tempo Latino l’autre festival gersois producteur de musiques chaudes et épicées lançait aux Arènes de Vic et dans les rues de la ville gasconne en surchauffe, toutes ses scènes et pistes de danses prises d’assaut.

Peter Solo, chanteur et guitariste du Vaudou Game explique (comme Jacques Schwartz-Bart dans son travail sur Vaudou haîtien et santeria cubaine, cf Jazz à Junas dans  le live web) l’origine et les caractéristiques du vaudou dans sa région natale du Togo, Aného-Glidji berceau de cette culture basée sur l’humanisme et le respect de l’environnement. Une culture qui place également le chant au coeur de cette pratique accompagné exclusivement d’instruments de percussions, des tambours essentiellement. Sur la scène des Arènes de Vic la tradition ressort dans un bain plus actuel. Soit un afro beat très marqué, assuré par un groupe de musiciens lyonnais initiés par le leader. Une sonorité plutôt électrique, très funky qui voit même un thème croiser des lignes beat bondissant façon James Brown. Peter Solo s’y entend à faire chanter le public sur des riffs, des formules simples. Tradition enfin et toujours avec les incantations et réponses des musiciens en langue Mina sur fond de choeur de percussions. Manière de funk vaudou au travers d’une actualisation de pratiques musicales ancestrales. Dommage que le public ait été un peu clairsemé en cette session d’ouverture du festival.

C’est clair, c’est net, et ça s’affiche sans problème en direct: Grupo Fantasma, les latinos venus d’Austin (Texas) constituent une redoutable machine à rythmes. Et évoluent sur un train d’enfer! Trois cuivres, quatre « percus », deux chanteurs : le déhanchement sur un sol renforcé (nécessité des danseurs  accros aux rythmes « latins »  oblige)  des arènes est garanti pur sucre de canne. Cumbia, salsa (si ce mot existe en propre), et même boogaloo le temps d’une chanson: le tempo chaloupé ne ralentit jamais, marqué par autant de syncopes et autres ruptures susceptibles de donner plus de relief encore au contenu musical. Pas étonnant finalement que Steve Berlin, producteur de Los Lobos ait produit leur ultime album « Problemas » Un tel big band au son groovy, très chaud, homogène surfant sur des arrangements étudiés et doublés d’une mise en place réglée au quart de poil, dégage de l’énergie, des effets multiplicateurs en terme de rythme, de montée en tension intérieure. Avec, histoire de colorer le  feeling dominant quelques incursions de temps à autres dans des arabesques tex-mex voire des couleurs soul blues façon Nouvelle Orléans. La magie noire du boogaloo, encore et toujours…

Palo, venus de Miami (prononcé mode cubain, le nom de la capitale de la Floride sonne déjà musique avec une diphtongues i-a trainante et allongée, plus accent tonique sur le a) fondé par le pianiste et arrangeur Steve Roitstein -il joué auprès de Celia Cruz, Tito Puente, Oscar D’Leon)  peut paraître un orchestre minimaliste question nombre de musiciens. Que nenni ! L’efficacité rythmique s’avère redoutable générant un un fort impact sonore (La Habana, magnifique chanson qui glorifie la capitale cubaine vue au travers des yeux, le souvenir des cubains exilés à Miami) Séquences de frappes répétées, roulements incessants de percussions (congas plus les timbales retentissantes de Rayer Olalde)  la musique gonflées d’autant d’éclats peaux ou métal sonne très Afrique. Surtout lorsque la chanteuse Leslie Cartaya vocalise en langue yoruba. A noter enfin une claire note de jazz perçue chez Ed Calle au sax ténor (vainqueur du Latin Grammy l’an passé sur cet instrument), un phrasé très précis, chaud, percutant dans un rôle de push pour faire avancer encore la rythmique.

Treize musiciens poussent Alexander Abreu au fond de son déhanchement massif. Jaillie du fond de sa voix de baryton, chaque syllabe rebondit telle une pelote sur un fronton, swingue fort à propos en mode feu ou miel. Il capte les regards, séduit les oreilles à tout coup. Mouvements de bras, gestuelle d’appel du front jusqu’au bout des pieds il garde la foule des arènes en otage. Mille voix chantent à l’unisson des mots qui glorifient Cuba et le son, sa musique fétiche. Paradoxe sans doute: l’orchestre de dimension big band jazz (trois trompettes, deux trombones, deux claviers…) sonne plutôt pointilleux, sophistiqué à la mode plateau de télé. Ceci malgré un rendu son de façade plutôt moyen. Une intro à la trompette et Abreu redescendu dans le monde des musiciens rappelle qu’il a fréquenté Irakere et côtoyé Chucho Valdes. Les contrechants aux sonorités voix de tête portent la marque indélébile du latin jazz. Au final le chanteur repart comme il était venu, sous un tonnerre d’applaudissements, fendant la foule sur le parterre du ruedo vicois, marqué à la culotte, serré de près par des gardes du corps vêtus aux couleurs du drapeau cubain…

Caliente !

