Jazz live
Publié le 1 Oct 2018

Itamar Borochov, comme sur du velours

 

 

Au studio l’Ermitage, le trompettiste israélien installé à New York a célébré la sortie de son troisième et dernier opus, Blue Nights. sur le Label laborie .

Itamar Borochov (trompette), Rob Clearfield (piano), Avri Borochov  (basse), Jay sawyer (batterie), Studio de l’Ermitage, 25 septembre 2018

Il y a un mois, j’ai écouté le disque d’Itamar Borochov, Blue Nights, dont je devais faire une chronique. J’avais été ébloui, en particulier par sa sonorité de trompette.Je me suis demandé alors ce que cela donnerait en live, et si cela serait aussi bouleversant (on a parfois des surprises avec certains musiciens qui, sans le filet de l’ingénieur du son et du montage se révèlent de bien moins alertes funambules, je ne citerai pas de nom ).

Mais là, dès les premières minutes, je ressens exactement la même chose qu’à l’écoute du disque. Pas de tromperie sur la marchandise, c’est bien cette sonorité incroyablement, pleine, charnue , cette manière de jouer sur l’air qui donne à tous ses traits une étonnante fluidité, même dans  le registre aigu. Ce qui sort de sa trompette n’est jamais heurté, on ne sent jamais l’effort: C’est du  velours. 

Je note aussi, en l’écoutant en direct, à quelques mètres de moi, cette manière de nasaliser un peu sa sonorité qui renforce l’aspect vocal de ses improvisations. Je perçois  en lui  un chanteur oriental qui n’est jamais bien loin. (Du reste, dans ses interviews, iItamar Borochov mentionne souvent son enfance, à Jaffa, en Israël, dans la proximité des chants sépharades de la synagogue, ainsi que, au micro d’Alex Dutilh, son admiration pour le chanteur Nusrath Fateh Ali khan).

 

Au piano, Rob Clearfield  fait monter des tourneries lancinantes, qui sont pour son leader autant de vents porteurs.  Le batteur Jay Sawyer alterne avec bonheur main de fer et gants de velours, et se montre capable de créer des climats poétques en agitant avec dexterité son sac de coquillages.

 

Quant aux mélodies (c’est l’autre aspect du talent d’Itamar Borochov qui m’avait frappé en écoutant le disque)  elles ont  une séduction capiteuse, immédiate, irrésistible, avec leur évidence mélodique, leurs entêtants parfums orientaux. Certaines compositions m’apparaissent comme de totales réussites, comme Garden dog sleeps, ou Blue Nights. Pour d’autres, je me suis dit parfois qu’on aurait pu leur enlever une ou deux cuillerées de miel  ( par exemple Take me to the bridge joué en rappel). A cette réserve près, on ne peut que louer la cohérence du groupe et la virtuosité des musiciens. C’est du top niveau, et l’avenir d’Itamar Borochov s’annonce brillant.

Texte: JF Mondot

Dessins: Annie-Claire Alvoët (autres dessins, peintures, gravures, à découvrir sur son site  www.annie-claire.com  Pour acheter un des dessins figurant sur ce compte-rendu, contacter directement l’artiste : annie_claire @hotmail.com)