Jazz live
Publié le 22 Juil 2021

JAZZ à JUNAS : GAËL HORELLOU, ROUGE et TWINS

Aujourd’hui le chroniqueur déserte Montpellier, mais il vous a laissé un lien vers la réécoute de Sonny Troupé sur la page voisine.

Cap sur Junas, ce 21 juillet 2021, dans le Gard tout proche, pour visiter ce festival exemplaire qui depuis plus de 25 ans offre une programmation dont l’originalité et la qualité doivent être soulignées. Ce village d’à peine plus de mille habitants rebaptise pendant l’événement ses rues et chemins du nom des grandes figures de cette musique.

Rendez-vous à 18h sur la place pour écouter le groupe du saxophoniste Gaël Horellou qui mêle le Maloya, musique de l’Île de La Réunion, et le jazz.

GAËL HORELLOU «Identités»

Gaël Horellou (saxophone alto), Florent Gac (orgue), Nicolas Beaulieu (guitare, voix), Vincent Philéas (tambour ‘rouleur’, voix), Fredo Ilata (congas), Vincent Alyberil (sati, voix)

Les deux premiers morceaux sont à pleine énergie, unissons guitare-sax sur une effervescence des trois percussionnistes, et l’orgue en soutien harmonique ou rythmique, selon les instants. Le morceau suivant commence plus calmement, sur une introduction d’orgue presque liturgique. Plus tard l’organiste nous offrira un solo dans les sonorités sixties, sur un tempo médium mais dansant. Puis inexorablement la pression monte, improvisations torrides et petites séquences de ponctuation : la forme est élaborée. Les parties chantées font ressortir les mots ‘maloya’, ‘cabaret’…. on est bien en univers festif. La synthèse entre les deux langages est totalement réussie.

Cap vers les anciennes carrières, cadre assez magique, pour écouter à 21h le trio de la pianiste Madeleine Cazenave

ROUGE

Madeleine Cazenave (piano), Sylvain Didou (contrebasse), Boris Louvet (batterie)

Le groupe fait partie de la sélection ‘Jazz Migration’ qui promeut chaque année de jeunes groupes dans les festivals, clubs et autres lieux de musique. Musique très élaborée, presque millimétrée, où se mêlent beaucoup d’atmosphères propres à la musique classique, des éléments de musique répétitive (où la répétition prend le pas sur l’écart), avec un soin jaloux de la qualité sonore d’ensemble. Beau travail, mais qui m’a paru, au fil du concert, un peu trop corseté….

FABRICE MARTINEZ ‘TWINS’ invite VINCENT PEIRANI

Fabrice Martinez (direction artistique, trompette, bugle), Jean-Rémy Guédon (composition), Vincent Arnoult (hautbois, cor anglais), Emmanuelle Brunat (clarinette basse), Clément Duthoit (saxophones ténor & soprano), Nicolas Fargeix (clarinette), David Pouradier Duteil (batterie & percussions), Anaïs Reyes (basson), Yves Rousseau (contrebasse), Vincent Peirani (accordéon)

Vers 22h30, c’est le moment fort de la soirée. Un entreprise très singulière autour des musiques composées par Jean-Rémy Guédon au fil des années, lesquelles sont revisitées dans les arrangements de Fabrice Martinez. Un disque très réussi a paru l’an dernier, et sur le site de Jazz Magazine, ICI, vous trouverez, dans la chronique du concert confiné en février dernier au Studio de l’Ermitage, toutes les informations sur ce répertoire, ainsi qu’un lien de réécoute puisque c’était en direct dans le ‘Jazz Club’ de France Musique.

Sans tenter (vainement, forcément) de vous narrer par le menu le déroulement du concert, quelques impressions prépondérantes. D’abord la complémentarité entre le quartette de jazz (trompette/bugle, saxophones, contrebasse et batterie) et le quatuor de bois (hautbois/cor angais, basson, clarinette, clarinette basse). Et l’insertion fluide dans cet ensemble constitué de l’accordéoniste, qui s’inscrit magnifiquement dans le jeu collectif. Ensuite la formidable qualité de l’orchestration, avec des couleurs infiniment nuancées, des tensions harmoniques subtiles, et une dramaturgie impeccable dans les transitions tutti-solistes. Les solistes, précisément, sont d’une présence musicale impressionnante, et les membres du quatuor de bois, plutôt d’obédience classique, savent se fondre dans l’idiome quand leur heure est venue. Bref ce fut un régal de bout en bout. Chroniqueur aux anges, tout comme le public. Merci Junas !

Xavier Prévost