Yaron Herman à Jazz sous les pommiers

Yvan Amar est l’envoyé spécial de Jazz Magazine à Coutances. Retrouvez chaque jour ses live report exclusifs.
Pas mal le Théâtre municipal de Coutances! C’est grand, gradiné juste comme il faut pour que tout le monde voie la scène qu’on sentirait prête à accueillir un décor bourgeois pour une pièce très XXème siècle avec des spots rouges et jaunes à la limite du kitsch. Mais nous voilà au concert, pas au théâtre. L’acoustique est chaude et précise, le piano bizarrement orienté vers le fond de scène. Yaron Herman vient donc s’asseoir dos au public: on ne verra son profil que lorsqu’il se tourne vers ses musiciens: Alexandra Grimal au ténor, Haggaï Cohen Milo à la basse, Ziv Ravitz à la batterie.
Tout commence par un long solo de piano, comme un autoportrait en esquisse. Fluide et élégant, un toucher de plume et un phrasé qui peut follement accélérer à la demande sur une phrase ou deux, mais sans emballement: il sait ralentir ou suspendre ce vol. Les détours harmoniques, les enchainements d’accords imprévus surprennent constamment… en quelques minutes, on est sous le charme de ce swing lunaire.
Belle entente avec Alexandra qui peut jouer sagement les lignes que Yaron lui a écrites, être parfois à l’unisson avec lui, Et pourtant les sons n’ont rien à voir: elle sait être plus râpeuse, creuser le grave de l’instrument, improviser lyriquement. Elle aussi aura droit à un solo non accompagné pour commencer un morceau: elle s’y déploie avec lyrisme et largesse. Tout comme le bassiste Hagaï Cohen Milo qu’on connait moins en France et qui commence une autre pièce dans le silence de ses camarades. Ziv Ravitz est juste le batteur qu’on attendait dans ce groupe: bellecs complicité avec Yaron: il sait attendre et soudain se démultiplier, varier les frappes et faire vibrer les cercles de ses toms!
Un beau moment qu’on a failli rater: le train des musiciens a été annulé au départ de la gare Saint-Lazare, et ils sont arrivés, en voiture, tout juste à temps pour le concert