Robert Latxague

|

Un bon quintal de rondeurs, inondé de transpiration sous les spots, sa voix de crooner latino fait chavirer le parterre des arènes de Vic qui reprend en choeur Rosa la Peligrosa, chant cubain exutoire des tentations féminines du péché d’amour. Alexandre Abreu, exorciste des latin lovers.

Arenes, Vic Fezensac, 28, 29 juillet

Vaudou Game: Peter Solo (voc, g), Vicente Friris (voc, synth), Ghislain Paillard (sax, per, voc), Cuilhem Prague (tb, perc, vol), Simon Bacroix (elb), Hafid Zouaoui (dm)

Grupo Fantasma: Beto Martinez (g), John Speice (dm), Jose Galeano (voc, per), Greg Gonzales (b), « Speedy » Gonzales (tb), Josh Levy (ba s), Gilbert Elorreaga (tp), Kino Esparza (voc perc,), Mattew « Sweet Lou » Holmes (conga)

Palo: Steve Roitstein (direct, p), Leslie Cartaya (voc), Ed Calle (ts), Philibert Armenteros (conga), Rayzer Olalde (perc)

Alexander Abreu et Havana D’Primera: Alexander Abreu (voc, tp), Enrique Perez, Jannier Rodriguez (voc) Raoul Gil (b), Bernardo Rodriguez (p), Harald Diaz (synthé), Guillermo del Toro (conga), Mamiel Tamayo (dm), keisel Jimenes (perc), Bruno Napoles (g), Amaury Perez,  Carlos Avarez (t), Uyuni Martinez, Robin Martinez (tp)

Tandis que Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur venait inspecter les systèmes de sécurité de Jazz in Marciac à quelques dizaines de kilomètres de là, Tempo Latino l’autre festival gersois producteur de musiques chaudes et épicées lançait aux Arènes de Vic et dans les rues de la ville gasconne en surchauffe, toutes ses scènes et pistes de danses prises d’assaut.

Peter Solo, chanteur et guitariste du Vaudou Game explique (comme Jacques Schwartz-Bart dans son travail sur Vaudou haîtien et santeria cubaine, cf Jazz à Junas dans  le live web) l’origine et les caractéristiques du vaudou dans sa région natale du Togo, Aného-Glidji berceau de cette culture basée sur l’humanisme et le respect de l’environnement. Une culture qui place également le chant au coeur de cette pratique accompagné exclusivement d’instruments de percussions, des tambours essentiellement. Sur la scène des Arènes de Vic la tradition ressort dans un bain plus actuel. Soit un afro beat très marqué, assuré par un groupe de musiciens lyonnais initiés par le leader. Une sonorité plutôt électrique, très funky qui voit même un thème croiser des lignes beat bondissant façon James Brown. Peter Solo s’y entend à faire chanter le public sur des riffs, des formules simples. Tradition enfin et toujours avec les incantations et réponses des musiciens en langue Mina sur fond de choeur de percussions. Manière de funk vaudou au travers d’une actualisation de pratiques musicales ancestrales. Dommage que le public ait été un peu clairsemé en cette session d’ouverture du festival.

C’est clair, c’est net, et ça s’affiche sans problème en direct: Grupo Fantasma, les latinos venus d’Austin (Texas) constituent une redoutable machine à rythmes. Et évoluent sur un train d’enfer! Trois cuivres, quatre « percus », deux chanteurs : le déhanchement sur un sol renforcé (nécessité des danseurs  accros aux rythmes « latins »  oblige)  des arènes est garanti pur sucre de canne. Cumbia, salsa (si ce mot existe en propre), et même boogaloo le temps d’une chanson: le tempo chaloupé ne ralentit jamais, marqué par autant de syncopes et autres ruptures susceptibles de donner plus de relief encore au contenu musical. Pas étonnant finalement que Steve Berlin, producteur de Los Lobos ait produit leur ultime album « Problemas » Un tel big band au son groovy, très chaud, homogène surfant sur des arrangements étudiés et doublés d’une mise en place réglée au quart de poil, dégage de l’énergie, des effets multiplicateurs en terme de rythme, de montée en tension intérieure. Avec, histoire de colorer le  feeling dominant quelques incursions de temps à autres dans des arabesques tex-mex voire des couleurs soul blues façon Nouvelle Orléans. La magie noire du boogaloo, encore et toujours…

