Jazz live
Publié le 1 Nov 2021

Jazz en Comminges 2021 (1)

Pour sa 18ème édition, le festival Jazz en Comminges frappe fort. Après un premier soir où le duo Biréli Lagrène et Sylvain Luc ainsi que le projet « Frenchy » de Thomas Dutronc ont fait salle comble, comment ne pas espérer le même engouement des foules pour les autres soirées ? Et bien nous ne sommes pas déçus !

Nous voilà donc partis pour une deuxième soirée au Parc des Expositions du Comminges à Saint-Gaudens. La salle de concert se remplit, doucement mais sûrement. Pour patienter : un peu de Ella Fitzgerald, de Dizzy Gillespie, de Miles… De quoi nous replonger tranquillement dans l’esprit du jazz que beaucoup d’entre nous n’avaient pas eu l’occasion de croiser en de si bonnes conditions les années passées.

 

vendredi 29 octobre à 20h30 au Parc des Expositions du Comminges

Jean-Luc Ponty : violon,  
Biréli Lagrène : guitare
,    Kyle Eastwood : contrebasse

Top départ, le premier groupe composé de Jean-Luc Ponty, Biréli Lagrène et Kyle Eastwood monte sur scène et lance d’emblée et sans sommation « Blue Train », un blues du célèbre saxophoniste John Coltrane. Un peu timide au départ, le standard semble un prétexte pour se chauffer les doigts, les cordes et retrouver le « jouer ensemble ». La température est pourtant très rapidement montée et dès le premier solo de violon, Jean-Luc Ponty nous rappelle sa grande virtuosité en enchaînant de longues phrases bops à vitesse grand V. Biréli Lagrène puis Kyle Eastwood, ne voulant pas rater le train en marche, ont aussi enchaîné les prouesses techniques en utilisant cette fois un vocabulaire plus tourné vers le blues.

 Finalement, mis à part deux autres standards – encore un peu prétextes il faut dire – « Mercy, Mercy, Mercy » en milieu de set et « Oléo » pour morceau de rappel, quel plaisir d’entendre des compositions originales des trois musiciens. De manière générale, les saveurs de l’Espagne étaient très présentes, boostées par le pouvoir des cordes et par une immobilité harmonique éloquente. De temps en temps nous avions même droit à un saut plus au sud-est grâce à l’utilisation de modes orientaux doublés d’une attaque et d’un touché conférant à la guitare de Biréli Lagrène – si l’on ferme les yeux – le son d’un oud. Il y avait même parfois un peu de Nirvana caché dans les quintes graves et rudement attaquées de Kyle Eastwood.

 Enfin le trio à corde s’est séparé deux fois, laissant la place à un seul des solistes le temps d’un morceau. D’abord Biréli Lagrène puis Jean-Luc Ponty, et décidément, c’est peut-être seul à l’intérieur de leurs propres univers musicaux que nous les apprécions le plus !

vendredi 29 octobre à 22h30 au Parc des Expositions du Comminges

Anne Pacéo : batterie, voix ,Florent Mateo : voix ,  Ann-Shirley Ngoussa : voix, claviers ,Christophe Panzani : sax , Pierre Perchaud : guitare, Tony Paeleman : clavier 

L’ordre de passage entre le trio et le sextet de Anne Paceo a été changé, et c’est sûrement une très bonne chose. Lorsque le premier morceau « Le cri » retentit, on est tout de suite happé dans une autre dimension. La première chose qui me frappe, c’est le son du groupe. Les trois voix de Ann Shirley, Florent Mateo et Anne Paceo, se mélangent au son électrique et coloré de Pierre Perchaud. Le souffle chaud de Christophe Panzani vient se mêler aux voix et ajoute encore plus d’ambiguïté dans ce complexe de texture. Le tout est supporté par Tony Paeleman, qui en plus d’assurer l’accompagnement au clavier fait retentir une basse solide à la main gauche, en parfaite cohésion avec la batterie de Anne Paceo.

Il y a quelques années, lors d’un concert à Toulouse, le batteur Stéphane Huchard nous avait confié la difficulté d’ajouter la voix aux éléments de la batterie. Autant dire que le jeu puissant et le son particulier et entêtant des cymbales d’Anne Paceo n’a pas eu l’air d’en pâtir !

 Difficile de résumer ce concert en quelques paragraphes mais ce qui est certain, c’est que Bright Shadows nous fait entendre un très vaste univers musical, des groove binaires bien ancrés, aux groove ternaires africains qui nous feraient bien regretter d’être assis et de ne pas pouvoir danser. Quelques passages folk viennent adoucir l’ensemble notamment dans « Hope Is a Swan » et nous pouvons également entendre plusieurs chansons aux textes forts et réellement touchants.

Nous finirons en appréciant le discours engagé de Anne Paceo aussi bien illustré à travers sa musique comme dans « Nehanda » en hommage à Nehanda Nyakasikana, une femme guerrière figure de la révolte contre la colonisation du Zimbabwe, ainsi que la chanson « Stranger » dont les paroles écrite par Sandra Nkaké nous ont sincèrement atteint.

Nathan Arnoult