Palo, venus de Miami (prononcé mode cubain, le nom de la capitale de la Floride sonne déjà musique avec une diphtongues i-a trainante et allongée, plus accent tonique sur le a) fondé par le pianiste et arrangeur Steve Roitstein -il joué auprès de Celia Cruz, Tito Puente, Oscar D’Leon)  peut paraître un orchestre minimaliste question nombre de musiciens. Que nenni ! L’efficacité rythmique s’avère redoutable générant un un fort impact sonore (La Habana, magnifique chanson qui glorifie la capitale cubaine vue au travers des yeux, le souvenir des cubains exilés à Miami) Séquences de frappes répétées, roulements incessants de percussions (congas plus les timbales retentissantes de Rayer Olalde)  la musique gonflées d’autant d’éclats peaux ou métal sonne très Afrique. Surtout lorsque la chanteuse Leslie Cartaya vocalise en langue yoruba. A noter enfin une claire note de jazz perçue chez Ed Calle au sax ténor (vainqueur du Latin Grammy l’an passé sur cet instrument), un phrasé très précis, chaud, percutant dans un rôle de push pour faire avancer encore la rythmique.

Treize musiciens poussent Alexander Abreu au fond de son déhanchement massif. Jaillie du fond de sa voix de baryton, chaque syllabe rebondit telle une pelote sur un fronton, swingue fort à propos en mode feu ou miel. Il capte les regards, séduit les oreilles à tout coup. Mouvements de bras, gestuelle d’appel du front jusqu’au bout des pieds il garde la foule des arènes en otage. Mille voix chantent à l’unisson des mots qui glorifient Cuba et le son, sa musique fétiche. Paradoxe sans doute: l’orchestre de dimension big band jazz (trois trompettes, deux trombones, deux claviers…) sonne plutôt pointilleux, sophistiqué à la mode plateau de télé. Ceci malgré un rendu son de façade plutôt moyen. Une intro à la trompette et Abreu redescendu dans le monde des musiciens rappelle qu’il a fréquenté Irakere et côtoyé Chucho Valdes. Les contrechants aux sonorités voix de tête portent la marque indélébile du latin jazz. Au final le chanteur repart comme il était venu, sous un tonnerre d’applaudissements, fendant la foule sur le parterre du ruedo vicois, marqué à la culotte, serré de près par des gardes du corps vêtus aux couleurs du drapeau cubain…

Caliente !

Robert Latxague

|

Un bon quintal de rondeurs, inondé de transpiration sous les spots, sa voix de crooner latino fait chavirer le parterre des arènes de Vic qui reprend en choeur Rosa la Peligrosa, chant cubain exutoire des tentations féminines du péché d’amour. Alexandre Abreu, exorciste des latin lovers.

Arenes, Vic Fezensac, 28, 29 juillet

Vaudou Game: Peter Solo (voc, g), Vicente Friris (voc, synth), Ghislain Paillard (sax, per, voc), Cuilhem Prague (tb, perc, vol), Simon Bacroix (elb), Hafid Zouaoui (dm)

Grupo Fantasma: Beto Martinez (g), John Speice (dm), Jose Galeano (voc, per), Greg Gonzales (b), « Speedy » Gonzales (tb), Josh Levy (ba s), Gilbert Elorreaga (tp), Kino Esparza (voc perc,), Mattew « Sweet Lou » Holmes (conga)

Palo: Steve Roitstein (direct, p), Leslie Cartaya (voc), Ed Calle (ts), Philibert Armenteros (conga), Rayzer Olalde (perc)

Alexander Abreu et Havana D’Primera: Alexander Abreu (voc, tp), Enrique Perez, Jannier Rodriguez (voc) Raoul Gil (b), Bernardo Rodriguez (p), Harald Diaz (synthé), Guillermo del Toro (conga), Mamiel Tamayo (dm), keisel Jimenes (perc), Bruno Napoles (g), Amaury Perez,  Carlos Avarez (t), Uyuni Martinez, Robin Martinez (tp)

Tandis que Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur venait inspecter les systèmes de sécurité de Jazz in Marciac à quelques dizaines de kilomètres de là, Tempo Latino l’autre festival gersois producteur de musiques chaudes et épicées lançait aux Arènes de Vic et dans les rues de la ville gasconne en surchauffe, toutes ses scènes et pistes de danses prises d’assaut.

Peter Solo, chanteur et guitariste du Vaudou Game explique (comme Jacques Schwartz-Bart dans son travail sur Vaudou haîtien et santeria cubaine, cf Jazz à Junas dans  le live web) l’origine et les caractéristiques du vaudou dans sa région natale du Togo, Aného-Glidji berceau de cette culture basée sur l’humanisme et le respect de l’environnement. Une culture qui place également le chant au coeur de cette pratique accompagné exclusivement d’instruments de percussions, des tambours essentiellement. Sur la scène des Arènes de Vic la tradition ressort dans un bain plus actuel. Soit un afro beat très marqué, assuré par un groupe de musiciens lyonnais initiés par le leader. Une sonorité plutôt électrique, très funky qui voit même un thème croiser des lignes beat bondissant façon James Brown. Peter Solo s’y entend à faire chanter le public sur des riffs, des formules simples. Tradition enfin et toujours avec les incantations et réponses des musiciens en langue Mina sur fond de choeur de percussions. Manière de funk vaudou au travers d’une actualisation de pratiques musicales ancestrales. Dommage que le public ait été un peu clairsemé en cette session d’ouverture du festival.

C’est clair, c’est net, et ça s’affiche sans problème en direct: Grupo Fantasma, les latinos venus d’Austin (Texas) constituent une redoutable machine à rythmes. Et évoluent sur un train d’enfer! Trois cuivres, quatre « percus », deux chanteurs : le déhanchement sur un sol renforcé (nécessité des danseurs  accros aux rythmes « latins »  oblige)  des arènes est garanti pur sucre de canne. Cumbia, salsa (si ce mot existe en propre), et même boogaloo le temps d’une chanson: le tempo chaloupé ne ralentit jamais, marqué par autant de syncopes et autres ruptures susceptibles de donner plus de relief encore au contenu musical. Pas étonnant finalement que Steve Berlin, producteur de Los Lobos ait produit leur ultime album « Problemas » Un tel big band au son groovy, très chaud, homogène surfant sur des arrangements étudiés et doublés d’une mise en place réglée au quart de poil, dégage de l’énergie, des effets multiplicateurs en terme de rythme, de montée en tension intérieure. Avec, histoire de colorer le  feeling dominant quelques incursions de temps à autres dans des arabesques tex-mex voire des couleurs soul blues façon Nouvelle Orléans. La magie noire du boogaloo, encore et toujours…

Palo, venus de Miami (prononcé mode cubain, le nom de la capitale de la Floride sonne déjà musique avec une diphtongues i-a trainante et allongée, plus accent tonique sur le a) fondé par le pianiste et arrangeur Steve Roitstein -il joué auprès de Celia Cruz, Tito Puente, Oscar D’Leon)  peut paraître un orchestre minimaliste question nombre de musiciens. Que nenni ! L’efficacité rythmique s’avère redoutable générant un un fort impact sonore (La Habana, magnifique chanson qui glorifie la capitale cubaine vue au travers des yeux, le souvenir des cubains exilés à Miami) Séquences de frappes répétées, roulements incessants de percussions (congas plus les timbales retentissantes de Rayer Olalde)  la musique gonflées d’autant d’éclats peaux ou métal sonne très Afrique. Surtout lorsque la chanteuse Leslie Cartaya vocalise en langue yoruba. A noter enfin une claire note de jazz perçue chez Ed Calle au sax ténor (vainqueur du Latin Grammy l’an passé sur cet instrument), un phrasé très précis, chaud, percutant dans un rôle de push pour faire avancer encore la rythmique.

Treize musiciens poussent Alexander Abreu au fond de son déhanchement massif. Jaillie du fond de sa voix de baryton, chaque syllabe rebondit telle une pelote sur un fronton, swingue fort à propos en mode feu ou miel. Il capte les regards, séduit les oreilles à tout coup. Mouvements de bras, gestuelle d’appel du front jusqu’au bout des pieds il garde la foule des arènes en otage. Mille voix chantent à l’unisson des mots qui glorifient Cuba et le son, sa musique fétiche. Paradoxe sans doute: l’orchestre de dimension big band jazz (trois trompettes, deux trombones, deux claviers…) sonne plutôt pointilleux, sophistiqué à la mode plateau de télé. Ceci malgré un rendu son de façade plutôt moyen. Une intro à la trompette et Abreu redescendu dans le monde des musiciens rappelle qu’il a fréquenté Irakere et côtoyé Chucho Valdes. Les contrechants aux sonorités voix de tête portent la marque indélébile du latin jazz. Au final le chanteur repart comme il était venu, sous un tonnerre d’applaudissements, fendant la foule sur le parterre du ruedo vicois, marqué à la culotte, serré de près par des gardes du corps vêtus aux couleurs du drapeau cubain…

Caliente !

Robert Latxague